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Un constat à bâtons rompusPar: Zaid Ouchna Pour rester fort ou alors pour le devenir, un peuple doit être instruit. L’édification réelle ne peut être nécessairement faite en dehors du prolongement de sa propre tradition et en l’absence de sa vision propre du monde acquises dans le cadre de sa propre civilisation et dans celui de sa propre culture. Il se trouve également qu’une langue donnée est la locomotive de ces valeurs justement pour chaque peuple. Par ce biais, on transmet l’âme de sa sagesse, les fondements de sa pensée et l’héritage multiple de son état d’être. Rare dans l’histoire des peuples habiles ceux qui ont labouré la mer; c’est à dire ceux pour qui la mémoire est au compteur zéro. Après plusieurs siècles d’existences, le peuple Amazigh lui, aux valeurs universalistes et humanistes, est maintenu à la marge de son héritage de sa civilisation voilà maintenant plus de cinq décennies. Il n’a droit officiellement ni à sa langue, ni à sa culture et ni t comme tel depuis 1962 et cela sur la terre de ses ancêtres! Il n’est pas chassé non plus de son territoire mais il est chassé sur son espace. Aucune juridiction administrative et aucun décret ne s’est inspiré de son Izref pourtant largement ingénieux et bien enraciné dans sa société. Une situation incomprise car elle est tout simplement incompréhensible. Il est vrai qu’à travers l’histoire du monde, d’autres peuples subissaient à peu prés le même sort dans la douleur en particulier. Pour avoir l’entrée à l’usage de leurs langues et de leurs cultures, les entraves ne se comptaient plus sur les doigts d’une main dans le cas général. Ici, à mon sens, et s’agissant de celui de l’Amazigh, il reste et de loin le plus complexe, voire le plus fou! Oui, le plus fou car d’habitude il y a le jeu et l’enjeu, mais pour Imazighen on leur a administré l’enjeu du jeu. Comment un peuple civilisé et sédentaire sur sa terre où il a vu le monde est contraint à participer par ses propres moyens au gommage de sa propre mémoire? Comment un peuple devient-il un ustensile dans l’éradication de sa propre civilisation pour se démettre de son mode de vie? Pire encore, il doit payer des impôts pour ce carnage sauvage appelé avec narquois: «service rendu». Il n’y a pas de démocrate au monde, il n’y a pas de morale qui se respecte et il n’y a pas non plus de religion capable de justifier cette mascarade singulière en son genre. Ce qu’Imazighen subissent, conscients son-ils ou inconscients, ce que l’Amazighité endurent ne peut être que l’œuvre du diable en personne car les critères du diabolique ne sont toujours mis en équation. C’est pourquoi le peuple Amazigh doit être conscient de ce piège des ténèbres qu’on lui a tendu pour le faire disparaître. Il n’y a pas qu’une seule manière pour tuer un peuple; quand il est mis dans le couffin de l’oubli, personne n’entendra sa voix. Le terrorisme n’est pas seulement le fait d’arracher des vies humaines dans des crèches d’enfants, dans des bus, dans des trains ou dans des cafés bondés d’innocents, mais également le fait d’évincer l’âme des civilisations des hommes. Ce constat amer n’est pas un discours «brutal», de loin s’en faut, car avec mes propres yeux, sur le terrain, j’ai vu le mépris, le racisme, l’exclusion, la banalisation… bref, j’ai vu le visage même de la négation. Je suis d’ailleurs la preuve, vu ce que je subis pour un seul et unique tort: celui d’être Amazigh affiché(….). Se trompe celui ou celle qui se fie aux spectaculaires qui ne durent que le temps du spectacle. L’hypocrisie et le mensonge sont de mise, on devrait plutôt crier au voleur aux yeux du monde. Se trompent également ceux qui croient qu’une reconnaissance de l’amazighité dans la constitution du pays est une fin en soit. Ce n’est absolument pas suffisant car c’est un calcul à court terme et c’est aussi mal compté sur une administration qui n’opère qu’hors cadre pour mieux banaliser les lois qui ne l’intéressent point. Évidement, nous avons fait l’expérience de cette société gérée en premier par la corruption et la rumeur. C’est une inculture de vouloir protéger l’amazighité par une citation seulement dans la constitution comme pour protéger une espèce animale ou végétale en voie de disparition. Tamazighet n’est pas un mythe et Imazighen ne sortent pas de la terre. La constitution du Maroc doit refléter la maturité des idées du peuple Amazigh plusieurs fois millénaires et qui doit s’assumer dans le besoin de l’éducation, d’arts, de littérature, de communication…etc. C’est pourquoi, il faudrait mettre l’accent en premier sur les trois points suivants : - La réparation des torts de plus de cinquante ans de prison que Tamazighet a passé dans l’ombre sans raison aucune. Cela se traduit par l’engagement de l’état marocain à réhabiliter la culture Amazighe par le biais d’un budget spécial alloué à la littérature, à l’histoire à la poésie, au cinéma et aux médias en général. - Les règles et les édits de l’Izref doivent intégrer l’administration nationale en tant que lois en vigueur. - Toutes les lois qui régissent l’usage de la langue arabe doivent être les mêmes pour l’usage de la langue Tamazighet.
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