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TOI, MON MAROC AMAZIGH
Par: A t h a n a s e V a n t c
h e v d e T h r a c y A Ali Khadaoui «Les hommes continuent d’avancer ainsi Inconscients de ceux qui s’en allèrent, de ceux qui s’en vont, d’eux-mêmes… » (Yannis Ritsos)Ô insensé Maroc, pourquoi veux-tu trahir Ton sang berbère, ton sang plus pur que diamant! Pourquoi mentir, pourquoi? La sève de tes enfants Vient d’une terre sublime, berceau de grands empires!
Oui, tu es berbère, berbère jusqu’aux racines De tes cellules nourries d’espace immaculés, Berbère jusqu’à ton âme éprise de liberté, Berbère jusqu’aux entrailles de tes montagnes divines!
Pourquoi te dire arabe? Aurais-tu honte, Rabat, De ton ciel d’azur, de tes vallées superbes, Toi-même amazigh grandi parmi les gerbes Des étoiles d’Atlas, des mers tissées de soie? Chaque sentier en toi, chaque rivière limpide Ont la clarté berbère de ton regard candide! Athanase Vantchev de Thracy Paris, le 14 juillet 2008 ***** Je dédie ce poème à l’éminent lettré et ami Ali Khadaoui, flamboyant défenseur de la langue et de la civilisation amazighes. Dire que je soutiens la juste cause qu’il défend de tout le génie de son amour est très peu dire. Cette cause qui plaît à Dieu, l’Ami Suprême de la Justice et de la Liberté, je l’ai faite entièrement mienne. Je l’ai aimée, je l’ai embrassée, je l’ai serrée sur mon cœur. Tant que le Seigneur de la Lumière me permet de vivre, je resterai aux côtés des Imazighen, les authentiques propriétaires de la Tamazgha, et donc du Maroc. Glose: Amazighe (adj.): on peut traduire ce terme par l’adjectif «berbère». Le vrai nom des Berbères, ainsi appelés par les Grecs pour qui tout peuple qui ne parlait pas leur langue était barbare, est Imazighen. Les Imazighen (pluriel de «amazighe») occupaient, depuis la nuit des temps, l’immense territoire qui couvrait la Libye, la Tunisie, l’Algérie, le Maroc et les îles Canaries d’aujourd’hui. Ce territoire était la Tamazgha, le pays des Imazighen, peuple qui, quoique réparti en plusieurs sous-groupes, jouissait d’une même communauté linguistique, des mêmes traditions, d’une civilisation authentique. Les habitants de l’Aurès, de la Kabylie, du Mzab en Algérie, les montagnards du Rif, les Chleuh des chaînes montagneuses de l’Atlas, les habitants de la vaste région de Sous au Maroc, sont restés fidèles à leur origine amazighe. Les Touareg, également Imazighen, ont conservé leur originalité aux confins des Etats de l’Algérie, du Mali et du Niger. Une diaspora de plusieurs millions d’Imazighen habite un peu partout dans le monde, et surtout en France et aux USA. Il faut savoir que 90% de la population des pays de la Tamazgha cités plus haut est amazighe. Il faut savoir aussi que les Iamzighen sont un peuple totalement différent des Arabes. Envahie par ces derniers au VIIe - VIIIe siècle ap. J.-C., la Tamazgha a subi la loi des vainqueurs qui ont imposé à son peuple, souvent par la force, l’arabe comme langue officielle. Si une petite élite fit sienne cette langue étrangère, les vastes populations de la Tamazgha gardèrent leur propre langue: l’amazigh, et leur alphabet: le tinifagh, inventé au Ve siècle av. J.-C. Or, le Maroc, peuplé à 90% d’Imazighen, se veut un pays arabe. La vérité est qu’il ne l’est pas. C’est un pays berbère. Entièrement berbère! La culture arabe n’a pas pu changer le sang des habitants du pays. Il est plus que normal que les Imazighen veulent sauvegarder leur langue, rempart divin contre une arabisation forcée que le gouvernement marocain mène contre vents et marais. Il est grand temps qu’il le sache: tous ses efforts sont vains. On ne peut pas trahir impunément sa race. On ne peut pas éteindre, sans se brûler, la flamme de l’esprit. On ne peut pas faire d’un lion une chèvre. Non, mes amis marocains, le sang ne devient pas de l’eau! Telle est la vérité que tout homme qui veut vraiment plaire à Dieu, doit savoir et pratiquer! Yannis Ritsos (1909-1990): militant pour la liberté de la Grèce des nazis, Ritsos fut, de son vivant, le plus célèbres des poètes grecs, le plus traduit. Immense et inégal, d’une effrayante fécondité, il a tout chanté, dans tous les registres. Un Victor Hugo grec.
Mon cher Ali, L’EPIGRAPHE AERIENNE DE HABBAZ BOUJMÂA «Seul.Comme la ville qui te suit de loin, fidèle. Comme la poésie, fidèle, aux derniers instants de ta vie» (Yorgos Markôpoulos)Dans ce fossé profond Où viennent parfois jouer des enfants, Tu dors, mon frère bien-aimé! L’Ange de la Fin du jour Déverse tous les soirs sur le sol où tu gis Un bleu flacon empli de ses larmes. Et, Quand la haute nuit s’avance pieds nus Sur l’herbe parfumé par ton sang, Les grandes étoiles, Divinement amoureuses De ton innocence, S’inclinent affligées Vers la terre amazighe qui caresse ton corps Etreint par les suaves racines Des humbles, des frêles fleurs des champs. Alors, Alors Dieu lui-même, Dieu dans sa céleste miséricorde Approche de ta tombe, Prends avec tendresse ton âme lumineuse, La serre contre sa poitrine émue Et la berce longtemps Sur son cœur éploré! Ô mots purs, mots d’amour Qui lient ta mémoire, mon Habbaz, Aux vols perpétuels Des galaxies! Ô mots, Faites que mon chant sincère Inscrive en ce jour de juillet sur la page intime De tous les hommes qui savent encore Aimer, le nom D’un saint cher A l’insurmontable éternité ! (Athanase Vantchev de Thracy, Paris, le 14 juillet 2008) Glose: Habbaz Boujmâa: célèbre linguiste marocain disparu sans trace en 1981, victime de son amour pour la langue amazighe (berbère). Amis, j’ignore la date de sa naissance. Yorgos Markôpoulos (né en 1951) : un des plus bouleversants poètes contemporains grecs.
A t h a n a s e V a n t c h e v d e T h r a c y
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