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Pour la formation de
grands pôles socioculturels amazighs mobilisateurs
Par: Ouachrine Lhoussaine
Si Les arguments de cette chronique de réflexions sur le
constat de nos réalités controversées manqueraient de pertinence ou de
justificatifs pour certains lecteurs, ceux-ci seraient bien aimables de me
convaincre de leur éventuelle inopportunité et allègeront quelque peu le poids
du pessimisme perdurant que secrète un environnement trouble, provocateur et
inquiétant qui étouffe l'expression naturelle de la culture entitaire marocaine,
l'amputant à chaque époque d'importants pans de sa richesse plurielle pour
l'affaiblir, un travail ingrat de mécréants sournois qui mutilent la mémoire du
peuple.
La provocation insidieuse, éhontée, outrageante est l'usage constant de la ruse
grossière par les gouvernants et tous leurs supports politiques qui persistent à
dénier aux communautés amazighes les moyens modernes où se dérouleront les
débats autour des thèmes favorisant l'éveil culturel populaire que suscite le
besoin pressant et manifeste du peuple amazigh. Un peuple revendiquant par le
biais d'importants réseaux associatifs son histoire réelle et la valorisation de
sa culture où mûriront en s'enrichissant par l'échange et le dialogue directs
les orientations devant rendre cohérentes et complémentaires ses vastes
composantes majoritaires qui couvrent chacune une partie du territoire national
et qui auraient pu former de grands pôles au lieu du maillage régional actuel
qui émiettent inutilement la nation: Le sud du Maroc,
le Maroc central et le nord du Maroc qui constituent
des espaces géographiques distincts. Débats où pourront s'étendre et s'analyser
les champs lexicaux, poétiques, historiques, patrimoniaux... pour asseoir enfin
la grande plateforme de l'entité nationale. poles regionaux et grands
receptacles populaires diffuseurs de savoirs et rapprocheurs indeniables des
populations par des moyens audiovisiuels qui devaient etre crees avant meme
l’institution de l ‘ircam (institut royal de la culture
amazighe) et dès les années 60.
L'on ne pourrait à présent douter de la mauvaise volonté de responsables
politiques incapables de gérer et de valoriser les potentialités vigoureuses
Nationales, car égoïstes dédaigneux et insensibles
aux aspirations et aux traditions vivaces des marocains. Au lieu de s'engager
dans une politique réaliste qui aurait pu restituer au Maroc sa noblesse et ses
élans solidaires légendaires, les pouvoirs et leurs supports partisans optaient
à chaque fois pour des rapiéçages accouchant à chaque détour de ratages aux
sinistres engendrements que la conscience humaine abhorre et qui endeuillaient
et endeuillent de nos jours des milliers de familles
marocaines: Des centaines de prisonniers militaires ont vieilli à Tindouf.
Localité qui dépendait du Maroc et qui était dirigée en 1939 par le Caid Mimoun
d'Azrou. Elle faisait partie de la Région militaire de Meknès. Localité
légitimement marocaine qui devint par la mollesse des dirigeants la honteuse
prison des fils du Maroc. Il appartient aujourd'hui à nos concepteurs politiques
d'expliquer au peuple les causes d'un tel sectionnement d'un territoire qu'avait
toujours préservé la tradition patriotique amazighe; viennent ensuite les drames
de milliers de jeunes marocains que jettent le hasard et l'absence d'amour du
pays ainsi que la misère les aggravant dans les bras des mers qui les emportent;
viennent les drames de milliers d'escroqués en plein jour et sous les chaudes
promesses de gouvernants leur offrant d'errants châteaux sur LES OCEANS où ils
gagneront des liasses de dollars en dansant; viennent les détournements de
deniers de l'Etat et ses banques... L'on ne saurait énumérer tous les scandales
révoltants qui finissaient par faire des marocains un peuple septique et
indifférent aux discours de politiciens délustrés et inconséquents qui osent
même déclarer à la TV et face aux millions de familles perplexes et désabusées
qu'ils ENCADRENT LE PEUPLE....
Sûr qu'on se demandera quel rapport peut lier la culture amazighe et les ratages
politiques de ceux qui présidaient depuis l'indépendance à la destinée du vieil
empire... Alors quiconque aime ce pays et écoute ses pulsions profondes, sera
confronté à l'amère vérité de la rupture flagrante qui intervint à
Partir des années 60 et qui s'aggravait le longs de décevantes années entre le
marocain et son milieu ou son terroir, nid affectif qu'on allait extraire de la
mémoire du marocain et de ses sentiments à coups de matraquages idéologiques
d'importation qui l'assommaient en pleuvant partout sur son existence et dont on
peut présenter brièvement les facteurs générateurs:
-Certes, TAMAZIGHT qui est comme toutes les langues humanisantes une langue née
du livre sublime du monde qu'est la NATURE, émanation des milieux terrestres,
harmonisant les rapports entre les groupes humains et entre ceux-ci et la terre
a toujours rendu fort les facteurs psychosociologiques d'ancrage des populations
dans leur TAMAZIRT N TLALIT (pays natal) où s'ennoblit affectueusement
l'infrangible lien de socialité entre l'homme et son milieu, formant en lui par
l'ascendance tellurique les sentiments de patriotisme. predispositions
determinantes qui dinstingaient les dignes rois patriotes amazighs dont l’ancetre
dynaste fut mas nsen (massinissa). quiconque, penseur intègre ou simple lecteur,
qui lirait les guerres de YOUGUERTEN (Jugurtha) contre les romains, aura les
cheveux hérissés sur le crâne et pleurerait même d'émotion.
Mais hélas, le travail de dissipation acharné, de mutations accélérées des
mentalités, de lessivages et de gommages de tout indice pouvant révéler
l'amazigh à lui-même, l'homme libre, a commencé avant le protectorat français et
le colonialisme espagnol par des tolba "mauvais prêtres de l'islam" qui
interprétaient les préceptes religieux selon leurs intérêts et au gré de leurs
humeurs de prosélytes
ignorantins: la mythification de personnages très lointains qui n'avaient jamais
mis le pied en Afrique du Nord, le charlatanisme, la fabulation, en bref une
somme de procédés qui mettaient le taleb au centre de l'imaginaire populaire car
détenteur de la clef du paradis. La taleb, surtout en pays montagnard où la sève
virile est dense, se sentait diminué et réduit au statut de simple scribe devant
uniquement consigner quelques clauses dans le registre des transactions et
d'apprendre le coran aux jeunes enfants dans l'école dite Timzguida (école
coranique) qui était souvent une tente chez les éleveurs transhumans ou une
salle en dur dans les igherman (quartiers). Le taleb ou fkih n'avait aucune
prérogative sur les Izerfan (lois) qui régissaient les rapports entre les
communautés ou tribus, lois étendues aux tribus arabophones et connues sous le
nom de BOULARBAA?, nom emprunté et légèrement déformé à Agraw n'ait rbaîne (le
sénat des quarante).
(à suivre)
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