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LA DÉMOCRATIE DANS LES ASSOCIATIONS AMAZIGHES Par: Demnati Meryam, Association AMREC, Marrakech La démocratie n'est pas seulement une manière d'être d'une institution, elle est plus encore une exigence morale qui est déterminée par l'insatisfaction que procure une situation présente en ayant en tête un idéal d'ordre social meilleur. Etymologiquement "gouvernement du peuple par le peuple", c'est un mouvement qui ne s'arrête jamais, ,parce qu'il n'est pas une simple gestion des rapports humains, mais une "valeur" qu'on essaie d'approcher au maximum. Le mouvement Amazigh a beaucoup évolué depuis les années soixante: d'une poignée d'universitaires courageux de l'époque il s'est élargi à la grande masse amazighe permettant ainsi aux autres couches de la population de se sensibiliser, mais surtout de poser le problème amazigh autrement que comme une préoccupation intellectuelle; comme un problème identitaire. Il est vrai que le MCA a vécu en période de répression des moments difficiles de semi-clandestinité. Et je tiens à rendre hommage, ici, à notre cher poète et ami, Ali Sedqi Azayko, qui en 1982 a écopé d'un an de prison ferme pour avoir osé défendre notre identité amazighe. Pendant cette période de répression, le MCA était sur la défensive et ses membres protégeaient jalousement ses murailles. Après 1990, avec la vague d'affluence incroyable des ONG au Maroc, le MCA s'est vu doté d'une multitude d'associations régionales, locales, tumultueuses et jeunes. Cela a bien sûr dérouté des associations culturelles purement intellectuelles comme l'AMREC ,fondée en 1967; qui a compris finalement qu'il fallait composer avec les autres éléments du MCA et que le monopole de l'Amazighité n'est l'apanage de personne. Cette association s'est restructurée depuis, pour élargir sa base vers d'autres régions du Maroc en créant des sections (Agadir, Marrakech, Benimellal, Casa,Témara, Kénitra...) Qu'en est-il de la Démocratie interne? L'AMREC, malgré la réputation de "vieillotte" que lui font certains, n'est pas une association sclérosée. Un débat très critique s'est installé à l'intérieur de l'association dont le problème de démocratie entre autres. Tous les espoirs sont permis quand le dialogue existe.Une association qui n'a pas de dynamique interne, qui fuit l'auto-critique, est vouée à la mort. En tant que membre de l'AMREC, je peux affirmer que ce n'est pas le cas de notre association et que nous y veillons. L'absence de rotation au niveau des cadres, c'est une constatation que l'on peut faire dans toutes les associations culturelles amazighes, des plus anciennes au plus jeunes. Mais est-ce le signe d'une bureaucratie existante? Ce n'est pas aussi simple que cela. Dans toutes les associations amazighes, que ce soit l'AMREC ou les autres, un nombres très limité de militants actifs se démènent pour la cause amazighe et donne un maximum de son temps. La grande majorité des membres n'apparaissent que ponctuellement lors de grandes activités. Alors lorsqu'il s'agit de changer de bureau ou plus clairement de président, très peu de militants se précipitent pour assumer de telles responsabilités. Raisons avancées ou soupçonnées? Manque de disponibilité, manque de confiance en soi, ou fuite de toutes responsabilités. Et c'est ainsi que nous pouvons constater que les présidents de ces associations amazighes n'ont pas changé depuis plusieurs années, quelquefois même depuis la naissance de l'association. A qui en incombe la faute? La responsabilité revient à tous les membres, qu'ils soient du bureau ou de la base.Tous doivent veiller à ce que les statuts de l'associations soient rédigés vers la voie la plus démocratique: (ex: un président ne doit pas dépasser deux mandats successifs...). Il ne faut pas, par ailleurs, laisser s'installer un climat de suspicion où les querelles de personnes prennent le dessus. Les choses doivent être claires dès le départ. Certes certains abus de pouvoir peuvent être commis. C'est alors à tous les membres de l'association de rappeler l'exigence morale des uns vis à vis des autres. C'est pourquoi mettre cartes sur table régulièrement; faire le point quand c'est nécessaire, redonne à l'association un nouveau souffle et permet à ses membres de s'exprimer librement et plus souvent. Toutes les associations (certaines plus que d'autres) vivent un problème de leadership. C'est une déviation presque "naturelle" dans les rapports humains; nous dit-on. C'est aux membres qui en sont conscients et lucides de faire vivre cette valeur tant convoitée et louée: la Démocratie. Si chacun de nous vit en lui cette valeur, il la fera vivre pour tous. Marrakech le 26 Mars 2001, Demnati Meryam, Association AMREC, Marrakech. |
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