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Ainsi
parlait Rachid Nini , et pourtant elle existe…
Par: Ali Haddouchi
«Enseigner aux millions d’élèves une
langue (l‘amazigh) qui est inutile dans le moment et dans le futur…..»
C’est désolant de lire parfois des articles débiles qui abordent des sujets
concernant la cause amazighe, surtout des articles signés par des journalistes
qui se prénomment progressistes. Un article de ce genre a suscité en moi
l’action de réagir à ce genre de propos manquant de toute réalité scientifique.
Il s’agit bien de notre journaliste Nini qui a tellement de la nostalgie pour le
passé antédiluvien, dans un de ses articles publiés dans les colonnes du journal
ALMASSAE, n° 20 / le 10 octobre 2006. Le soi-disant journaliste se pose une
question apparemment débile et dépassée: Quelle langue doit-on choisir aux
Amazighs? Et je tiens énormément à souligner en gras sur le terme choisir, le
rifain! Le soussi! Le zayani! Premièrement et apparemment notre journaliste a un
vrai mal à maîtriser la terminologie des dialectes. S’agit-il tout d’abord d’une
question de choix? Choisir aléatoirement un dialecte à l’aveuglette et dire que
l’affaire est classée, quelle naïveté! Le monsieur journaliste a dû faire un
profond sommeil léthargique à l’instar d’Ahlou alkahf… L’interrogation banale de
Nini est largement consommée depuis belle lurette. D’une manière laconique, il
est bon de rappeler au journaliste qu’il existe bel et bien une langue mère aux
trois dialectes, à savoir l’Amazigh comme une langue à part entière, mais bref,
à lui de faire un peu d’effort et des petites recherches pour être mieux
renseigné sur la question avant de dire des banalités. Deux ex-machina, ce qui
est d’ailleurs très superbe et magique dans son magnifique analyse, c’est
d’avoir le culot de clore son article par une conclusion naïve et dépourvue de
tout sens: Enseigner les trois dialectes! Cependant, il ne faudrait pas lui en
vouloir tant qu’il n’est pas un spécialiste en linguistique, les personnes du
genre de Nini qui se fourrent le nez partout, malgré leur incompétence en la
matière, finissent toujours par se ridiculiser eux même et dire des sottises; à
mon avis, il faudrait réformer l’école du journalisme pour que certains
journalistes ne parlent plus à tort et à travers. Le monsieur est allé même se
fourrer le nez sur la question linguistique catalane, une manière de faire un
rapprochement et un parallèle entre les deux causes. Mais que sait-il du Maroc
pour aller aborder le sujet catalan! Monsieur veut justifier son analyse et son
point de vue par l’exemple des voisins du nord, c’est-à-dire que les catalans
n’obligent pas les autres composantes de l’Espagne à apprendre le catalan!!!
Faudrait-il aller voir les Catalans si c’est vrai? Que veut -il insinuer par
cette idée? Tout bêtement que les Arabes du Maroc ne sont pas obligés
d’apprendre l’amazigh, voilà la fameuse logique et analyse du journaliste, mais
selon la même logique des idées de monsieur Nini, le journaliste tellement
chevronné, les Amazighs pourront dire qu’ils ne sont plus aussi obligés
d’apprendre l’arabe! Et le slogan que prononcent et chantent les panarabes: «La
cause Amazighe est la cause de tous les Marocains»! Où en est-il? Ce slogan
n’est-il valable que pour les campagnes électorales? Pourtant le gentil monsieur
ignore que depuis 2000 le parlement de la catalogne a reconnu officiellement la
langue amazighe et que son gouvernement a donné le feu vert à son enseignement
dans les écoles publiques aux ressortissants Amazighes marocains qui forment la
majorité de la communauté étrangère au pays des catalans et que la langue
enseignée est bel et bien la langue mère commune à l’ensemble des Amazighes du
Maroc. Et à savoir monsieur le journaliste, je tiens tellement à vous rassurer
que l’enseignement de l’amazigh ne sera jamais le début de la suppression de la
langue arabe comme vous le prétendez. Cependant! Pourquoi donc avoir ce
sentiment paranoïaque et cette appréhension injustifiable! Il faudrait savoir
aussi que les Amazighs aiment bien la langue arabe et qu’il n’ont pas du tout le
sentiment de haine et d’aversion envers elle que malheureusement certains
panarabes éprouvent pour l’amazighe.
Notre monsieur prend les choses à la légère et analyse la cause amazighe dans
ses déférentes dimensions d’une façon néophyte, l’idée qui échappe au monsieur
c’est que les marocains ont besoin des deux langues: L’amazigh et l’arabe, c’est
une certaine richesse pour notre pays et un atout pour une grande entente entre
les composantes marocaines, comment voulez vous que les marocain s’entendent si
on pratique la politique d’exclusion et d’élimination et considérer l’autre
culturellement inférieur. Ne sommes-nous pas devant une forme de chauvinisme
outré? Cela d’ailleurs n’arrange jamais les choses. L’ouverture sur l’autre est
important et est une valeur ajoutée. Dire que vous êtes obligés d’apprendre ma
culture et moi j’en ai rien à faire de la votre, cela est insensé, anodin ou
plus encore l’extrême de l’absurdité et n’emmène qu’au désaccord. L’idée que
Nini propose, à savoir celle d’enseigner les trois dialectes dans les trois
régions berbères ne date pas d’aujourd’hui, est loin d’être une pure réflexion
de notre journaliste. Remontons un peu dans le passé, la façon dont les
télés-journaux en langue amazighe ont été présentés au milieu des années quatre
vingt dix reflétait la volonté d’affaiblir l’unité des Amazighes, c’était une
manière d’insinuer que les Amazighes ne constituent pas une entité unifiée , cet
exemple nous montre combien les médiats influencent et leurrent et induisent en
erreur même les marocains avertis. Une pareille idée que Nini ressort de son
chapeau ne peut être que suicidaire. La réalité amazighe est autrement, une
réalité que les panarabes ne veulent pas accepter et reconnaître, à savoir que
les Amazighe ne font qu’un bloc homogène, un ouvrier de warzazate qui bosse à
Nador ne se peine pas à parler parfaitement le rifain en une dizaine de jours,
et si il existe des nuances dans les parlers berbères, il y’a plusieurs moyens
de les surmonter. La télé-amazighe qui tarde à venir pourrait jouer un rôle
important dans la standardisation de l’amazigh, la RTM et la 2M ont bien
popularisé l’égyptien, les nomades du Maroc maîtrisent tellement cette langue à
merveille, à croire que nous sommes en plein Nil et parlant pas de la jeunesse
marocaine, la crise identitaire que la société marocaine subit est la
conséquence de la sous-estimation de tous ce qui est marocain, national,
ancestral. Les moyens ne manquent pas pour retrouver et s’attacher à nos
racines, néanmoins les bonnes volontés qui sont rares. Cette télé-amazighe qui
verra le jour - à la saint-glinglin - aurait pu précipiter la normalisation il y
a si bien longtemps.
Pour expliquer et faire comprendre à un bon nombre de personne qui ont un
problème de compréhension que l’amazighe est une langue à part entière, c’est
une langue qui satisfait les quatre critères que les socio-linguistes ont
élaborés. Les principes qui permettent à une langue d’avoir un statut d’une
langue vivante: la normalisation, la standardisation, l’historicité et la
vitalité, et je demande d’ailleurs à monsieur Nini si l’arabe classique que
notre constitution reconnaît uniquement comme langue officielle satisfait le
dernier critère, cela fort bien m’étonne! Un Arabe de Doukala ou de Rhamna et
combien d’Arabes dans d’autres régions arabophones n’ont jamais compris les
informations de nos deux chaînes nationales. Et d’ailleurs monsieur Nini, le
gentil protecteur de l’arabe, n’a jamais écrit ses articles depuis qu’il est
journaliste en langue arabe classique, ses articles sont rédigés en langue arabe
médiane «darija». Pourquoi donc Nini lui-même néglige l’arabe qu’il prétend
défendre et dont il a peur de disparaître? ! ! Il faudrait qu’il commence par
soigner ses articles et les purifier des mots de la darija! Ce qu’il ne fera
jamais, car il sait d’avance que ses articles seront des lettres mortes. Et si
l’arabe classique prend du recul ce n’est pas aux Amazighs de responsabiliser,
c’est la réalité vivante qui n’est plus compatible avec l’arabe classique, la
majorité des marocains arabophones et amazighophones ne maîtrisent pas cette
langue classique qui prend petit à petit le sort du latin et du grecque, c’est
une réalité à laquelle ont peut tellement rien, la langue arabe classique n’est
pas la langue native des marocains, c’est bien la où réside le problème de cette
langue, on a jamais entendu un jeune enfant marocain arabe dire «dahabtou li
achtari alkhoubza mina assouqui » A monsieur Nini de le fabriquer dans un roman
de fiction! A monsieur Nini de réanimer cette langue pour qu’elle soit utile
dans le moment et dans le futur! Une armada de personnes du genre de Nini ne
veulent pas reconnaître que l’arabe qu’ils parlent quotidiennement n’est qu’un
dialecte calqué de l’amazigh ayant la même structure syntaxique de cette
dernière. Je doute fort bien que les darijophones marocains soient compris chez
les Libanais et les Egyptiens. Ce qui échappe à notre journaliste c’est que la
cellule souche des Marocains est purement amazighe.
Malgré la réticence des panarabes maniaques, l’amazigh existe. «Et pourtant elle
tourne» avait-il dit Galilée, «Et pourtant elle existe » ont dit les Hommes
libres.
L’officialisation de la langue amazighe et la reconnaissance des Amazighs dans
la constitution sont devenues plus que jamais une nécessité obligatoire et une
revendication démocratique, notre pays ne peut rejoindre le rang des pays
démocrates sans la reconnaissance des droits linguistiques et culturels de ses
Amazighs.
(ouhddouch@hotmail.fr, Boumalen n’dadès,Warzazate)
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