| |
Non à la graphie tifinagh pour
écrire tamazight
Par: Elasser Abderrazek (Sité
unicersitaire d’Anfa, membre fondateur d’Anaruz n Demnat)
En effet, le
sujet de la graphie considérée comme appropriée pour transcrire tamazighet n’a
jamais été l’une des préoccupations du mouvement amazigh estudiantin, non pas du
fait que ce mouvement, autonome par rapport aux associations, n’a pas intégré
l’enjeu de la graphie dans ses programmes d’action, mais en raison de sa
conviction que tamazighet -travaillée et explorée depuis un siècle par des
chercheurs européens et américains (des linguistes et anthropologues) et par nos
frères kabyles- a toujours été transcrite dans le caractère latin, et que ce
caractère, en raison de tous ses atouts, ne peut être délaissé en faveur ni de
tifinnagh ni du caractère araméen dit arabe. Ce sont peut être ces multiples
raisons qui ont mis le mouvement amazigh estudiantin en dehors du débat relatif
à la graphie la plus appropriée pour transcrire tamazighet.
Or,
aujourd’hui au Maroc, après que l’IRCAM soit mis en place par une décision
royale, l’adoption du caractère tifinnagh semble être l’une des graves
erreurs commises par cette institution; car cette décision non scientifique
et irrationnelle prise sous la pression des panarabistes et à l’encontre du
choix scientifique et rationnel, et des linguistes et du mouvement amazigh
marocain, ne peut qu’hypothéquer l’avenir de notre langue qui sera plus encore
enchaînée dans le carcan idéologique arabobaatiste que représente le
panarabisme: idéologie suprême, et du makhzen et des pseudo partis politiques
marocains et groupes dits islamistes mais panarabistes. Par conséquent, cette
décision erronée ne peut que stopper le développement de tamazighet comme langue
vivante capable de concurrencer l’arabe et le français, car le caractère
tifinnagh -caractère national authentique, très utile pour démarquer notre
singularité en tant que peuple/ nation ayant son propre alphabet, très utile
aussi dans le domaine du dessin, de la calligraphie, de la sérigraphie, du
tissage, de l’artisanat, de l’architecture…mais qui nécessite des
investissements énormes (travaux scientifiques) pour le développer et l’adapter
aux exigences de l’enseignement et aux défis énormes de la technologie moderne-
ne peut pas servir les intérêts immédiats de la langue tamazighet et nous faire
sortir de la sclérose panarabiste qui aspire nous garder dans le giron panarabe
via la sur-valorisation de l’arabe comme langue officielle utilisée dans tous
les services publics et privés (administrations, écoles, mosquées, tribunaux,
mass médias…) et seule langue, à leurs yeux, capable de transmettre le savoir et
la connaissance. En outre, tamazighet écrite en tifinnagh a besoin de 10 à 20
ans pour être une langue d’enseignement; alors que le caractère latin,-
caractère universel utilisé par nos frères kabyles, par la diaspora amazighe,
par les universités étrangères et par la majorité des associations culturelles
amazighes du Maroc- est le caractère le plus approprié pour transcrire
tamazighet, non seulement en raison de sa maniabilité facile mais aussi en
raison de sa capacité à faire développer notre langue, accéder aux progrès de la
technologie moderne et faire connaître notre patrimoine culturel et
civilisationnel au reste du monde; ce caractère latin, si tamazighet est
standardisée, n’a besoin que de 2 à 5 ans pour que celle ci devienne une langue
d’enseignement capable de transmettre le savoir et la connaissance; en outre, il
est lieu de préciser que l’usage de tifinnagh uniquement par le Maroc ne peut
que renforcer son isolement au sein de l’espace culturel amazigh que représente
l’Afrique du Nord et la diaspora; c’est ainsi que
le choix de la graphie latine pour écrire tamazighet est
un choix stratégique, scientifique et rationnel; un choix que le mouvement
amazigh marocain doit exiger, consacrer et défendre en dehors des diktats de l’IRCAM.
C’est dans
cette optique que le mouvement amazigh estudiantin ne peut que dénoncer le choix
politique et idéologique fait par l’institution dite IRCAM. C’est ainsi que le
mouvement amazigh estudiantin “site universitaire d’Anfa“ fait appel aux autres
sites universitaires de dénoncer ce choix arbitraire et dangereux qui tend à
bloquer le véritable essor de tamazighet, et ce, via leurs communiqués de presse
et leur action militantiste continue en faveur non seulement de la promotion /
développement de tamazighet via l’usage du caractère latin, mais aussi via leur
action en faveur d’un véritable changement politique, social, économique et
culturel dans notre cher pays: le Maroc.
|