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(Juillet 2003)

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«l'enseignement de l'Amazighe et les conditions de standardisation»

Mohamed ELMEDLAOUI, Institut Royal de la Culture Amazighe - Rabat, Faculté des lettres - Oujda.

Journée d'étude sur la Charte de l'enseignement et la formation,Conseil de la Région de Meknès-Tafilalt

Meknès, 28 avril 2003

Résumé de l'exposé

En guise d'introduction, l'exposé commence par avancer les postulats suivants, au sujet du rapport de réciprocité qu'il suppose exister entre enseignement public régulier d'une langue et la standardisation de cette langue.

 

Postulats de départ

(i) Dans toute entreprise d'enseignement public d'une langue, la standardisation de cette langue reste une condition, dans un premier temps d'une logique de réciprocité; mais elle constitue également un résultat de cet enseignement, dans un deuxième temps de cette logique.

(ii)l'entreprise de l'enseignement public régulier d'une langue ne peut être menée à bien en l'absence d'une définition explicite du statut et des fonctions de la langue en question; car c'est cette définition qui permet d'élaborer les objectifs pédagogiques concrets de cet enseignement et de les échelonner dans le temps  selon les secteurs des curricula éducatifs.

L'exposé fait ensuite les constatations  suivantes:

(a) le statut de la langue arabe a bien été défini dans la Charte: c'est la langue officielle de la nation d'après la Constitution, souligne la Charte dans son article 110; elle est, par là, «obligatoire pour tous les enfants marocains dans toutes les institutions éducatives exerçant au Maroc», et «son enseignement doit faire l'objet de mesures de renforcement et de rénovation» (Charte, article 111), afin «d'en consolider l'insertion dans tous les domaines de la science et de la vie publique» (Charte, art. 110; voir aussi les articles 112, 113 et 114);

(b)les fonctions des langues étrangères sont également bien définies comme langues véhiculaires de la connaissance scientifique. Le programme de leur maîtrise (art. 117) dans le cadre d'un bilinguisme ou d'un plurilinguisme avec l'arabe, est conçu dans une perspective de permettre le transfert à cette dernière langue, les potentialités d'une langue scientifique, et ce à travers l'application d'un programme d'une  mise à niveau que lui prévoit l'article 112 de la Charte;

(c)à part les deux termes vagues de istiinaas (استئناس ) et infitaah (انفتاح ) (art. 61, 115), sans contenu socioculturel aucun, et sans contenu pédagogique sérieux non plus, le texte de la Charte n'assigne, par contre, aucun statut ni aucune fonction socio-éducative et/ou socioculturelle à la langue amazighe.

 

Après ces deux postulats et cet ensemble de constatations, l'exposé catégorise alors les conditions de standardisation de l'amazighe en deux catégories:

(1)Conditions d'instruments pédagogiques relatifs au corpus de la langue, à savoir:

a. la mise au point d'une orthographe appropriée qui s'inscrit dans la perspective de standardisation et d'unification,

b. des manuels de grammaire fondamentale,

c. un fond lexical fondamental de l'amazighe, dont les volumes soient conçus en fonction du stade en cours de l'enseignement de l'amazighe,

d. un guide pédagogique approprié au stade en cours de l'enseignement de l'amazighe,

E. la mise au point d'une méthode appropriée de présentation de la variation dialectale de l'amazighe dans les centres de formation des instituteurs de cette langue et dans les centres universitaires de recherche portant sur elle, que prévoient les alinéas 5 et 6 de l'article 2 du dahir portant création de l'IRCAM, ainsi qu'à l'école de façon graduelle.

(2)Conditions socio-politiques, socioculturelles et socio-éducatives, à savoir:

a. une condition fondatrice est une définition aussi nette que possible du statut et des fonctions de la langue amazighe (voir postulat ii ci-dessus). Le reste des conditions de cette catégorie sont des conditions d'accompagnement et d'environnement catalyseur, au profit des conditions de la catégorie (1), à savoir :

b. des mesures appropriées d'accompagnement sur le plan de la politique de l'audiovisuel (réorganisation des chaînes, des (sous)départements et des programmes),

c. des mesures appropriées sur le plan de la carte de d'implantation  des centres et des cessions de formation des formateurs et encadreurs de différents niveaux (initiateurs de départ et diffuseurs terminaux) à l'échelle nationale, qui favorise la mobilité régionale et le chevauchement trans-dialectal des effectifs),

D.des contenus appropriés de programmes d'animation socioculturelle, au sein des centres et des cessions de formation (animations: ciné, vidéo, théâtre etc. en différentes variantes régionales, suivies de débat et faisant l'objet de rapports suivis et évalués)

e. une carte scolaire qui favorise les classes multiples de même niveau à l'école, afin de garantir l'apport de solutions collectives aux questions pédagogiques des débuts fondateurs de l'enseignement de l'amazighe.

 

L'exposé fait remarquer, enfin, que le dahir portant création de l'Institut Royal de la Culture Amazighe est en avance sur le Charte Nationale de l'Education en ce qui concerne le degré d'explicitation du statut et des fonctions de l'amazighe (premier composant cité, de l'identité nationale, selon l'alinéa 2 des motifs du dahir) en cela notamment que ce dahir fixe, parmi ces objectifs, la facilitation de l'enseignement, de l'apprentissage et de la diffusion de l'amazighe, de façon à garantir l'égalité des chances à tous les enfants du pays (alinéa 7 des motifs du dahir) ainsi que «l'élaboration de programmes de formation initiale et continue au profit des cadres pédagogiques chargés de l'enseignement de l'amazigh et des fonctionnaires et agents qui, professionnellement, sont amenés à l'utiliser» (alinéa 5 de l'article 3). Le dahir attribue également des fonctions et assigne des objectifs à cette langue dans l'article 2 qui parle d'une politique «devant permettre l'introduction de l'amazighe dans le système éducatif et assurer à l'amazigh son rayonnement dans l'espace social, culturel et médiatique, national, régional et local».

Ce sont ces dispositions du dahir, qui visent notamment à «approfondir la politique linguistique définie par la Charte nationale de l'éducation et de formation qui stipule l'introduction de l'amazigh dans le système éducatif» (alinéa 6 des motifs du dahir) mais en des termes vagues et sans contenu, de l'ordre de infitaah et istiinaas, qui ont notamment permis à l'IRCAM, conclut l'exposé, de réaliser déjà la condition pédagogique majeure de standardisation qu'énonce le point (1)a ci-dessus, et de mettre le reste des conditions de standardisation de la catégorie (1) en cours d'élaboration, selon un programme de travail bien défini.

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