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Les partis politiques amazighs en lice Par Aziz. CHELLAF Pendant longtemps, le Mouvement culturel amazigh (MCA), comme son nom l’indique, n’avait que des revendications d’ordre culturel. Celles-ci ont été défendues essentiellement dans le cadre des associations. Ce n’est récemment que la défense de cette question par la voie politique est devenue une réalité. Une ancienne revendication. Depuis son émergence, le MCA était limité à une action culturelle même si la plupart de ses revendications sont d’ordre politique. Au fur et à mesure, se posait la question de la relation entre le culturel et le politique. En atteignant un stade de maturité, les revendications deviennent plus affranchies. Depuis la Charte d’Agadir les revendications du mouvement prennent une allure politique. Cette expression politique avait atteint son apogée avec le Manifeste amazighe de mars 2000. Dans les faits, bien avant le Manifeste de 2000, quelques éléments du MCA soutiennent un passage à l’action politique par la création d’un parti politique amazigh. Le mot d’ordre de ce pan du MCA était que limiter le travail à l'acte culturel n’est pas apporteur des réclamations tant attendues. Ce courant considérait que la marginalisation de la question amazighe est un fait purement politique et non pas culturel. Et pour remédier à une marginalisation politique, il faut, non pas une action culturelle, mais, bel et bien, une action politique. A son moment, les choses n’ont pas abouti. Préférant que le mouvement reste d’empreinte culturelle, la majorité du mouvement s’y est opposé. Elle était craintive d’une action politique génératrice d’une dislocation du mouvement. Ce n’est pas du tout l’expérience kabyle, qui est ce que l’acte politique –à travers les deux ennemis formations politiques- a apporté à la reconnaissance de la langue et la culture amazighe en Algérie? Quoi qu’il en soit, il était notoire, dès cette période, que la question de l’émergence des partis amazighs à l’instar des partis kabyles est une question du temps. Une nouvelle réalité. Conscient que les revendications du MCA peuvent si elles s’accueillent incessamment par une oreille sourde elles peuvent se radicaliser, le makhzen à trouver la parade. Sans vouloir juger si l’institution de l’Ircam a été faite dans une bonne ou mauvaise foi, on peut se demander si la création de l’Ircam n’avait pas une intention d’emboîter le pas à une action politique du mouvement amazigh. Il pourrait être avéré que le makhzen avait dans l’esprit une crainte que le mouvement atteigne le scénario kabyle. Pour anticiper ce constat, il faut occuper la place avant que la question amazighe ne soit appropriée par une famille politique quelconque. Avec la naissance de l’Ircam, cette institution peut être un moyen pour contrer leur demande d’une façon officielle. Le monde amazigh national et international a suivi avec attention les premiers pas de cette institution. Néanmoins, son échec relatif à lancer la question amazighe laisse soupçonner les doutes de sa crédibilité. Cet échec par rapport aux attentes grandioses de la classe amazighe a donné un coup de pouce au mouvement politique avec la création d’abord du Parti démocratique amazigh marocain (PDAM) et ensuite du Parti démocratique et fédéraliste (PDF.) Dans tous les cas, le makhzen peut se prévaloir que la question amazighe est une question de tous les Marocains. Et c’est en cette qualité qu’ile l’a dotée d’une institution spécifique pour la mettre à l’abri des revendications politiques de tous les partis politique. Elle serait assimilable à la question de l’islam qui n’est pas laissée à aucune formation politique de notre pays. Rien n’empêche les partis politique islamistes de s’en inspirer mais ils ne peuvent pas s’accaparer de sa défense.
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