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Femme tamazight et le défi d’exister Par: Noumidia Daniel (Khénifra) Le 8 mars est une date qui a marqué l’histoire de la femme. Il est le fruit de tant d’années de militantisme et de sacrifice. C’est pourquoi cette date est célébrée partout dans le monde pour rendre hommage à cet être humain auquel on attribue la douceur et la sensibilité. A l’instar de ses consœurs, la femme marocaine a participé aux différentes manifestations organisées à cette occasion. Pour les unes c’est une victoire car elles ont réussi a arraché quelque bribes de droits. Et pour les autres, elles se débattent toujours dans la précarité et l’absence de perspectives. La femme tamazight fait partie de cette deuxième catégorie. Elle est confinée dans une situation lamentable pour ne pas dire catastrophique. Elle ne cesse de buter sur de multiples obstacles qui parsèment son chemin et sur différentes embûches qui imposent un blocus à son existence: discrimination sur tous les plans (linguistique, culturel, politique, économique…), appauvrissement, marginalisation. On ne peut que constater avec amertume la dégradation de son statut et la déchéance du modèle féminin qu’elle a construit depuis la nuit des temps. Cette régression spectaculaire est due à l’assaut donné par l’idéologie arabe qui continue à ronger son essence et son identité. Cette idéologie arabe est porteuse d’une panoplie d’habitudes et de traditions qui sont aux antipodes des aspirations de la femme tamazight et l’étouffent. Cette idéologie baâtiste, amazighophobe et raciste a banni la femme tamazight et de la vie publique et de la vie symbolique où elle jouissait d’une place prépondérante. Cette idéologie l’a violemment dégradé de son piédestal ancestral. Cette culture arabe où l’homme est exalté à la manière des dieux antiques a tout inventé pour dévaloriser la femme et la réduire à une sorte d’esclavage ou à un objet pour la satisfaction des plaisirs charnels de l’homme. Cette situation fait mal à timazighns qui, dans le passé, jouissaient d’un statut social digne de leur valeur. La place qu’occupaient ses aïeules en est une preuve tangible. La civilisation amazighe a connu des femmes qui ont gouverné de grandes parties de Tamazgha. L’histoire des Imazighns est marquée à jamais par les traces laissées par Tihia et Tinhinan. Passionnée par son identité et sa culture, la femme tamzight les a marquées sur son corps et l’a gravées sur ses tapis et dans ses chants et les a transmisse affectueusement à ses enfants. C’est à cette femme que revient la sauvegarde du patrimoine culturel amazigh; c’est elle qui a allaité la langue tamazight à sa progéniture; c’est elle qui a accompagné ses enfant dans cette aventure merveilleuse de la découverte de la beauté des choses et des valeurs des Imazighns. Elle a excellé dans tous les domaines: poésie, chant, guerre… Tawgrat, tafrsit et les autres habitent toujours notre for intérieur. Consciente aujourd’hui de la légitimité de sa cause, Tamazight exècre de toutes ses forces toutes ses ignobles intrigues qui se trament contre sa culture et son existence. Je rends hommage par cette occasion à toutes timazighnes qui se donnent beaucoup de peine pour que leur identité ne cède pas quoiqu’il advienne. (Noumidia Daniel , Khénifra , 13 – 03 -2008) |
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