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La déchéance du maître de Bagdad Par: Anarouz Saadani (Khénifra) Le crépuscule de l'an 2003 a coïncidé avec la capture du fameux dictateur et leader du parti Baas en Irak avec pour toile de fond un paysage de désolation. Il s'agit bien évidemment de Saddam Hossein qui a nourri longuement l'espoir d'une renaissance arabe capable d'édifier une communauté arabe forte et unie pour mettre fin aux ambitions impérialistes de l'Occident et renforcer la domination exercée sur les pays annexés à ce monstre arabe. Le rêve est resté en suspens et Saddam s'est retrouvé soudainement nu et incapable de prendre en main son destin et celui de sa nation .Il est tombé brusquement de son piédestal pour sombrer dans l' humiliation, la déchéance et l'obscurité de sa cave souterraine. Cette fin tragique du “héros” dont les rugissements ont retenti dans les quatre coins de la terre, est très significative dans le sens ou elle dévoile la médiocrité d'une histoire qui se veut glorieuse mais qui n'est en réalité qu'une histoire honteuse forgée de crimes, de mensonges et de chimères. La réalité de la thèse arabiste préconisée par le parti Baas fondée uniquement sur la notion de race est réduite à sa nudité; une thèse dépourvue de tout fondement réaliste. Bref,un château de carte qui s'écroulé au souffle du vent. Il est à rappeler que le régime de Saddam s'est inspiré des modèles fascistes et particulièrement le modèle stlinien. Le dictateur a transgressé tout pour créer une communauté nationale arabe homogène faisant fi des différences culturelles qui caractérisent l'Irak et d'une histoire dont la profondeur est impressionnante. Saddam, ses acolytes et ses fantoches étaient prisonniers d'une conception réductrice élaborée à la fin du dix-neuvième et début du vingtième siècle et mise en œuvre par Nacer en Egypte. Cette conception ayant pour centre névralgique le nationalisme arabe, a émergé d'une effervescence collective qui a caractérisé les mouvements de libération. Le contexte historique était favorable à la naissance du panarabisme qui s'est avéré un projet aussi vain qu'inutile. L'expérience politique de Saddam qui a traîné derrière lui un sillage de détresse,de malheurs et de terreur, ne m'intéresserait guère si sa doctrine panarabiste n'avait pas influencé profondément la culture politique de la classe dirigeante marocaine. La majorité écrasante de notre élite se réclame de la communauté arabo-musulmane. C'est pour cette raison qu'une politique arabisante et antiamazighe a été engagée pour faire une greffe culturelle qui n'arrive jamais à réussir. Quelle serait donc la réaction de l’élite marocaine face à l'écroulement d'un pilier du temple panarabiste dans lequel elle puise son viatique spirituel et intellectuel? Tout le monde s'en rend compte: Saddam n'était qu'un "chevalier du néant", un fou qui courait derrière les chimères et derrière lui la majeur partie de la nation arabe. Aujourd'hui l'orgueil de toute cette nation narcissique est traîné dans la fange en voyant leur leader dans un état de sauvagerie et d'esclavage ausculté par un médecin américain. La capture de Saddam correspond symboliquement à l'écroulement de l'édifice panarabiste, à la chute ostentatoire d'un état d'esprit et d'une pensée qui se réfugient derrière l'illusion et le mensonge. L' évidence est choquante pour les férus du panarabisme et la vérité est cruelle. L'erreur panarabiste qui a sévi longtemps et qui s'est érigé en vérité incontestable est sévèrement sanctionnée par l'histoire. cette nébuleuse se dissipe sous les déluges de feu et les contrecoups de la réalité pour disparaître définitivement de la surface de la terre cédant le terrain aux dérives islamistes dont le danger est éminent. Si la langue amazighe a été bafouée par l'avancée de l'idéologie panarabiste, il est à redouter aujourd'hui qu'elle sera sacrifiée sur l'autel de l'obscurantisme religieux qui s'enracine dans notre société et s'installe dans la conscience collective marocaine.
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