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S’agit-il d’une naissance
de la chanson populaire engagée?
Par : Ayt Assou Saleh
Après son succès éclatant intitulé Warru, qui va sûrement
contribuer à la sauvegarde de certains chants amazighs antiques et bien ancrés
dans la mémoire d’imazighen, surtout dans le Sud-est marocain, l’édition Alennif
vient de sortir un nouvel album. Mais cette fois-ci avec la chanson amazighe
populaire interprétée par le jeune artiste Baha Lehssen. Cet album comprend
quatre chansons, avec une Tahiduset à la fin, dont Tamedyazet, Awa mayd yaghen,
Amazigh n tizi… En fait, cet album, avec le travail déjà entamé par Aeggurann,
marque un tournant considérable dans la chanson amazighe engagée. Comment? Et en
quoi Ces deux chanteurs se distinguent-ils parmi d’autres connus eux aussi par
leur engagement vis a vis de Timmuzegha?
Plusieurs artistes amazighs se sont montrés engagés explicitement à travers
leurs œuvres artistiques, notamment dans la chanson. On cite a titre d ‘exemple
Mellal, Khaled Izri, Agizul, Yuba, Walid mimun, Aemmuri Nbarek, Taziri… Ces
chanteurs ont bien produit des remarquable succès scandés à chaque fois qu’imazighen
sont réunis. D’un point de vu artistique, ils sont aussi d’une haute qualité. Or
ces productions sont restées limitées, faute de moyens, mais aussi, par ce que
le discours porté était élitiste dans la plupart des cas. Autrement dit, il
n’était pas à la porté de tout le monde, à savoir, la masse populaires pour en
comprendre le contenu formulé souvent dans un style symbolique et littéraire.
C’est un discours pour le mouvement amazigh seulement. Et ça ne pourrait être
suffisant pour un mouvement qui cherche à s’élargir et s’ancrer dans la société
pour que la problématique de l’amazighité récupère sa place comme une
préoccupation majeure. A notre avis c’est le pas que la nouvelle chanson
engagée a réussi à franchir. Grâce à deux caractéristiques qui la distinguent au
moins; la première concerne la forme; ces jeunes chanteurs emploient des
instruments populaires connus, et composent leurs paroles sur des mélodies
familières et bien répondues, ils recourent également à la variation des sujets
au sein de leurs albums. Le deuxième trait apparaît au niveau de contenu; les
chanteurs tels Baha et Aeggurann disent les choses explicitement comme il se
doit. En utilisant un langage très simple ils ont réussi a transmettre, pour la
première fois, le discours du mouvement amazighe au reste d’imazighen sans
confusion ni allusion ni symbolisation. Dans «Tamdyazet» de Baha on trouve les
maux d’imazighen, les stratagèmes manigancés par leurs ennemis afin de les
éliminer et de s’accaparer des richesses du pays, et la nécessité de s’unifier
contre le vrai danger, tous étalés et présentés aux simples amazighs facilement.
La belle mélodie nostalgique amazighe montée par Ruicha, malheureusement, pour
chanter l’Irak et la Palestine intitulée «metta zzman-a nettizvir» comme si
l’atlas ne manque pas de blessures. A était exploité également comme il faut par
ce jeune artiste en déplorant la situation pitoyable de tamazight et imazighen;
«metta. zzman a n ttizvir wa yuwyagh unebgyi awal yawey timizar», les martyrs de
la cause amazighe dont le grand regretté Matoub Lounèss, les grands événements
tels que tafsut n imazighen, et les incidents douloureux et mémorables de Tafsut
Taberkanet qui ont eu lieu en Kabylie… Ce qui reflète la montée d’une nouvelle
conscience fixe de l’amazighité, concernant l’unité du combat amazigh dans toute
l’Afrique du nord, qui s’étend progressivement au sein de la jeunesse amazighe.
A signaler que ces artistes sont sortis de la matrice du mouvement estudiantin
amazigh où le combat amazigh est encore plus vif qu’ailleurs. Et ils ont pris
conscience que la chanson populaire doit être exploitée afin de servir la cause
amazighe auprès de la masse. Apparemment ils ont fait le bon choix. N’est ce pas
que dans la chanson populaire engagée Matoub exprimait ses idées
révolutionnaires et devient ainsi une diva, une légende inoubliable qui a
dérangé énormément les ennemies de tamazight en Algérie?
Ayyuz i Baha d Aeggurann et bonne continuation, salut.
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