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Un
mot que le dois dire Par:
Khamis Ikou (Ait Ishaq) Je m'intéresse
beaucoup depuis quelques temps aux mouvements de la société civile pour défendre
et promouvoir les langue, culture, civilisation et identité amazighes. Dans un premier
temps, je n'avais pas la motivation de m'y joindre et à chaque fois que mes
amis m'en parlaient, je n'hésitais pas de leur répondre «en quoi Tamazight
peut elle nous servir?». Cette question n'émanait pas uniquement de ma
propre tête, au contraire, beaucoup de gens exposaient la même
interrogation. La réponse était très claire sauf qu'il me fallait ouvrir
mes yeux sur les acquis de nos ancêtres et comprendre que le développement
socio-économique d'une nation ne peut se réaliser sans tenir compte de ses
composantes humaines. Nier donc la langue dans l'élaboration d'un plan social
ou économique c'est écarter la notion du progrès. Ceci peut être justifié
par la simple et bonne raison que les systèmes politiques changent, les théories
économiques changent elles aussi, mais l'invariant essentiel demeure la référence
culturelle. Dans un second
temps j'y réfléchissais, puis je fus convaincu que la richesse est dans la
pluralité et que l'ouverture mutuelle entre les différents patrimoines est
une condition sine qua non de coexistence et de cohabitation. Et si les
imazighens respectent depuis toujours les autres civilisations, ce n'est pas
parce qu'elles ont quelques choses de magique ou d'exceptionnel par rapport à
la leur, mais par conviction que tout groupe a le plein droit de conserver et
de développer ses valeurs, ses coutumes, ses perceptions ancestrales et d'être
reconnu et respecté en tant que tel. Au même titre,
Tamazight, en tant que langue maternelle de la majorité des habitants de
notre pays et après avoir subi de rudes épreuves historiques, ne doit pas échapper
à cette règle. Elle doit jouir de son droit à l'existence au lieu de
discrimination à son encontre. Elle mérite d'être appréciée et d'être
reconnue comme composante fondamentale de la civilisation humaine. Dans ce sens, nous, Imazighens, fiers de notre appartenance et de notre langue maternelle, nous aspirons à un avenir où seront reconnus nos droits socioculturels et linguistiques, un avenir où tamazight sera en pieds d'égalité aux autres langues. C'était un mot que je devais dire il y a longtemps. |
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