uïïun  155, 

krayur 2960

  (Mars  2010)

Amezwaru

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Tamazight

is vur nv azrf ad nssrks xf iman nnv?

Tamazight di tinml

Nec d umalway

"Azawan n urmmadv"

Maf iyi teflt?

Azmz n ghassad

Sseqsigh tammurt inu

Tammurt inu

Tiwargiwin

Anqqis n tmsmunt n ufrak

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Tanger: un toponyme amazigh (2ème partie) 

Par: Mohammed Serhoual (Bu-iseghwane)

 

On peut porter atteinte à un toponyme en le francisant, la francisation, étant à la mode, est plus prisée que l’arabisation, c’est le cas par exemple du toponyme de la capitale politique marocaine: Arribat < RbaT < Raba(t), avec la chute de la dentale t. L’orthographe de la langue française présente un décalage entre le code écrit et le code oral: on écrit par exemple les oiseaux et on prononce [lezwaso], dix graphèmes pour sept phonèmes. La disparition de la finale t ne peut s’expliquer que par son système phonitico – phonologique15.

Prononcer Raba(t) ou Casa au lieu de Rrbaé ou Dar al- Bida est une question de prestige, pour celui(ou pour celle) qui se réclame d’une couche sociale, qui veut se dégager de l’arabophonie et se donner une autre étiquette socio-culturelle, celle du francophone.

Certains amazighophobes sont scandalisés par de telles évidences, cela leur semble inadmissible, et c’est pourquoi ils tiennent à l’occultation de ces vérités, lorsqu’on ramène, arguments à l’appui, certains toponymes à leur origine, au substrat culturel amazigh. Tamazight est v une langue qui a ses propres racines, et un peuple sans racines ne peut pas tenir debout, la chute peut être inéluctable.

Tanger , à l’espagnole:

Le [g] qui est une occlusive vélaire sonore, est prononcée [x] qui est une fricative vélaire sourde, un phonème (ou graphème) qui a subi des alérations quant à la prononciation propre au système phonétique chaque langue. Provient – il directement de la fricative sonore palatale [j] arabe? On ne peut l’affirmer pour le moment.

Les langues s’approprient les toponymes, une fois acclimatés; l’intégration se fait en fonction du système phonétique et selon la graphie en usage, exemple le phonème [j], qui est une fricative sonore palatale peut être prononncé [g] fricative sonore, ou [x] comme fricative vélaire sourde, en espagnol, selon les règles de séléction de la langue réceptrice.

On ne peut s’interroger lequel des trois toponymes anglais, français ou espagnol qui prime? On sait aussi que cette ville a été bombardée en 1844, bombardement qui fut suivi d’un traité de paix avec Bugeaud après la bataille d’Isly16 remportée par les Français à Oujda, suite à une coalition du roi marocain Moulay Abderrahman avec l’Emir Abdelkader.

Ce qui est certain, c’est que les deux dénominations à l’anglaise Tangier (comme cavalier, de consonance anglo – saxonne17) et à la française Tanger, d’une part, et à l’espagnole de l’autre, qui proviennent de la forme arabe prétendue, Tanja; néanmoins la prononciation reste la même en français et en anglais, ce même graphème devient [x] en espagnol; mais ce qui suscite encore des difficultés, c’est le morphème final – er , imprononçable en français, comme le – t final en arabe classique; en espagnol, il n’est pas escamoté , tous les graphèmes sont articulés, ils gardent bien leur statut de véritables phonèmes. Là, il est difficile d’être affirmatif devant ce chassé - croisé toponymique, dû au brassage des ethnies et au cosmopolitisme de la ville dont le nom est corrompu, pétri et malaxé au gré des uns et des autres; mais on peut tout de même poser l’hypothèse suivante qui semble plausible que: Tanger en espagnol, aurait une filiation directement arabe qui, elle - même, remonte à Tingis, et le [x] provient du [j] de Tanja, pour s’en tenir à l’oralité seulement. Nous sommes porté à le dire, compte tenu de la proximité géographique de l’Espagne et des liens historiques qui datent du néolotique, en plus de la prégnance du substrat linguistique espagnol qui est beaucoup plus dense que le français. Si on fait le raisonnement inverse, ce sera une autre logique, une autre piste de recherche à suivre. Une anaylse de l’évolution et de ce toponyme à partir d’un dépuillement de documents écrits reste à faire pour une datation exacte et pour lemmatisation qui pourait servir comme entrée encyclopédique fiable.

Nous allons examiner tout un paradigme, qui constitue un micro- système linguistico – toponymique:

tingis

tinghir

tinjdad

tinduf

tinmel

tinirifi 18

tinkawya

tingherhoh,

tininihan19

Morphologie:

L’item lexical tingis est formé par agglutination de deux éléments: tin « celle» + gis « haute», un démonstratif + adjectif.

Actuellement, à ma connaissance, cette structure nominale est désuète langue, elle témoigne d’ une forme ancienne qui ne subsiste qu’en toponymie, elle n’est pas créative sur le plan lexical, à moins qu’elle soit réactualisée en néologie.

L’analyse morpho-lexicale de tingis permet de dire que ce toponyme est formé des deux éléments: tin-, un demonstratif féminin singulier, un déictique qui denote l’éloignement, par opposition à ta > Ãa « celle-ci » qui dénote la proximité, d’où les oppositions binaires suivantes:

wa « dém. masc. de proximité » ~ win «dém. masc. d’éloignement »

ta >Ãa «  dém. fém. de proximité » ~ tin >Ãin « dém. masc. d’éloignement »20  

le second composant, -gis est item lexixal, dont l’emploi est désuet dans certaines régions, il remplacé, comme c’est toujours le cas, par un emprunt; c’est une survivance de la langue, un archaïsme toponymique, dont le sens renvoie à l’idée de « hauteur, d’élévation», c’est donc le lieu qui se trouve en haut, qui surplombe21. M. Chafik (1999:79) en précise le sens ainsi: tag, tawg, yugga «  être élevé, en haut, faire saillie au – dessus de, surplomber ». Laoust (1993: 29), lui aussi cite des vers adressés à une mariée dans la matinée qui suit la consommation du mariage; c’est le verbe yugga « surplomber » qui nous intéresse puisqu’il fait partie du toponyme tin-gis:

uåbaà-kum, åbaàlxir a-lalla

a mulati tazday tyugga aÄbalu.

qu’il traduit comme suit:

 Ton matin, qu’il soit bon, ô Reine 

 Toi pareille au palmier qui surplombe la source (1993: 43) 

Le schème de Tingis est reconnaissable dans bien d’autres toponymes comme:

tinjdad « litt . celle des oiseaux, de  ajØiØ « oiseau »,

tinghir « celle (du) bras » ou « celle (du) bord, du côté ».

Compte tenu de la polysémie des racines et le statut de l’oralité dans lequel la langue est confinée, le sens de certains toponymes est opaque, il y a cependant quelques toponymes qui échappent à cette opacité sémantique puisque les items lexicaux sont toujours en usage dans la langue. L’oralité, le manque de consignation par écrit et la polysémie aidant peuvent induire le chercheur en erreur; d’où le piège, le risque de mésaventure dans un terrain mouvant. Mais ce qui sûr et certain ici, donc intéressant pour notre propos, c’est la configuration morphologique du toponyme et sa forme figée, sa syntaxe lexicale, abstraction faite de la signification sémantique.

tinduf « celle de l’entrée »; aduf signifie « moelle osseuse, Rif, cf. notre Dictionnaire, racine DF », « la luciole» (cf. Chafik 1999: 93)

tinmel « celle (qui) montre, école»

L’anthroponyme tininihan (cf. Badi 1995: 199), ayant la même forme, démonstratif + adjectif, est attesté en touareg, langue isolée et restée à l’abri des contacts de la colonisation et des autres cultures venues d’ailleurs, elle conserve cet item intact: tin–ihinan, qui est le prénom d’une femme légendaire22 , celle-ci fut une reine fascinante, elle aurait émigré de Tafilalt au Hoggar, pays touareg en 470 environ. Le second terme ihinan, lui aussi est une survivance du lexique touareg singnifiant « voyager, se déplacer en campement, migrer sans évocation de direction précise ».

Chaque langue essaie, donc, de ramener le toponyme à son système phonético - phonolgique, d’où les modifications subies par ce dernier, compte tenu du moule syntaxique et/ou de la matrice lexicale, d’où les nombreux avatars du toponyme.

Voyons maintenant quelques toponymes qui gravitent autour de l’orbite de Tanger:

Gzennaya, localité près de Tanger, par référence à la tribu du Rif, où se trouve le triangle de la mort: Ajdir, Tisi n usli et Bourid23,

Souani < asiwan , fém. tasiwant « buse, cerf-volant (oiseau) », qu’on pourrait rapprocher de aswan (barrage en Egypte) de consonance amazighe,

Achaqqar, oronyme « cime, sommet »24,

Tahaddart25 , hydronyme, du verbe heddar  « ajouter (de l’eau), être en crue, litt. celle qui est en crue »(cf. Notre Dictionnaire, racine HDR).

Ben Idder (quartier de Tanger) et Beni Idder (localité près d’Oujda-ouest), idir et Ayt Idder (anthroponymes), de la racine DR «vivre ».

Pour rester près de Tanger, voyons ce qu’il en est d’Azila, ville située à trente kilomètres et admistrativement annexée à Tanger, elle également citée avec elle dans les ouvrages d’histoire ancienne. Il s’agit en fait d’une fricative dentale, donc un même phonème, avec seulement un passage de la sonorité  à la surdité: [z] > [s], emphatisé, le [s] devient un åÁd [å], d’où un changement de mue pour Azila qui a fait peau neuve, elle est devenue: Aåila(t) et l’ajout du [t] , dentale sourde  finale jamais prononcée mais qui fait bien arabe classique, comme celle de Tanga(t). Le toponyme d’ Azila est métamorphosé, moyennant une manipulation subtile et peu coûteuse, qui passe inaperçue, cette manipulation est rentable pour les prosélytes de l’arabisation. Nous avons affaire à une paronymie non-lexicale, une pronymie ou un calembour toponymique26. La création donc d’un toponyme inédit et un sens inédit avec brouillage sonore qui implique un brouillage sémantico – topnymique qui aboutit à une perte des repères; cette substitution toponymique pourrait l’emporter, à la longue, elle passe inaperçue puisque, c’est facile, c’est simple, à moins que la situation soit redressée. Mais, jamais un habitant de Azila ou plutôt Zayla ne peut se réclamer d’être un aåili; mais zaylachi, il le restera toujours conformément aux règles de la déclinaison du dialectal marocain27.

Un bon nombre de toponymes comme Azla et Azilal, de la même racine ZL signifiant l’« idée de lumière et de beauté »28, lumière  et beauté sont indissociables, la beauté n’est perçue qu’à travers la lumière.

La même racine est attestée dans la langue:

Izil « être beau »; êe‚en « beau », (cf. Destaing 1914: 35 et Chafik 1993: 267),

Azal «clarté du jour, pleine chaleur » (cf. Dallet, 1982: 941) ,

Azil< azir «(de) jour, ex.: yused s uzir « il est venu de jour, avant le coucher du soleil».

(Serhoual 2002, Vol. I: 687) ,

Pour Ghazi- Ben Maïssa (cf. 2002: 141)  Aêila signifie « de bonne qualité29, très bon »,

Azulay et Azulati « beau, anthroponyme »,

Azul « salutation, liée au jour, à la lumière ».

Nous voyons donc que toutes les significations passées en revue sont convergentes et ne s’excluent pas, elles sont complémentaires puisqu’elles renferment un noyau sémantique commun.

Pour faire preuve d’originalité, il a fallu saper l’état originel de la toponymie et les origines des arborigènes; la falsification toponymique est un domaine propice à de telles manœuvres. Le découpage adminstratif, lui aussi, n’échappe pas à un fractionnement qui ne tient pas compte ni des spécificités culturelles, ni des potentilités économiques des régions.

Pour rester toujours dans la région nord - ouest, voyons ce qu’il en est de Tétouan, qui se trouve à une cinquantaine de kilomètres environ de Tanger:

Tittawin « sources, yeux 30», devenu Tiéwan, Teééawen puis Tetuan ( à l’espagnole) et Tétouan (à la française ), au Maroc; et Taééawin enTunisie, au sud- est, petite bourgade troglodytique touristique.

Même remarque pour le toponyme Aššawen, pl. de išš « corne », arabisé en Chafchawn; dans le cas d’une prononciation à la française Chefchaouen  la voyelle [Ç], plus ouverte, atteint un degré d’aperture maximal et il devient Chèfchaouène [∫Çf∫awÇn].

Ce n’est pas un hasard si on retrouve de tels topnymes disséminés partout sur toute l’étendue de l’Afrique du nord, cela est dû au strat culturel initial amazigh qui caractérise l’ensemble la région, exemples:

Oued Zegzaou « rivière bleue, Tunisie».

Maémaéa, au Maroc, région de Fès et en Tunisie31, en relation avec Ãmié « matrice, nombril» et Ãameééuà « celle qu’on tète, femme» (Cf. Taïfi 1991: 53 et 405) .

Laméa, Laméiyyine, quartier en pleine médina de Fès.

Ajdir 32, 2 fois dans le Rif (Beni Waryaghel et Izennayen ou Gzennaya)et au Moyen Atlas (Khénifra33) et Agadir , dans le Sous.

Si l’on se permet quelques extrapolations en dehors du toponyme de Tanger, c’est pour mettre l’accent sur l’unité topnymique et sa convergence malgré l’étendue spatiale de Tamazgha, toute une aire culturelle où tamazight est encore vivace.

Mais le substrat culurel est là, il est omnipresent, on peut faire l’économie de cette composante culturelle.

Une localité située entre Tanger et Tétouan renvoie à la racine ML « idéé de blancheur »: lmellaliyin à laquelle s’ajoutent d’autres comme:

Bni Mellal, ville du Moyen Atlas;;Éin Amlal , près de Aïn Taoujdate, entre Fès et Méknès,

Tié Mlil , près de Casablanca, 

Mritch «la blanche » < Tamlilt < Melilla (ville marocaine toujours sous occupation espagnole),

Ouad Amlil « rivière blanche»,bourgade entre Taza et Fès,

Ayt Mellul; Tyumlilin.

La racine ML est également présente en anthroponymie:

umlil « blanc », shemlali et ashemlal«même sens », almellali« originaire de Bni Mellal», et Idda usemlal«descendants des Blanc?, anthroponyme ».34

La variation toponymique joue également sur le genre:

Azru « roc», au Maroc, Moyen Atlas et tazrut avec plusieurs toponymes également au Maroc et aux Iles Canaries35,

Agersif, litt. ager « entre » et asif « rivière» , au Maroc et Tagersift en Algérie (cf. Achab 1996: 40),

Awrir, par référence à la topographie « élévation, monticule», avec plusieurs toponymes au Maroc et en Algérie, et tawrirt, au Maroc, au nord et au sud.

Concernant les topnymes désignant les cols des montagnes tant au Maroc qu’en Algérie, on peut citer quelques uns à titre indicatif et non exhaustif:

Tizi n Éezza « col de Éazza, (où Éazza est un anthroponyme ), Rif »,

Tizi n wuššen « col du chacal, Rif »,

Tizi n usli < Tizi wsli « col de dalle de pierre, Rif »,

Tizi n tÄatten « col des chèvrres, Moyen Atlas»

Tizi n tiška « col du chèvrefeuille, plante, dans le Haut-atlas, Sous», (Chafik 1999: 90)

Tizi n telghemt « col de la chamelle, dans le Haut-atlas, Sous»,

Tizi n uzezzu> tizi wzzu >tizi uzzu « col du genêt,Algérie » (Dallet 1982: 927)

Pour récapituler, reprenons le toponyme de Source (3)  de Aïn (2) Aghbal (1) , un véritable creuset qui abrite les strats linguistiques (cf. Chafik 1984): trois mots ayant le même sens et le même référent dans trois langues différentes: le premier en français Source (3) « source » , le second en arabe Aïn (2) « source » et le dernier Aghbal (1) « source » , en tamazight; une lecture à rebours montre que Aghbal (1), appartient au substat amazigh36. Seul une personne trilingue est en mesure de décrypter un tel message toponymique et tautologique; c’est pourquoi, on ne cesse de répéter que l’ancrage dans sa propre culture est nécessaire, cet ancrage n’est pas synonyme de chauvinisme, il synonyme d’ouverture et d’épanouissement. L’ignorance ou la méconnaissance d’un substrat culturel est un handicap pour l’honnête homme soucieux de parfaire sa culture, il a intérêt à faire ses humanités au sens maghrébin37. Cette méconnaissance mène à des maladresses linguistiques propagées, diffuses et vulgarisées, mais rares sont les personnes qui s’en aperçoivent: une chanson comme Meàla yfrane u meàla jamalu « litt. que Ifrane est doux (beau), que sa beauté est douce »; nous là sommes encore une fois en présence d’un toponyme amazigh Ifrane, pluriel externe38 de Ifri « grotte, caverne < ffer « cacher39 »; il y a donc discordance grammaticale en le toponyme Ifrane «les grottes, au pluriel » et jamalu « beauté - sa, sa beauté, au singulier», ce dernier est à l’état d’annexion; donc l’accord grammatical de l’adjectif épithète avec le nom au pluriel n’est pas respecté. Pour la cohérence de notre propos, donnons l’ exemple de Lma bardin «  Les eaux (sont) fraîches », on ne peut comprendre le sens de cet énoncé, ni en saisir le désaccord grammatical sans se référer à la structure lexicale, ou en faisant abstraction de la morphologie lexicale: le terme aman « les eaux »  est au pluriel, il est invariable, donc toujours au pluriel40; le sens lexical de aman  «eaux » est donné uniquement par la racine monolitère M, et le reste relève de la morphologie, d’une grammaire lexicale: le a- initial marque le masculin; le morphème grammatical final –an , qui est une syllabe fermée, dénote le pluriel externe. Donc l’accord adjectival du pluriel se fait sur cette base, d’où le calque lma bardin «Les eaux (sont) fraîches  » au lieu de lma bared «L’eau (est) fraîche  ». Même chose pour deĥlu Çlina lma « Littéralement. Les eaux sont entrées sur nous, notre maison est innondée d’eau41».

L’unité du système toppnymique est évidente, comme celle du lexique dont elle est issue, et malgré l’étendue de l’aire amazighe, soit neuf millions de kilomètres carrés ( cf. Iachchi 2002: 81), cette unité est un signe de convergence et d’unicité profonde.

L’étymologie du toponyme tangerois n’est signalée que par référence aux cultures exogènes, la référence endogène est occultée; celle-ci est est ignorée et méconnue et sous-estimée, celle-là est est vulgarisée et largement diffusée et surestimée.

Malheureusement, ces déformations, ces métamorphoses et ces substitutions font des ravages de manière libre, anarchique, dirions nous, comme la liberté du renard dans la poulailler, à la radio et à la télévision, sur les panneaux routiers, sur les enseignes des gares routières et ferroviaires, partout; tous ces medias, tous ces supports audio-visuels sont – ils capables d’arrêter de telles anomalies, de corriger ces fautes de désignation, de prononciation et même d’orthographe ayant trait à la toponymie nationale42?

Compte tenu de cette densité toponymique, de cette prégnance de l’amazighité qui est une évidence qui saute aux yeux et à l’esprit, il en découle que toute arabité attribuée à l’Afrique du nord est factice et fabriquée de toutes pièces. Ces violations toponymiques trouvent leur origine, bien sûr, dans un cadre encore plus vaste qui est celui de l’arabisation, à tous les nivaux et dans tous les domaines; arabisation des mentalités, de l’environnement humain et géographique, arabisation culturelle et anthropologique, des lieux et des personnes. Une personnalité imminente déclare à ce sujet qu’« Ici [au Maroc] les pierres même continuent de parler berbère » (cf. Chafik 1984: 24)43. Le corpus présenté n’est pas exhaustif, il est néanmoins parlant et témoigne d’une unité géographique et culturelle, d’une étendue du terreau toponymique qui couvre l’espace de l’Afrique du nord. Par conséquent, et pour tirer une conclusion générale, les données objectives, géographiques et historiques, permettent de dire que l’appellation, Al Maghrib al – Arabi « Le Maghreb arabe », est caduque, elle nulle et non avenue parce qu’il ne l’est pas en fait , ni géographiquement, ni historiquement, ni anthropologiquement: c’est un leurre. Le Maroc se trouve en Afrique, à des millers de kiolmètres du Moyen–Orient. L’islamisation du Maroc est un fait, elle fut acceuillie et consentie au Maroc, le reste est une mascarade. Cette mascarade - c’est archiconnu -, est née d’une manipulation et/ou d’un amalgame du religieux et du politique au profit de l’idéologie dominante qui fait tache d’huile. L’architoponyme Al Maghrib al – Arabi dont on nous bombarde, à longueur de journée, dans les medias, est une espèce de terrorisme impuni, il est donc à évacuer de la toponymie nord africaine.

(Bu-iseghouan)

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Notes

1 Elle est à vin t minutes de vol de Malaga, à une heure de Madrid et à deux heures et demi de Paris (cf. Benjelloun 1995).

2 Bombardement de Tanger par les Français.

3 Certains chercheurs rattachent la toponymie à l’histoire.

4 En plus des toponymes, nous ferons appel à des ethnonymes, hydrnymes et oronymes.

5 Chaque ethnonyme renvoie à une période determinée de l’histoire des Imazighen.

6 Ces changements syntaxiques introduisent des nuances stylistiques laissées de côté.

7 La racine FS est très productive et polysémique, ex. fsu « défaire la laine » fsi « dissoudre », afus main ; ifsus « être léger »,  Ãifesà «  scories de fer ; chanvre », dont certaines comportent un sème commun, celui de la ‘décomposition’(Cf. Serhoual, Dictionnaire… racine FS).

8 C’est une porte en fait ; Fès, à l’instar des villes médiévales, était entourée de hautes murailles de fortification avec des portes fermées à la tombée de la nuit et réouvrtes le lendemain matin.

9 Avec Fès-Jdid (Fas al- Bali, en le pendant) et Dar Dbibegh comme extension, qui sont nouvelles agglomérations, cette dernière est francisée,elle devient la Ville, même en arabe.

10 Bu-ilmawen est un carnaval, une festivité amazighe annuelle à l’occasion de Aachoura, les comédiens portent des peaux de mouton, d’où le mot ilmawen « peaux ».

11 Arabisation qui veut tout ravager même dans le Rif profond, bastion de tamazight où une école est baptisée Ibn ar-Roumi, poète de l’époque abbasside réputé dans l’histoire de la littérature arabe comme porte-malheur.

12 C’est le duel, forme propre à l’arabe.

13 (cf. Camps 1995 : 253).

14 De consonance arabe (pré - islamique) qui fait penser à la poésie idyllique de Qaïs et Laïla, ayant Tristan et Iseult ou Roméo et Juliette pendant.

15 Le français, contrairement à l’espagnol, escamote ses terminaisons.

16 Un autre toponyme qui signifie « marié ».

8 tinkawya non loin de l’oasis de Rhat, dans larégion d’Ajjer, partie occidentale du Fezzan, Libye.

9Les deux derniers toponymes sont empruntés à M. Chafik 2000 : 38).

10tingherhoh17, entre l’Adrar et le Hoggar.

11Pour M. Chafik, précurseur de la recherche en langue et culture amazighes, , le prénom tanit est ambigu, la racine N revoie tantôt au verbe « dire » ( 2000 : 30), note 28, tantôt au verbe « avoir des envies » tanit étant la déesse de la fertilité (1999 : 83).

12 C’est ce qu’il est convenu d’appeler al wazn ou aSSigha, en grammaire arabe

13 Je laisse le soin aux anglophones de le décortiquer selon les normes anglo-saxonnes.

14 tinirifi > Tenerife «celle des grillades , du verbe urf signifinat griller (légumineuses), cf. Notre Dictionnaire, racine RF ou celle de la soif(fig.) » , toponyme des Iles Canaries, donné à une équipe de football de la même ville.

18 Nous voyons que chaque phonème joue une fonction spéciale, il n’est pas dénué de sens, comme le veut la phonétique occidentale.

19 Nous voyons que chaque phonème joue une fonction spéciale, il n’est pas dénué de sens, comme le veut la phonétique.

20 Nous voyons que chaque phonème joue une fonction spéciale, il n’est pas dénué de sens, comme le veut la phonétique.

21 Nous voyons que chaque phonème joue une fonction spéciale, il n’est pas dénué de sens, comme le veut la phonétique.

22 On pense à la fameuse chanson très ancienne de Houssin Sloui Tanja ya lÇalya « Tanger, ô, la haute !»

23 dont le monument funéraire remonte au Vème siècle av. J.- C.(cf. Camps 1995 : 275).

24 Une telle dénomination fut donnée par les Français venus décimer la résistance armée qui était atroce pour eux.

11 Cet oronyme remonte à l’Antiquité, il est vraisemblablement antérieur à celui de Tingis.

25 Les mots, et par ricochet, les toponymes ayant la forme t-----t, appartiennent à la lange amazighe ou formés sur elle.

26 Le calembour est la fiente de l'esprit qui vole. V. Hugo.

27 Les zaylachi prononcent le nom de leur ville avec un accent jebli zayla.

28 Eugène Delacroix était séduit par cette lumière, d’où son séjour à Tanger et les toiles célèbres qu’elle lui a inspirées.

29 Le terme utilsé donné en arabe est jayyid.

30 Le même toponyme est arabisé : Éyun sidi Mellouk, près d’Oujda, et bien sûr Laâyoune du Sahara occidental.

10 Les toponymes tunisiens cités ont été observés en cours de route, lors d’un bref séjour en Tunisie en 2002, sur les panneaux de signalisation routière, de Soussa vers la capitale.

31 Siège du gouvernement et poste de commande d’Abdelkrim tombé en ruine.

32 Lieu symbolique où fut prononcé le discours royal de la réhabilitation de l’amazighité du Maroc.

33 Si l’on accepte comme dérivé de la même racine avec s- préfixé.

34 Toponyme qui mérite d’être étudié.

13 Allati (1998 :151) cite des cas semblables qui se limitent à l’arabe, tels que : Jbel Adrar « montagne (de la) montagne», Kudyat tawrirt «colline (de la) colline », Aïn Tala « source (de la) source ».

35 Il y a des gens qui portent des anthroponymes amazighs et qui n’en comprennent pas la signification ; alors que d’autres portent des noms ayant une résonance orientale qu’on ne dirait pas marocains des Lotfi, des Abou-X.

36 La langue amazighe dispose de deux pluriels : le pluriel extrene et la pluriel brisé, parfois le locuteur n’a que l’embarras du choix entre les deux : aseggwas, pl. iseggwasen et  aseggwusa « année ».

37 Cf. Notre Dictinnaire, racine FR.

38 Le terme est variable en français «eau(x) » et en arabe « mÁ’un, miyÁhun » 

39 Enoncés authentiques et enregistrés.

40 Un toponyme comme Imi n tanut «bouche de puits (petits) » est un synthème , il est présenté en arabe sous forme d’une seule unité agglutinée Imintanut, un autre exemple de brouillage, pour occulter la consonance et le sens « Bouche du puits ( diminutif), anu au masculin signifie « puits ». Même chose pour Ifrane qui devient Yfren, toujours en arabe, bien sûr !  

41 Contrairement à ce qui émis à la radio marocaine : ilard bi titkallim arabi «la terre parle arabe», ce qui n’est pas vrai .

 

 

 

 

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