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Conférence mondiale contre le racisme et les discriminations, Genève, 20 – 24 avril 2009 Intervention du Président du CMA en séance plénière Mme La Présidente, Mmes, Mrs les délégués Les Amazighs constituent le peuple premier d`Afrique du Nord. On les appelle communément les «Berbères». La Conférence de Durban en 2001 à laquelle nous avions pris part, était un événement historique qui a suscité en nous un immense espoir, car nous croyions à un réel engagement des Etats, des organisations internationales et de la société civile, pour une véritable lutte contre le racisme et toutes les formes de discriminations. Huit années plus tard nous sommes au regret de constater que pour le peuple Amazigh les choses ne sont pas allées dans le sens attendu: nous avons continué à subir la répression, les interdits et l’exclusion du fait même que nous sommes des Amazighs.Ici à Genève, nous avons écouté les gouvernements qui administrent nos pays en Afrique du Nord (notamment le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, la Libye) dire une fois de plus, qu’il n’y a pas de racisme chez eux et même donner des leçons de bonne conduite en matière de tolérance et de respect des droits de l’homme. Malheureusement, nous sommes là pour témoigner qu’aujourd’hui il y a des détenus au Maroc seulement parce qu’ils ont revendiqué le droit à leur langue et à leur culture amazighes, que notre collègue Chakib El-Kheyari est emprisonné arbitrairement depuis le 18 février dernier et Abdelaziz El-Wazani, défenseur des droits humains, subit les poursuites judiciaires depuis 2 ans, qu’en Algérie les gendarmes ont tué 126 Kabyles en 2001 lors de manifestations pacifiques et que les militants pour l’autonomie de la Kabylie subissent un harcèlement policier permanent, qu’au Niger et au Mali les Touaregs sont pourchassés, que la Tunisie a presque achevé sa tâche d’éradication de l’existence des Amazighs dans ce pays, qu’en Libye, les domiciles de militants pour les droits des Amazighs ont été attaqués dans la ville de Yefren en décembre 2008 par des extrémistes arabistes en présence et avec l’aide de la police et de l’armée.En définitive, au delà de la Déclaration qui vient d’être adoptée ici à Genève, ce que nous attendons, ce sont surtout les actes concrets, en commençant par l’arrêt immédiat des violences et de l`oppression dont souffre le peuple Amazigh. Seules des avancées réelles et dûment constatées, dans le respect de nos droits pourraient nous rendre l’espoir et la confiance. En tant qu’ONG, nous croyons beaucoup au droit international et à l’ONU pour nous aider à faire reconnaître et respecter nos droits. Mais nous pensons que l’ONU ne doit pas rester le club exclusif des Etats. L’ONU doit s’ouvrir à tous les peuples et Nations du monde afin que toute l’humanité soit démocratiquement représentée au sein de cette organisation mondiale. Il est donc impératif que l’organisation des Nations Unies accepte comme membres les peuples sans Etat et les peuples marginalisés, comme c’est le cas du peuple amazigh. Nous demandons donc solennellement à ce que le peuple Amazigh soit accepté comme membre des Nations Unies afin que cette instance puisse être notre maison à tous. Je vous remercie de votre attention. Palais des Nations, Genève, 24 avril 2009 Belkacem Lounes, Président du CMA NB: Lors de l’intervention orale du Président du CMA et juste après qu’il ait évoqué le cas de la Libye, le représentant du gouvernement libyen a immédiatement réclamé une motion d’ordre, pour protester contre les propos de Belkacem Lounes. Celui-ci a ensuite poursuivi son intervention en répondant qu’il était de son devoir de dénoncer le racisme et les violations des droits humains et de réclamer qu’ils cessent. Il a ajouté: «le jour où les Etats respecteront les droits et les libertés, je serai le premier à les féliciter «. Cet incident a eu pour effet de susciter davantage l’intérêt de l’auditoire pour l’intervention du Président du CMA.
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