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Congrès Mondial Amazigh Solidarité avec les victimes du séisme dans la région du Rif (nord-Maroc) Le tremblement de terre qui a frappé le 24 février 2004 la province d’Al-Hoceima dans la région du Rif au nord du Maroc a causé un bilan extrêmement lourd: près de 600 morts, autant de blessés et des milliers de sans abri. Dans les zones rurales, des villages entiers ont été rasés. C’est le cas notamment des villages de Ait Kamra, Ait Daoud, Ait Zakri, Ajdir et Ait Hachem. Au nom de ses instances et de tous ses membres de toutes les régions de Tamazgha (Afrique du Nord) et de la diaspora, le Congrès Mondial Amazigh (CMA) présente ses plus sincères condoléances et exprime sa compassion fraternelle à l’égard des familles des victimes de cette terrible catastrophe. En ces moments de douleur et de désarroi, le CMA assure naturellement tous les Rifains de sa sympathie et de sa solidarité. Le CMA se félicite de toutes les actions de solidarité internationale émanant des États et des organisations humanitaires qui se sont spontanément manifestées par l’envoi de moyens de secours en hommes et en matériel. Il est cependant regrettable que les équipes de recherche de survivants n’aient pas bénéficié de la collaboration nécessaire des autorités locales ce qui a entraîné la cessation prématurée des opérations de fouilles des décombres. D’une manière générale, les autorités marocaines ont fait montre de très peu d’empressement vis-à-vis des ONG humanitaires étrangères et ont même constitué des obstacles freinant l’arrivée et la distribution de l’aide internationale aux sinistrés. Les membres du CMA présents sur les lieux du séisme rapportent que l’aide internationale (vivres, couvertures, tentes…) est restée bloquée dans les zones portuaires et aéroportuaires au moment où son besoin se faisait le plus sentir, obligeant les familles à passer leurs nuits au froid et sous la pluie. Depuis la catastrophe, les autorités tant locales que gouvernementales brillent par leur absence et leur mutisme. Aucune intervention officielle ni mesure nationale, même de nature symbolique, n’ont été enregistrées à ce jour. Les moyens publics de l’État ont été inexistants ou très peu mobilisés dans tous les domaines des secours: moyens de sauvetage pour les personnes prises sous les décombres, aide alimentaire, prise en charge des blessés, assistance aux sinistrés, etc. Le citoyen rifain se demande où sont passés les plans de gestion des catastrophes naturelles et autres cellules de crise et finit par se convaincre de l’amer sentiment d’être tout simplement ignoré des pouvoirs publics marocains. Seules les organisations de la société civile et les citoyens des zones épargnées par le séisme, aidés par les ONG internationales, s’activent sans relâche pour alléger les souffrances des plus touchés. Cela n’a pas manqué de provoquer des manifestations d’exaspération légitime des populations abandonnées à leur triste sort. Les forces anti-émeutes sont entrées en action à plusieurs reprises pour disperser violemment les manifestants, notamment dans la ville d’Al-Hoceima. Le citoyen amazigh du Rif est convaincu que la gestion catastrophique de cette tragédie est due à la fois à l’incurie du pouvoir marocain et à sa politique de marginalisation menée depuis près de 50 ans contre cette région. Sinon comment expliquer que l’état des routes soit dans un tel état de délabrement qu’elles en deviennent non carrossables, ce qui a contraint les familles à transporter leurs blessés à dos d’âne? Comment expliquer l’énorme déficit en structures sanitaires au moment où des États Européens et l’Union Européenne ont octroyé des budgets spéciaux pour le développement économique et social de cette région? Quelle est la véritable destination des revenus transférés au Maroc par l’importante émigration rifaine? Alors que le Rif enterrait ses morts et pansait ses blessures, aucun moment de deuil national n’a été décrété au Maroc. Les médias audiovisuels publics se sont très peu intéressés au drame qui a si durement frappé des dizaines de milliers de Rifains et même pire, radios et télévisions ont poussé l’indécence jusqu’à maintenir sans aucun changement leurs programmes musicaux et festifs, comme si aucun événement majeur ne s’était produit dans le pays ou comme si les Rifains n’étaient pas des marocains. Cela illustre une fois de plus l’attitude méprisante des autorités nationales dès lors qu’il s’agit de populations amazighes. Le nombre de sinistrés est actuellement estimé à plus de 40 000 personnes. Le CMA lance un appel pressant à l’Union Européenne, à tous les États et aux organisations humanitaires internationales afin d’initier ou de maintenir leur aide aux populations rifaines meurtries. Les différentes régions amazighes ainsi que la diaspora sont particulièrement sollicitées pour exprimer leur solidarité concrète avec les populations de la région d’Al-Hoceima. Nous leur recommandons cependant de veiller scrupuleusement à ce que leur aide parvienne rapidement et effectivement aux populations sinistrées. Plus que jamais le Rif a besoin de notre geste solidaire. Paris, le 27 février 2004 Le Bureau du CMA Congrès Mondial Amazigh BP 60 75861 Paris cedex 18 France Web : www.congres-mondial-amazigh.org Email : congres.mondial.amazigh@wanadoo.fr
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