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En marge de la célébration de la fête de la femme: Hommage à la femme Tamazighte. Par: Noumidia Daniel
Le 8 Mars revient chaque année avec un peu plus surchargé de nouvelles significations qui ont pour but de réhabiliter les femmes en accordant à certaines plus de privilèges ou en tentant d’affranchir d’autres du joug de l’ignorance et la pauvreté. Symbole universel des droits des femmes, le 8 Mars n’est pas seulement un événement du folklore médiatique, c’est l’incarnation des revendications des femmes du monde, qu’en est-il pour les femmes timazighines? Il est certain que la majorité de timazighines l’ignorent car elles sont privées d’informations et de contact avec le monde extérieur, pour celles alphabétisées, arabisées et «modernisées», elles ne doivent vivre cet événement qu’avec des yeux et des sentiments arabisés. Les femmes timazighines mènent leur existence sous la tutelle de la culture arabe qui les étouffe et les empêche de s’épanouir dans leur propre culture et s’ouvrir, imposantes sur le monde extérieur sans pour autant se déraciner et céder à l’aliénation. La femme tamazighte a de tout temps joué un rôle primordial dans son milieu social reconnaissant ses efforts et son intelligence créative et inventive. C’est à elle que revient le privilège de transmettre l’héritage culturel de ses ancêtres aux générations montantes. Elle nourrit l’imaginaire des jeunes avec des contes, des légendes et des récits fondateurs et aiguise leur intelligence avec les «tighuniwin» et les «timzuzar». C’est elle qui fait apprendre à sa progéniture le sens et le goût raffiné de l’art du tissage traditionnel à multifonction. Bref, c’est elle qui défend sans ménagement l’authenticité de l’âme, des valeurs et l’état d’esprit des imazighns. La femme tamazighte sauvegarde, par sa sensibilité, son obstination et sa persévérance, les spécificités de la société amazighe. Elle n’est pas confinée dans l’espace domestique où la culture arabe s’ingénie de l’enfermer. Elle est poétesse, guerrière, dirigeante conseillère... dans le domaine symbolique, elle est le pilier des fêtes de mariage, des fêtes maraboutiques et de divers rituels sociaux tel le rituel d’ «anzar». Cependant, le contexte dans lequel la femme tamazighte évolue se métamorphose pour céder le terrain à la culture arabe envahissante. Elle voit l’étau se resserrer un peu plus autour d’elle. Sa liberté est remise en cause, son intelligence est ridiculisée, ses motifs ornementaux et son «ahdjam» sont interdits par des fatwas médiévales, sa sensibilité artistique est mise en déroute, son édifice culturel menace de s’écrouler si ce n’est déjà fait. Tous les prétextes sont légitimes pour mener à bien la destruction de la culture de la femme tamazighte. On l’arabise sous prétexte d’alphabétisation, on électrifie le milieu rural non pas dans le souci d’améliorer les conditions de vie de la femme tamazighte mais dans l’intention de l’ «éblouir» par le model féminin véhiculé dans les sempiternels feuilletons égyptiens et syriens qui inondent les télés publiques. Le monde entier a de l’intérêt à se pencher sur la question de la femme tamazighte avant qu’il ne soit trop tard. C’est un héritage précieux dont elle est porteuse et qu’on laisse à l’abandon, à la merci de l’acharnement arabe désertificateur. (Khnefra le 07/03/2009)
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