| |
La lutte
amazighe ou le combat de Sisyphe contre les Dieux
Par: Ayt Assou Salh
«Je suis très certain, sans fantôme et
sans illusion de l’imaginative, que j’existe pour moi-même, que je connais et
que j’aime mon être. Et je ne redoute point ici les argument des académiciens.
je ne crains pas qu’ils me disent: Mais si vous vous trompez? Si je me trempe,
je suis.» (Saint Augustin. La cité de Dieu XI, 26.)
Introduction:
La question peut paraître à certains banale, la réponse est assez claire. Il
suffit de regarder autour de nous: le mouvement amazigh s’élargit et continue à
gagner le terrain! L’amazighité vient d’être réhabilitée, un institut s’en
charge! «Une nouvelle conscience» de timmuzegha conquiert progressivement les
têtes d’imazighen depuis pas mal de temps. Ce peuple opprimé, enfin, son élite a
désormais détecté son malaise, il sait ce qu’il doit faire comme remède, et
d’ailleurs ce que sa façon de lute actuelle prouve!...
En fait, des réponses comme celles-ci, tranquillisantes et optimistes, ne
manquent point. Aussi, Beaucoup d’idées courantes au sein de la littérature
amazighiste se convertissent en évidences sûres, hors de doute! Se fier toujours
aux conceptions toutes prêtes mène à les ruminer et à les adopter comme dogmes.
Ce qui ne doit surtout pas régner au sein d’un mouvement amazigh censé être
vigilant à présent plus que jamais. Pour nous, et loin de vouloir nous prendre
pour des propagandistes d’un pessimisme démoralisant, quelques mises au point
s’imposent là-dessus. Il est temps de se frotter les yeux pour bien percevoir
les choses, non comme on les souhaite, mais comme elles sont réellement, et
repenser l’action amazighe et le processus de ses dernières évolutions afin
d’arriver a un constat plus fiable et raisonnable de la situation présente, et
crever l’abcès une bonne fois pour toutes. Le but de cet article est d’essayer
une relecture critique de l’état de l’action amazighe actuellement. Sa
compréhension nécessite, à notre avis, une préhension globale considérant la
phase actuelle en tant qu’une simple étape indissociable d’un tout, d’un long
processus qui ne date pas d’aujourd’hui.
Le combat amazigh, un combat de Sisyphe:
Le malheur de Sisyphe, décrit dans la mythologie grecque, offre beaucoup de
similitudes avec l’être amazigh depuis des millénaires dans sa quête éternelle
de liberté et dignité. La situation actuelle de cet homme libre mais,
contradictoirement, privé de sa liberté, justifie cette mise en parallèle.
D’abord, l’amazigh conscient de soi même, a osé dire assez et non (ce qui est
tout a fait normal) aux décideurs responsables de son désastre a travers
l’histoire. Les dominateurs, occupant sa terre sous diverses emblèmes et
couleurs, ont une seul intention, a savoir l’hégémonie dans toutes ses formes
sans tolérer toute contestation aucune. Comme était le sentiment de Zeus le
vaniteux, le dieu des dieux, pleine d’orgueil, de suprématie et caprices, il
croyait pouvoir faire tous ce qu’il veut sans soulever la moindre
désapprobation. Mais quand il enleva la fille du dieu-fleuve Asopos, Sisyphe
dénonça le ravisseur au père de la jeune Egine, (ici, c’est tamazight qui
subissait le kidnapping). Ce qui ne se passera pas sans châtiment. Alors le roi
des dieux, en colère, décida de le tuer. Cependant Sisyphe, très malin, réussit
à enchaîner la mort qui vint le chercher. Grâce à ce courage et défi, personne
ne mourut pendant un temps. De même pour l’amazigh et l’amazighité : les
retrouvailles auront lieu une fois elle prendra son destin entre ses mains en
délivrant sa liberté confisquée. L’histoire de tamazgha est illustrée de belles
époques amazighes nostalgiques sous le règne des grands rois numides,
mauritaniens et borghwates après, et même au sein des grandes confédérations
tribales plus tard. Toutefois, une telle situation ne va pas plaire aux dieux,
c’est trop! Laisser le pauvre Sisyphe en paix se délectant de sa liberté
indéfiniment et calmement (ce qui est de son pur droit) est inadmissible! Alors
l’assemblée s’est tenue, la décision est prise d’envoyer Hermès, un auxiliaire
des dieux, multifonctionnel, un messager de Zeus auprès des dieux et des
mortels. Naquit dans une grotte obscure, connu par la ruse et l’ingéniosité, il
devint le héraut au service des dieux, en particulier du grand dieu, et
intervient à ce titre dans de très nombreuses besognes. La tache cette fois-ci
consiste à secourir la mort des chaînes, afin que les gens, dont Sisyphe,
puissent mourir. Car il a aussi comme fonction d’accompagner les âmes des morts
vers le royaume de l’impitoyable Hadès, dieu des morts et maître de l’enfer. Il
doit y avoir du boulot même si au détriment des autres vies, le bonheur et la
prospérité des uns sont faites par le malheur et la misère des autres. C’est
ainsi la vie pour Hermès, Hadès et compagnie. Mais notre héros ne va pas se
laisser faire, c’est ainsi en ayant pris connaissance des stratagèmes concoctée
pour sa fin, il mit en œuvre un contre plan préparé avec sa femme avant de
rendre l’âme. Une fois a l’enfer après sa «mort», il arracha la permission de
revenir sur terre pour châtier sa femme (comme était convenu) n’ayant pas
célébrée les sacrifices rituels de son décès. Une fois rentré chez lui, il
reprit son existence, peu soucieux de retourner chez Hadès en enfer. Sisyphe
adore la liberté, c’est pour cette raison qu’il se soulève contre toutes formes
de servitudes quels que soient le prix et les sacrifices. Il résistait pendant
des siècles et réchappait maintes fois au sort qui lui était réservé par les
dieux et leurs acolytes, la mort. Et comme toujours, sa tolérance débordante ne
laisse aucune lacune où peut s’infiltrer à son âme ni rancune ni vengeance. Sa
seule préoccupation est bel et bien la vie; rien que la vie en paix, en liberté
sur son propre territoire, sans penser ni à conquérir, ni asservir, ni convertir
une quelconque race ou croyance… Il arrive, quelquefois, où ces dieux qui se
prennent pour des céleste méprisant la terre profane, mais sans pouvoir s’en
passer, car c’est là où ils ressentent leur divinité vénérée, crédibilisée et
reconnue. D’ailleurs, Une divinité peut-elle exister et subsister hors de
l’imaginaire humain et à part la dévotion et vénération terrestres, profanes?
Laisse tomber! Je dis qu’il arrive souvent qu’ils tombent en panne au cours
d’une de leurs mésaventures, et c’est à Sisyphe de s’en charger de les sortir de
l’impasse, même quand la facture fut lourde, des remerciements? Jamais!
Les dieux n’arrivent plus à supporter une telle situation embarrassante, elle
avait assez longtemps duré, Sisyphe aussi. La mort, il l’a vaincue d’abord,
ensuite, même avec les renforts divins par le biais de Hermès, il réussissait à
s’en tirer sous les yeux de Hadès à l’enfer. Qui ose faire comme tels, est
capable d’en commettre plus, disent les dieux. La survie de cet être gênant
s’oppose donc a la leur, tant qu’ils ne veuillent pas toujours descendre de
leurs tours célestes en pleine journée, rendre hommage a la généreuse terre et
reconnaître la grâce de ceux qui y vivent dessus. Il est tellement inaccoutumé
et rare que l’on vit dans un monde et se referant a lui, sans l’estimer tout en
s’attachant maladivement a un autre qui ne représente rien. Il s’agit là d’une
aliénation idéologique «voulue» si on ose dire, voulue car rentable. C’est le
dilemme de ces «dieux», car c’est au territoire de Sisyphe où leur divinité
prend sens, cependant ils se voient étranges, différents devant ce dernier qui
les affronte en démasquant leurs réalités à haute voix. Et ça n’a pas plu de
tout le grand Zeus dés la première affaire (Egine). Sisyphe a longtemps vécu
depuis qu’il a berné son bourreau de l’enfer à la suite de sa première mort. Il
passait des siècles à vivre pour lui seule avec sa progéniture en toute
convenance et harmonie, il vit le jour sans penser a ce que va advenir demain,
c’était naïf de sa part, et ça lui coûtait chère, lui faisait sentir le vent du
boulet. Il le sait et se le dit souvent, mais sans en tirer des leçons. C’était
un être partagé, déchiré et emporté par des vents parfois. Malgré cela Sisyphe
restât lui-même, fidèle à ses valeurs humaines ancestrales. Il a vécu longtemps,
et Zeus mécontent, meurt de patience en attendant le second décès de ce phénix
pour lui régler son compte, c’était la dernière solution après l’échec de toutes
les manigances réservées à sa peau. Le temps va trancher doucement. Pour
l’instant laisser le crever seul. Il va y avoir certainement un moment propice
pour lui donner un coup de grâce auquel il ne s’est jamais attendu de tout sa
longue vie.
Enfin le moment attendu venait, et Zeus eut ce qu’il voulait, la mort a pris le
vieux Sisyphe au dépourvu. Quelle occasion historique en or! Alors, vite le roi
des dieux rassembla ses acolytes, chacun son domaine, c’est maintenant ou
jamais! Il a même sollicité l’aide des puissances fortes d’une autre sphère,
considérées jadis jusqu’ hier comme sataniques, et quoique ça s’avère illégitime
au point de vue de ses instructions tant clamées. Peut importe, pour lui, c’est
une question de vie ou de mort! Et l’objectif justifie les moyens dit-on. Le
jugement infligé a Sisyphe fut lourd, relève du jamais vu. Zeus aura sa
revanche, finalement, sur l’être qui ne cesse de le dénoncer dès les premières
retrouvailles, depuis la séquestration de la belle Egine. Dénoncer «les dieux»
est un péché qui’il n’aurait dû oser commettre. Et voilà, avant qu’il ne se
renaîtra de nouveau, le rebelle fut condamné à pousser éternellement en haut
d’une colline un énorme rocher qui dévalait à nouveau la pente dès qu’il avait
réussi à le hisser au sommet. Des années plus tard, Sisyphe continue de hisser
l’abominable roc, sa seule préoccupation consiste à le déposer au sommet de la
montagne. Aujourd’hui il est épuisé, apparemment dépassé, amnésique et sans
mémoire, tel une vielle pièce anonyme au musée, la scène de son dévouement à
porter le rocher est une tragédie digne des époques primitives.
Désormais, les maîtres de le delà peuvent dormir sur leurs oreilles, savourer
leur victoire. Le malheur des uns fait le bonheur des autres… Sisyphe, alors
renommé injurieusement, n’est plus qu’un nom a connotation inaperçue, une simple
sonorité sourde qui ne soulève aucune attention. Pire encore, Même les siens
l’ignorent, s’en lavent les mains! S’éloigner de lui, dire s’éloigner de
l’ignorance et la primitivité. Parler et danser comme lui relève de l’archaïsme
culturel. Mais, comment on est arrivé là? En fait, le temps pour l’amazigh s’est
arrêté depuis le processus infernal du roc à hisser au sommet, pour reprendre un
tragique cheminement sans issu, auquel tout le monde se met a arborer le
terrible bloque dans un parcours circulaire infini. Des faux sosies Sisyphiens
pullulent et circulent partout, tous tombés amoureux de leurs fardeaux qu’ils
serrent, et défendent fervemment, parfois hystériquement. Avec le temps ils ont
oublié qu’il s’agissait bien d’un châtiment, d’une condamnation à vie, on s’en
est habitué comme fatalité, et l’anomalie devient normale, confortable même!
C’est ce qu’on appel aliénation. Un aliéné ne peut et n’accepte pas se remettre
en question, même de se demander pourquoi il porte un tel ou tel nom! Enfin de
compte l’objectif en est là. Par ce funeste et macabre état des lieux, l’être
amazigh apparaît a présent plus que jamais errant, tourmenté et déchiré, sa vie
millénaire semble mise en jeu il y a une poignée d’années seulement.
Quelle conscience a-t-on de l’amazighité?
Il s’est avéré à tout le monde que le mouvement amazigh marocain, depuis quatre
ans, est partagé en deux principales parties; une qui est en accord avec
l’initiative entreprise par le pouvoir à traiter le dossier de l’amazighité.
Donc ses protagonistes y font parti, que ce soit au sein de l’Ircam, dans la
direction et les centres de recherches, ou bien via des association qui
reçoivent de l’aide financière et autres, suites à des contrats de
«partenariat», ou simplement qui se mettent en contact avec l’ircam. Mais, ce
genre de partenariat a lié aussi l’institut avec un nombre inconnu de «sous
chercheurs» à travers le territoire national pour mission d’effectuer la
collecte de ce qui a survécu de la littérature orale amazighe. Les défenseurs de
cette prise de partie donnent leurs justifications plus ou moins acceptables.
D’autre part, les opposants à l’Ircam, dont des association, le milieu
estudiantin et des activistes indépendant, tous s’appuient sur l’effet négatif
de cet institut sur le rythme et l’efficacité de l’action amazighe, son statut
et aptitudes ainsi que son impact presque inaperçu concernant la place de
l’amazighité dans les secteurs de la vie publique. Cependant, être pour ou
contre ne ressort pas toujours de soubassements amazighs. Et loin de cette
polémique autour de l’institut, je me contente de soulever quelques points.
D’abord et soyons claire, un institut quelconque dans n’importe quel pays n’est
jamais capable seul, qu’elles que soient ses prorogatives, de rétablir une
langue à fortiori une culture et une civilisation. Quand certains apologisent l’Ircam
et défendent son bilan, ils le font pour tamazight ou pour eux mêmes? Qui est le
gagnant? Si c’est pour l’amazighité, celle-ci aura parlé d’elle-même, tout le
monde a des yeux! Les décisions prises reflètent des convictions et des choix
(tant qu’on n’est nullement forcé), ce qui implique évidement de les respecter
et les mettre en œuvre. Est-il vraiment le cas pour le tifinagh? Quand la
transcription du corpus amazigh se fait en d’autres caractères, pour la
convertir ensuite avec un simple clic sur le clavier, cela prouve et révèle
quoi? Tifinagh va se remettre ainsi? Comment expliquer que certains des fervents
défenseurs de cet alphabet lors de la fameuse bataille publient maintenant en
latin? Aime-t-on tifinagh? Très bien, prouvons le donc! D’un autre coté, à ceux
qui s’opposent totalement à l’Ircam, à ses membres et à ses décisions, dont le
mouvement estudiantin, ce dit mouvement n’a-t-il pas appuyé la décision de
l’adoption de tifinagh prise par l’institut considéré «makhzenien», dans un
communiqué publié dés lors? On a qualifié de traîtres les septe membres retirés
de l’Ircam, mais a-t-on entendu dire pareillement des autres qui y restent
encore? Et ce grand monde qui s’est hâté, et se hâte encore à conclure des
contrats pour travailler leur culture et langue, où sont-ils passés il y a
longtemps quand cette «bien aimée» dépourvue gémissait seule? Maintenant, l’Ircam
merci! Il y en a plein de «chercheurs». Tant mieux! Me diriez-vous, les amazighs
ont aussi le droit d’un petit peu de coup de pouce, comme les autres qui avalent
tout. D’accord, mais, combien on a manqué, et si s’arrête un jour? Garder sa
langue et vivre son existence ont-ils un prix?
Voila donc quelques questions, entre autres, qui se posent à tout observateur du
champ amazigh. Le but de les étaler ici est d’essayer d’avoir une image sans
dissimulation et proche de la réalité que vit le mouvement amazigh au Maroc. Et
à chacun d’en tirer ses propres conclusions, de juger si cela apparaît normal ou
non. Me concernant, j’ai bien peur de dire, hélas, qu’on se surestime un peut
depuis quelques années, sinon les choses ne se seraient pas passées de cette
manière. Ce peu donné à tamazight fait simplement partie des procédures
anticipatives à titre préventif entreprises par le pouvoir, afin d’éviter toute
contagion possible avec ce qui ce passe en Algérie où le militantisme amazigh
est très avancé, en sondant au même temps le poids d’imazighen marocains. Mais
cela ne nie la contribution de ce qu’à subit certains militants de notre pays de
par leur engagement amazigh. Se contenter de répéter que le mouvement s’élargit
et gagne du terrain ne reflète pas toute la réalité, par exemple combien il
perd, combien l’amazighité a régressé, est ce que les amazighs ont arrêtés de
s’enfoncer de plus dans l’aliénation?… A notre humble avis, la vraie question
qui mérite d’être approchée consiste à demander si le mouvement amazigh avait
réussi le pari d’être à la hauteur des grands défis et vicissitudes imposés par
un nouvel état des choses élaboré après «l’indépendance». Autrement, est ce que
la génération présente d’imazighen a su et pu se réadapter avec le changement
radical qui a marqué le comportement anti-amazigh? Trancher que le mouvement
amazigh actuel au Maroc se distingue par sa prise «d’une conscience moderne»
sans précédant de l’amazighité, relève d’égocentrisme intellectuel, sinon d’une
myopie conceptuelle flagrante qui ne prend qu’un petit fragment de l’histoire
millénaire du combat amazigh. Un amoindrissement des sacrifices de nous aïeuls
qui ont aussi leurs erreurs bien sûr. A signaler d’abord que toute conscience de
quelque chose est une conscience moderne à l’époque où elle était acquise. De ce
fait, «l’archaïsation» d’une telle ou telle conscience n’est qu’une question du
temps! Les générations futures risqueront elles aussi de nous réprimander pour
notre simplicité et notre «conscience traditionnelle»! Parler plutôt d’une
acquisition de conscience «accompagnatrice» et évolutionniste selon les
conditions semble plus approprié. D’ailleurs, c’est ce que démontre l’histoire
de la résistance amazighe dés les premières invasions. Les ancêtres amazighs ne
sont pas endormis sur leurs oreilles, inconscients du danger menaçant leur
langue et culture. Il est également erroné de croire qu’ils se sont contentés de
défendre leur territoire ou patrie au détriment de leur identité, sinon ce vaste
et diversifié patrimoine ne nous aurait été légué. Que sait-on des royaumes
amazighes préislamiques face aux politiques assimilatrices romaines? Que
sait-on, ensuite, de deux grands états amazighs de Ghwmara et Borghwata qui ont
été dotés de leurs livres sacrés, et prières en tamazight durant quatre siècles?
A notre avis, c’est un apogée de la conscience amazighistes jamais atteint après
l’invasion arabo-musulmane par aucune génération, y compris la notre. Inutile de
rappeler ici ce que fait ces envahisseurs avec le patrimoine des autres
civilisations, et même avec les livres lumineux des penseurs musulmans: la
destruction. Et comment explique-t-on les révoltes menées souvent contre les
gouverneurs et sultans du Maghreb et la péninsule ibérique pendant des siècles,
et l’insoumission des grandes tribus au pouvoirs centraux jusqu’à l’avènement
d’occupants franco-espagnole? Il s’agit là évidement d’une résistance consciente
face a un danger menaçant l’existence symbolique amazighe dans toutes ses
dimensions, plus que simples contestations naïves, «innocentes». L’organisation
sociopolitique des tribus et confédérations amazighes, qui a su s’immuniser
contre des modèles exogènes, surtout islamiques, en est une démonstration. Il y
a juste quelques décennies où les tribus d’ayt attva, lors des négociation avec
les forces coloniales après une tragédie de 40 jours sur les cimes de Bougafer,
imposât le respect de leur système organisationnel basé sur Azref comme une
condition capitale pour déposer les armes. L’écrasante majorité des marocain
portaient, jusqu hier, des noms amazighs ou amazighisés, à présent regardez ce
qui est arrivé! j’ai tendance à croire, et là c’est un point de vue qui n’engage
que moi, que le mouvement amazigh actuel se croyant moderne, qui est,
apparemment, en retard concernant la stratégie du travail et autres choses par
rapport a ses prédécesseurs. Ce mouvement n’est plutôt qu’un début de sortie du
peuple amazigh marocain de l’amnésie, il vient seulement de prendre conscience
de son inconscience, et vient de comprendre le nouvel état des choses orchestré,
où il n’a aucune place. Mais, il est toujours débutant, incompétent d’agir et
désorganisé, loin d’être, a présent, une force de dissuasion.
Dernier mot
Dernier mot pour toi Sisyphe; s’il est vraiment nécessaire de hisser ton
rocher au sommet, il y aura certainement d’autres façons à le faire une bonne
fois pour toutes, tu n’as qu’a chercher dans ta cervelle, au lieu d’entendre les
autres. Sinon pulvérise le, et laisser les vents en jeter la poussière aux yeux
de ceux qui t’ont endossé leurs fardeaux, ces «dieux», qui n’existent que dans
ton imagination. Ils n’ont, comme l’avait dit La Béotie, «que deux yeux, n’ont
que deux mains, qu’un corps, et n’ont autre chose que ce qu’a le moindre homme
du grand et infini nombre de nos villes, sinon l’avantage que tu leurs fais pour
te détruire. D’où ont-ils pris tant d’yeux, dont ils t’épient, si tu ne les leur
donnes? Comment ont-ils tant de mains pour te frapper, s’ils ne les prennent de
toi? Comment n’ont-ils aucun pouvoir sur toi, que par toi?»
(14/12/2005)
|