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Congrès Mondial Amazigh: Maroc: Plainte contre le ministre de l’Éducation Nationale Une centaine de personnalités, des associations et des militants pour les droits du peuple amazigh du Maroc viennent d’assigner en justice le ministre marocain de l’Éducation Nationale pour mensonge, falsification de l’histoire, haine raciale et intolérance, discriminations et propagande, véhiculés par le manuel d’histoire de la classe de 9ème année du cycle scolaire, équivalent à la classe de 3ème des collèges. Dans ses motifs, la plainte énumère les griefs contenus dans ledit manuel, parmi lesquels : - Le Dahir (décret royal) du 16 mai 1930 qui a prescrit le respect du "statut coutumier des tribus berbères", perd son statut de Dahir Chérifien. En fait, dès lors qu’un élément concerne précisément l’histoire amazighe, il n’a plus droit de cité dans l’historiographie officielle, - Un Emir syrien, Chakib Arsalan, islamiste salafiste, à l’époque vivant à Genève, inconnu au Maroc, est érigé en instigateur du soulèvement populaire pour l’indépendance du pays, ce qui est contraire à la vérité et qui occulte sciemment les véritables héros nationaux et les milliers de martyrs amazighs, - Anoual, Lehri, Ait-Baamran, Bougafer… sont des lieux de batailles décisives livrées par des guerriers amazighs pour l’indépendance inconditionnelle du Maroc et aujourd’hui célébrées par les populations locales mais qui sont totalement passées sous silence dans ce manuel, - La doctrine islamiste salafiste radicale et ses partisans sont présentés comme les sauveteurs de la "Oumma", faisant dangereusement l’éloge d’une idéologie sectaire, haineuse, qui a déjà fait des milliers de victimes innocentes à travers le monde mais aussi au Maroc, précisément à Casablanca, un certain 16 mai 2003, - Le manuel sacralise le peuple, la langue et l’identité arabes, ce qui inculque aux élèves amazighs le complexe d’infériorité et de haine de soi et par conséquent leur suggère que leur salut réside uniquement dans l’arabe, en arabe et en tant qu’arabes. Finalement tout porte à croire que les discours officiels prétendument favorables à l’amazighité ne sont en fait que de la poudre aux yeux des amazighs et de l’opinion internationale et que la réalité est bien plus triste car fondée sur une politique d’exclusion, de répression, de négation, de falsification des faits historiques et d’aliénation des esprits. Cela est en violation grave et flagrante de tous les instruments pertinents des institutions spécialisées et des organisations internationales de protection et de promotion des droits humains en général et des droits de l’enfant en particulier. Par conséquent, le Congrès Mondial Amazigh salue cette initiative courageuse et salutaire qu’il considère comme une des méthodes à généraliser pour imposer le respect que l’État marocain doit au peuple amazigh. Le CMA recommande donc vivement aux citoyens et aux organisations de la société civile amazighe de prendre exemple sur cette affaire pour se saisir massivement de tous les moyens juridiques nationaux et internationaux pour faire condamner tout individu et/ou institution coupables d’actes attentatoires à la dignité et aux droits des amazighs. Même si nous n’avons aucune confiance en la Justice de ce pays car elle est d’abord au service du pouvoir en place, l’assignation devant les tribunaux a pour le moins l’avantage de dévoiler un peu plus l’envers du décor, de disqualifier s’il en était encore besoin, la propagande officielle et son hypocrisie. Ce sera aussi une autre façon de lutter contre l’impunité. Paris, le 26/04/2004 B. LOUNES, Président du CMA Web : congres-mondial-amazigh.org Email : congres.mondial.amazigh@wanadoo.fr
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