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Communiqué du CMA:
Le Président du CMA rencontre le chef
de l'État libyen à Tripoli
Invités officiellement par les plus hautes autorités
libyennes,
Belkacem Lounes, Président du CMA et Cheikna Hamate vice-président
chargé de la région "pays Touareg-Libye", ont séjourné à Tripoli du
4 au 7 novembre 2005. Le principal objet de cette visite était la rencontre
entre le Président du CMA et Maamar Kadhafi, leader de la
Jamahirya libyenne. Cette rencontre a eu lieu le 5 novembre 2005, dans la
résidence du chef de l'Etat libyen à Tripoli.
Maamar Kadhafi a accueilli le président du CMA à l'entrée de la tente où s'est
déroulé l'entretien, avec un grand sourire et beaucoup de chaleur dans
l'accolade qu'ils ont échangée. Le leader libyen a dit qu'il était heureux de
recevoir Belkacem Lounes, président du CMA et lui a dit: "bienvenue dans ton
pays". Ce à quoi le président du CMA a répondu en disant qu'il était heureux
d'être en Libye, pour la première fois et il a remercié le chef de l'Etat libyen
de l'avoir invité. Ensuite, il lui a remis un tableau représentant l'alphabet
Tifinagh, ce qui a ravi M. Kadhafi qui a affirmé que pour lui, c'est un cadeau
d'une valeur inestimable, qu'il en prendrait le plus grand soin et qu'il le
mettrait en très bonne place dans son musée personnel où sont exposés les objets
qu'il a déjà reçus des chefs d'Etats du monde. Il a affirmé qu'un ami Touareg
l'avait initié à
cette écriture amazighe dans les années 1960 et que Tifinagh faisait partie de
son identité et qu'il fallait absolument préserver ce patrimoine. Ensuite, il a
invité ses hôtes à prendre, comme cela est de tradition, un verre de lait de
chamelle.
Les discussions ont alors commencé par des questions adressées par le
leader libyen au président du CMA, portant sur la nature du CMA comme
organisation amazighe et ses objectifs. Il a justifié ses questions
par le fait qu'il a lu ou entendu beaucoup de choses négatives sur le CMA et sur
le mouvement amazigh en général. Belkacem Lounes a alors développé sa réponse en
rappelant que la Libye est un berceau de
l'amazighité, que les Amazighs sont les véritables patriotes, toujours premiers
au front pour assurer la défense de leur pays mais toujours, rejetés,
marginalisés une fois l'objectif atteint. Le président du CMA a ensuite fait
brièvement état des violations des droits des Amazighs et des violences qu'ils
subissent dans tous les pays où ils vivent, à commencer par la Libye. Parlant du
CMA, il a expliqué que cette organisation a été créée par la volonté des
Amazighs de se prendre en charge et de se défendre par eux-mêmes, notamment en
mobilisant les solidarités et les instruments du droit international. "Les
Amazighs n'ont aucun discours de haine, ils rejettent la violence et ils prônent
la tolérance, l'amitié et la paix dans le respect mutuel" a précisé M.Lounes qui
a par ailleurs fait remarquer que ce ne sont pas les Amazighs qui tuent leurs
frères, comme par exemple en Algérie, mais ce sont eux qui meurent de manière
injuste et insensée. Enchaînant sur ce point, le président du CMA a noté que ce
qui est source de révoltes et de conflits, ce n'est point la diversité
linguistique et culturelle mais bien refus de celle-ci. "Il est urgent de mettre
fin à l'exclusion de l'identité amazighe et de restaurer les droits des
Amazighs, pour pouvoir
s'atteler à la construction de l'unité et de la paix dans cette région" a dit
Belkacem Lounes. Il a ajouté que "Tamazight sera le ciment de l'union des
peuples de l'Afrique du Nord et le CMA réclame l'abolition des frontières dans
cette région. Il est aberrant que des frontières restent fermées chez nous alors
que des pays aussi différents que le Portugal et l'Estonie soient unis au sein
de l'UE". Il a également fait observer que les Amazighs sont un peuple tolérant
et n'ont jamais refusé le dialogue, à condition cependant qu'il soit accompagné
de volonté et de sincérité. Le président du CMA a fait remarquer que c'est la
première fois que le CMA est invité par un chef d'Etat nord-africain et il a
salué le courage de M. Kadhafi d'avoir pris l'initiative de cette rencontre
historique qui est un grand pas dans le sens d'une meilleure compréhension
mutuelle et de l'entente entre les peuples de la région.
M. Kadhafi a assuré avoir bien entendu tout cela et s'est félicité d'apprendre
et de comprendre que ni les Amazighs ni le CMA ne sont
des facteurs de discorde dans les pays d'Afrique du Nord. Il s'est dit favorable
aux droits des Amazighs car il a toujours défendu la liberté des personnes et
des peuples et il est disposé à faire en sorte que les droits culturels et
linguistiques des Amazighs de Libye soient reconnus et respectés. Il a affirmé
qu'en tant que libyen, il était africain et que désormais c'était dans ce cadre
géographique et seulement dans celui-là qu'il entendait inscrire l'avenir de son
pays. Il a affirmé que les Amazighs de Libye peuvent jouir pleinement de leurs
libertés et que la langue amazighe, langue de la Libye, sera reconnue et
enseignée. Un décret a déjà été publié dans ce sens pour le parler Tamacheq, et
un autre devrait suivre concernant l'amazigh des régions de Nefoussa et de Zwara.
M. Kadhafi a souhaité que le dialogue puisse se poursuivre et qu'une coopération
active puisse être instaurée afin de réaliser des projets concrets.
Le Président du CMA a dit sa satisfaction concernant ces prises de position très
positives. Au sujet de l'africanité il a rappelé que les Amazighs se définissent
depuis toujours par leur appartenance à l'espace géographique Méditerranéen et
Africain et que par conséquent
ils ne peuvent que soutenir l'orientation africaine de la Libye. Il a ensuite
présenté les grandes lignes des propositions du CMA afin de
concrétiser les orientations politiques en faveur de la promotion de
l'amazighité en Libye. M. Kadhafi a accepté toutes les propositions émises par
le CMA et a affirmé être satisfait de la rencontre et que la mauvaise image
qu'il avait du CMA et du mouvement amazigh en général avait changé de manière
positive. Il a souhaité que le contact soit maintenu en permanence au plus haut
niveau et a nommé un diplomate Touareg qui assurera la mission de coordination
de cette question. La prochaine étape est donc de réaliser un diagnostic
concernant la situation de l'amazighité en Libye, chose qui sera
faite au cours du mois de décembre prochain par une équipe du CMA. Un programme
de travail détaillé sera ensuite proposé aux autorités
libyennes.
Notons que la rencontre qui a duré près de deux heures, s'est déroulée dans un
climat très détendu, la discussion a été franche et sans langue de bois, ce qui
a grandement facilité la large convergence de vues sur les questions abordées et
l'instauration de la confiance.
Tripoli, 7/11/2005
P/Le Bureau
Le secrétariat du CMA.
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