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imazighen et le mahkzen
Par: Ben Hemmou Hassan
Pourquoi imazighen doivent tendre la main au makhzen comme
disaient certains? Est ce que imazighen sont contraints, voire obligés de tendre
la main au makhzen arabiste et andalous? Certes, il est difficile de cerner la
nature des rapports makhzen /imazighen sans comprendre la portée et la teneur
de chacune de ces deux notions qui font référence à deux réalités opposées: une
foncièrement liée à un appareil de domination, alors que l’autre fait plutôt
référence à une réalité anthropologique, historique, nationale et identitaire;
il s’agit d’une relation entre un monde connu pour son usage incongru de la
force contre ses adversaires, et un monde où des hommes libres luttent pour leur
droit à l’existence; d’où cette opposition radicale, voire inconciliable entre
les deux parties.
Si la notion de makhzen fait référence à un pouvoir central et centralisé,
d’origine andalouse et omeyyade, défini comme étant un appareil de domination et
de soumission du petit peuple par une autorité dont les tentacules cernent toute
la société marocaine à travers des réseaux multiples et divers (police,
gendarmerie, armée, la direction de la surveillance du territoire dst,
administration centrale et locale…), La notion d’imazighen quant à elle est
difficile à saisir; car dans le sens large du terme, elle désigne l’ensemble d’imazighen,
c’est-à-dire peuple autochtone de l’Afrique du Nord, excepté l’Egypte
«berbérophones et arabophones»; alors que dans le sens strict du terme, elle
désigne «les militants amazighs», ceux qui militent pour les droits légitimes d’imazighen
sur leur propre terre, dont le droit primordial est celui du «droit à
l’autodétermination identitaire» face à des régimes panarabes et antiamazighs.
C’est dans ce sens du «droit à l’autodétermination identitaire» que se
définissent imazighen en tant que militants pour une cause patriotique légitime
qui concerne imazighen partout où ils sont (Afrique du nord et reste du monde);
sauf intention maniacodépressive développée par les petits abrutis soumis au
lavage idéologique des cerveaux mis en œuvre au sein des pays du Maghreb depuis
l’âge des indépendances formelles des États maghrébins, toute forme d’amnésie
est cultivée de façon préméditée et programmée par de petits démoniaques qui ne
cessent de rêver de ce qu’ils appellent la nation arabe, le monde arabe, le
destin arabe à construire sur le territoire de peuples non arabes. Ce discours
narcissique est affirmé par les petits chefs et émirs dits arabes au cours du
sommet d’Alger de ladite ligue arabe, organisation qui prône la race et la
pureté du sang.
C’est sur la base de ce principe du «droit à l’autodétermination identitaire»
que se définissent les autres droits inaliénables de notre peuple amazigh qui
doit avoir conscience de soi même, de son identité et de sa différence par
rapport aux autres peuples du monde. Cette conscience n’implique en rien du
racisme ou du chauvinisme, mais une affirmation de soi sur l’échiquier des
nations du monde. Or les régimes politiques arabistes établis au Maghreb ne
cessent d’activer la dégénérescence de notre peuple, aujourd’hui fortement
déraciné; ce, se manifeste dans l’absence chez nos jeunes et petits intellects
d’un background identitaire national auquel ils peuvent se référer; ce,
développe la haine de la patrie et l’absence du sens civique chez ceux qui
haïssent la patrie; ce, est le résultat de la politique d’éducation des États
panarabes maghrébins qui ont déraciné notre peuple.
Si le reste des nations du monde parviennent à s’affirmer sur l’échiquier des
nations, notre peuple est invité à agir de même à travers la création d’États
amazighs dans tout le territoire de tamazgha (Maroc, Algérie, Tunisie, Libye,
Mauritanie, nord du mali, nord du Niger, nord du Burkina-Faso, îles canaries);
le droit à l’autodétermination identitaire doit s’exprimer de la sorte tout en
mettant en relief les autres droits: une histoire nationale authentique, une
identité amazighe propre, une culture propre, une civilisation propre, un projet
de construction d’une société nationale démocratique, la libération de
l’idéologie raciste et fasciste dite le panarabisme….. Or, imazighen doivent
comprendre qu’ils ne peuvent pas faire aboutir leur projet sans une nouvelle
stratégie d’action qui combine entre l’action interne et internationale,
«implication des organisations internationales, des États européens et
américains, manifestations devant les ambassades et consulats des États
maghrébins à l’étranger….». imazighen doivent comprendre une foie pour toute que
les régimes arabistes au Maghreb ont fait du panarabisme et l’arabité leur
religion et qu’ils ne peuvent pas céder; ce discours panarabe est affirmé par
les responsables marocains et algériens lors du sommet panarabe à Alger; ces
responsables n’ont cessé de parler de leur nation arabe, de leur monde arabe, de
leur destin arabe, de leurs petits rêves narcissiques et utopiques…. ils sont
des panarabes antiamazighs; de petits idéologues qui expriment la mentalité
commune et unique de toute la classe dirigeante maghrébine.
Imazighen, fer de lance du peuple amazigh, force sociopolitique, culturelle,
nationale et nationaliste… aspirent non pas à réaliser telle ou telle
revendication, telle ou telle réforme dans des pays où des régimes archaïques
fonctionnent encore sur la base du rapport seigneur /serf, mais plutôt à
réaliser le changement radical auquel aspire la société maghrébine; un
changement qui consiste à mettre fin aux régimes arabistes etpanarabistes
établis dans ces pays très sous développés, et où la médiocrité à tous les
niveaux est la norme qui structure le fonctionnement du système politique,
économique, social… Imazighen dont la philosophie d’action englobe les
fondements de timmuzegha, la noblesse, la liberté, la dignité, la grandeur de
l’âme, et l’esprit révolutionnaire…, des valeurs qui constituent le summum et la
quintessence des normes qui structurent l’être amazigh, ne sont pas des
réformistes, des mendiants (imateraren) qui doivent tendre la main à quiconque
pour avoir une de ses faveurs. Imazighen se définissent comme une force de
changement, adversaire des autres formations panarabes et arabistes racistes,
fascistes; ipso facto la nature des rapports entre imazighen et ces formations
makhzaniennes ne peut être que conflictuelle jusqu’à la victoire du projet
amazigh «tôt ou tard».
Si la relation entre imazighen et le makhzen est définie comme telle, cela
implique qu’imazighen (je parle ici des hommes libres et nobles, honnêtes et
sincères qui ne se laissent pas acheter par le makhzen, et non pas des petits
irkamistes, petits mercantiles, commerçants de la cause de tout un peuple) ne
vont jamais tendre la main au makhzen arabiste pour le supplier, ne vont jamais
lui demander de réaliser une telle ou telle réforme; car pour eux ce régime
arabiste est un régime anti populaire; c’est un régime qu’ils rejettent en bloc
et qui doit déclarer sa faillite et son incommodité avec les réalités du Maroc
amazigh. C’est un régime, d’origine andalouse et omeyyade, qui se déclare arabe
dans une terre non arabe; il doit quitter ce pays pour rejoindre ses siens à
Damas et à Riad.
Historiquement parlant, si imazighen n’ont jamais vécu sous la domination du
makhzen arabiste et sous sa tutelle; et s’ils n’ont jamais reconnu le makhzen
comme l’histoire des fédérations tribales de Tazerwalet, d’ayt Ifelman, d’ayt
Atta, d’Izenasen, d’Iweryagheln, d’ayt Saghroucchen, d’Izemmouren, d’Iskouren,
d’ayt Baameran… le confirme, pourquoi imazighen d’aujourd’hui, héritiers du
legs d’Abdelkarim Al Khettabi, de Assou Ubaslan, de Muha Uhemmou Zzayani,
d’Ahmed Asensal, de Zayd Uhmad, de Heddou Aqchich, de Abbas Lemsaadi, de
Hemmouan Al Fatouaki, d’Ussellam Amezian…. et avant eux de Massinissa, de
Jugurtha, de Dihya… doivent tendre la main au makhzen arabiste et demander une
de ses faveurs; «s’il te plaît petit makhzen reconnaîs moi en tant que schelh,
en tant que barbare, s’il te plait reconnaîs ma langue …». Quelles petites
revendications mesquines et misérables faites par de pseudo militants amazighs à
un régime arabiste et panarabiste qui détient le droit de vie et de mort sur un
petit peuple qui vit à la marge de l’histoire.
«Imaziγen ur tetteren ca yyuwen, xesan abrid n tudert matci abrid n tdallit;
ceg awmi amaziγ, mmis n Yugerten, Dihya, Kkuzilan, d Masensen tezmret ad teddut
γer dat, wwer maka isewi nnec ameqweran ad ili, ceg a tilid, tudert nnec awd».
Si nos ancêtres ont combattu le makhzen arabiste et panarabiste et n’ont jamais
vécu sous sa tutelle, pourquoi nous, on doit pas faire de même? Est-ce que le
Maroc est condamné à vivre éternellement sous un régime arabiste et panarabiste,
monocratique et sacralisé? Est-ce que le régime arabiste et panarabiste est une
fatalité pour le Maroc? Pour imazighen, héritiers d’un legs de combat et de
lutte pour la liberté et l’indépendance, le régime panarabiste n’est pas une
fatalité pour le Maroc, car il faut croire au changement pour démakhzanizezr le
Maroc.
D’ailleurs, les idées développées là-dessus ne sont pas des rêves, elles sont
au contraire de véritables réalités qui ont structuré l’histoire politique du
Maroc; imazighen n’ont jamais vécu sous la houlette du makhzen arabiste et
panarabiste; ce fait historique est remis en cause à partir de 1912 jusqu’à
1960, respectivement deux dates marquées par les grandes opérations de carnage
perpétré à l’égard de notre peuple dans les Atlas et le Rif avec la liquidation
pure et simple de l’armée de libération nationale dans les zones du nord, du
centre et du sud; c’est la puissance coloniale, en l’occurrence la France, qui a
soumis imazighen grâce à sa politique du fer et du sang à l’autorité du makhzen
traditionnel et moderne; c’est la France comme disait le kabyle Arkoun
Mohammed, qui a créé l’État nation au Maghreb; c’est-à-dire un État jacobin
central et centralisé qui contrôle le territoire et la population avec une main
de fer; c’est sur la base de cette nouvelle donne qu’ont été redéfinies les
relations entre le makhzen et imazighen; c’est-à-dire un autre contexte
d’action, de lutte et de combat du makhzen contre imazighen voulus, par ce
dernier, être arabes par la force .
Ce survol même superficiel de la nature des rapports imazighen/ makhzen doit
nous inciter à nous interroger sur la politique berbère du makhzen, ennemi
structurel de notre identité; car le makhzen arabiste moderne, fruit de la
puissance coloniale française au Maroc d’après 1956, comprend bien que la seule
force nationale et nationaliste qui menace son existence, est celle que
représente imazighen; car prôner le fédéralisme c’est prôner le démantèlement
pur et simple du makhzen; c’est le projet que rejette le makhzen car il
constitue une remise en cause de la centralité de l’État makhzanien.
Le makhzen en tant que régime politique arabiste est un régime amazighophobe;
c’est un régime qui nous a supprimé le droit à l’existence identitaire; c’est un
régime panarabe qui nous traite de barbares, de minorité, de séparatistes, de
collabos du sionisme et de l’impérialisme. Comment donc nous, imazighen, fils de
Jugutha et de Dihya, devrons nous opérer avec un tel régime panarabiste, qui a
effacé et qui efface encore l’identité de notre peuple et de notre pays? Le
makhzen a une seule religion qui est l’arabité et le panarabisme, son dieu est
un dieu arabe; le véritable Dieu qui a créé imazighen, les kurdes, les perses,
les indiens, les arabes, les chinois…, il ne le reconnaît pas car la logique
d’égalité des races, des peuples et des langues… s’accommode mal avec la logique
arabiste du makhzen qui est un makhzen arabiste et panarabe, un régime archaïque
et anachronique qu’il faut remettre en cause si le Maroc veut se libérer du
sous-développement et du despotisme pour pouvoir réaliser sa révolution
politique, économique, sociale et culturelle.
Imazighen, perçus dans le cadre du mouvement amazigh marocain, prônent la fin
du makhzen panarabiste qui est une structure anachronique s’adaptant mal avec
les réalités actuelles du Maroc moderne et avec les aspirations de notre peuple,
à plus de liberté et de démocratie; c’est un régime féodal, autoritaire très
sous-développé; un régime panarabiste qui enchaîne notre identité et qui entrave
sa libération et son développement: d’où la nécessité d’œuvrer pour
démakhzaniser l’État marocain; c’est-à-dire créer l’institution de l’État; le
Maroc, comme disait Abdellah Hemmoudi, doit se libérer de l’autoritarisme et des
structures makhzaniennes archaïques, un régime théocratique basé sur la relation
patriarcale et patrimoniale du seigneur /sujet; le Maroc doit se libérer de la
philosophie de la peur et de la terreur, de la répression et de la soumission,
des traits caractéristiques qui structurent l’organisation et l’action du
makhzen panarabiste .
Si imazighen rejettent le makhzen arabiste en tant qu’appareil despotique en
prônant le fédéralisme et l’organisation fédérale du pays, ils rejettent aussi
la philosophie de ce système qui n’est autre que le panarabisme, idéologie
fasciste et raciste qui fait de nous des arabes de deuxième degré alors que nous
sommes imazighen; le makhzen efface notre identité, dénigre notre langue,
falsifie notre histoire, exploite nos richesses, marginalise nos régions,
réprime nos militants… avec la bénédiction de son maître «la France», puissance
coloniale criminelle qui a détruit imazighen pour donner le pouvoir par la suite
à ses collabos et petits pions.
L’arabétisation de notre peuple, son déracinement ne cessent de gagner du
terrain, mais dans le sens du sous-développement total et absolu de notre pays
et de notre peuple; cette orientation programmée, prédéfinie, préméditée et
voulue stoppe et paralyse tous les efforts menés pour la libération du Maroc
amazigh; or imazighen sont déterminés à aller plus loin dans leur projet de
libération identitaire du Maroc. C’est ainsi qu’ils oeuvrent pour:
*la création d’un État fédéral au Maroc;
*le retrait immédiat du Maroc de la ligue arabe «organisation raciste»;
*l’arrêt immédiat de l’arabétisation;
*la mise en place d’une assemblée nationale constituante
pour rédiger une constitution démocratique pour le Maroc de demain;
*la libération des territoires occupés au nord par l’Espagne «Ceuta, Mlila,
Tura»;
*la récupération du sahara annexé a l’Algérie «Touat, Tindouf…»
*la mise en place d’un projet de développement national de toutes les régions du
Maroc et surtout des régions amazighes marginalisées par le makhzen;
*la répartition juste et équitable des richesses économiques, des terres
agricoles, des richesses minières et halieutiques;
*l’équipement du pays en infrastructures: ports, aéroports, routes, autoroutes,
chemins de fer, hôpitaux, écoles….
*La lutte sans relâche contre la corruption, le détournement des deniers
publics;
*La démakhzanisation de la société et de l’État.
Or ce projet national et nationaliste ne peut être atteint que grâce à la
conjugaison des efforts de tous les nationalistes marocains prédisposés et
prédéterminés à œuvrer dans ce sens.
En guise de conclusion, ayyuz d ameghnas pour nos compatriotes imazighen qui
ont quitté l’institution mirage dite l’IRKAM, institution makhzanienne mise en
place pour camoufler la nouvelle politique berbère du makhzen; politique
d’assimilation et d’étouffement de toute forme de contestation d’imazighen
contre le makhzen. Or imazighen ont allaité les valeurs de timmuzegha «A TERREZ
ULA TEKWENA», et tôt ou tard ils vont restaurer l’identité amazighe du Maroc
qu’ils libéreront de sa vassalité à l’orient arabe. Nos félicitations vont aussi
au peuple kurde d’Irak qui a pu réaliser sa libération historique du régime
fasciste, raciste et sanguinaire du parti baat, parti nazi par excellence dont
les filiales sont implantées au Maroc avec les partis panarabistes. Ayyuz pour
le peuple kurde qui a pu imposer sa langue et faire de son chef Jalal Talbani
le premier président non arabe, élu démocratiquement dans un Irak multiracial,
multilingues et multi confessionnel .
Notre Afrique du Nord, Afrique berbère doit se libérer du panarabisme, doit
rompre avec l’orient arabe, doit quitter l’organisation raciste dite la ligue
arabe, doit surtout se libérer des régimes totalitaires et féodaux qui bloquent
toute forme de développement. Alors oeuvrons nous pour notre droit à
l’autodétermination identitaire.
(Ben Hemmou Hassan, MEA/ FNU, Avril 2005)
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