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Tamazigh et le défi de la graphie Par: Anaruz Saadani (Khénifra) Pourquoi revenir encore une fois sur une question débattue jusqu au délire, telle que la question de la graphie? Cherche-t-on une autre issue alors que l'IRCAM a déjà scellé le destin de Tamazight sur ce point? Le choix de la graphie de la transcription de Tamazight revêt une importance cardinale. C'est pourquoi toutes les sensibilités de la communauté marocaine ont été interpellées par cette question. Pour certains qui ne parlent de Tamazight que par nécessité politique et par démagogie, la question de la graphie, qui devient par surcroît un espace où ils projettent leurs fantasmes religieux et politique, est un prétexte qui leur permettrait de cantonner Tamazight dans l'orbite de l'arabité en lui imposant le caractère araméen.Cette tendance regroupe les arabo-islamistes qui ont la même passion: éradiquer Tamazight. Les tenants de la graphie Tifinagh n'ont pas d'arguments convaincants mais ils justifient leur choix par des raisons nostalgiques et identitaires sans prendre en considération les enjeux de l'avenir de Tamazight. Quant aux tenants de l'API, ils sont majoritaire dans le mouvement amazigh. En fait, le 5 octobre 2002 la presque totalité des associations amazighes se sont prononcées en faveur de ce caractère jugé efficace et utile et les arguments ne manquent pas pour le prouver. Mais pourquoi l'IRCAM n'a pas respecté la volonté des imazighen puisque la procédure adoptée est le vote. Logiquement et démocratiquement il a fallu suivre la majorité favorable au caractère latin. Ce qui s'est passé réellement et paradoxalement, c'est que l'IRCAM, ignorant le choix collectif des imazighen, a opté pour le caractère Tifinagh qui n'a trouvé aucune objection de la part des détenteurs du pouvoir. Ce choix est controversé et remet en cause la crédibilité de l'institut. Ce qui laisse transparaître les motivations implicites de ce choix, c'est que le secrétaire général du PJD s'est prononcé en faveur du Tifinagh avant même la prise de décision par l'IRCAM. Cela veut dire qu'il y avait un compromis pour ne pas dire un véritable programme pour sceller le destin de Tamazight. Pourquoi n'a t-on pas donné la parole aux chercheurs spécialistes pour donner une réponse précise claire et justifiée. Et pourquoi a t-on opté pour le vote alors qu'il s'agit d'une question qu'il faut résoudre scientifiquement. La crédibilité du choix de Tifingh est controversée sur le plan scientifique. Car quoiqu'ils soient, les éléments de réponse qu'on peut apporter à ces questions, montreraient que le politique l'a emporté largement sur les autres considérations. La position de L'IRCAM, dont la majorité sont convaincus de l' inefficacité du caractère Tifinagh et qui s'est retractée devant la pression du clergé marocain, est passive et ou complice. Ce clergé ne s' intéresse au Tamazight que dans la mesure ou celle-ci contredit au fond ces choix stratégiques et politiques. L'objectif est de réduire à néant les restes de cette langue affaiblie et rongée par les vicissitudes et les aléas de l'histoire. L'option pour Tifinagh qui est, qu'on le veuille ou non un caractère archaïque, ne ferait que "fossiliser" Tamazight. Dans cette perspective, l'institut ne devrait être qu'un rempart idéologique qui va permettre de gérer le dossier amazigh et légitimer les actions qui vont dans ce sens. Maintenant l'IRCAM a pris cette décision de grande envergure, mais est-il en mesure d'assumer ce choix lourd de conséquences? ET qu'est ce qui garantit l'efficacité de l'enseignement de Tamazight alors que tous les indices annoncent déjà la catastrophe? Il est inimaginable pédagogiquement qu'un enfant assimile trois graphies pendant son bas-age. Devant l'absurdité de la situation, il ne pourrait s'agir que de préparer l'extinction de Tamazight tout en donnant l'impression de s'occuper d'elle. |
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