|
|
L’amazighité et arabisation Par : Hassan Oulghaz
Considérant que la charte de l’Organisation des Nations Unies impose aux Etats l’obligation de promouvoir le respect universel et effectif des droits et des libertés de l’homme, et que, tous les Etats signataires du pacte s’engagent à présenter des rapports qu’ils auront arrêtés et qui donnent effet aux droits décrétés par la charte sur le progrès réalisé dans la jouissance de ces droits, conformément à la reconnaissance universelle de la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine et de leurs droits égaux et inaliénables qui constituent le fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde. L’idéal de l’être humain libre et jouissant des libertés civiles et politiques et dépêtré de la crainte de la misère ne peut être réalisé que si des conditions permettant à chacun de jouir de ses droits civiles et politiques, aussi bien, que les droits économiques et culturels soient créées et respectées. Le 03 Janvier 2010, SM le roi a donné ses hautes directives pour mettre au point la conception générale d’un modèle national d’une régionalisation avancée, englobant toutes les régions du pays. A cet effet, il a installé la commission consultative sur la régionalisation pour procéder à un examen approfondi des véritables problématiques qui se posent et faire preuve d’innovation pour entreprendre un chantier fondamental de reformes qui ouvriront de prometteuses perspectives susceptibles de contribuer au développement socioéconomique pour tous les marocains. Le lancement de la chaîne de la télévision amazighe et l’initiative de la régionalisation marquent un saut qualitatif dans le processus de la démocratie au Maroc. Mais, la procédure que le gouvernement marocain, qui a fait l’objet de bon nombre de critiques acerbes quant à l’efficacité de ses actions et l’homogénéité de ses membres et qui a connu un brusque remaniement, pourra envisager de préluder à ce projet pose un grand point d’interrogation en ce qui concerne l’identité marocaine unifiée dans sa diversité et dans la gestion des richesses de la nation. Le pouvoir politique arabo-andalous qui incarne un islamisme politique abruti, se soucie exclusivement de tout ce qui reflète l’idéologie arabiste et il s’occupe résolument de la richesse incommensurable et des intérêts de la classe bourgeoise caractérisée par un esprit étriqué et il exclut injustement l’amazighité! Il oublie que l’Etat marocain a ratifié le pacte international relatif aux droits civils et politiques, et, il néglige le principe de l’article 1er décrété par les libertés publiques en droit marocain : «Tous les peuples ont le droit de disposer d’eux-mêmes. En vertu de ce droit, ils déterminent librement leur statut politique et assurent librement leur développement économique, social et culturel ». Ainsi le pouvoir politique xénophobe nie une branche de la culture humaine : la culture amazighe. Si je ressens dans mon cœur la douleur de tous Imazighen devant les drames qui les endeuillent dans l’espace historique de la nation amazighe, j’évoque aussitôt le respect et je rends hommage à la mémoire de celles et ceux qui sont tombés pour la liberté, la démocratie et les droits identitaire, linguistique et culturel amazighs. Je condamne la manière de faire payer Imazighen pour leur choix politique : la répression, la dissolution de toute formation politique, le Kidnapping et l’assassinat sans connaître ni l’auteur ni le commandeur ! L’histoire amazighe de l’antiquité à ce jour est carrément supprimée par l’administration centrale arabiste et les doctes éminents amazighs qui avaient marqué la pensée humaine dans les différents domaines sont simplement ignorés! Cette brûlante actualité nous renseigne sur le sort d’une population qui fait partie intégrante de la communauté internationale qui soutient le respect des droits humains sous l’égide de l’ONU, au moment ou les droits naturels du peuple amazigh à l’existence sur sa propre terre sont injustement ignorés et violés!! Quand on réfléchi sur l’actualité, on constate que nous vivons au sein d’une société arabo-musulmane qui de façon générale refuse le dialogue et ne respecte pas l’autre, tel qu’il est et tel qu’il veut être ! C’est pourquoi on finit par s’affronter d’une façon plus ou moins violente. C’est pire encore quand les marxistes des années de plomb se servent aujourd’hui de l’islam pour leurs propres fins! C’est la réalité d’un islam politique qui souffre de la tendance violente pour imposer l’humiliation constante aux autres, c’est aussi le totalitarisme qui flotte dans la conscience individuelle et collective des arabes qui adoptent l’islamisme politique pour éradiquer tout ce qui n’est pas conforme à l’idéologie arabiste ! Il faut essayer dans une large mesure de se débarrasser des sédiments qui nous empêchent de fonder une société sur le dialogue et le respect mutuel. Le pouvoir politique doit ramener le pays à l’ordre et à la stabilité au lieu de le faire plonger dans une anarchie indésirable, il doit reconnaître la culture et la langue amazighes dans la constitution du pays et l’enseignement de la langue Tamazight doit être obligatoire et accessible gratuitement à tous. Les programmes ambitieux projetés par les responsables sont écartelés entre l’exigence des puissances étrangères et le refus de la population, qui en a marre des promesses en l’air, vont absolument perdre leur crédibilité. L’origine de la souffrance des arabes dans le passé et dans le présent c’est qu’ils utilisent l’islam pour des fins politiques, le problème énorme à résoudre c’est l’usage de la religion comme un tremplin pour accéder au pouvoir! Dans le but de constituer un projet divin universel, il faut mettre fin à la violence, au persiflage de ses compétiteurs politiques, à la clandestinité et au danger qui met en péril les libertés les plus sacrées et les droits de l’homme les plus élémentaires. Il faut essayer d’asseoir une forme de société fondée sur l’égalité de tous les citoyens même s’ils ne partagent pas les mêmes convictions religieuses. Il faut aller vers un pluralisme universel et reconstruire une pensée contemporaine dans ce qu’elle a de plus vivant pour l’esprit. Dans le souci de sauvegarder l’intégrité territoriale du Maroc et d’instaurer un Etat de droit moderne et fort, le pouvoir politique arabo-musulman doit cesser la discrimination de tout genre qui frappe l’amazighité depuis des décennies et les xénophobes, les complices du pouvoir, doivent renoncer à la confrontation absurde avec les militants innocents amazighs qui luttent pour le droit culturel et politique. Le pouvoir politique doit cesser de s’immiscer dans les affaires judiciaires car cette ingérence conduit à de graves erreurs judiciaires. L’opinion publique et tous les marocains démocrates reprochent au pouvoir politique marocain « arabo-andalous » la condamnation arbitraire des étudiants amazighs innocents à de lourdes peines et ils dénoncent la dissolution injustifiée du parti politique marocain : PDAM ! La diversité culturelle et le multilinguisme n’ont jamais été à l’origine des conflits déstabilisateurs, la diversité est un atout extraordinaire qu’il faut mettre en perspective pour réaliser le développement global et durable ; c’est plutôt le manque de maturité culturelle et civilisationnelle qui en sont à l’origine des clivages sociaux et des affrontements ; car elles sont fondées sur le totalitarisme et l’hégémonie d’une langue exclusive, ce qui se traduit dans les faits par l’exclusion des autres langues et des autres cultures ! En conséquence, ces inégalités, ces arrogances et ces marginalisations conduisent à la révolte et aux conflits. La langue unique, la religion unique la race unique n’ont jamais garanti la stabilité et l’union dans l’histoire ; la sagesse suprême est la clé de la vie en harmonie des communautés multi linguistes, multiconfessionnelles et multiraciales. Le professeur Mr Salem Chaker disait : « les berbères souhaitent être présents chez eux, dans leur pays, sans honte ni sous de faux prétextes ; eux, les éternels relégués, en marge de la culture officielle, en marge de l’Etat, spectateurs et objets passifs de l’histoire ». En dépit du bon sens, le premier ministre marocain ne respecte pas son programme ! Lors de son investiture au poste de 1er ministre, il a déclaré que son unique programme est : « les directives de SM le roi », mais il demeure intransigeant vis-à-vis de la cause amazighe malgré que SM le roi a dit : « tamazight est la propriété de tous les marocains et sa promotion est un devoir national ». Malheureusement, il agit toujours à l’inverse des directives royales il promet d’accentuer son parti politique arabo-andalous «PI» à lutter contre la reconnaissance officielle de l’amazighité : culture, langue et identité dans la constitution marocaine !! C’est encore étonnant, le défenseur de l’idéologie arabiste Mr Ahmed Herzenni qui se trouve à la tête du CCDH « et qui confirmait que le Maroc a besoin d’une école publique qui habilite nos enfants et les dote de chances égales de promotion sociale ; une école où l’on acquiert le sens d’une vie décente etc. » montre aujourd’hui ses dents et déclare inopportunément qu’il n’est pas nécessaire d’officialiser l’amazighité dans la constitution du pays !! Ces responsables fuient le principe fondamental des droit humains, ils inspirent probablement leurs idées des années de plomb et ils prennent l’exemple de l’ex-ministre Driss Basri qui faisait des forces de l’ordre un moyen efficace pour terroriser et torturer le peuple marocain et il justifie ses actes par l’expression : « J’applique les directives royales » ! Par son comportement xénophobe et moqueur, Mehdi Ben Barka persifle que les Berbères sont des gens qui ne sont pas encore allés à l’école ! L’historiographe du royaume du Maroc pendant les années de plomb, Abdelwahab ben Mansour, avait diffamé les amazighs et la langue tamazight devant feu le roi Hassan II, il a délibérément occulté l’histoire du peuple amazigh, il a dissimulé les réalisations de nos ancêtres et il inculque aux citoyens et aux jeunes marocains l’histoire de la bourgeoisie citadine, il a absolument omis le rôle des imazighen qui se sont engagés bénévolement dans l’armée de libération. Il fait des leaders de la résistance armée : Mohamed Ben Abdelkrim Khattabi et les tribus du Rif, Mouha Ou Hammou Zayani et les tribus du moyen Atlas, Assou Ou Basslam et les tribus des Ait Atta, Zayd Ouhmad et les tribus des Ait Marghad, Ait baâmrane et les tribus du Sud de l’anti-atlas les oubliés de l’histoire ! Il ignore dans ses programmes la véritable épopée de la bataille d’Isly, d’Anoual, de Lahri, de Bougafer, des Ait baâmrane etc. et, pourtant l’histoire n’oublie jamais. Certains écrivains du calibre du docteur Mohamed Ben YICH dénigre iniquement Imazighen et cherche à renaître le régime de l’apartheid au Maroc, voir le site : (www.hespress.com). Le chef d’Etat libyen ne se plie pas aux réalités historiques, il oublie que le maréchal Lyautey le dirigeant de l’armée coloniale française est le principal fondateur de l’Etat arabe au Maroc en 1925, et, le leader libyen nie l’existence du peuple amazigh et il témoigne indûment que les habitants de l’Afrique du Nord sont venus de la péninsule Arabique par la voie terrestre !! Si personne ne conteste que presque toutes les langues du monde empruntent des mots des langues étrangères pour enrichir leur lexique, l’écrivain railleur libyen Othman Saâdi indique exagérément que la langue tamazight a emprunté environ 10 milles mots de l’arabe ! Les français disaient : « un grand n’a d’autres choix que de défendre son rang ». Le sociologue Lester Ward se demande : « Est-il vrai que l’homme parviendra finalement à dominer l’univers entier, à l’exception de lui-même ? Parallèlement à ces choix, Imazighen qui incarnent la tolérance et l’ouverture d’esprit n’ont jamais provoqué de clash ethnique, ils ont joué le rôle capital dans le soutien de la littérature arabe, le grammairien amazigh Mohamed ben Daoud Sanhaji a aménagé un ensemble de règles « Aljarroumia » régissant la syntaxe de la langue arabe. Imazighen ont joué le rôle fondamental dans l’extension de l’islam en Afrique. Lorsque les premières armées arabes arrivèrent à Ifriquia en 647, Oqba ben Nâfi fonda la ville de Kairaouan pour servir de base permanente aux combattants et la conquête débuta en 655. Après l’échec de la résistance du chef amazigh Aksil, la reine amazighe Dihia prenait les rênes et défendait violemment l’indépendance de Tamazgha. Mais au bout d’un demi siècle, les combattants arabes se sont en majorité entraînés aux nouvelles tactiques de la guerre et ils ne s’intéressent qu’aux richesses ! La reine Dihia est convaincue que les conquérants ne quittèrent pas le pays, elle voit les tournures des événements et elle conseille ses fils à se rallier aux conquérants ! Et le début de la domination de l’administration arabe devient évident. Les conquérants adoptent aussitôt la politique annexionniste, ils s’efforcent à annihiler l’existence de la société autochtone sur ses terres et exclure la langue séculaire parlée dans les pays de Tamazgha avant l’arrivée de l’islam et ils imposent la langue arabe ! Et, en contrepartie, imazighen ont sacrifié leur vie pour l’indépendance et l’intégrité territoriale des pays arabes du proche orient et pour la liberté de la France, la puissance coloniale et le complice de l’action condamnable de l’arabisation des pays de Tamazgha ! Jean de la Fontaine avait dit dans sa fable : « Il est bon d’être charitable mais envers qui ? C’est là le point, quant aux ingrats il n’en est point ». Si les mouvements islamistes confirment que l’islam est la seule solution, ils devaient définir le projet politique qu’ils découvrent capable de résoudre convenablement tous les problèmes socioéconomiques, politiques, culturels et identitaires du pays ? Si l’islam politique alimente le terrorisme de l’Etat qui porte habituellement la nationalité de ses activistes, le terrorisme n’a pas de religion et le terroriste est irréligieux. Le racisme, le terrorisme, l’hypocrisie et surtout l’ingratitude des arabes ne peuvent être qualifiés que par des grands péchés caractérisés commis contre la loi divine. Parmi ces tensions figurent les conflits sociaux auxquels on peut échapper par une solution immédiate si la marge de la liberté politique est assez large et si la volonté politique de l’Etat décide d’édifier un « Etat de droit moderne » qui peut garantir l’émancipation du peuple, l’égalité entre les citoyens et la participation de tous aux prises de décisions assez importantes. A cet effet, le développement d’une culture de la différence acceptant la tolérance et prônant une démocratie forte s’impose.
|
|