Quel bilan pour l'introduction
de TAMAZIGHT dans le système
L'année scolaire 2003 - 2004, correspondant à l'année amazighe 2953 - 2954, touche à sa fin. Le peuple marocain qui a trop
longtemps attendu que la langue Tamazight jouisse pleinement de ses droits dans le domaine administratif, judiciaire,
législatif, médiatique et surtout dans le domaine de l'enseignement, attend aujourd'hui avec impatience l'annonce officielle
du résultat fructueux de l'intéressante initiative: l'introduction de notre langue dans le système éducatif marocain.
Certes, depuis plusieurs décennies, le ministère de l'éducation national a été parmi les administrations à gros budget.
Malheureusement, les efforts déployés pour améliorer le taux de scolarisation et lutter contre l'analphabétisme demeurent
très insuffisants par rapport à l'espoir du peuple marocain. Ce département, par ses méthodes archaïques, n'arrive pas au
bout du fléau. Plus de 50% des marocains sont encore analphabètes en ce début du 3éme millénaire!Pour édifier un état
démocratique moderne, il faut donc redoubler les efforts, prendre une décision ferme pour un enseignement rationnel et
équitablement généralisé et surtout mettre un terme à la politique qui marginalise les régions rurales et montagneuses
généralement enclavées.
Indubitablement, l'amazighité dans toutes ses grandeurs constitue le fond culturel de la personnalité marocaine auquel
sont venus s'ajouter d'autres apports (méditerranéen, africain et arabo-musulman). La langue tamazight, un système
autonome de communication à part entière, est dotée des attributs qui entrent dans la définition scientifique des
langues naturelles. Dans le cadre de renforcer l'unité du peuple marocain sur des bases démocratiques, la constitution
devrait reconnaître la langue tamazight en sa qualité de langue nationale et officielle qui appartient à tous les marocains,
et ce, pour garantir à cette langue les chances de l'existence, de l'évolution et du développement, assurer une éducation
de qualité pour les citoyens de demain et permettre à notre pays d'emprunter la meilleure voie pour un développement
durable et global. Le fameux dicton amazigh dit:
«Our Tlli Tadimoqratit Tar Tamazight» (il n'y a pas de démocratie sans tamazight).
Tous ceux qui applaudissent frénétiquement l'actionanti-amazighe contribuent, par excellence, au sous-développement
du pays et font appauvrir le peuple marocain. Le tribut sera très lourd si l'on continue à gaspiller le temps et les moyens
mis en œuvre. Dans le cadre de l'éducation rationnelle pour tous les enfants, l'appel urgent s'inscrit pour ceux qui
s'intéressent aux droits fondamentaux de l'homme. Le plus pressant des objectifs est d'enseigner tamazight conformément
aux nouvelles techniques de la technologie éducative favorisant son intégration pour généraliser la connaissance.
L'élimination des obstacles qui empêchent nos enfants à accéder à l'enseignement ou à terminer les études s'inscrit
également dans le cadre d'une nécessité absolue. Les responsables du gouvernement, des partis politiques et des
différentes composantes de la société civile doivent assumer leur responsabilité à l'égard de la langue et la culture
amazighes, ils doivent soutenir leur développement et s'abstenir de confisquer les éléments culturels et identitaires
que nous a légués notre amazighité, ils doivent renoncer à la politique de discrimination et du mutisme sur les doléances
de tamazight, ils doivent éviter toute forme de politique destructive basée sur la ségrégation raciale, et ce, pour
engager le Maroc dans la voie de la modernisation. Enfin pour pouvoir rattraper le retard considérable déjà enregistré,
il s'avère très utile d'opter, d'urgence, pour une formation accélérée et motiver les amazighophobes à retourner sur
soi pour admettre que tamazight leur appartient au même titre que tous les citoyens marocains en vue de l'aimer et la
promouvoir ensuite. Dans le cadre du devoir national, ces responsables doivent surtout décréter l'égalité entre tamazight
et les langues reconnues officiellement pour qu'elle bénéficie de ses droits
naturels dans tous les moyens médiatiques, audio-visuels et dans nos institutions officielles. Les universitaires et les
intellectuels amazighs rescapés des années de plomb doivent contribuer avec ferveur à la restauration et la standardisation
de la langue de Mmis n'Iâzza(Massinissa) comme le disait Mr M. Chafik dans la préface du livre «la grammaire de tamazight,
éléments pour une standardisation» réalisé par le professeur Mr Lahcen Oulhaj.
Dans le cadre d'une logique anti-raciste et anti-terroriste, imazighen adhérents aux partis politiques doivent défendre
l'identité, la culture et la langue amazighes dans la scène politique nationale, ils doivent soutenir la cause amazighe dans
la presse nationale.
Les responsables des formations politiques doivent saluer l'introduction de notre langue maternelle dans le système éducatif
et reconnaître les droits légitimes de cette langue, elle n'est pas venue d'ailleurs, elle nous appartient tous. Ces responsables
doivent cesser de brutaliser l'amazighité de notre pays, ils doivent également renoncer à reprocher injustement une
attitude raciste aux militants amazighs au moment où l'objectif de la lutte des Imazighen est de faire avancer notre pays
au rang des pays développés; par l'instauration d'une démocratie réelle qui garantira l'institution de la justice sociale.
L'introduction de tamazight dans les institutions de l'état constitue le premier pas vers un plein développement.
L'IRCAM, cet organisme officiel, qui a reçu les hautes directives royales pour promouvoir la langue et la culture amazighes
en parfaite coordination avec les institutions et les instances nationales concernées chacune dans son domaine, doit exiger
la mise en ouvre des moyens les plus appropriés pour aboutir au résultat positif. Ce partenaire du ministère de l'éducation
national et de la jeunesse doit mettre en valeur les efforts déployés dans le cadre de l'enseignement de tamazight et publier
le résultat de cette expérience, qui a marquée une étape importante dans notre histoire, à l'opinion publique nationale. Cet
institut, représentant amazigh auprès des plus hautes autorités du pays, doit se responsabiliser pour s'acquitter de sa dette
envers tamazight. Les membres de l'IRCAM doivent intensifier les efforts pour rétablir le climat d'harmonie et de meilleure
communication avec le mouvement culturel amazigh (association et intellectuel.. etc), ils doivent prendre en considération
l'ennui du peuple amazigh qui, jusqu'aujourd'hui, est privé de ses droits linguistiques, identitaires et culturels. Hélas! Ce
peuple innocent n'a pas épargné les mauvaises retombées de la politique discriminatoire qui le frustre injustement de ses
droits dans tous les domaines, à savoir le domaine économique, culturel, administratif!..
Dans la mesure où un protectionnisme frileux aurait conduit droit à l'échec, la mise en place d'une procédure rigoureuse
de contrôle de qualité est une obligation et une nécessité pratique en fonction de la structure et de la nature de
l'enseignement. Il est évident que le succès de l'enseignement de la langue tamazight est solidement tributaire de la
collaboration avec le mouvement culturel amazigh. Pour mener à bien l'enseignement de cette langue qui demeure
imprudemment victime d'une flagrante marginalisation, il est indispensable d'avoir la volonté politique pour prendre une
décision stratégique en faveur d'un enseignement obligatoire, de tamazight, pour tous les marocains et à tous les niveaux
du cursus scolaire. En effet, l'enseignement de tamazight doit être inclus dans le programme officiel dans toutes les
disciplines et non seulement dans le cadre de l'étude de la langue.
Dans la perspective d'un avenir meilleur, le Ministère de l'éducation national, pour qui l'absence de l'idée d'une véritable
diversité linguistique et culturelle croît d'une façon exponentielle, doit faire preuve de bonne foi pour s'acquitter
convenablement de sa mission. Ce département et son partenaire l'IRCAM doivent mettre en ouvre tous les moyens ad
hoc pour accélérer la formation efficace des enseignants de tamazight et mettre à leur disposition le livre scolaire
approprié et un matériel didactique performant, une réforme doit être apportée aux programmes scolaires pour pouvoir
répondre aux conditions préconisées par notre culture et pour s'accrocher à la technologie très avancée.
Si le système scolaire constitue l'élément fondamental pour le développement des sociétés, le peuple marocain aspire
toujours à un enseignement important basé sur l'intégration de la langue tamazight et la recherche scientifique.
Malheureusement, dans ce pays musulman où le parfait apporté par l'islam règne, les amazighophobes, pour qui le Dahir
du 30 mai 1930 très mal interprété se fait toujours écho, trouvent le moment opportun pour falsifier la réalité de notre
histoire, pour dénaturer ensuite notre identité et finalement démériter et discréditer notre langue et notre culture sans
se soucier de pêcher contre l'honnêteté. Néanmoins, ils condamnent tous genres d'actes bannis par la religion sauf quand
il s'agit d'acte contre l'amazighité, en outre, ils reconnaissent toutes les cultures humanitaires hormis la culture amazigh!
Elle les dérange, quelle honte! Mais imazighen ne peuvent pas en aucun cas rester les oubliés de l'histoire. Leur histoire,
qui remonte à plusieurs millénaires, était et demeure glorieuse.
Ibn Khaldoun, dans ''l'histoire des berbères'', a dit: ''Les Berbères ont toujours été un peuple puissant, redoutable, brave
et nombreux; un vrai peuple comme les Arabes, les Persans, les Grecs et le Romains". En partant des temps les plus anciens,
le grand spécialiste de la culture amazighe, Mr Gabriel Camps cherche à comprendre comment imazighen ont subi des
influences extérieures et comment ils ont pu rester fidèles à leurs coutumes, à leur langue, à leurs traditions techniques.
Dans son livre (les BERBERES, Mémoire et identité), il a dit: "La conquête arabe: les premières expéditions. Le second
évènement historique qui bouleversa la structure sociologique du monde africain fut la conquête arabe. Contrairement
à une opinion assez répandue en Europe et qui traîne dans les manuels scolaires, cette conquête ne fut qu’une tentative
de colonisation, c'est-à-dire une entreprise de peuplement. Elle se présenta comme une suite d'opérations exclusivement
militaires. Dans lesquelles le goût de lucre se mêlait facilement à l'esprit missionnaire. Contrairement à une autre image
cette conquête ne fut pas, non plus, le résultat d'une chevauchée héroïque, balayant toute opposition d'un simple revers
de sabre".
Pour cet effet, tous les marocains, quelque soit le degré de leurs responsabilités doivent agir pour réaliser un
développement tout azimut capable d'assurer l'emploi, le logement, la santé, la sécurité, la stabilité et le bien être.
Mais rien ne pourra être accompli sans l'éducation raisonnable pour tous, surtout, sans sauver notre riche patrimoine
culturel, sans soutenir notre langue amazighe, sans prôner un enseignement généralisé et obligatoire de la maternelle
au supérieur et sans dévouer sa vie au grand intérêt national.
Sauvegardons notre culture autochtone et florissante, on n'accepte plus faire parti des peuples oubliés, nous avons
la presse amazighe qui défend notre identité, notre culture et notre langue, c'est le devoir de toute la presse nationale.
Par conséquent, je félicite le peuple marocain pour l'initiative royale, l'introduction de tamazight dans le système de
l'éducation nationale. Je le rassure que grâce à ses efforts louable et son assiduité au travail, il sortira vainqueur
du combat, auquel il se livre actuellement contre la négativité qui nous
assaille de toute part.
Pour conclure, j'appelle le peuple marocain amazigh à être vigilent pour disqualifier et neutraliser les fossoyeurs de
notre identité; j'appelle tous les marocains à faire preuve d'une bonne convivialité, d'avoir une nette conscience et
se mobiliser autour de notre cause commune pour tracer les perspectives d'un avenir meilleur et instaurer une
démocratie idéale à la lumière d'une constitution qui reconnaît à la langue tamazight le droit d'existence sur
sa propre terre. En effet, promouvoir TAMAZIGHT est un devoir national, toute prévarication à ce devoir est
une haute trahison à la nation.
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