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Quand un chroniqueur marocain se prend pour le psychanalyste du Rifain!

Par: Mohamed SIHADDOU

Fouad Laroui, honorable chroniqueur marocain chez «Jeune Afrique», sort de sa mévente chronique faite de faits divers dignes des cafés du coin, de météo marocaine et de téléphone arabe et d’autres tintamarres des souks de Doukkala et s’essaye désormais à la psychanalyse. Le sieur Laroui a régulièrement pondu dans «Jeune Afrique» des chroniques fleurant une odeur nauséabonde enrobée d’ironie et de jalousie allant du racisme primaire anti-amazigh au racisme insolent anti-rifain. Mais le plus inénarrable concernant ce vénérable chroniqueur est sa dernière chronique pondue cette fois On Air sur Medi1 intitulée «Psychologie du Marocain». (1)

Le titre de la chronique est une tromperie avérée sur cette marchandise frelatée car c’est de la «psychologie du Rifain» précisément qu’il s’agit ici. Apparemment notre orateur ne veut pas choquer directement ou indirectement ces auditeurs ou par peur de se faire taxer de raciste! Donc il tempère pour revenir à la charge successivement! Mais ce procédé ne trompe personne. A la première écoute, cette chronique audio ayant l’allure d’une simple discussion du café, paraît banale; mais après une profonde écoute elle s’avère chargée de messages phobiques anti-rifains. Il s’agit plutôt d’une chronique odieuse déversant son fiel et crachant son venin sur les Rifains, pour entretenir son mépris des Amazighs.

Notre écrivain, désormais docteur ès psychanalyse, non content apparemment d’avoir été rappelé à l’ordre par les internautes amazighs sur ses multiples récidives concernant ses diverses dérives faites d’amalgames, de stéréotypes et de préjugés sur les Amazighs en général et les Rifains en particulier, s’est empressé d’analyser leur psychosociologie. Ses convictions sont formelles: «le sens de l’honneur du Rifain est une aberration statistique totalement hypertrophiée et irrationnelle…».

L’histoire se déroule dans un café à Rotterdam à l’occasion d’un match de foot de l’Euro 2008. Pour impressionner, convaincre ses auditeurs ou pour donner de l’importance à ses petites histoires du café ou à sa petite personne notre chroniqueur, comme à son habitude, ne rencontre que des ministres, des hauts cadres, des PDG, des Présidents d’universités, bref que des gens intéressants à ses yeux! Et le hasard fait que cette fois encore il rencontre une personne intéressante, un juge néerlandais qui est venu lui aussi suivre au café le match de foot de la belle équipe néerlandaise! Et celui-ci, assis à côté de notre chroniqueur, lui demande alors d’où il vient et sieur Laroui lui répond qu’il est originaire du Maroc et le juge lui rétorque: «je sais tout de vous»!

Car il paraît, selon notre chroniqueur, que le Ministère de la Justice néerlandais avait mis en place un séminaire intitulé «Psychologie du Marocain» ou  les spécialistes, universitaires et autres venaient expliquer aux juges hollandais… «comment fonctionne l’animal (Rifain)»! Et il se trouve que ce juge avait lui aussi assisté à ce fameux séminaire!

Selon notre chroniqueur, l’idée de ce séminaire «est parti d’une constatation en forme d’énigme»: «Pourquoi les Marocains (en vérité des Rifains de nationalité néerlandaise pour la plupart) résidant aux Pays-Bas forment-ils la seule communauté qui refuse systématiquement les arbitrages… un compromis…une somme d’argent (une indemnité, une réparation financière) variable selon la gravité de l’offense pour mettre fin à l’affaire (la plainte) pour ne pas encombrer les tribunaux… ça marche toujours (à tous les coups) sauf… sauf si le plaignant est natif d’Al-Hoceima ou de Nador… dans ce cas là on lui proposerait même la fortune de Bill Gates il répondrait quand même… je me fous de vos milliards… je veux que ce type qui a insulté ma mère aille en prison et qu’il soit torturé jusqu’à la fin des siècles….»! Ah qu’ils sont abrutis et rancuniers ces Rifains… La vengeance et la vindicte sont toujours leurs plats préférés même s’ils sont nés et ayant grandi au Pays-Bas!

Toutes ces journées académiques studieuses accommodées pour les juges hollandais sont en fait une perte de temps. Car, d’après notre psychanalyste: «Il semble… que le sens de l’honneur du Rifain soit une aberration statistique totalement hypertrophiée et irrationnelle…»! Feignant oublier que dans la belle équipe des Pays-Bas il y a deux joueurs d’origine rifaine natifs de ce pays, il s’est dépêché de dire au juge que «heureusement vous n’avez pas Zidane aux Pays-Bas… là vous aurez eu un autre sens de l’honneur… ». Tout le monde comprend qu’il fait allusion au coup de boule de Zizou lors du mondial 2006 suite à une insulte du même genre. Cependant, pour l’observateur averti, il se trouve que Zizou est d’origine kabyle et celle-ci appartient à la même classification berbère (souche amazighe) que celle d’origine rifaine… On déduit que la similitude avec «l’Homo Sapiens Amazighinus Kabylinus» est la preuve irréfutable des tendances caractérielles de «l’Homo Sapiens Amazighinus Rifinus»!

Et d’après notre chroniqueur «les juges qui ont suivi ce séminaire en sortent avec la conviction qu’il y a deux sortes de crimes imprescriptibles aux Pays-Bas: il y a d’abord les crimes contre l’humanité et pour cela il y a le tribunal pénal international de la Haye et il y a le crime suprême «insulter la mère d’un Rifain»… Et selon toujours notre chroniqueur «Il paraît que le ministère de la justice envisagerait un tribunal spécial pour ce crime particulièrement odieux»!

Enchanté de partager ses connaissances judiciaires et psychanalytiques!

Le sieur Laroui s’est senti pousser des ailes de Freud pour s’interroger sur «la psychologie du Rifain» et à se demander: «Pourquoi les Rifains sont les seuls au Pays-Bas à refuser les règlements à l’amiable?». N’ayant pas assez de bagage psychanalytique et surtout assez de temps pour répondre à cette épineuse question, nous nous contentons de lui proposer cette suggestion: Les Rifains qui refusent le compromis pour ce genre de «crime» ont probablement du grand respect pour la femme, la mère qui leur a donné la vie… ils ont encore le sens de l’honneur de la famille. N’en déplaise à sieur Laroui! Sinon nous le renvoyons à sa collègue Fawzia Zouari à qui nous empruntons cette citation pleine de sens: «Une maman, c’est le repère irremplaçable d’une vie. Surtout si cette vie s’est passée loin d’elle, en pays d’exil.» (2).

Mais, connaissant sa plume parfois maladroite, le dérapage était prévisible. Alors par excès de zèle, il lance: «Comment fonctionne cet animal… de Berberus Rifinus Néerlandinus?». Du coup, il en est arrivé à la conclusion suivante: «Le sens de l’honneur du Rifain est une aberration statistique totalement hypertrophiée et irrationnelle…»! Expert comme il est, notre psychanalyste a habilement compris le truc: Les Rifains sont, d’une façon irrationnelle et exagérée, furieux contre tous ceux qui touchent à leur fierté et à leur lignée! Or, en réalité il n’en est rien, c’est un pur fantasme!

En observateur averti du «Rifinus Néerderlandinus», Laroui ne s’est pas arrêté à la description psychosociologique de cet «animal de Neandertal, de Nederland», il propose désormais aux Néerlandais, d’une façon ironique,  une solution judiciaire: «La création d’un tribunal spécial pour ce crime particulièrement odieux» ! Pas mal comme proposition pour un type qui déverse son vomi sur les Rifains et son expertise ironique sur les Néerlandais dans les décharges médiatiques du Makhzen! Ce sont les Néerlandais et les Rifains ensemble qui vont apprécier la qualité de l’expertise de notre psychosociologue qui vient s’immiscer dans leur assiette!

Il est vrai que la communauté rifaine des Pays-Bas a un caractère fort! Mais pourquoi diable aller donc parasiter cette communauté installée tranquillement dans ce pays depuis des années et bien intégrée à la société néerlandaise, qui compte parmi elle des ministres, des députés, des maires, des juges, des avocats, des médecins, des ingénieurs, des écrivains, des universitaires, des journalistes, des cinéastes, des acteurs, des musiciens… et à laquelle forcément on n’appartient pas? On se prend pour qui? Monsieur Laroui est-il mieux placé pour se mêler de leurs histoires? Veut-il être Rifain à la place du Rifain et Néerlandais à la place du Néerlandais ?!

Frappé de paranoïa aiguë, notre psychanalyste ne semble pas tout à fait maîtriser cette science cognitive puisqu’elle ne s’applique pas apparemment au processus fonctionnel de la pensée qui émane de sa petite personne! Le monsieur se prétend analyste! Ah… quand l’esprit habité par l’âme du Lyautey et reformaté par le Makhzen sera un jour un vrai écrivain… Pourquoi ne prend-il pas exemple plutôt sur ses collègues tunisiens, algériens de Medi1 ou de Jeune Afrique; car au-moins, eux, ils ne pondent pas de chroniques arrogantes inutiles et ne se prennent pas pour des immortels tels Freud, Spinoza…

Ces préjugés imparfaits qui débordent d’arrogance et d’ignorance ne sont malheureusement pas isolés au royaume des mille et une tribus. Il est tout à fait choquant de voir véhiculer autant d’amalgames et de clichés réducteurs par de simples mots ravageurs à travers les médias de masse par des écrivains, des journalistes censés combattre ces préconçus et leur apporter une sagesse supérieure. Car les mots ont leur poids, à la fois en termes de sémiologie et de sémantique. Ils claquent aux yeux, aux oreilles, aux cœurs et aux esprits de nous tous. A travers ces mots, on ressent de l’amertume qui résulte de ces jugements préconçus et de ces interprétations erronées sur des faits supposés tels.

Cette histoire ironique qui atteint le niveau extrême de la stupidité et de l’absurdité, à vrai dire de la pure provocation, prouve malheureusement que certaines mentalités sont encore atteintes de schizophrénie. Ces mentalités qui se caractérisent par le rempli sur soi et la perte de contact avec autrui, contribuent par l’absurde à jeter l’opprobre sur toute une communauté qui ne ressemble pas forcément à la leur! Mais la faute est à ceux qui leur ouvrent leurs caméras, leurs micros et leurs pages!

En chroniqueur scrupuleux, l’observation de Laroui s’est vraisemblablement figée à la première vue d’un Rifain ou d’une Rifaine. Apparemment, il est très fâché avec son environnement néerlando-rifain, il prend son chauvinisme pour de l’objectivité et son exaltation pour de la subjectivité. Cette chronique insidieuse dévoile amplement la mauvaise foi intellectuelle de l’auteur et en découle le constat suivant: Cet honorable monsieur souffre d’un complexe injustifié vis-à-vis des Rifains, dû à sa méconnaissance totale de la culture rifaine. Mais il est vrai que l’étroitesse de l’esprit ne procure pas la capacité intellectuelle pour mieux comprendre la profondeur socioculturelle et historique qui marque la dimension identitaire de ce peuple rifain.

Note:

1 – Fouad Laroui : Psychologie du Marocian, 16 juin 2008

www.medi1.com

2 – Fawzia Zouar : Élégie pour la mère morte, 15 juin 2008

www.jeuneafrique.com

(Mohamed SIHADDOU, Toulouse-France, 22 juin 2008)

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