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Tarik, le berbère conquérant de l’Esbaniyah. Par: AZIZ CHELLAF «Tarik ou la conquête d’Allah»1 est un roman historique passionnant sur la conquête de l’Espagne et le rôle joué par le chef berbère, Tarik bnou Ziyad. Grâce aux Berbères des montagnes, Tarik bnou Ziyad lança sa conquête de l’Espagne sans l’amont accord de ses supérieurs à l’Ifrikiya (moussa bnou nousayr) et à Damas (le prince Al-Walid). Et pour cause, ces supérieurs ne virent dans cette conquête qu’un simple sacrifice du sang musulman. Mais le wali de Tangis (Tanger) a su réaliser cette conquête sans un choc des civilisations. La conquête de l’Espagne fut le fruit d’une entente. Le roi Julien, pour venger le sort infligé à sa fille, violée par Rodéric, proposa à Tarik son aide. Ce premier pas, comme le dit l’adage chinois, a été suffisant pour faire un long chemin. La conquête fut poussée plus loin que personne ne l’ait envisagé. Elle a été poussée au-delà de l’Esbaniyah pour arriver aux pays des Gaules. En effet, c’est à Moussais-la-Bataille, localité entre Poitiers et Châtellerault où avait lieu la défaite des musulmans vers octobre 7322. Ce roman rend compte d’une Espagne musulmane où cohabitaient Chrétiens, Berbères, Arabes et juifs en harmonie. Il confirme que le legs de cette Espagne musulmane est celui de toutes les communautés qui ont doté l’Occident musulman d’une originalité particulière née grâce à un brassage ethnique et culturel entre ces différentes composantes. Instaurant un climat de paix et d’entente entre ces différentes communautés, Tarik fut remercié pour cela. Tout particulièrement, les juifs de l’Andalousie furent libéré de joug des nazairiens qui les traitaient mal. Ceux-ci lors de la mort d’un des derniers descendants de Tarik – un fils adoptif puisqu’il n’avait pas d’enfants – avaient exprimé cette fin par une phrase de la Torah selon laquelle «une terre qui dévore ses enfants» ( p. 251). Pour les juifs qui sont attentifs aux signes, cette disparition pourrait être un annonciateur des changements radicaux. En effet, la bonne entente d’hier va laisser la place aux querelles de tous genres pour le pouvoir et la richesse. Entre les Arabes kaïsites et yéménites et entre ceux-ci et les Berbères naquirent des querelles fratricides pour le pouvoir mais aussi pour s’accaparer les terres les plus fertiles de l’Andalousie. Ces derniers ont été mal traités par leurs frères arabes qui les ont repoussés vers les terres montagneuses arides. Cette mésestime fut aussi réservée à tous les dits franchis et Tarik en était le premier. Depuis qu’il était encore wali de Tanger, Tarik voyait mal le traitement de mépris qui lui ait réservé par ces pairs de l’Orient ainsi qu’aux autres personnes issues des cultures autres qu’arabe. Ce mal traitement a d’ailleurs était derrière le soulèvement de la population berbère pour refuser le traitement du ‘seconde classe’ qui leur a été réservé sous le drapeau de l’islam. Ainsi, collectivement, ils ont adhéré à la thèse kharijiste pour qui il n’y ait pas de différence entre les alliés de Ali et ceux de Muawiya; le plus apte serait le plus méritant de diriger la communauté. Par ailleurs, celui à qui revient toute la gloire de la conquête de l’Espagne a subi le même sort que ces frères. Au lieu de se réjouir et de féliciter le chef berbère de son succès, il fut réprimé doublement. D’abord par son supérieur de l’Ifrikiya, moussa bnou noussayr, qui ait eu une vive irritation parce que la fortune a servi l’un de ses lieutenants. Ainsi, lorsque moussa fut appelé par Tarik pour le rejoindre avec des armées pour avancer dans la conquête, moussa avait préféré de faire cavalier seul. Ensuite, il fut appelé à Damas pour y connaître la disgrâce pour avoir osé conquérir l’Espagne sans l’autorisation d’Al walid de Damas. Notes 1 Girard Patrick, Tarik ou la conquête d’Allah, Paris, Calmann-Lévy, 2007, 344 p.2 E. Lévi-provençal, Histoire de l’Espagne musulmane, tome 1, Paris, Maisonneuve et Larose, 1999, p. 61 et 62. |
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