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La grippe amazighophobique de Tamezegha nécessite la chirurgie historique Par: M.M.Bahaddou
Quand la télévision est menacée par la Nausée culturelle, matraquée par l’influenza identitaire et appauvrie par la grippe amazighophobique, la santé de Tamezegha nécessite la chirurgie historique. Quand on cherche le plaisir des oreilles et la drogue de l’âme on regarde la télévision, déclare un télé spectateur. Vous connaissez laquelle bien sûr? Cette boite à merveilles parle de tout sauf de la vérité et de l’essentiel; la marocanité et l’amazighité y sont condamnées à la chaise électrique. Avant d’analyser cet état des choses, il serait judicieux d’aller à la source. Auscultons un peu le programme quotidien. L’aube est inaugurée par la bestialité et la vacherie des feuilletons mexicains ou brésiliens. Ces derniers ressassent les mêmes scénarios fondés sur un mélodrame qui commence par un coup de foudre et qui finit par une espèce de bâtardise. Ce psychodrame nourrit le scandale et pousse la doxa vers le summum. Ainsi la dignité et la noblesse des marocains sont reléguées au second plan, voire au dernier stade. Quelques heures après, les patates, les fraises et les steaks prennent le micro pour s’adresser à l’élite gourmande. Ces soi-disant Chhiwats…. réduisent le public marocain à une meute de bouffons qui ne maitrisent que la bouffe et le triage des poubelles. Il s’agit d’une cuisinière gourmande qui ôte l’appétit et une chanteuse cacophonique qui a perdu sa langue. Ensuite le menu sera enrichi par la banalité et la stupidité émises par certaines émissions qui aveuglent le spectateur, qui déraillent les passagers et qui matraquent les esprits. Vers midi; une série égyptienne habite la petite lucarne; elle fait un saut vertigineux puisque le dialogue est trop vulgaire à tel point que les villageois ne cessent pas de mâcher le dialecte pharaonique. Après; le bulletin d’information en arabe surgit à grande vitesse pour annoncer les catastrophes, les chamboulements, les pestes et les pandémies de tout le monde. Ce baratin ne fait aucune allusion aux malheurs et aux séismes de la pauvreté et de l’ignorance et aux tremblements de la précarité qui secouent et qui battent de plein fouet la populace assoiffée de la démocratisation et du changement institutionnel. Dans ce sens monotone et soporifique, une autre bêtise cinématographique joue le héros sans avoir froid au dos; il s’agit de Samira fi daiaa ou à la recherche du mari de sa femme. Ces mascarades sont jugées de manque de créativité, d’absence de technicité et de dominance de la banalité. Faisant ainsi preuve d’un ras-le-bol artistique et cinématographique et d’un marasme identitaire. On ne peut pas certes oublier ce fameux orphelin bulletin d’information de 14 heures appelé avec grand dédain le journal télévisé de l’amazigh. Ce dernier est présenté pendant la sieste durant laquelle le taux d’audience bat ses records puisque les chats domestiques et une poignée de femmes sont les plus grands favoris. Dernièrement; une vague fait éruption; celle des séries turques. Avec leurs personnages épiques et leurs traductions burlesques et cocasses; le public assiste à un spectacle de torture psychologique et d’autodafé moral. Ce genre de travail est loin d’être une action médiatique qui se veut constructive et instructive. Egalement le samedi soir est illuminé par les cochonneries fades et fastidieuses des films indiens qui vomissent et qui crachent les mêmes nœuds et les mêmes dénouements. Traitons un peu l’aspect relatif aux reportages et aux documentaires qui traitent de la question Amazighe! Hollywood a produit des milliers de documents dans la perspective de traiter les autochtones comme une peuplade de sauvages et d’apaches pour légiférer les boucheries et les génocides commis par les blancs qui sont venus de l’hexagone. Les chaînes australiennes françaises et espagnoles véhiculent au monde entier les images des gitans voleurs vandales et extrémistes et des aborigènes alcooliques drogués et ignorants. Or la deuxième dans une classe de cancres ne cesse pas de poignarder la civilisation Amazighe par tous les dispositifs offerts par les politicards de ce pays condamné à l’influenza identitaire et à la grippe amazighophobique. Cette boite qui embrasse une bombe à retardement excelle et brille avec une grande hypocrisie en faisant de l’amazigh noble éclairé un troglodyte primitif arriéré et analphabète. Elle le considère comme un nomade, un transhumant et un arehal perdu dans le désert et déraciné de ses siens et de son appartenance. Citons les calamités de la ville d’Al-Hoceima qui s’est effondrée totalement! Evoquons la détresse vécue par la région d’Anfgou! ou la précarité subie par les Ait AAbdi dispersés entre Beni melal Azilal et Errachidia ! Les Ait Atta sont aussi laissés pour compte ! Les images de ces aberrations malheureusement ne sont pas diffusées dans le but de remédier aux problèmes ou de mettre en cause tout un système qui a engendré ce viol des droits de l’homme. Mais c’est une stratégie de faire la manche et de déclarer en plein jour la politique de la mendicité auprès des O.N.G et des pays étrangers. Rien n’est gratuit alors! La mauvaise foi s’impose et la misère des démunis est instrumentalisée en vue de remplir les poches trouées des malhonnêtes de ce pays. Dans ce même fil conducteur; la plus grande bassesse qui anéantit toutes les valeurs humaines n’est autre que celle de Studio 2M. Sur le plateau le plus grand en Afrique toutes les scènes de la boucherie culturelle sont transmises en direct pour que l’histoire en soit témoin. Aussi la schizophrénie linguistique démolit tous les principes de la diversité civilisationnelle surtout quand on constate que les langues universelles sont chantées. Par contre la langue de Tamzegha est complètement ostracisée et effacée du répertoire artistique. La même discrimination est enfantée par les émissions ajial korsa et shrane maak lilla. Quelle vulgarité ! Quelle machine infernale ! Et quelle amertume ! Il parait que les programmeurs de cette antenne parabolique mordent leurs langues et perdent leur chaleur humaine. Par conséquent ils ont désactivé toutes les options responsables de la langue amazighe et ils ont condamnés à l’oubli tous les logiciels et tous les fichiers de l’amazighité. Force est de constater que ce canal de communication qui est financé par le sang des marocains parle toutes les langues même le chinois et devient sourd muet quand il s’agit de langue amazighe. Tout simplement ils veulent hip-hopiser les jeunes marocains, ils ont l’intention de rapiser le téléspectateur et ils désirent affoler les hommes et les femmes de demain. Ils sont entrain de divulguer la culture de la HIHA, le lexique de ROBLA, le vocabulaire de NAYDDA et le jargon de RWINA. Autrement dit déformer la jeunesse marocaine, la rendre aveugle, l’éloigner de la scène politique et la plonger dans un monde cauchemardesque et fantastique loin de la réalité amère. Pareillement ils travaillent avec acharnement afin qu’ils forment un marocain déboussolé et ébranlé qui a perdu le sens de la critique, de la liberté d’expression et le regard pertinent à l’ égard d’une société mourante. Un marocain qui voit que la responsabilité est un fardeau; un marocain qui perçoit le devoir comme un châtiment; un marocain qui considère les valeurs comme un obstacle et un marocain qui juge les normes et les lois comme une sorte d’entraves qui étouffent les vocations personnelles. Soyons objectifs et honnêtes; les commentaires de monsieur Salaki dans plusieurs reportages et divers documentaires comme Namadij les mille et une grottes et autres méritent d’être applaudis pour leur beauté textuelle, leur portée symbolique et leur valeur critique. Cependant ces cas exceptionnels ne peuvent pas changer la politique médiatique de cette boite Afin que cette institution soit une vraie chaine nationale; elle est invitée à être le miroir de la société marocaine, le reflet de la population amazighe et le porte parole du peuple auprès du gouvernement. Dorénavant elle doit encourager la production nationale; revoir les critères de la sélection des films des feuilletons et des sit –com . Annuler la bassesse étrangère des produits indiens, brésiliens, mexicains, turcs et autres serait un atout capable de modifier la ligne éditoriale de cette télé. En outre les concepteurs sont obligés de dépasser la crise scénaristique qui corrompt tous les produits médiatiques. De surcroît; il faut que la télévision assume sa vraie mission constructive, instructive, divertissante et formatrice en participant à la mise en question des tares et des vices sociaux. Par conséquent c’est un départ vers la mobilisation et la sensibilisation contre les fléaux périlleux qui menacent notre régime. Somme toute; la stratégie médiatique de notre pays est sensée prendre en considération toutes les composantes culturelles linguistiques civilisationnelles et historiques de Tamzgha. Pour ce faire la promotion et la réhabilitation du patrimoine local et de la production nationale seraient indispensables et vitales. Que suis – je alors? Finalement n’oubliez pas la fable amazighe orale dont on cite l’extrait suivant: une fourmi en plein désert pleure; sa sœur l’interroge: «Pourquoi pleures-tu» ? Elle répond: «est ce que tu n’as pas vu ces dromadaires et ces chameaux alourdis par le miel, les bijoux, les perles et les repas riches et délicieux qui , malheureusement, mangent les épines venimeuses et les plantes vénéneuses» Tout simplement tamezgha est riche grâce à ses dons naturels et humains. Or ils ne cessent pas de véhiculer autour du pays des hommes et des femmes libres l’image d’une zone qui souffre de la précarité. En guise de conclusion, pour ne pas tomber dans les préjugés pour ne pas être piégé par les clichés et pour ne pas être victime des stéréotypes, nous ne jugerons pas les programmes ramadanesques. Mais Star akadibi; Mrhbabik fedareke; Nssibe si Azouz Bnte bladi et Jar wa majrour ne sont que les signes d’ une mauvaise augure artistique !ou les indices d’un apocalypse culturel ! Le ballon sera dans le camp des critiques ! A vous d’évaluer ! À vous de critiquer ! À vous de juger ! À vous de décider ! (Ecrit par: M.M.Bahaddou Le 10/8/2009)
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