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Congrès Mondial Amazigh 60° anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’Homme Quels droits pour le peuple amazigh?
Ce 10 décembre 2008, date du 60° anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’Homme, les citoyens et les peuples du monde célèbrent diversement cet événement. Globalement, les uns, ceux du nord de la planète font le point sur leurs acquis politiques, sociaux, culturels et leurs libertés tandis que les autres, ceux du sud, se penchent sur leurs plaies, leurs douleurs et leur désespoir face au déni de leurs droits même les plus élémentaires. Il en est ainsi du peuple amazigh, quel que soit le pays où il vit. Au Maroc, des étudiants amazighs de l’université de Meknes et de Imteghren (Errachidia), croupissent de manière injuste dans les geôles du Makhzen marocain, le Parti Démocratique Amazigh du Maroc (PDAM) a été interdit à la demande du gouvernement, des militants associatifs comme Abdelaziz El-Wazani, sont toujours harcelés par la justice et même les prénoms amazighs sont frappés d’interdits. Cela prouve une fois de plus que malgré les discours lénifiants, le gouvernement marocain continue de pratiquer une véritable politique d’apartheid à l’encontre des Amazighs. En Algérie, grâce à des lois scélérates et des pratiques autoritaires, le gouvernement assure l’impunité des auteurs et des responsables des crimes commis durant le printemps noir 2001 en Kabylie (125 tués et 5000 blessés). De même, il n’hésite pas à fouler aux pieds les libertés fondamentales et les principes démocratiques comme ce fut le cas récemment lorsqu’il a interdit le congrès du CMA en Kabylie ou lorsqu’il a procédé au «bricolage» de la Constitution en vue d’enlever au peuple les dernières miettes de souveraineté. Manifestement, ce pouvoir mène une politique haineuse et raciste envers les Amazighs d’Algérie en général et des Kabyles en particulier, dans le but de les réduire au silence et à la soumission. Pour cela, le pouvoir algérien use de violence, de corruption et de paupérisation de la population. Les abus de pouvoir et l’absence de l’état de droit dans ce pays poussent régulièrement les citoyens à la révolte. Dans l’archipel des Canaries, le peuple autochtone canarien continue de subir les conséquences de la colonisation espagnole qui le privent de ses ressources naturelles et de ses droits politiques et identitaires. Comme les autres peuples d’Afrique, les Canariens ont le droit d’exercer leur droit à l’autodétermination. Le CMA appuie fortement cette légitime revendication et la relaiera naturellement au niveau international. En Libye, berceau de l’amazighité, le pouvoir reste résolument panarabiste et continue de pratiquer une politique implacable d’exclusion de l’identité amazighe. La solution en Libye comme dans les autres pays de Tamazgha ne peut se trouver que dans la résistance et la dénonciation systématique des menaces, des intimidations et des atteintes aux droits des citoyens Amazighs. Il en est de même en Tunisie où les régimes panarabistes successifs ont presque totalement anéanti les Amazighs de ce pays. L’Etat policier tunisien qui interdit toute forme d’expression publique amazighe, doit être sévèrement combattu notamment par le droit international afin que les Amazighs tunisiens retrouvent au moins le droit à leur langue. Dans leurs territoires ancestraux, les Touaregs sont spoliés de leurs ressources naturelles (pétrole, gaz, uranium, etc) et leur liberté de circulation est largement restreinte. De plus, les aléas climatiques aggravent de manière dramatique leurs conditions de vie. Avec des gouvernements qui les pourchassent et les répriment jusqu’à la mort, la survie même des Touaregs est terriblement menacée. Les armées malienne et nigérienne doivent être sévèrement condamnées pour les crimes qu’elles ont commis contre les populations civiles touarègues au cours des vingt dernières années et qu’elles continuent de commettre aujourd’hui particulièrement au Niger. Le non respect par les gouvernements malien et nigérien des accords signés avec les représentants Touaregs depuis le début des années 1990 demeure la source principale de tous les conflits. Par ailleurs, en soutenant sans conditions les gouvernements nigérien et malien, l’Etat français prend clairement position en faveur de la loi du plus fort. Cette attitude contraire aux valeurs et aux droits humains est certainement le résultat de marchandages économiques entre les Etats et en particulier celui qui permet à la société française Areva d’exploiter les gisements d’uranium qui se trouvent dans les territoires touaregs dans le nord du Niger. Areva ne laisse aux populations locales que la pollution radioactive qui nuit gravement à la santé des personnes et des animaux et à leur environnement vital (notamment l’eau et les pâturages). Cette situation très inquiétante, nécessite plus que jamais une solidarité internationale avec le peuple touareg. En Europe, où vivent de fortes communautés amazighes, la plupart des Etats poursuivent les mêmes politiques d’araboislamisation mises en œuvre dans les pays d’origine. Cela est contraire aux besoins et aux intérêts de ces populations et peut constituer à terme un facteur d’instabilité sociale. Afin de faire valoir leurs droits, il appartient aux citoyens Amazighs européens de s’organiser et de se mobiliser pour rendre plus visible leur identité culturelle. D’une manière générale le Congrès Mondial Amazigh (CMA) appelle la communauté internationale et toutes les organisations de défense des droits humains à: - Réaffirmer et défendre le caractère universel des droits humains, - Exiger des Etats le respect et la mise en œuvre de leurs obligations et leurs engagements internationaux en matière de droits humains, - Refuser que le respect des droits humains et des libertés fondamentales soit soumis au chantage économique, - Prendre toutes mesures utiles visant à lutter plus efficacement contre l’impunité dont jouissent les auteurs de graves atteintes aux droits humains tels qu’ils sont mentionnés dans la Déclaration universelle des droits de l’Homme et les autres textes internationaux et régionaux. Paris, 9 décembre 2008 P/le CMA Le Président B. Lounes CMA BP 124 108, rue Damremont 75018 Paris www.congres-mondial-amazigh.org congres.mondial.amazigh@wanadoo.fr
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