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«Attajdid»,
un journal caduc (Étude
du titre: «Un gant amazigh avec une main latine») Par:
Hassan Banhakeia (Université d’Oujda) Laissons de côté
les prétentions d'un groupe grandissant d'associations dites «amazighes»
(sans que cela figure dans la nomination) et les velléités d'une nébuleuse
d'associations politico-religieuses. Ne parlons pas de ces associations qui
représentent, grosso modo, un parti politique. Passons sous silence ces
accusations d'un parti d'opposition à un mouvement démocratique qui entend défendre
les droits linguistiques et culturels de tous les marocains. Taisons ce
complot latent entre le makhzen et l'opposition prochaine, celle qui va venir.
Dissimulons la bêtise de ceux qui prétendent tout comprendre en sachant
qu'ils ne comprennent rien, rien de rien. Disons tout simplement: «hchouma
alikum!» vous qui osez manipuler, manipuler et manipuler! C'est contre les
principes de l'Islam. Par contre, ce
qu'il faut dire: après la pétition des «prégrossistes», voilà la deuxième
pétition des islamistes! Qui sera le troisième groupe politique à agencer
une autre pétition pour attaquer tamazight, ce trait indélébile du Maghreb?
C'est par l'appel à la fausse éthique et à la fausse dignité que les deux
pétitions élaborent un discours vide, mais combien persuasif pour ces
Marocains qui méconnaissent tout de leur identité «réelle». Après la lecture
de cet «article de boxe», j'imagine un corps KO portant le nom amazigh pris
par les derniers soubresauts de la mort, et le vainqueur cynique de crier au
public: «Attention, mes frères! Vous avez là un ennemi redoutable. Il peut
nous faire beaucoup de mal. Il cache des armes, des bombes et des … ». Si
les musulmans sont connus pour leur tolérance, l'article, tressé par une
main visionnaire, apparaît incité par une rancune millénaire, celle qui
veut détruire, détruire et détruire. Cette rancune n'a rien à voir avec
l'Islam. Plus correct encore
serait de dire: «Que entiende el burro en la feria?». Là, nous avons
l'expression adéquate pour définir ces vautours égarés qui recherchent en
vain des cadavres en créant toutes pièces des accusations non fondées. Avec
leurs découvertes, ils entendent créer le monde, leur monde à eux, juste à
eux. Les autres, ce sont le vide, l'absent, l'effacé ou le monstrueux. L'article en
question ose parler de l'amazighité liée au scoutisme et à la récitation
du Coran. Hchouma! Le péché est grandissime quand l'auteur (ou les auteurs
aux mains cachées) donnent des statistiques non seulement erronées et
confuses, mais où heureusement ils excluent également ces prétendues
associations amazighes sans le savoir. Les statistiques, vous les malmenez
pour créer assurément une crise… Allah nous préserve de ces calculateurs!
De faux chiffres! Un lieu inconnu! Une date inconnue! Les auteurs de l'article
inconnus! Des associations, pas toutes, inconnues! Par conséquent, votre défense
de l'amazighité demeure au total inconnue! Dans un canard homérique… Les nuances sont
relativement importantes au sein de cet article confondant et tonitruant,
cependant, je ne vais rien dire du texte, du textuel et de son
architectonique. Cela ne mérite aucune analyse. Je me limiterai juste au
titre, cette devanture expressive. Le titre d'«Attajdid» est très
significatif: «Un gant amazigh avec une main latine» (25 octobre 2002, numéro
497), il traduit une inimitié incommensurable envers tamazight. Il développe
«courageusement» un arrière-plan; le masque tombe: après le faux amour
entre le journal et l'amazighité, vient maintenant le temps des confessions.
L'amour cachait la rancune. Pour un tel changement? Les élections? Les voix
amazighes sont indispensables pour gagner des élections, mais indignes à
consulter en temps des projets amazighophobes. Tout ce qui est politiquement
politique éradique nécessairement le Maghreb de ce trait millénaire, de ce
trait indélébile, de ce trait amazigh. Tamazight est à voir / lire comme la
fin des élections… Qu'est-ce que la fin? Est-ce le couronnement d'un
projet? Si la fin est une fin, tout s'écroule, alors que si la fin est un début
(initiative), tout va sur le bon chemin. Après ces élections législatives
du 27 septembre, que sera-t-il de tamazight? Par ailleurs, un
jeune homme (amazighophone, lecteur fidèle du journal) s'indigne à la vue
d'un tel titre. Je lui dis: -Lis et juge! Le
titre ne suffit pas. -Non, ce titre
est…. C'est vrai, le
titre dit tout. Ensuite, il reconnaît
son désarroi profond au moment de terminer la lecture d'un tel article qui a
comme meilleur point positif: il ne fait aucune référence explicite au
fameux dahir berbère de 1930. Le jeune étudiant vitupère ce qui suit: -Je regrette
d'avoir donné ma voix à ces … Ces trois points
voilent ce que la vertu ne permet pas d'énoncer! Je ne lui ai rien rétorqué;
fallait-il lui dire: c'est trop tard pour toi!
C'est tragiquement tard pour ceux qui continuent à lire le journal et
à croire au «tamayyuz duna tahayyuz» de ces gens intellectuellement
anonymes… Et, à la lecture
de ce titre, pour l'œil critique, étranger et neutre, il verra que tout ce
qui est «amazigh» prend la place de l'extérieur, et le «latin» la place
de l'intérieur. Tamazight est, toujours selon cette vision de négation et
d'exclusion, de l'étranger, de l'inconnu et du profane. Combien ce titre tire
explicitement vers l'équivoque, surtout que le slogan du journal est «tamayyuz
duna tahayyuz».! Il s'agit, au fait, d'un autre slogan inversé: «tahayyuz
duna tamayyuz». La même équivoque organise le titre de l'article non signé,
anonyme. Tamazight ne peut pas être un gant, une main oui. Tamazight, en tant
que gant, n'est pas une marque: «nik», «adidas», «puma» ou autre chose.
Elle est une partie, qu'on le veuille ou non, de la nature. Tamazight ne peut
pas être quelque chose d'inanimé, un objet artificiel. Elle est aussi une
main, dotée de vie et d'action, digne d'une ethnie «vivante». C'est
pourquoi, je vous conseille d'intituler l'article: «Une main amazighe avec un
gant latin». اa
oui. Pourquoi ce titre
est-il inversé? Tout ce qui est relatif à l'amazighité doit être présenté
dans un cadre inversé où le fond s'éparpille à l'extérieur et les écailles
prises pour le fond de cet héritage millénaire. Autrement dit, ceux qui
optent pour l'amazighophobie sont aussi bien des chercheurs de préjugés que
des ignorants de l'identité de l'Afrique du Nord. La logique «d'inversion»
sert de philosophie générale, apte à expliquer l'univers maghrébin. Il
faut tout inverser pour tout comprendre. Ce titre est écrit
par une main habile et intelligente ou par quelqu'un qui ignore trop de choses
de la cause amazighe. Si c'est une main habile, cette vile «métaphore» est
indigne d'un intellectuel. Ce titre, comme tant d'autres, tente de faire de
tamazight un «monstre». ہ
ce propos, cela me rappelle une citation de Michel Tournier: «Le monstre est
ce que l'on montre du doigt (…)
Et donc plus un être est monstrueux, plus il doit être exhibé. Voilà qui
me fait dresser le poil, à moi qui ne peux vivre que dans l'obscurité et qui
suis convaincu que la foule de mes semblables ne me laisse vivre qu'en vertu
d'un malentendu, parce qu'elle m'ignore.» (p.12, Le Roi des Aulnes,
Gallimard, 1970). Le narrateur, ici, ressemble fort bien à tamazight dans son
quotidien au Maghreb, et la «foule des semblables» aux auteurs
intelloctruels amazighophages. Afin de se débarrasser de cette «persécution
amazighophage», faut-il alors crier: Oui, je suis un monstre et j'en suis
fier? L'amazigh est un musulman comme tous les autres. Il n'est pas un
monstre, et il n'est pas pitoyable, et il n'est pas un «pécheur éternel».
Il n'a pas besoin d'enseignements ethico-politiques. Celui qui n'est pas
amazighophone, celui qui n'a rien fait pour tamazight, celui qui n'a pas fait
de recherche sur tamazight, doit-il dire son point de vue sur un tel héritage?
Les Imazighen n'ont pas besoin de l'amour des autres, encore moins de leur
pitié. Ils peuvent exister de façon autonome et autarcique. Chacun sait que
dans la société maghrébine l'amazighité a évolué vers une forme
accomplie, celle qui puisse réaliser enfin la démocratie dans cette Afrique
tragique. Ceci est à répéter à ces vautours et charognards qui ne cessent
d'esquisser un monde d'illusions et de vouloir en faire un univers pour tout
le monde! Ils ont une peur facile à définir et à cerner dans toutes ses
significations. C'est pourquoi, il faut dire et redire: Défendons et
sauvegardons, chacun, les paroles du peuple amazigh, notre peuple, comme pour
nous dire mutuellement qu'il est en train de disparaître et de fondre sous un
soleil bouillant et inhumain. Ici, mon propos a
été de présenter à grands traits les signification d'un titre «banal» et
«profondément raciste». Faut-il le condamner? C'est à ceux qui ont le
pouvoir que revient le droit et le pouvoir d'en juger, si ce n'est pas eux…. Let's wait for
Godot! |
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