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Congrès Mondial Amazigh Touaregs: les victimes accusées
Certains médias audiovisuels et agences de presse ont rapporté ces derniers jours que des combattants Touaregs seraient utilisés comme mercenaires par Mouammar Kadhafi pour combattre le soulèvement populaire qui le menace actuellement. Le Congrès Mondial Amazigh (CMA), ONG de défense des droits des Amazighs apporte la mise au point suivante: - Les Touaregs constituent une partie importante de la population libyenne et occupent traditionnellement les territoires du sud du pays (Ubari, Sebha, Murzuk, Ghat, Ghadamès). Une importante communauté Touarègue originaire du nord-Niger et du nord-Mali s’est également établie dans le sud de la Libye au cours des 50 dernières années. Comme citoyens libyens, des Touaregs sont soldats dans l’armée régulière. D’après des sources sûres, 185 d’entre eux ont été tués ces dernières semaines pour avoir refusé de tirer sur des civils à Tripoli et dans d’autres villes libyennes. Depuis le début de la révolte populaire en cours, les soldats libyens n’ont pas d’autre choix que de servir les forces gouvernementales ou être tué. - En concurrence acharnée avec l’Algérie pour le contrôle de la zone sahélo-saharienne, le régime libyen intervient depuis plusieurs décennies dans les territoires Touaregs du nord-Niger et du Nord-Mali. C’est dans ce but qu’il a créé un Consulat de Libye à Kidal (nord-Mali) et qu’il finance de temps à autre des opérations d’aide humanitaire et de développement dans les territoires Touaregs. - Au cours des dernières semaines, M. Kadhafi a envoyé ses émissaires au Niger et au Mali en vue de recruter des soldats afin de renforcer ses troupes. Si quelques jeunes Touaregs au chômage ont dû accepter les offres alléchantes du pouvoir libyen, ils l’ont fait à titre individuel, ce qui n’implique en rien le peuple Touareg dont les représentants ont appelé publiquement les hommes à refuser d’aller mourir pour un dictateur. Cela étant précisé, il est pour le moins étrange de voir certains «experts» et une certaine presse éloignés des réalités du terrain, stigmatiser les Touaregs, présentés comme des trafiquants, des preneurs d’otages, ou des complices d’Al-Qaida et à présent comme des mercenaires, sans la moindre preuve. En réalité, les Touaregs sont un peuple qui a toujours vécu paisiblement, librement et sobrement dans ses territoires traditionnels du Sahara, jusqu’à l’apparition de la colonisation et du pillage de ses ressources naturelles (pétrole, gaz, uranium, or, argent et autres minerais) par des forces étrangères. Les Touaregs ont alors été sédentarisés par la force, déracinés, déculturés et privés de leurs moyens de subsistance autonomes. Les périodes de sécheresse qui ont décimé leurs bétails, ont achevé le processus de paupérisation de ces populations du désert qui sont aujourd’hui parmi les plus démunies et les plus vulnérables au monde. Et lorsqu’ils osent protester, ils sont massacrés par centaines (comme à Léré, Foita au Mali, Tchin-Tabaraden, Tahoua, Tilia au Niger) sans que personne ne s’en émeuve et en toute impunité. Quoi de plus normal dans ces conditions que certains de leurs enfants soient tentés aujourd’hui par les promesses de Kadhafi ? Les condamner serait condamner aussi ces hommes et ces femmes qui affrontent les mers et les océans sur des radeaux de fortune au péril de leur vie pour rejoindre l’Eden européen. En fait, il ne peut pas en être autrement lorsqu’on ne laisse aucun autre espoir aux personnes et aux peuples. En définitive, au lieu de les montrer du doigt de manière aussi injuste que stéréotypée, les Etats de la région et la communauté internationale gagneraient beaucoup à redonner de l’espérance aux Touaregs de Libye et des autres pays. Cela passe par la reconnaissance de ce peuple et le respect de ses droits fondamentaux, notamment l’accès à ses ressources naturelles et la préservation de son identité socioculturelle. Paris, le 3/03/2011 B. Lounes, Président www.congres-mondial-amazigh.org congres.mondial.amazigh@wanadoo.fr
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