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Le ‘’ Latifisme’’, le’’ Pijdisme’’, que des messianismes qui résonnent le désastre à-venir Par: Brahim Ainani-Assif n Dades
Aghuyyi nkh day tgha: r Notre crie se sèche, s’étouffe telle Am tugwa ingha wafa: r une herbe meurtrie par une autre, sauvage Gwrad gwra: d ifassen Amenez-vous! Serrons-nous les coudes Tamara ya: tetwassen Cette misère nous y déjà familière! (NBA, Saghru-Band) «Le désastre, rupture avec l’astre, rupture avec toute forme de totalité, sans cependant denier la nécessité d’un accomplissement, prophétie qui n’annonce rien que le refus du prophétique comme simple événement à venir, ouvrant, toutefois, découvrant la patience de la parole veillante….» (Maurice Blanchot, L’Écriture du désastre). Les révolutions conservatrices, la réforme illusoire de l’Amazighité, les jours d’après, déjà en plein ces temps désastreux d’un nouveau messianisme- nommé ‘’Pijidisme’’, et que Nba (à titre posthume) a déjà prophétie la venue-, Moha, un’’ Oghighush’’, ’’diplômé’’ en pensée Arabo-musulmane, en arrivant aux portes de la ville de Rabat, se fut le premier à reconnaitre le ’’Messie’’ Amazighian, déguisé et vêtue comme un pauvre –‘’le juste de tous les justes’’ -, parmi les autres mendiants, humblement vêtus, agiles, ils grimpent les uns par –dessus les autres, tous veulent accéder au trône: ’’La Démakhzanisation’’ du politique vient de sonner la venue!. C’est à cette aporie au cœur de la venue d’un autre messianisme dont la structure et le contenu apocalyptique ou ‘’dictatorial’’, déjà pré- établis, que Moha, le contemporain, ne trouvera rien de plus pertinent que de demander au’’ Messie ‘’ Amazighian cette question scandaleuse qui résonne le désastre: «Quand viendras-tu?». Occulté dans l’attente et dans la clandestinité, la venue de ce Messie appartient à un autre temps pas ordinaire car l’avenir et la justice des Amazighs n’appartiennent pas a l’ordre du présent. Le fait d’être ici parmi les pauvres et tous ceux qui attendent et demandent la justice ne correspond pas à la présence d’une réforme qui rends justice aux Amazighs. Ce récit, bien connue de Messie, adapté à un contexte Amazighian, est inspiré par l’histoire qui nous a été raconté par M.Blanchot) à la fin de son ‘’Écriture du désastre’’, (commenté par Jacques Derrida à plusieurs reprises dans son livre ‘’Politiques de l’Amitié’’). Selon Blanchot, le messie est le présent; il est celui à qui toute les questions –soit politiques, éthiques ou sociaux-peuvent être posés. Mais puisque «sa présence n’est pas une garantie»-donc présent mais occulté-; n’est pas encore là mais encore à venir, le messie devrait arriver dans le milieu du désastre: «son être est donc, non pas l’entrée» …. En abordant avec Nba la venue d’un désastre déjà pré-établi et familier et qui soit un récit posthume, c’est penser l’énigme d’une écriture a la façon de Blanchot comme à la fin du temps. «Pour penser la catastrophe (si cela est possible, et il n’est pas possible dans la mesure où nous soupçonnons que le désastre est la pensée) est d’avoir non plus aucun avenir dans lequel le penser», disait Blanchot. Penser l’invitation, trop urgent, de ce qui s’annonce et résonne le désastre dans cet appel insolite de Nba, ne témoigne plus que de sa dissolution, de sa disparition, et de sa mort tout simplement. Dans le contexte Amazighian, on aura compris que cette parole prophétique de Nba qui avait une vision apocalyptique et qui annonce la venue d’une autre misère, est liée au sentiments d’anxiété ou d’inquiétude dans le monde Amazigh entourant les ‘’révolutions ‘’politiques Arabo-musulmane (dites printemps mais plus printemps de rien), et les réformes politiques (avec l’accès au pouvoir d’un autre messianisme (le Pijidisme qui résonne comme le Latifisme). La rémanence de cette culture confrérique de sujétion, réappropriée même par les intellectuels Amazighians désormais médiatiques et porte-parole de ces partis politiques n’ a pas abouti qu’ à la restauration constitutionnalisée d’une paix violente comme mécanisme culturel de sujétion et de domination; une fraternité symbolique –donc politique-qui présuppose une généalogie et une souveraineté Arabo-musulmane. Bref: une filiation au désastre à nouveau. Pour suggérer avec les réformes politiques que le ’’Pijidisme’’ instaure la démocratie, une fois pour toutes, c’est de perpétuer une sorte de fascisme en ce qu’elle ferme le futur pour les Amazighe; Ce serait une catastrophe car, vu l’échec des révolutions Arabes (ce qui ne devrait pas nous surprendre), ces messianismes seraient fermés, la structure du temps et de l’histoire dans tout le ’’Tamazgha’’, ainsi que tout espoir pour rendre justice aux Amazighs. En évoquant les problèmes de la filiation que le mot ‘’fraternité” comporte, Derrida dans ‘’le Toucher, Jean-Luc-Nancy….’’ Souligne qu’à l’égard du “sympathique motif” qui se retrouve dans le lexique d’une fraternité non biologique, «on salue quelque généalogie, quelque filiation, un principe de «naissance», qu’il soit ou non, comme on le croit d’ailleurs souvent, ‘’naturelle‘’.» Pour les militants Amazighs, d’ un savoir engagé en Timuzgha (ceux qui ne sont pas encore corrompus ou mystifiés par ces révolutions Arabes, pivotantes en ouvrant la voie a la même généalogie ou souveraineté), le temps ou s’accomplissent les réformes politiques (le cas du Maroc) tourmente et bouleverse à tel point qu’on peut y appliquer la formule célèbre d’Hamlet: «le temps est sorti hors de ses gonds» (The time is out of joint». Comme Hamlet qui doit (par droit) venger son père (le spectre) – donc punir ou même tuer le nouveau marie de sa mère devenu le roi après avoir empoissonné son père (d’ailleurs ce qu’il n’a pas pu faire), les Amazighs, a l’égard du droit restitué par la réforme (officialisation de leur langue), sont soumis à cette fatalité de la vengeance; c’est dans l’histoire qu’ils doivent rendre justice à leur cause et à leur existence. Pour réparer le mal du passé ou remettre droit leur monde désajusté et hiérarchisé depuis des siècles, ils devraient avoir le droit d’appliquer le droit de la vengeance, mais en même temps, par rapport aux régimes dominants, pour échapper à une telle justice, pour différer sans cesse la justice ou l’accès aux droit légitimes, on applique aux Amazighs ce que Derrida appelle ‘’La loi de la loi’’: La loi nous interdit à la comprendre; on ne peut ni l’approcher ni en connaitre son origine et sa genèse afin de la déchiffrer. La loi du père, sans histoire possible, ne doit pas donner lieu à aucun récit qui s’accorde avec la vérité ou le droit calculable: c’est la loi de la loi.C’est dans cette inquiétude ou passivité sans mesure ou les Amazighs se retrouvent à rendre compte de ces révolutions Arabo-musulmanes, que le désastre se donne à penser comme le tourment du temps. Entre ‘’être et ne pas être’’, des bouleversements arrivent, mais, ouvrant la voie à les mêmes généalogies à travers le transfert de la souveraineté à des partis politiques sans modifier le discours théologique -politique sur l’essence religieuse même du concept d’État. Ce ‘’changement radical’’ dont les Amazighs rêvaient depuis longtemps, ainsi que rendre justice à Tamazight, ne s’accomplissent pas encore. Avec ces réformes illusoires, le temps, dérangé, est sorti de ses gonds. Peut-être manque -t’il encore un tour, un autre tour à une révolution propre aux Amazighs?! Ce tourment du temps par les réformes politiques, où le politique même faisait l’illusion d’être enfin ‘’démakhzanisé’’, (le déclin de l’État qui se montre détrôné) où –selon le vocable de Blanchot (dans ‘’Folie du jour»)-la «fin vient, quelque chose arrive, la fin commence», est un désastre (une folie) qui consisterait à voir une nuit qui va faire arriver le jour: «Cette nuit à laquelle l’obscurité manque, sans que la lumière l’éclaire.». Puisque les réformes, comme préoccupations politiques, se révèlent être la catastrophe, et que la justice ne peut finalement arriver, mais plutôt l’avenir radical qui hante le présent, la définition du désastre chez Blanchot, comme préoccupation esthétique qui «ruine tout, tout en laissant tout intact.», peut rythmer actuellement le contexte politique Amazighian. Rien n’est plus détruite par les réformes où les révolutions ailleurs, à savoir le retour aux messianismes déterminés et avec des contenus idéologiques déjà connu, et pourtant, les Amazighs restent liés a la désespérance que la révolution viendra un jour et tout détruire; autrement dit l’inquiétude peut être s’exprimer comme suivant: Est -ce que réellement c’est la révolution qui s’est passé!? Somme-nous vraiment à la fin d’un mécanisme culturel qui a conditionné la soumission volontaire des Amazighs? Où est-il de plus? Si les révolutions et les réformes Arabo-musulmanes n’ont rien apporté de nouveau aux Amazighs, et que ces derniers restent toujours confrontés, comme Hamlet l’a été, par le fantôme du passé, le statut ontologique d’une révolution purement Amazighienne (différente même de celle proposée par le ‘’20 Février ‘’) reste hantent. Mais à coté de la vision spectrale d’une révolution à-venir, il y a aussi la catastrophe qui se trouve dans l’incohérence des Amazighs eux mêmes et qui se manifeste récemment par la dispersion et la dissémination des intellectuels Amazighians dans les camps des partis politiques. Avec la séduction des rhétoriques fraternelles, capables d’enrôler en posters des disciples Amazighians devant les lampes truquées d’un ‘’Pijidisme’’ ou derrière les chimères les plus folles d’un ‘’néo-Latifisme’’, la catastrophe se trouve dans plusieurs endroits et la justice se glisse toujours des Amazighs. Que faire donc si les Amazighs se débouchent dans une situation angoissante, dépourvus d’un futur révolutionnaire qui les hante incessamment et d’un passé désastreux qui les rend anxieux? Dans le cadre d’une ‘’re-politisation’’ Amazighienne, ou d’une démarche pour le repérage des rapports de domination et de servitude volontaire; et pour répondre à cet appel insolite et retentissant de Nba qui résonne et prophétie le désastre, ainsi pour aborder cet aporie Derridienne: «Comment trouver une autre justice qui échapperait à la vengeance?» ou, dans le contexte des réformes au Maroc, pour aborder la venue d’une justice qui prétend arrêter tout venue d’une justice, il faut tout d’abord faire appel à une guerre inflexible contre ces intellectuels Amazighians négatifs et au services idéologiques des partis politiques pro-Makhzaniennes afin de re-politiser ces «petits fonctionnaires du social [Amazighians devenus]… les antennes avancées d’un État dont la main droite ne veut pas savoir ce que fait la main gauche» (pour parodier Pierre Bourdieu); et par suite, il faut faire recours à la thèse du politologue Allemand Carl Schmitt pour qui la notion du politique ne s’ouvre qu’ à partir de la distinction entre l’ami et l’ennemi. Devant le simulacre d’un retrait total d’État au nom des réformes en politique, l’espace politique Amazighian ne réside plus dans l’équation classique: Makhzane =politique, mais lié à l’apparition de la figure d’un frère biologique, devenu ennemi ces derniers jours. IL faut la possibilité réelle d’un combat contre ‘cette nouvelle doxa’’, mais sans haine, pour que le champ Amazighian en politique s’organise à nouveau. Avec la naissance récente du ‘’Pijidisme’’, qui refait et reproduit autrement la fraternité symbolique déjà existante mais violente de l’ancien ‘’Latifisme’’, se déchaine un autre vent nommé les ‘’sauveurs’’. Dans ce jeux politique d’une paix violente-une autre façon de faire la guerre ‘’sainte’’ autrement aux ‘’sauvages nobles ‘’Amazighians-, on ne cesse pas de reproduire le mythe satanique, ou le génocide originel qui serait à la base de toute les cultures: une structure abstraite à partir de laquelle on peut instituer un discours rationnel sur le meurtre d’un frère: à la manière de Cain à qui le Dieu demandait où était son frère Abel, les intellectuels Amazighians ‘’pijidistes’’ (politisés en Pijidisme)-désormais négatifs car aux services médiatiques et idéologiques du ‘’Pijidisme’’-, répondent sans honte «Suis-je le gardien de mon frère?». Malgré la réforme de Tamazight en politique qui, d’une façon illusoire, donne l’impression que le politique est devenu enfin ‘’dé-makhsanisé’’ ‘’, (avec un retrait total d’État), on se répète, on se contredit justement pour accéder au trône, à la puissance et au prestige. Et comme disait René Girard dans ‘’La violence et le Sacré’’, en parlant des frères ennemis, «Les frères sont rapprochés par une même fascination, celle de l’objet qu’ils désirent ardemment tous les deux et qu’ils ne peuvent ou ne veulent partager: un trône, une femme, ou de façon générale l’héritage paternel.»Est-il possible donc de parler d’un lieu de fraternité religieuse lorsque le top de nos intellectuels sont animés récemment par des mouvements opposés et contradictoires? Est-il possible de parler des nouvelles formes d’action politique lorsque l’élite intellectuelle Amazighienne, en prenant le relais des adeptes du courant ‘’salafiste’’ (héritage des oligarchies Istiqlaliennes), se contente de porter avec une main un drapeau Amazighian et de l’autre le poster d’une ‘’justice’’ messianique avec des lampes qui brulent contre les Amazighes eux-mêmes? Aporie encore est comment aborder cette réforme constitutionnelle de la langue Amazighienne lorsque on adopte aveuglement un PJD fondé sur des références Wahabistes et dissoudre injustement un PDAM légalement fondé sur le soutien des droits constitutionnels des populations autochtones? Dans le rapport asymétrique et le patronage autoritaire liant les nouveaux disciples Amazighians à leur maîtres, pasteurs en ‘’Pijidisme’’, on remarque une sorte d’inversion aboutissant a une sorte de féminisation confrérique et obséquieuse de ces ‘’frères’’ biologiques. A la manière des anciens maitres de ‘’Sousse’’ qui crachaient dans les bouches de leur disciples comme des rites symboliques qui produisent la sujétion volontaire, les jeunes Amazighians sont illuminés ou couronnés par la transmission d’une nouvelle ‘’Baraka’’, pastorale, qui va les guérir de ce ‘’gène pathologique’’ de Timuzgha. Ces craches pour ‘’médire ou maudire’’ le mot ‘’Amazigh’’ sont souvent reçus comme des injures sous des blessures qui entrainent une mortification de la volonté politique chez ces disciples Amazighians. En se laissant emportée par cette ‘’fraternité’’ mensongère qui corrompt, blesse, voir souille l’honneur, cette ‘’Doxa’’ ‘’pijidisée’’ est conditionnée par le don absolu de soi et au service inconditionnel pour un autre messianisme à-venir: L’Amazigho-phobie. La justice chez le ‘’PJD’’, comme promesse dans la réforme récente de Tamazighte, et comme c’était le cas jadis avec le ‘’Latifisme’’, est messianique (terme aimable à Jacques Derrida en parlant d’une démocratie à-venir). Pour les militants engagés en Timuzgha, cette justice que les ‘’pijidistes’’ se contentent de parodier ces derniers jours, est incalculable car elle n’appartient pas à l’histoire, donc soustraite à la vengeance et au droit-le droit de rendre justice aux Amazighs. Elle est indémontrable justement parce qu’elle est le simulacre d’une autre paix-violente à- venir. Cette fraternité en’’ pijidisme’’ présuppose déjà une généalogie, une virilité et une souveraineté qui se réfère à une filiation Arabo-musulmane; ce seul mode de compréhension avec les Amazighes va donner la priorité au lien du sang ou de la parenté, donc a un lieu qu’est toujours déjà familier ou familial (façon Latifiste à nos jours). Le ‘’phallogocentrisme’’ Arabo-musulman s’explique par la valorisation du soi (même) et de l’identique contre le ‘’sauvage noble’’ Amazighian en tant qu’autrui et différence. Autrement dit:’’ prévaloir le soi (même) Arabe sur l’autrui (Amazighian). En parlent ‘’De la vertu qui rend petit’’, C’est à ces ‘’petites gens ‘que Nietzsche disait un jour, ’’Ils ont jalonné de signes sanglants le chemin qu’ils suivaient et leur folie leur enseignait que l’on prouve la vérité avec du sang. Mais le sang est le plus mauvais témoin de la vérité; le sang empoisonne même la doctrine la plus pure du venin de la folie et de la haine des cœurs’’ (des prêtres, Ainsi parlait Zarathoustra). C’est ainsi, avec cette fraternité symbolique (politique), que les ‘’latifistes’’ jadis et les ‘’pijidistes’’ maintenant ont «fait du loup [le Berbère] un chien et de l’homme [Amazighian] lui- même le meilleure animal domestique de l’homme» (Ainsi parlait Zarathoustra-De la vertu qui rend petit:P.205) C’est dans l’histoire que les intellectuels Amazighians aux sein des institutions politiques doivent rendre justice à leur frères biologiques. Au lieu de ’’donner la parole a ces souffrances que la misère empêche souvent à s’exprimer’’ (pour citer Pierre Bourdieu), ces intellectuels- pareils a des poux-, déjà une maladie qu’il faut éradiquer, qui rampent vers tout ce qui est dégoûtant, renoncent au ‘’savoir engagé’’ en Timuzgha pour une errance à la rencontre d’un ‘’Shaykh’’ à la tête d’un parti politique lui offrant des services politiques. Cette réinvention de l’ancien maraboutisme au sein des partis politiques est une autre façon de s’ouvrir à une passivité Amazighienne en politique, à savoir une mortification généralisée pour qu’ils ne puissent décider rien- donc accepter que l’autre fasse loi chez eux. Sans échange, et loin d’ ’’Aimez votre prochain comme vous-même’’, nos intellectuels négatifs acceptent que le venant d’ailleurs les appelle ‘’Frères Berbères’’ même s’il ne parle pas leur langue; ils doivent transformer leur origine pour satisfaire ses lois qui débordent leur existence. Enfin, ils doivent s’adapter à lui au lieu qu’il doit s’adapter a eux….. (A suivre…)
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