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Imazighen et la ligue arabe Par: Zaid Ouchna Vers la fin des années quarante, la France et l'Espagne avaient réussi finalement à refouler par une série de chocs répétés la résistance du peuple Amazigh marocain dans les montagnes et les déserts. Au début des années cinquante, elles assuraient la relève à une horde d'orientalistes ménagée pour cette mission auparavant dans des centres spécialisés au Caire en Egypte. Les occidentaux passaient la main des institutions du Maroc au fur et à mesure à leurs serviteurs et bons élèves dans la sauvegarde de leurs intérêts économiques et stratégiques. Entre les deux parties, tout le monde trouvait satisfaction à ses comptes, partant soit-il comme l'arrivant. Le peuple du pays, lui, n'était pour lui qu'un gibier de potence. En 1958, le pays est enlisé déjà dans la ligue arabe créée en 1947 à Alexandrie en Egypte. C'est une organisation purement ethnique qui regroupe la race arabe. Elle a pour but d'afficher son identité et sauvegarder les terres conquises. Pour elle, tout est arabe surtout ce qui ne l'est pas! Elle est symbolisée par une chaîne en forme de croissant- chaque maille tient de sa précédente sœur - et une couleur presque verte pour signifier l'islam. Le peuple Amazigh encore traumatisé à l'époque s'est tû. Ce qui a fait dire à un de ses leaders à Ajdir: «Le fait qu'ils nous enveloppent dans un monde qui n'est pas le nôtre ne nous tuera pas, mais sachez qu'il n'y a pas de quoi non plus en sourire car le mal à venir ne sortira plus des canons!». Sa naïveté le poussait à faire des concessions pour éventuellement voir, avec les autres, l'avenir dans des lunettes roses. Mais c'était mal compté sur une idéologie dévastatrice et inhumaine qu'il était en train d'importer dans son propre fief. Il est vrai qu'à cette époque là, il était lassé par une colonisation sanglante et pleurait encore sa fierté perdue. Même si je n'étais pas présent, tout laisse à croire qu'il était préoccupé surtout à sa survie quotidienne et à sa sécurité. Tout le monde sait qu'il était soigneusement mais sauvagement appauvri et dépossédé des richesses de sa propre terre! La politique politicienne ne figurait toujours pas dans la liste de ses préoccupations premières. L'essoufflement et la stabilité d'abord pensait-il? Après l'effondrement de sa vraie élite et de ses forces dans des diverses régions, bien entendu séparées les unes des autres, il faudrait du temps pour espérer un regroupement digne et un retour en soit. Or, ce manque à gagner très critique ne pouvant être dissimulé à personne, il était bien perçu par les faucons détracteurs. L'enjeu était évidement de taille: "la main mise sur le Maroc!". C'était ici que le peuple Amazigh est pris de vitesse. On annonçait alors au monde que le Maroc fait partie des pays arabes! Un pays qui n'avait toujours pas de constitution faisait siège à part entière de la ligue des états arabes. La fuite en avant est belle et bien amorcée pour un fait accompli.. Les différentes parties du peuple amazigh n'avaient ni les moyens de communication ni les médias susceptibles de porter sa voix devant la scène de l'intérieur comme de l'extérieur. Elles n'avaient alors que la voix de ses poètes qui étaient toujours ses porte-parole. Le poète SAKKOU en disait justement en 1959 dans un de ses poèmes -réveils de consciences de ses concitoyens: -«..Ddan ayet lhizeb ar sgillin timizar ar d-ismuttur tibettanin d imendi ur ikki lhal am sbeo cur, ibbey uhidus alin ayet Rrif gin ttura ghef ighwenba issutey-assen ljic d lqqewwa izzayed iwujilen setta alef n bnadem ayed yudern g imezdagh iwa pan lafut tamezwarut s agh-bdan. Ifafa-d Oellal pan Rrif ifesta beoda.. Iddu s ayet lhizeb ixataren isiwel digh, Inna-yasen: «pan aryaz lligh nna numen ighder-agh, Idda kullu mayed nellem yaghul tilezda.» A wi han lxamis digh issen is utten aghwujdim Igher-as i Lhasan n ayet wazzan s lmeglis Inna-yas:- mani lhizeb mani g tin-tgid? Inna-yas:-ku yan digsen ad ioayed i wedghar. Pat idda-nn Oellal s lmeglis iwwet ahezzam, Inna-yak:-lehkam win ifasiyen ayed gan! …Dinnagh ayed tengha catt zzur awed ssebyan..!» Au début des années soixante, le peuple va faire le payerau victime de la constitution de 1962 unique en son genre dans les anales de l'histoire de la civilisation universelle. Une minorité allait en effet se donner mandat pour élaborer la constitution du Maroc dont elle fait fi de la majorité! Cette dernière stipule que notre pays hérite d'une langue, unique, étrangère mais officielle, je nomme pour vous la langue arabe. L'islam en est la religion de l'état. Les dés alors se sont jetés et rien ne va plus! Elle est présentée comme une première et sacrée constitution car elle est votée un certain vendredi. Le religieux se mêle au politique: «-Notre destin est écrit, il en est ainsi, notre bon dieu l'a bien voulu ainsi». Tels étaient les arguments lancés à l'encontre des Imazighens proches de Rabat et de Fès. Les autres mordaient les doigts, eux, à qui on demandait tout simplement de dire: «Oui» à la liberté et à la prospérité du Maroc! Les textes des lois de la dite constitution n'étant bien entendue pas diffusées dans les autres cotés du territoire du triangle d'or. Même s'il en était le cas, elle était rédigée dans une langue parlée par un pourcentage quasi nul de la population. La supercherie était en flagrant délit, mais le fait accompli s'est mis en place. Pour le monde, la constitution marocaine est officielle et approuvée par la population à 99,99% des voix. .. Lors d'une de ses réunions à Rabat, la compagnie de Allal, manifestait sa satisfaction de sa «réussite» historique. Ce qui a fait dire au «leader» la déclaration suivante: «-Oui, c'est une réussite historique, mais ne vous réjouissez pas trop avant qu'un petit berbère, se rentrant chez lui de l'école, ne comprenne plus son père et vis versa, c'est maintenant que la tache difficile doit commencer. Il doit falloir tout arabiser: le passé, le présent et le futur!» Une directive mise en application à la lettre les années qui ont suivi! Les premières leçons d'histoire qu'un enfant marocain «apprend» à l'école en sont la meilleur des démonstrations de l'absurdité dans le monde. Comment peut-il être imaginable, pour un être humain convenablement constitué, d'apprendre aux petits enfants innocents des mensonges sur leurs propres ancêtres et sur leurs propres origines? Comment est l'état de la conscience d'un instituteur de la cinquième année scolaire (ancienne CM2), de dire à un enfant, dans son premier contacte avec les leçons de l'histoire que son origine est soit de la tribu des «BANI KOULEIB» soit d'une tribu Nord africaine sauvage et non civilisée! Les premières leçons d'histoire en effet stipulent ce qui suit: 1-La première leçon d'histoire porte sur: La " ville" et la tribu arabe avant l'islam. Intitulée par une carte d'orient de KOREICH. 2-La tribu des BANI KOLEIB:. 3-Fondation de la nation ARABE: 622-632 avec l'arbre généalogique des RACHIDIS. 4-L'Afrique du Nord: Elle est ARABE et MUSULMANE depuis l'an 643c'est à dire 23 ans seulement après l'apparition de l'islam! Intitulée par une carte montrant qu'il n'y avait au Maroc de Tafilalet à Ceuta qu'une tribu non organisée appelée: SENHAJA!! Mon père! Dieu ait ton âme, toi qui n'avais jamais prononcé (je dis bien jamais) un seul mot d'arabe, toi disparu en 1999! Sache que je t'ai toujours compris et mes enfants me comprendront en Amazigh pour tout le temps malgré l'absurdité des programmes de l'école marocaine! S tmazighet: G useggwas n 1967, annayen Imezdagh is urta ibeddi umur n Imazighen g Lmeghrib. Meqqar herden Arumey g tmaziret-nsen gan ammi ur diges amun! Yan wass, imyafa ukabar axatar g uhidus n IZILEF g Tinejdad. Yili uneccad Sakku, inna yat tgezzumet ghef mayed yaghen Imazighen. Pan imek-as iga: Tagezzumet …Ttemeo as itteghewwat kul bnadem tinid iselman n unmda ayed akw tga ddunit-a Nenna tutem frans iffegh wagu ghif i Iwa pan abrid ssad a kuyan! Zzigh iddegh mmuten iseyyaden yaghul Ass-a muc gan izem ig isibb aghwilas Ammin-as lekwayed i ddeheb ad ur itu- -sarraf idd lehrir tufet tadut unna icwan ifpem lahrar nna-d-isawal? awi yan wass ayed wargegh id is annayegh yan ughwbalu g di-zeddigen waman gregh urawen allig d-ugmegh idakalen imezwura n nfafad awi fad nghan-i! «…Je rêvais un jour d'avoir vu une source d'eau fraîche, j'ai tendu mes paumes jointes (idakalen) pour boire, je me suis réveillé avec une grande soif!» Maintenant, nous voilà dans une situation ou nos forces, nos valeurs et nos richesses à tous sont dévastés. Toutes les institutions du pays souffrent de la contamination de la très mauvaise vision des choses due au monde made in «SOUK Ookkad». La richesse s'est plutôt transformée en pure pauvreté car un pays comme le Maroc est pourtant voué à une donne plus meilleure. Cet état des choses n'est envié dans la réalité par personne, ni par ceux qui ont fait et font toujours le malin ni par un peuple naïf mais aussi docile. Des qualités en fait qui constituent un champ bien fertile pour la manipulation et pour la magouille. Dans ces conditions, l'élaboration des assises non sérieuses se construit sur le mensonge et sur les dérives haineuses. Leur prolongement dans le temps ne donnera à la longue qu'un seul et unique fruit: la mascarade. C'est donc ici le cas de le dire. Le Maroc, un pays africain et méditerranéen se distingue par ses particularités identitaires, historiques, géographiques et économiques. La politique qui le régit l'aligne pourtant sur la ligue arabe dont les caractéristiques ne lui sont surtout pas similaires. L'agressivité et la haine ne sont pas marocaines, le terrorisme n'est pas marocain, les puits du pétrole à flore de la terre ne sont pas marocains non plus. Le tourisme lui, principale marchandise marocaine et l'échange entre les peuples et les civilisations ne figurent pas dans les objectifs de la ligue arabe. L'Est est en toute logique déphasé par rapport à l'ouest. Quelles seraient alors les raisons qui motivent encore le Maroc dit «démocratique» à siéger parmi des états arabes, si ce n'est sur des calcules mal sains et non dits? Envelopper un peuple diversifié dans un cadre qui n'est pas le sien, n'est-il pas un acte immonde et barbare? Quand je pense aux générations qui ont passé toutes leurs vies dans les marges, dans les privations et jetées aux couffins des oubliettes pour un seul et unique tort: c'est d'être Amazigh et fier de l'être…! En guise de conclusion, je me réfère, ici, encore , au grand poète Amazigh Sakkou qui a dit en 1967 à Tinejdad, dans un ver chanté dans un rythme (anya), le moins que je puisse en dire est spirituel! «A gar udu ad ak a lmelf isrey rebbi» Traduction: «Que le mauvais pliage soit levé sur l'étoffe!» Il voulait dire: «Que le mauvais système qui gère le Maroc, soit levé». |
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