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Interview
de Mr RACHID NAJIB SIFAW, membre: fondateur de la ligue amazighe des droits
humains:
Interview réalisé par: Boubakr Onghir
Question: Dernièrement vous avez créé une
ligue amazighe des droits humains, quelles sont les raisons qui vous ont poussé
à créer cette nouvelle organisation amazighe?
Réponse: Avec la participation et la mobilisation d’un groupe de jeunes
militants amazighs, nous avons créé la ligue amazighe des droits humains en
juillet dernier comme une organisation nationale qui va s’intéresser globalement
et généralement aux droits humains, mais elle focalisera son action ainsi que sa
dynamique sur les droits du peuple amazigh à travers tous les niveaux.
Bien que l’idée de créer une organisation amazighe spécialisée dans le système
des droits humains soit très ancienne chez ces jeunes militants, fondateurs de
la ligue, qui disposent d’une expérience au domaine des droits amazighs
puisqu’ils étaient des activistes au sein des associations amazighes très
connues, mais aussi d’une formation solide au domaine des droits humains en
général en considérant que la majorité d’entre eux avait des responsabilité au
sein de quelques organisations marocaines des droits de l’homme et notamment
l’association marocaine des droits humains (AMDH)… je peux donc résumer les
raisons générales derrière la création de la ligue amazighe en la concentration
sur le culturel avec la négligence de ce qui est relatif au droits humains chez
les associations du mouvement amazigh et le marginalisation de tout ce qui a une
relation aux droits culturels et linguistiques amazighs auprès de l’ensemble des
associations marocaines des droits humains.
Q: Vous avez dit que les célèbres associations marocaines des droits humains ne
s’intéressent pas aux sujets relatifs aux droits linguistiques et culturels
amazighes, à votre avis quelle est l’origine de cette marginalisation?
R: Si on revient un petit peu à l’ensemble des documents de ces associations,
leurs rapports, leurs communiqués, leurs programmes d’action, leurs
publications, leurs activités etc.… on trouvera qu’elles donnent un peu
d’intérêt au dossier des droits culturels et linguistiques amazighs malgré les
violations qui y sont relatives sont énormes. Les causes derrière ce
comportement négatif résident dans la dominance du politique sur ce qui concerne
les droits humains dans la plupart de ces associations puisqu’elle sont des
organisations suivant théoriquement, opérationnellement, administrativement,
politiquement et financièrement des partis politiques, la preuve: l’AMDH est
dominé par le parti avant-gardiste démocratique et sociale ( PADS), l’OMDH est
dominée par l’union sociale des forces populaires (USFP) alors que la LMDH est
dirigé par des membre du parti de L’ISTIQLAL… puisque les positions de ces
partis politiques panarabistes à propos de tamazight sont connues, il demeure
donc très difficile que leurs associations des droits humains prennent une autre
décision différente dans le côté positif.
Q: peut-on déduire que la création de la ligue amazighe des droits humains est
une simple réaction à la position négative des associations marocaines des
droits humains à propos des revendications amazighes et donc la ligue peut-elle
constituer une alternative?
R: On ne peut absolument considérer la ligue amazighe des droits humains comme
une réaction à l’encontre de la marginalisation des organisations marocaines des
droits humains des revendications amazighes, mais il s’agit d’un résultat
logique et objectif, vue l’existence d’une désespérance remarquée chez les
militants amazighs qui ont milité pour des longues années dans ces associations
concernées, ces militants ont déduit qu’ils ne progressent pas dans leur action
en faveur de leur juste cause principale à l’intérieur de ces associations. Et
si ces dernières s’intéressaient vraiment aux questions relatives aux droits
identitaires amazighs, il n’y aurait pas de constitution d’aucune organisation
amazighe spécialisée au domaine des droits de l’homme. Pour mieux comprendre la
situation, je vous donne un petit exemple très significatif, il concerne la
constitutionnalisation de la langue amazighe comme une langue officielle dans la
constitution marocaine et qui est une demande légale revendiquée en unanimité
par le mouvement amazigh et soutenue par des grandes instances internationales
comme: le Haut Commissariat des droits humains (HCDH) à Genève ainsi que par le
fédération internationale des droits humains (FIDH) à Paris, alors que
l’association marocaine des droits humains (AMDH) ne veut considérer notre
langue qu’une langue nationale pas plus avec le silence et l’ignorance des
autres organisations.
Q: quels sont les objectifs de la ligue amazighe des droits humains?
R: Au niveau de notre travail au sein de cette ligue, nous adoptons l’ensemble
des déclarations, des chartes, des conventions et des pactes internationaux des
droits humains sans exception aucune. En même temps, nous encadrons notre
mobilisation dans une série de nobles principes: l’universalité et la globalité
des droits humains, la démocratie, l’indépendance, la tolérance… nous voulons
donner de l’importance aux droits culturels et linguistiques dans notre action
pour les droits de l’homme, nous espérons vulgariser la culture des droits
humains en tamazight et diffuser, le plus largement possible, ses principes, et
nous allons lutter contre toutes les formes de discrimination, qu’elles soient
en raison de la race, de la couleur, de la peau, du sexe, de la langue, de la
religion, de l’opinion politique, de l’origine nationale ou sociale, de la
fortune, de la naissance, sans distinction aucune entre les femmes et les
hommes…
Q: Quelle évaluation faites-vous pour l’action de la ligue jusqu’à présent?
R: Jusqu’à présent la ligue amazighe des droits humains est encore une
organisation très jeune, donc c’est encre très tôt de dresser un tel bilan
évaluatif. Mais ce qu’a fait la très jeune et ambitieuse équipe de la ligue me
permet de dire que nous sommes sur le bon chemin. Au coté juridique, nous avons
accompli toutes les procédures administratives et nous attendons maintenant le
récépissé de notre dossier. Au coté relatif à l’organisation, nous avons
instauré des comités de travail dans des différentes régions, et nous avons
suivi un nombre important des violations des droits humains comme:
l’interdiction des prénoms amazighs, la célébration de la journée internationale
des peuples humains, la situation de tamazight aux domaines de l’enseignement et
l’information, le droits à la création des associations et des partis politiques
amazighes… et tous cela par des campagnes, des communiqués de presse, des
correspondances adressées aux responsables concernés par ces transgressions. Et
dans le temps actuel, nous travaillons sur le rapport annuel à propos des
violations qui ont touché les droits de notre cher peuple amazigh durant cette
année, et très prochainement nous allons entrer dans des opérations de
coopération et de partenariat avec plusieurs organisations internationales
actives au domaine des droits humains.
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