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Le mouvement amazigh
a la croisée des chemins.
Par: Ayt Assou Saleh
que faire?
Question beaucoup posée par imazighen, surtout avec la démission de septe
membres de la direction de l’Ircam, après une attente paralysante durant plus de
deux années. En fait, poser cette question relève d’un souci profond pesant sur
les activistes amazighs concernant l’avenir de l’amazighité. Inquiétude
légitime, compte tenu des dernières évolutions diverses ayant eu lieu sur la
scène nationale en générale. Amertume compréhensible aussi, dans la mesure où
tant de promesses ont manqué leur aboutissement, les aspirations d’une
amélioration probable de l’amazighité se sont évaporées en cédant la place au
désespoir après tout l’enthousiasme soulevé par «la nouvelle aire» et l’Ircam.
Poser la question est, également, une tournée de la page dans l’histoire du
combat amazigh, une déclaration de la fin d’une étape. C’est une reconnaissance
de cul-de-sac où a abouti l’approche actuelle du dossier amazigh de la part de
l’Etat, mais aussi du mouvement amazigh. D’abord de la part de l’Etat puisque,
comme on le constate tous, le vécu de tamazighet n’a pas encore changé
profondément, autrement dit, l’amazighité aurait du être sortie et libérée de
l’inutile, de la marge et de l’interdit… où elle est condamnée a tort par une
décision politique. C’est pour cela, s’il y a une vraie volonté a changer les
choses, que les départements et les appareils idéologiques de l’Etat sont
invités à jouer leurs rôles. À savoir, la reconstruction d’une nouvelle image,
la vraie, de l’amazighité dans l’imaginaire collectif des marocains. Ce qui
signifie la rupture définitive avec la politique méprisante de la personnalité
locale. La réhabilitation de l’amazigh nécessite également un travail
complémentaire dans lequel s’impliquent divers partenaires. C’est ainsi que
tamazighet regagnera sa place et son intégration sera, progressivement et
sainement, réalisable. Toute autre politique visant à gagner du temps ne fait
que perdurer le problème.
D’un autre coté, l’impasse actuelle où se trouve l’action amazighe, révèle
que le mouvement amazigh vit des circonstances non ordinaires et sans précédant.
Cela paraît à plusieurs niveaux: d’abord, on n’a jamais assisté à une
fragmentation telle qu’on la perçoit à présent au niveau structurel et
conceptuel. A vrai dire, imazighen continuent, malheureusement, à jouer
inconsciemment le même jeu fratricide qui a coûté le tout à leurs ancêtres.
Quand ce peuple pourra-t-il régler ses propres problèmes, lui seul en essayant
une bonne fois de s’entendre, loin de tout règlement de comptes personnels?
Seulement que pour les beaux yeux de tamazighet qui a longtemps patienté. Le
mouvement amazigh comme on est maintenant, a-t-il besoin lui aussi d’un «Agwrram»
(marabout) pour arranger ses rangs? On est vraiment «frappé d’une inaptitude
congénitale à l’indépendance», comme l’avait dit C.A.Julien, ou bien d’une
malédiction de mésentente? (Référence a Mr : Boudhan).
Sans chercher à répondre, il est clair à tout le monde que le corps amazigh
marocain n’est, actuellement, en bonne santé; le fossé se creuse, les différends
s’intensifient et dépassent les limites! Beaucoup de gens semblent être dépassés
par les événements, et ne peuvent se réadapter avec la nouvelle conception du
combat amazigh, d’autres ne se lassent à se changer du jour au lendemain et
nagent entre deux eaux. Certains d’autres aiment encore jouer les intelligents en
posant un pied au sein d’imazighen, et l’autre chez «des partis politique»
idéologiquement et historiquement antinomiques avec l’amazighité. En préférant
ainsi s’évader de la réalité qui leur impose de vraies questions! Ils
choisissent la subordination au détriment de leur propre existence, autrement,
ils aiment se réduire au néant au lieu d’être!.. Sans se donner de la peine à
raconter des histoires, on ne peut rien changer au sein des citadelles
anti-multiparti- culturalisme basées sur l’intolérance et l’uniformisation
forcée sur mesure étrangère. D’ailleurs ces partis n’ont jamais commencé à
parler de tamazighet sans l’insulter qu’après la reconnaissance de cette
dernière par le pouvoir, alors quelle valeur ajoutée par ces structures
prétendant (comme elles auraient du êtres) à l’avant-garde semblablement aux
partis de l’autre monde? D’autre part elles sont toujours la matrice d’où sont
issues les figures les plus amazighophobes du pays de par leurs positions
inédites concernant l’amazighité. Je m’interroge comment nos «amazighistes
politiciens» cohabitent avec! Cependant, si on a vraiment tant d’aptitude et
d’amour pour la politique n’est-il pas bien fructueux d’en jouer amazighement
sous l’égide d’une idéologie amazighe, moderniste et tolérante, Nous, tant
qualifiés de naïveté et dissidence? Où bien, on a le droit seulement à politiser
l’arabité et la religion? Le fait de continuer fervemment à s’opposer à la
politisation officielle des revendications amazighes, par ces amazighs politisés
les met évidemment en cause, dans la mesure où ils appartiennent à des partis
anti-amazigh qui reposent sur l’unité raciale, linguistique et religieuse,
idéologiquement bien sûr. C’est pour cela aussi que certains aiment minimiser le
mouvement amazigh lorsqu’ils mettent en exergue son aspect culturel en parlant
de «MCA», tout en ignorant que même le mouvement estudiantin amazigh n’est plus
seulement culturel. Ce culturel n’est, au cours de l’histoire des mouvements
revendicatifs, qu’un simple outil parmi d’autres afin d’arriver à la
satisfaction politique de leurs revendications politiquo-culturelles entre
autres.
Sur le niveau structurel on assiste à des fractionnements et remue-ménage
associatifs; voilà des associations qui se fondent sur les ruines des autres,
des coordinations diverses voyant le jour, réclament leur indépendance vis-à-vis
des partis et du «mekhzen». Toutefois, on ressent le déclanchement d’une guerre
intestine non déclarée, toute ambiguë, sans traits ni destination définis. Le
but en est le discrédit et la remise en cause de tout, des considérations outres
que tamazighet en sont derrière. Certes, imazighen ne sont point des saints,
tous blancs comme neige, mais non plus tous a incriminer comme on essaye d’en
montrer dernièrement; ce qui laisse penser qu’il n’y en a plus des hommes et
femmes, littéralement, amazighs dignes de confiance. Or, dénoncer tout acte
hypocrite envers tamazighet reste une obligation à assumer. un mouvement qui se
sacralise et ne tolère nullement aucune autocritique est condamné à la
régression et au dogmatisme.
Du coté de la presse amazighe, Qu’en est-il?
Comme peuple, encore sans TV ni radio (de vraie). À part les sites webs, la
presse écrite amazighe, paraît-il a présent comme le seul moyen véhiculant de
l’amazighité. Ces journaux diffusés mensuellement, se comptant a peine sur
les doigts d’une seule main, semblent confrontés à des problèmes outres que les
difficultés techniques et matérielles. C’est vraiment désolant de voir qu’une
partie de cette presse écrite chutait, brusquement et bizarrement, en perdant
son rayonnement ayant accompagné sa naissance. Cependant, l’événement le plus
spectaculaire en la matière reste l’invasion que cette presse a subie, par
certain gens, qui viennent d’apprendre l’existence de l’amazighité, où plutôt
cette dernière qui a réussi à assaillir leurs tours moyenâgeuses. Embarrassés
par ce nouvel état des choses, ils n’ont qu’a se colorer à timmuzegha. C’est
une première dans la stratégie des anti-amazighs. Par cette méthode, et dans
l’absence totale de légitimité en militantisme amazigh, ils veulent se faire une
place au sein d’un mouvement laïc et moderniste qui les contredit, afin qu’ils
puissent, a terme, détourner le combat amazigh de sa vraie voie et l’empêcher
d’atteindre ses nobles fins. Faisant mine d’amazighisme en diffusant un journal
quelconque qui s’autoproclame l’amazighité ne suffit point pour en arriver
véritablement. Se contenter de donner l’information, la propagation des
mensonges et idées périmées tant clamées par les ennemis, en plus d’une absence
notable de tout aspect revendicatif en ce qu’on publie démasquent leurs vraies
intentions et prouvent combien on manque de souci amazighiste, de timmuzegha
comme préoccupation réelle. Quelques débutants amazighs peuvent se tromper
d’adresse, mais pas pour longtemps.
Que faire? N’est pas une simple question, mais plutôt un questionnement où les
réponses ne seront présentées que par des réflexions personnelles dispersées.
Cependant, il est clair que les moyens avec lesquels le combat amazigh était
mené jusqu’à présent ont atteint leur terme. Néanmoins, seuls ils ne peuvent
plus comprendre les contestations et revendications d’imazighen qui sont invités
à leur tour à faire preuve de maturité et pragmatisme politiques pour une fois
dans leur histoire moderne, dans cette conjoncture délicate où se trouve
l’amazighité.
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