Uttvun 63, 

Sayûr   2002

(Juillet 2002)

Amezwaru

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Tamazight

I yat n tameddanit zeg yan wanaw nnidven

Agraw n ayt umeskan amazigh

Xef usedvrer n tmazigh n Rbatv

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Le vrai racisme

Réflexion sur le devenir de Tamazight au Maroc

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محاورة مع كارل براست

هل هي مكافأة لجريدة لافيريتي

لماذا الظهير البربري وحده؟

المغرب من أغنى بلدان العالم

ظاهرة تحقير الذات عند بعض الأمازيغيين

قوميون يشنون حربا على الأمازيغية

 

Excellents résultats à l'épreuve facultative de Tamazlght au baccalauréat français (session 2002).

Par: Mustapha EL ADAK (INALCO (Paris)

 

Depuis 1995, le nombre de candidats à l'épreuve facultative de Tamazight aux baccalauréats général et technologique ne cesse d'augmenter en France. Cette année, 1671 lycéens répartis sur l'ensemble des académies de l'hexagone ont choisi de réfléchir sur des questions portant sur leur langue d'origine: 648 chleuhs, 617 kabyles et 406 rifains. Rappelons que cette épreuve s'inscrit dans le cadre de promouvoir les langues des minorités vivant en France dans renseignement élémentaire et secondaire. Les candidats bénéficient des points obtenus au-dessus de la moyenne, sinon, une note défavorable n'est pas comptabilisée

Contrairement aux années précédentes, on a remarqué le recul des candidats kabyles qui est une première. Quant aux candidatures pour les dialectes chleuh et rifain, elles ont considérablement augmenté, ce qui pose un certain nombre de questions concernant les raisons, aussi bien subjectives qu'objectives, déterminant les différents contours du mouvement sociolinguistique arnazjgh en Europe, et plus particulièrement en France, pays où les langues importées par l'immigration agonisent sous le poids lourd du français en tant que longue d'accueil. Loin d'aborder ces questions, un peu tentaculaires et épineuses, nous voulons juste souligner la rigueur et l'application dont ont fait preuve l'ensemble des candidats à l'occasion de cette épreuve. En témoignent les résultats dignes de considération obtenus malgré l'absence d'une scolarisation quelconque de la langue amazighe et d'un encadrement de proximité dont pourrait bénéficier la communauté amazighe issue de l'immigration. C'est sans doute là où résident les difficultés énormes du projet insensé parrainé par le ministère de l'éducation nationale: comment peut-on reconnaître le Tamazight comme langue minoritaire importante de France et en faire un examen national au baccalauréat sans pour autant l'intégrer au système scolaire et assumer les différentes tâches ayant trait a sa scolarisation. C'est donc en dehors de l'eneignement officiel et de nul soutien effectif des instances éducatives françaises que se prépare le bac amazigh depuis ces dernières années. A cet égard, on ne saurait passer sous silence le rôle important de tous les acteurs du mouvement associatif oeuvrant dans le cadre du bénévolat, pour la sensibilisation et l'initiation des jeunes à leur langue d'origine. De même, le corps enseignant de l'INALCO (institut national des langues et civilisations orientales) - chargé de proposition et de correction des examens - opte pour le choix de textes supports censés faire valoir des objectifs à la fois didactiques et socioculturels. D'une part, on opte pour des textes pouvant représenter le plus possible les différentes variantes des parlers au sein des trois dialectes en question  de sorte qu'ils soient accessibles à tous les candidats. Ces textes sont accompagnés de tableaux illustrant le système de notation usuelle des dialectes dans le but de faciliter la lecture, mais aussi pour mettre à la disposition des élèves des moyens plus pratiques dont ils se serviront pour écrire. D'autre part, on tente des textes dont la portée anthropologique pourrait éveiller les capacités socio-cognitives des élèves afin qu'ils puissent, dans une sorte d'exercice à la fais constructif et évaluatif, réagir aux spécificités de leur propre culture.

A titre d'exemple, l'épreuve du rifain comportait quatre questions; une consiste à traduire le texte support (écrit en Tamazight) en français et les trois autres portent sur la compréhension générale de son contenu. Le texte est extrait de l'ouvrage de S.BIARNY(1) où une narratrice raconte comment se déroulaient les préparatifs de “Tasrit n wenzvar” (2) à la fin des printemps arides.

S'il y a une chose très importante à retenir des réponses des élèves c'est bien leur attachement non seulement aux valeurs et aux croyances de la culture mère, mais surtout au Rif en tant qu'espace lamentable intériorisé à distance sous l'effet d'une narration où la menace de la sécheresse donne lieu à une cérémonie épousant espoir et angoisse. Ainsi la majorité des commentaires foisonnent de marques pragmatiques oscillant entre affection et déception vis-à-vis des conditions déplorables que connaît la région suite aux saisons où la pluie manque. Des écrits recelant des tons de “condoléances”, semble-t-il, surtout à travers les 130 copies des lycéens de l'académie lilloise qui ont obtenu les résultats les plus meilleurs de cette session 2001-2002. Toujours, est-il que l'exil cultive la mémoire et éternise des souvenirs descendants amers pour que la postérité naisse consciente des causes de son “exil”. «C'est à cause de la pluie que les rifains ont immigré » a bel et bien remarqué un candidat.

Notes:

1 - Étude des dialectes berbères du Rif”, Paris 1917, p. 174.

2 - Rite à caractère cérémonial où l'on s'adresse à Dieu pour demander de la pluie.

 

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