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Congrès Mondial Amazigh
Algérie: le règne de l'arbitraire
Said Zamouche, Président de l’association Numidya à Oran et membre du Bureau
Mondial du CMA, vient d’être condamné par le tribunal de Ben-Zerdjeb d’Oran, à
un an de prison avec sursis et 20.000 Dinars d’amende.
L’association Numidya, avait invité en septembre 2003, une délégation flamande
(Belgique), composée de parlementaires, avocats, industriels, étudiants et un
journaliste, à participer à une conférence sur «l’immigration maghrébine en
Europe et les perspectives de coopération». Cette rencontre devait se dérouler
le 26 octobre 2003 à Oran.
Sur la base de cette invitation, les membres de cette délégation ont déposé
leurs demandes de visas auprès de l’ambassade d’Algérie à Bruxelles pour un
départ prévu pour le 24 octobre et le retour le 27 du même mois. Après plusieurs
semaines, aucune réponse ne leur a été donnée par l’ambassade concernant
l’accord ou le non accord des visas. Devant cette incertitude, l’association
Numidya a abandonné son projet de conférence et l’a fait savoir à ses invités
dès le début du mois d’octobre. L’association a par conséquent annulé toutes les
démarches qu’elle devait effectuer tant sur le plan réglementaire que sur le
plan de l’information de ses adhérents et du public.
L’ambassade d’Algérie a fini par délivrer les visas, mais au tout dernier
moment, c’est-à-dire le 23 octobre 2003 à 17h, soit la veille du départ prévu.
Tout en sachant que la conférence à Oran était annulée, la délégation flamande a
cependant maintenu son voyage en Algérie, optant pour une visite en Kabylie où
elle a rencontré notamment les membres du mouvement citoyen des Aarchs, à
Tizi-ouzou et Bgayet.
Quelques semaines après, le harcèlement policier commence à l’encontre du
président de l’association Numidya. Entre décembre 2003 et mars 2004, il reçoit
4 convocations de la part des services police de la «sûreté de la Wilaya
d’Oran», où il a subi des interrogatoires serrés au sujet de la visite des
Flamands, au «bureau des affaires criminelles», qui traite habituellement les
affaires de grande délinquance.
Le 28 février 2005, il est convoqué par le juge d’instruction du tribunal
d’Essedikia à Oran qui l’informe qu’il est accusé de «mensonges, escroquerie et
imposture»! Il est ensuite convoqué pour comparaître devant le juge du tribunal
de Ben-Zerdjeb le 1er juin 2005, et devait répondre de l’accusation
d’»escroquerie, faux et usage de faux». Cette audience a ensuite été reportée au
22 juin 2005 au cours de laquelle Said Zamouche a été condamné.
Mr Zamouche a aussitôt fait appel de cette décision inique car il n’a commis
aucun acte ni d’escroquerie, ni de faux ni d’usage de faux, puisque personne ne
conteste sa qualité de président l’association Numidya et à ce titre il a
effectivement signé une invitation aux membres de la délégation flamande. Mais
si la conférence prévue n’a pas eu lieu et que les Flamands ont visité la
Kabylie, cela n’est ni de sa volonté, ni de sa responsabilité.
En définitive il est clair que sa condamnation est de nature politique, prise
pour l’exemple, par une justice aux ordres.
Le Congrès Mondial Amazigh dénonce et condamne avec la plus grande fermeté ce
nouvel acte de violation du droit, d’autant plus grave qu’il est commis par et
au nom d’une institution censée protéger et promouvoir la justice. Le CMA assure
Said Zamouche, sa famille, ses amis et les membres de l’association Numidya, de
son total soutien, en toutes circonstances.
Si, en accord avec notre collègue et ami, Said Zamouche, nous avions jusque-là
observé une attitude de discrétion et de patience, c’est uniquement pour
permettre le calme et la sérénité nécessaires au bon déroulement de la justice.
Après le constat de ce mépris du droit, nous allons actionner tous les
instruments notamment de droit international, afin que cette sanction illégitime
et provocante soit annulée sans délai. Par ailleurs, nous appelons tous ceux et
celles que l’injustice répugne et qui luttent au quotidien pour que la dignité
ne soit pas davantage bafouée, à se solidariser activement avec notre collègue
et ami, qui n’a d’autre tort que celui d’être un défenseur d’une Algérie
plurielle, démocratique et fondée sur l’état de droit.
Dans l’immédiat, le CMA va agir pour la constitution d’un collectif
international d’avocats pour la défense de Said Zamouche.
Au moment où le chef du gouvernement prétend vouloir mettre en œuvre la
plate-forme d’El-Kseur et que dans ce cadre, il a été convenu l’arrêt de toutes
les poursuites engagées par la justice algérienne à l’encontre des militants
engagés dans le mouvement citoyen et même leur réhabilitation, il est pour le
moins aberrant et inacceptable que des acteurs de la société civile continuent
de subir l’arbitraire.
Le CMA, ONG internationale de défense des droits du peuple amazigh, alerte
l’opinion publique internationale, les ONG, les peuples amis, ainsi que les
organes compétents des instances internationales, sur ces graves dérives
totalitaires en Algérie.
Paris, le 24 juin 2005
Le Bureau Mondial du CMA
Congrès Mondial Amazigh
BP 60 – 75861 Paris cedex 18, France
Web : www.congres-mondial-amazigh.org
Email : congres.mondial.amazigh@wanadoo.fr
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