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Hourvari
morbide du parti islamiste autour du prétexte nommé choix de la graphie. Par:
Hassan Banhakeia (Université d’Oujda)
«Et
j'invite ici ceux qui sont tant soit peu atteints de cet absurde vice à ne
pas avoir l'audace de se présenter à ma vue» (Clôture de Voyages de Gulliver, Jonathan Swift) Je veux parler ici,
comme contraint de dire quelque chose sur cette campagne naissante à arôme
latifienne qui resurgit dans les journaux marocains, de la contrebande, du
braconnage et de leurs connivences logiques avec l'amazighité. Chose bizarre.
Vrai, très bizarre. Mais c'est une tranche réellement réelle. Y a des
correspondances ou des parallélismes ahurissants entre ces trois domaines où
il y a un blessé, un traqué, un illégal ou un pauvre (portant le nom
amazigh) qui est vu comme un danger imminent, et l'agresseur, le braconnier,
l'adminstrateur ou l'exploiteur comme un martyr. La victime est de fait
tamazight, peut-elle survivre dans ces mâchoires aboyantes des Gorgones? Cela
est aussi vrai tout au long de l'histoire; cette campagne s'insère dans un
enchaînement latifien. Son ordre reste une inconnue… S'il vous plaît,
laissez tamazight faire son chemin librement! Pas de menace! Pas de consigne!
Pas d'ordre! Tout cela est clair
dans le dossier d'«Attajdid» (depuis peu) et d'«Elasr» (numéro 248) sur
la graphie. Généralement, cette «affaire latifienne» me rappelle les
Voyages de Gulliver où le narrateur mélange incidemment les dimensions et
les aspects physiques du réel pour en faire quelque chose d'esthétique. Cela
demeure naturellement du fictif. Mais que les fameux docteurs, politiques et
linguistes aillent jusqu'à vendre le lilliputien comme un genre suprême ou
un outillage monumental. Cela, s'il vous plaît, ne tient pas debout dans un
univers qui ne peut s'asseoir sur aucune base préétablie ou fixe. Cela sera
du cinéma spaghetti. Laissez les
Imazighen déterminer le destin de cette culture mise curée dans un espace où
les opportunistes, les rancuniers et les hypocrites se déclarent amazighement
philanthropes. Après la
marginalisation applaudie de tamazight par des institutions étatiques depuis
l'Indépendance qui était synonyme d'effacement, d'absence ou de vide, voilà
une autre marginalisation qui s'avère plus composite par un intérêt étroitement
démagogique. Ah, ces élections nous tuent! Et tout cela se passe dans la
presse marocaine, l'espace des intellocruels. De la marginalisation, Saad
Eddine Al Othmani en sait beaucoup: «La marginalisation de tamazight est
manifeste surtout de son expulsion de l'enseignement». Triste! Quelle
conception de la marginalisation qui devient en elle-même impensable! Maintenant, tandis
que la «Réconciliation» nationale avec l'amazighité du Maroc, dans un
charivari de pétitions apocryphes, de nombreux articles «à vendre» comme
du saumon frais, d'une série de communiqués fabriqués toutes pièces, prend
son chemin naturel à travers virages et routes tortueuses, conquiert enfin
des esprits illuminés et rassure les hommes de décision suprême à voir
clair, le journal commence à divaguer terriblement. Ah, de ces deux parties,
qu'en sait-on? Tandis que les scientifiques de la fameuse politique
d'arabisation viennent à la nage, au vol et à la course, au secours de l'amazighité
en déclarant la grandeur de la graphie arabe «universelle», le journal
renouvelle sa bonne foi électoraliste envers cette culture du troupeau. Ah,
que faire hic et nunc? Sur l'autre rive,
les militants amazighs hésitent trop: ils veulent jeter aux mille vents leur
construction de résistance identitaire. Du dossier, il faut
dire des choses ou se taire à jamais. اa
et là, dans ces articles «à vendre», se présente un argumentaire, de
nature stérile, qui ne peut se détacher, explicitement ou implicitement,
d'une redondance tonnante: l'amazighité du Maghreb est dépendante de
l'arabité du Maghreb. Ah, le dahir berbère! Ah, les latifs! A la graphie de
suivre le chemin habituellement logique des coutumes (du dahir berbère)!
اa
et là naissent subitement des thèses de la bouche de ceux qui n'ont jamais
reconnu l'amazighité comme l'essence de l'Afrique du Nord. Ah, des thèses
objectives et positives! Néanmoins, les
mots «tolérance», «fraternité», «unité», «différence», «respect»,
etc.. reviennent sans éclat dans un discours démagogique. Ce lexique qui est
digne d'une campagne électorale, mais pas d'une réflexion constructive,
revient à tort et à travers dans le dossier. Où est le seuil de la tolérance?
Où est la fraternité? L'unité? Où sont les règles de la différence? Et
le respect? De tout cela, n'en parlons pas: la force de la langue de bois y
est fausse consistance. Ce serait courir les chimères d'une histoire
interminable. Au fait, l'on brade dans ces articles «à vendre»,
gratuitement l'irrespect envers ceux qui ont lutté, luttent et vont lutter
pour que l'oubli élaboré n'ensevelit pas l'amazighité du dit Maghreb. Et
cette cause tant défendue, devient la cause de tout le monde. Laissez tamazight,
s'il vous plaît, loin de toute vulgarisation destructrice! Dans l'inconscient
de ces articles, le lecteur peut parfaitement saisir une classification présentée
par des auteurs prétentieux. Heureusement, ils partagent les mêmes préjugés
sans le savoir! Dans leur imaginaire «structuré», il y a une classification
précise où: -Tamazight: cette
langue / culture dépend naturellement, logiquement et symboliquement de
l'arabe; -Arabe: cette
langue / culture est de fait une totalité sacrée; -Français: cette
langue / culture est en train d'agonir en Afrique du Nord. Citons: «La
graphie arabe est plus répandue que la graphie francophone! et l'arabe est
plus répandu que le français bien que ce dernier reçoive d'énormes
subventions, et les chercheurs assurent que le français ne va pas survivre
plus d'une décennie et après il va mourir». De la mort des langues, l'on
sait beaucoup. L'homme, hélas, en sait beaucoup. -Autres langues:
Ces langues étrangères ne servent à rien. Elles ne font qu'aliéner le
maghrébin. Sans aller dans les
détails, la situation des langues au Maroc doit, toujours selon les auteurs,
verser dans l'arabisation montante. De même, un tel
schéma est intéressant à étudier. Il peut être comparé à une échelle: 1.-Le dernier échelon
est, bien sûr, réservé pour tamazight; 2.-Le faîte de l'échelle
est assurément la place de l'arabe. D'autres échelons
existent, d'autres langues n'existent rien que pour aliéner le marocain. Le
dernier échelon, là où gisent la souillure, la fracture et le glissement,
doit rejoindre le faîte, tamazight l'arabe pour une symbiose par la graphie!
Ah, tout va se casser! Où est la reconnaissance de la différence? Mais, que présente
Abu Zayd Almoqrie El idrissi? De façon péremptoire, il mène une réflexion
triste, digne d'un crocodile en larmes: il avance la fin de l'arabe, et le
français et tamazight langues courantes, vivantes et en plein essor. Oh,
combien ses prévisions sont blessantes! Elles se terminent par l'éclatement
du Maroc, cet éclatement n'est au fait que l'émiettement de ses idées
obscurantistes. Dans sa vision, rien qu'une couleur transperce les choses, et
combien la cécité s'avère évidente! Ainsi, que faut-il
faire? Tamazight, en croissant, va atteindre l'arabe et se confondre avec.
C'est bien ce qu'on appelle: l'arabisation, l'élimination effective des
limites et des différences. Où est le respect? Où est la dignité? Où est
la foi qui protège l'homme? Pour cela, la graphie arabe peut servir à
beaucoup. Comme nous le
savons tous, tamazight est mise sur l'échafaud par l'arabisation en Afrique
du Nord. Et le bourreau (ou les bourreaux, combien ils sont nombreux et
intelligents) ne réussit pas son coup magistral et fatal à cause de cette âme
millénaire qui hante encore ce corps décapité. Ce corps est millénaire, il
peut mettre au monde des enfants analphabètes ou «aliénés». Analphabètes
car ils ignorent l'alter lingua. Aliénés car ils ignorent leur langue
maternelle. Et voilà madame
Majdouline Nebbihi qui met au devant sa science «sans idéologie», reconnue
comme membre de l'Institut d'arabisation! Naturellement elle avise, elle ose
sauver tamazight qu'elle trucide quotidiennement au moyen d'un salaire appétissant,
dans «un Institut des études et des recherches d'arabisation (qui) nous lègue
des recherches et des cadres». Dans son intervention, je comptais y lire la
science, mais sa science (qu'on appelle la linguistique scientifique) se métamorphose
en un discours à quatre sous, propre d'une démagogie révolue. Laissez en paix les
blessés culturels, les handicapés linguistiques et les greffés sans identité! Seulement, il faut
vous reconnaître une chose. Je salue en vous l'audace à persévérer à
inverser le monde sans le renverser. Le choc serait terrible. Inverser pour égarer
les esprits et confondre même les illuminés. D'ailleurs, «au cas où c'est
le choix de la graphie latine, la mouvance va descendre dans les rues».
Cela n'émane pas d'une position de respect de la différence, mais
d'une rancune millénaire qui essaye de réfléchir tout ce qui peut éveiller
les Imazighen. Car il y a un péril,
et cette manifestation «virtuelle» ou proposée peut éviter cet écart
entre les berbères et les arabes par le biais de la graphie!
Cela paraît insensé au XXIe siècle, ce n'est plus 1930! Il n'y a pas
d'ennemi exogène qui peut tout légitimer… Les articles «à
vendre» cherchent à faire de nouveaux prosélytes à la destruction de
tamazight déjà sinsitrée! Vous lancez des hourvaris, mus par la rancune
millénaire. Des hourvaris pour une culture détruite, une langue traquée et
un homme blessé économiquement. Ces trois êtres veulent continuer à vivre,
mais non devenir autre chose comme cela est conçu dans votre programme. Se métamorphoser
symboliquement, spirituellement et physiquement en arabe. De par votre foi qui
reconnaît ces trois êtres en tant qu'islamisé, musmulman et islamique, que
faites-vous? Vous cherchez des prétextes pour commencer la chasse, pardon le
braconnage. S'il vous plaît, ne faites pas du chasseur une bête traquée, ni
d'un bourreau un décapité, ni d'un honnête homme libre un contrebandier,
les imazighen sont des citoyens marocains. Ou bien est-ce là une
reconnaissance implicite de l'Erreur? S'il vous plaît,
tamazight n'est pas de la contrebande? C'est-à-dire un produit étranger,
importé illégalement et un danger pour le national…. A propos, votre
titre faux «Maghreb arabe» qui revient dans votre discours «démocratique»,
peut à lui seul résumer l'arrière-plan de votre raisonnement, cette
construction qui accepte amplement la différence! Sachez, tamazight est votre
alter ego, elle ne peut pas former votre ego. Le comble de la bêtise
de ces dossiers est un faux article «bidon» intitulé «La France opte pour
tamazight dans ses écoles», là l'auteur anonyme prostitue abusivement à
force d'avancer des idées «respecteuses» envers l'héritage berbère.
L'auteur, sans rien perdre de son objectivité constante, avance que les
arabophones sont plus nombreux en France que les amazighophones. Peut-être,
il possède des statistiques, résultat d'un recensement personnel… Puis, le
nombre de dialectes berbères est justement (ou scientifiquement) de cinq
mille! Pourquoi pas cinq mille un ou quatre cent quatre-vingts dix-neuf? Oh,
maudite précision! Elle ne concerne que ces objets parlants que sont les
Imazighen de l'Afrique du Nord. Ensuite, le mot «imazighen» est d'origine
arabe; il signifie: un type fort et impétueux. Cela est faux: regardez
l'Histoire. Les Imazighen, plutôt, sont ces orphelins de la Méditerranée.
Le couronnement du mensonge s'achève par une définition de la langue berbère
qui est dans son usage actuel un prolongement d'un mode de la langue arabe.
Toutes ces «verités à vendre» sont pardonnables car le règne de
l'ignorance est omniprésent quand «MZGH» résonne dans les oreilles maghrébines,
mais ce qui n'est pas pardonnable pour vous devant Allah, c'est le fait de
citer des français, des juifs, des américains et… pour parler de la vérité
objective autour des frères imazighen! Et vous osez dire: «Tamazight est la
langue de tous!». Quelle mauvaise foi! Qui croire
maintenant? Si Abdelaziz Tahiri ose parler d'«arabisation volontaire» et
encore de lettres nationales, Ahmed Herezni avance que tout l'héritage
marocain amazigh est écrit en arabe! Ah, les voiles de l'oubli tombent
maintenant! L'on se rappelle enfin l'existence de quelque chose! Et voilà
c'est très important car on l'a méprisé, on l'a détruit, on l'a altéré ! Et Raissouni encore
de dire les quatre vérités nécessaires pour l'éclosoion de tamazight, pour
le développement de la culture marocaine. Voilà le bon sens! Voilà le bon
usage! Une équation est claire dans sa tête: -écrire tamazight
en caractères latins est un choix colonialiste; -par contre, écrire
tamazight en caractères araméens est une insistance sur l'identité
musulmane. A la fin, où est
tamazight dans tout cela? Définir par l'altérité? L'altération au lieu de
définition? S'il vous plaît,
nous sommes d'ici. Nous ne pouvons pas être des bêtes traquées ni des
objets de contrebande! La vérité, ce ne sont pas ces hourvaris méchants, y
a autre chose: Derrière cette campagne autour de la graphie; c'est plutôt la
scolarisation de tamazight qui vous tracasse tant…
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