|
Deuil national. Par: Oulghazi Hsaine. Le peuple marocain est en deuil! Qu'on l'accepte ou non, les événements qui se sont succédés le prouvent, depuis la période du protectorat à ce jour, on constate que les régions amazighophones ont subi de lourdes pertes aussi bien en vies humaines qu'en dégâts matériels importants! De la guerre de libération aux fâcheux événements des années 1950, 1960, 1970, 1980 etc. Imazighen, innocents et fidèles au trône et à leur roi, ont été victimes des arrestations arbitraires, des tortures, de l'humiliation, de l'atteinte à la dignité et généralement de la marginalisation! Aujourd'hui, les conséquences de la catastrophe naturelle qui a touché de nouveau la région amazighophone du Rif, avec un lourd bilan faisant plusieurs centaines de morts, plusieurs centaines de blessés et plusieurs milliers de sans-abri, démontre l'attitude néfaste des autorités, imprégnées de la doctrine bâatiste, qui marginalisent encore imazighen pour la seule faute commise: Ne pas admettre que leur terre soit colonisée! Malgré le silence des chaînes de télévision nationale, les marocains ont pu constater l'amère réalité sur les lieux du drame et les chaînes TV étrangères. Mr le ministre, porte parole du gouvernement, qui apparaît souvent à la télévision, a trop parlé sans rien dire. Il a omis, peut-être involontairement, d'annoncer, à l'instar de son ancien homologue irakien la fameuse nouvelle: «Laqad taouaqna haoula i al oulouj»! Il est évident que la société civile, les associations, les organisations humanitaires, les marocains résidents à l'étranger et plusieurs pays du monde ont témoigné amplement leur solidarité avec les victimes du terrible tremblement de terre, qui a frappé la ville d'Al Hoceima et ravagé les villages avoisinants. Ils ont envoyé les moyens de secours humains et matériels (des vivres, des tentes, des médicaments et des dons de tout genre) pour venir en aide à cette région du Rif fortement secouée par le tremblement de terre et marginalisée par les responsables qui, au nom de l'Islam, attaquent Imazighen bien qu'ils appliquent ses préceptes à la lettre. Malheureusement, ces responsables qui oublient que l'Islam est la religion de tolérance qui reconnaît les droits culturels, linguistiques et identitaires des peuples. Ces responsables qui devaient être les premiers à secourir les sinistrés, ont montré leur irresponsabilité et leur insouciance envers Imazighen. Or, il est injuste de qualifier de «responsable» tous ceux qui s'arrogent de droit pour humilier le peuple, plus particulièrement en ce moment où, dans le cadre de la diversité culturelle et linguistique qui caractérise notre pays, SM le Roi a donné ses hautes directives pour promouvoir Tamazight, en sa qualité de langue nationale appartenant à tous les marocains. Les anti-amazighs transgressent donc les directives royales, les doctrines de l'Islam et les principes des droits de l'homme. Les dons qui affluent sur la région sinistrée ne sont pas totalement ni équitablement distribués aux sinistrés qui se trouvent à la merci de la tragédie et passent des nuits glaciales à la belle étoile. Les infractions relatives aux vols, à la non assistance aux personnes en danger et à la vente illicite des tentes, des produits alimentaires et des médicaments, réservés aux victimes du séisme ne sont pas verbalisées! Les chiffres exacts des victimes et des dons ne sont pas officiellement publiés. Ce que nous savons est que si tous ces dons seront effectivement attribués aux sinistrés, les maisons écroulées seront reconstruites conformément aux normes anti-sismiques, les blessés seront soignés et les routes seront aménagées. Probablement, le compte 101, ouvert à cet effet, pourra rejoindre le compte 111 dont on ignore la destination. La catastrophe a touché tous les marocains, certains ont perdu leurs enfants ou leurs parents, d'autres ont perdu leurs voisins ou leurs amis. Les rescapés courent le risque d'être, un jour, victimes de l'insouciance des responsables. Le peuple marocain qui a vécu la tragédie pleure la mort des victimes et annonce le deuil national.
|
|