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Le PDJ ou l'amazighophobie
en acte
Par Anaruz SAADANI – Khénifra
Pendant ces temps haïssables, les pdjistes ont trouvé le
côté duquel il faut livrer la principale bataille, celle qui consiste à mettre
en déroute jusqu’au dernier rival et «leur ôter à tous la vie» selon
l’expression de don Quichotte. Car cette époque est celle du jihad, de la guerre
sainte contre les «infidèles» et les «fausses valeurs». L’enjeu est d’envergure
d’autant plus que l’Islam est menacé par les caricatures danoises et que les
élections législatives s’approchent.
Les pdjistes ne trouvent mieux que de s’acharner sur les imazighens qui sont une
proie facile, car exténués par une histoire écrasante et un sort accablant. Par
l’arrogance et l’opiniâtreté qui leur sont connues, Les pdjistes s’attaquent de
façon répétitive aux imazighens en les jetant en pâture à l’opinion publique
pour étouffer leur ambition de retrouver la liberté, la dignité et
l’indépendance qui leu sont si chères.
A l’image de tant d’autres, le PDJ est un parti politique «préfabriqué», car sa
naissance n’a pas été motivée par une préoccupation collective ni par une
réalité vécue par les marocains et encore moins par une effervescence sociale.
C’est parce qu’il n’a pas trouvé un encrage populaire nécessaire à sa
légitimation qu’il livre sa fameuse bataille à tout moulin à vent qui se dresse
devant lui. La preuve est qu’il ne pose que des questions de nature morale dont
la finalité est de produire une société grégaire où la différence, la liberté et
la souveraineté individuelle n’ont pas droit de cité. L’essentiel de sa
conception est d’unidimensionnaliser la morphologie culturelle du Maroc via un
discours religieux sclérosé par tant de tabous et d’interdits. Sa priorité est
de sauver la communauté musulmane des naufrages existentiels qui, depuis que les
musulmans avaient perdu le paradis andalous, qui n’est en réalité qu’une terre
conquise par la force, ne cessent d’annoncer l’apocalypse.
Le PDJ est un parti fier d’assumer un travail de consécration propre aux
instances religieuses archaïques. Il est contraint, car il agit en parfaite
observance des «principes divins», des «valeurs absolues» et en bonne
intelligence avec les «ordres humains», de ne formuler qu’une conception
transcendante de la morale. L’essentiel de son projet est de produire des
litanies obscurantistes visant à maintenir le peuple marocain dans un état de
soumission, de servilité intellectuelle et d’esclavage moral. Dans cette
optique, le PDJ ne saurait être qu’un appareil d’Etat au sens que Pierre
Bourdieu donne à ce terme, car, à la longue, il s’avère un rempart idéologique
contre les «escarmouches» marginales qui dérangent l’épanouissement et
l’enracinement forcé de la culture institutionnelle; une culture arabo-musulmane
imposée aux marocains.
L’islamisme de ce parti nourrit la nostalgie de l’ «éternel retour» à une source
sacrée ou à la seule valeur octroyée à la tradition islamique. Ce réductionnisme
étouffe la voix d’un Maroc profond, celui oublié de tous sauf des siens, le
Maroc amazigh, millénaire, tolérant et accueillant. Par l’implantation du
greffon islamiste, ce pays a subi des accidents morphologique importants qui
l’ont transformé en monstre effrayant et haïssable.
Pour s’attaquer aux imazighens, Le PDJ puise ses arguments dans l’histoire
mensongère de ce pays. En les accusant d’ «apostasie», de retour au «paganisme»
et même de «séparatisme» (au moins c’est ce que laissent entendre certains de
leurs écrits), il met en œuvre son pouvoir coercitif pour les contraindre à
s’atteler à l’hégémonie arabo-musulmane et à renoncer à leur âme, à leur
histoire, celle de Massinissa, de Jougourtha, de Jouba… La subordination des
imazighens à l’idéologie islamiste institutionnalisée par l’Etat marocain revêt
une importance cardinale chez pdjistes.
A l’instar des institutions archaïques, le PDJ prétend disposer d’une autorité
incontestable et de ce fait, son monde se présente ou doit se présenter comme un
ensemble cohérent de convictions culturelles communes (les siennes) et d’ordres
«légitimes» imposé à tous parce que sacrés. Dans ce monde, les idéaux, les
formes et les valeurs ne sont pas à inventer mais à attendre.
Le PDJ a crié au scandale et a failli scander le «latif» dans les mosquées pour
protester contre les déclarations de M. Dgherni portant sur l’éventuel recul de
l’islam de l’Afrique du Nord. En ayant l’audace de s’exprimer sur une question
tabou M. Dgherni s’est attiré les foudres et a même risqué sa vie. Le PDJ a
dévoilé sa véritable nature: il est sûrement un foyer où s’attisent le fanatisme
et la haine meurtrière. La férocité de l’attaque pourrait s’expliquer par la
peur de désenchanter son monde et de désintégrer les visions traditionnelles
qu’il ne cesse d’entretenir pour assurer sa survie. Ce qui échappe à ces
gardiens du temple, c’est que la logique de l’histoire demeure sans «garantie
métaphysique», elle ne relève que des comportements des hommes. En s’attaquant
farouchement à M. Dgherni et en refusant énergiquement le traitement objectif et
rationnel de l’histoire et de son évolution, en condamnant l’idée du pluralisme
des valeurs, le PDJ exprime manifestement son ambition despotique: monopoliser
l’espace public et étouffer tout débat «rétif» à l’ordre établi qui défavorise
la majorité. De ce fait, il est capable d’agir au nom de l’ «autel» pour
mobiliser la haine destructrice contre les voix de tamazight. Ce qui est sûr,
c’est que ce parti contribue largement à avorter la naissance de l’espace
démocratique dans la société marocaine
(Anaruz SAADANI – Khénifra, amnayayis@yahoo.fr)
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