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Lettre ouverte aux élites amazighes du monde, qui ont foi en l’amazighité Par: Ali khadaoui
Ist ma, ait ma, Le 12-01-2008, Imazighen (les Berbères) du monde fêtent la 2958e année du calendrier de leur civilisation. A cette occasion, j’adresse à toutes timazighin et à tous imazighen du monde mes vœux les meilleurs, de santé, de bonheur et de prospérité. (asegwass amazighe amaynu 2958 amggaz ighudan izill ifulkin) Mais surtout, mes vœux que l’amazighité retrouve ses droits naturels sur son territoire historique: l’Afrique du Nord, le Sahara Septentrional, les Iles Canaries. Par la même occasion, que mes sœurs et frères de langue, de culture et de civilisation me permettent de les interpeller sur la situation actuelle de l’amazighité et donc sur son devenir qui, j’en suis certain, préoccupe toute tamazight et tout amazigh qui se respecte. Depuis bientôt quinze siècles, l’amazighité, (langue, civilisation et identité) meurt à petits coups, lentement, mais sûrement ; si bien qu’aujourd’hui, cette civilisation millénaire est sérieusement menacée de disparition. Car déjà, la langue amazighe, sa culture, son art et ses valeurs correspondantes se sont rétrécis comme une peau de chagrin pour faire place à d’autres valeurs exogènes rétrogrades et obscurantistes. Je ne veux pas m’étaler sur les causes de ce génocide culturel évident. Je veux juste adresser un cri d’alarme aux imazighen encore vivants et conscients de l’être. Je veux rappeler à chacun d’eux, homme et femme, leur responsabilité actuelle quant au destin de cette merveilleuse civilisation qui a donné la preuve de son humanisme, avec en premier lieu, son respect de la femme, des enfants, des vieillards, des étrangers, etc… Une civilisation dont Ibn Khaldoun a dit: « Nous croyons citer une série de faits qui prouvent que les Berbères ont toujours été un peuple puissant, redoutable, brave et nombreux ; un vrai peuple comme tant d’autres dans le monde tels les arabes, les perses, les grecs et les romains. Les vertus qui ont honneur à l’homme et qui étaient devenues pour les berbères une seconde nature: leur empressement à s’acquérir des qualités louables, la noblesse d’âme qui les porta au premier rang parmi les nations, les actions par lesquelles ils méritèrent les louanges de l’univers, bravoure et promptitude à défendre leurs hôtes et clients, fidèles aux promesses, aux engagements et aux traités, patience dans l’adversité, fermeté dans les grandes afflictions, douceur de caractère, indulgence pour les défauts d’autrui, éloignement pour la vengeance, bonté pour les malheureux, respect pour les vieillards et les hommes dévots,empressement à soulager les infortunés,industrie, hospitalité, charité, magnanimité, haine de l’oppression,valeur déployée contre les empires de la terre, dévouement à la cause de Dieu et de sa religion; voilà pour les Berbères, une foule de titres à une haute illustration, titres hérités de leurs pères et dont l’exposition, mise par écrit, aurait pu servir d’exemple aux nations à venir.(1) L’amazighité est, historiquement, anthropologiquement, sans conteste, le fond civilisationnel de l’identité des sociétés nord africaines. D’habitude, et depuis Carthage, imazighen ont joué le nouveau colonisateur contre l’ancien, sachant que le nouveau est toujours précaire ; Malheureusement, l’ancien colonisateur arabo-islamiste-avec l’aide naïve et bienveillante des imazighen eux-mêmes- a réussi à jouer ces derniers contre le nouveau colonisateur et, après les avoir épuisés au combat, il les a simplement exclus de l’Etat-nation arabo-islamiste post-indépendance. Ainsi, l’amazighité a été, pour la première fois de son histoire millénaire, exclue, discriminée et méprisée dans sa propre patrie par des idéologies exogènes. Aujourd’hui, Imazighen vivent quotidiennement cette exclusion et ce mépris dans leur âme et leur esprit en plus de la marginalisation économique et sociale qui leur a été imposée comme passage obligé de leur arabisation, donc de leur domestication. Les Etats marocain, algérien et autres Etats où l’amazighité a des droits historiques, ont donné preuve sur preuve de l’absence de leur volonté politique quant à une éventuelle prise en charge de leur propre amazighité Malgré une action militante certaine et des sacrifices énormes consentis (surtout en Kabylie), et en ce moment même au Maroc où la répression s’est abattue sur une manifestation pacifique des imazighen du Sud–Est le 06-01-2008, le résultat sur le quotidien de l’amazighité reste très précaire à cause notamment: -de l’ignorance et de la pauvreté prépondérantes dans les zones amazighes, armes utilisées depuis toujours par les pouvoirs en place pour asservir imazighen et les dominer; -des divisions (interpersonnelle, interrégionale, internationale) des élites des imazighen, tare non encore dépassée vers une conscience nationale, supranationale panamazighe capable de fédérer les énergies des imazighen vers un destin commun ; -de la non discipline des militants amazighes à cause d’une organisation et d’une culture associative non démocratique et non amazighe ; -de la non imprégnation par les militants de la cause amazighe des valeurs amazighes: la majorité d’entre eux sont plutôt imprégnés -quoiqu’ils disent- par les valeurs correspondantes aux langues (et par ricochet aux cultures et aux civilisations) dans lesquelles ils ont été scolarisés et formés, notamment l’arabe et le français ; -par l’élaboration par les élites amazighes de projet de société à partir de références exogènes, notamment celles des idéologies colonisatrices ; Par conséquent, l’échec des stratégies amazighes aussi bien en Algérie qu’au Maroc ou ailleurs, résulte du fait que ces stratégies ne sont pas construites à partir des aspirations et/ou des dynamiques internes à la société locale amazighe, mais à partir de notions toujours externes jugées à tort comme seules légitimes parce qu’exogènes: Etat-nation, islam, marxisme, modernité, etc… Devant l’échec des élites amazighes à installer au moins dans le domaine des idées la légitimité de la cause amazighe auprès des masses populaires, il est nécessaire pou ces élites: - d’être les élites naturelles du peuple amazighe, et non le relais des pôles idéologiques dominants. C’est la condition pour que ces élites soient reconnues par imazighen comme étant leurs représentants légitimes, et qu’ils soient leur rempart contre les totalitarismes arabo-islamistes. Autrement dit, il est temps que les élites du Mouvement Amazighe recherchent leur légitimité dans la modeste réalité locale des imazighen et de leur histoire, au lieu de continuer à peiner à la rechercher dans l’ « ailleurs » mythique occidental ou oriental, ce qui en fait des adversaires faciles pour les Etats-nations arabo-islamistes dictatoriaux en place. Puisse ce cri de cœur et de raison amazigh soit entendu, et que fleurissent mille et un fronts amazighs pour la dignité et la liberté, raison d’être du combat amazigh et de tout combat humain. S tudert i tamazight Amazighement votre (Ali khadaoui, Poète et militant amazigh)
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