| |
Que veut dire la laïcité? Que peuvent dire les
islamistes?
Par: Lghazi Hsaine
La laïcité est
toujours le sujet à craindre pour les uns et à défendre pour les autres.
Pourquoi cette véritable divergence au sein d’une société unie par plusieurs
critères? La mauvaise interprétation des sujets est sûrement à l’origine de cet
habituel désaccord.
Si Saint Augustin est le premier dans l’histoire de l’humanité qui a posé la
théorie de la séparation du politicien et du religieux, la laïcité contemporaine
trouve ses racines avec la philosophie des lumières puis avec la révolution
française. En 1905 la république laïque de France instaure la loi de «séparation
de l’église et de l’Etat», elle décrète le principe politique selon lequel l’Etat
est indépendant et neutre par rapport à toute religion; elle garantit la liberté
de conscience et de culte, chaque citoyen peut pratiquer sa religion en dehors
de l’ancien régime caractérisé par un amalgame entre le pouvoir religieux et le
pouvoir politique.
La laïcité annonce aussitôt l’indépendance de l’Etat à l’égard de la religion
qui ne reconnaît pas les droits civiques de la femme en raison de sa «faiblesse
d’esprit». L’Etat laïc protège les droits à l’éducation, au travail et au vote,
il enseigne en priorité la tolérance et assure l’éducation obligatoire et
gratuite pour tous les enfants; la mixité de l’école est une loi relativement
récente dans toutes les sociétés démocratiques. Pour les laïcs tous les êtres
humains sont égaux en droits quelque soient leur sexe, leur origine, leur
religion, leur culture, leur condition sociale ou leur niveau d’instruction.
Que veut dire donc la laïcité? N’est elle pas un principe de démocratie qui n’a
jamais incité à l’athéisme? La laïcité fait de l’école un espace public dans
lequel l’esprit critique et la liberté de penser doivent pouvoir se développer
en toute indépendance, elle favorise le respect de toutes les religions.
Aujourd’hui, la plupart des pays laïcs ont pu réaliser un développement
considérable au niveau technologique, socio-économique, socioculturel, etc.
Dans notre pays, l’Etat défend la théorie des islamistes qui jugent que la
laïcité n’est pas compatible avec la religion musulmane. L’année 2004 est
marquée par le débat lancé sur la laïcité. Certains médias profèrent que seul le
mouvement Amazigh revendique ouvertement la laïcité et les islamistes assaillent
violemment les laïcs. Or, pour le dire en termes expresses: tous les défenseurs
de la démocratie, du progrès et de l’intérêt général du pays revendiquent la
laïcité pour pouvoir mettre un terme aux problèmes socio-économiques et faire
avancer le Maroc au rang des pays développés dans le domaine technologique,
socioéconomique, culturel etc. La laïcité est une revendication nationale,
imazighen sont des musulmans au même titre que les musulmans tolérants du monde
et les islamistes, caractérisés bravement par un attachement fondamentaliste
généralement défini par l’intégrisme et l’intransigeance ne sont nullement
parfaits.
Les militants de la cause amazighe sont fiers des valeurs identitaires et
culturelles amazighes, ils n’ont jamais proféré des blasphèmes, ils sont
convaincus que l’amazighité est loin d’avoir recouvert ses droits et ils jugent
utile de rédiger et rendre publique une charte de revendications amazighes en
vue d’une révision du texte constitutionnel. Le mouvement culturel amazigh
revendique légalement la constitutionnalisation de l’amazighité, l’une des
priorités pour la réconciliation du Maroc avec son identité, sa culture et sa
langue amazighe, il revendique aussi d’enrichir le texte constitutionnel par une
référence solennelle aux droits de l’homme et le principe de la laïcité, il
revendique la consécration de l’égalité linguistique de l’amazigh et l’arabe, la
consécration des «coutumes amazighes» et la suprématie du traité international
par rapport à la loi nationale et il œuvre pour un «Etat de région».Une région
qui représentera une locomotive en terme de développement socio-économique
conformément aux principes du respect et de l’unité territoriale.
Un plein espoir est concevable pour trouver une solution radicale contre la
négativité et l’adversité qui entravent la croissance et le développement
socio-économique et culturel. La laïcité demeure le premier pas vers le succès
longuement ambitionné par le peuple marocain, du fait qu’elle ne porte aucune
atteinte au régime royal et soutient le droit à la conviction religieuse.
Cependant le laxisme de l’Etat et le fanatisme religieux fait de notre société
un peuple à réconcilier. Dans le Maroc vivent essentiellement des musulmans, des
catholiques, et des judaïques, les habitants sont amazighs, arabes, hébreux et
autres, ils sont tous des croyants en dieu. La constitution actuelle décrète que
le Maroc est un pays musulman, elle nie les autres sociétés et les autres
religions! (Inna ssi Ahmed ADGHIRNI g aghmis TAMAZIGHT Uttun wis 65 ass n 13
yennayer 2005 ghf ‘’Udayen d imouslmen’’: kkanttin ran ad munan gh ifran
tamazirt n ayt megild, mac ur ten udjin id bou imariwen lla ranin ad smaghen
imumen n yun rebbi gan udayn nagh imouslmen).
Pour mettre en pratique la justice et le développement, la réforme urgente de la
constitution est très utile et tous ceux qui s’opposent à cette évolution
mettent en jeu la vie des masses opprimées et les droits de l’homme. Dans ce
cadre, comment peuvent-ils commenter la réponse précise qu’ils peuvent réserver
aux questions ci-après, dans notre pays amazigh dit arabo-musulman :
-Combien de litres de vin sont-ils consommés par les marocains dits musulmans?
-Combien de millions de centimes sont-ils dépensés pour les jeux de hasard?
-Combien de milliards de centimes sont-ils subtilisés du budget de l’Etat?
-Combien de marocains dits musulmans se mêlent-ils aux affaires de corruption?
-Combien d’affaires relatives à l’abus d’autorité et l’injustice peut on relever
par jour?
-Combien d’affaires d’escroquerie, de trafic des stupéfiants, de clientèlisme,
de vol, de viol, de sorcellerie, de mépris, de mendicité etc. peut-on
enregistrer dans notre pays sous l’égide de la loi musulmane?!!
-Qui encourage la marginalisation, l’humiliation et la frustration des autres?
-Qui a encouragé les autodestructeurs à commettre désastreusement les
regrettables événements de la nuit d’horreur du 16 mai 2003 à Anfa (Tigmmi
toumlilt): les intégristes musulmans ou les laïcs?
-Pour ne pas aller trop loin, comment expliquer le fléau de se livrer à
l’adultère et au commerce charnel pour de l’argent ou par plaisir?
(Malheureusement des fkihs y sont impliqués!!) Peut-on témoigner que ces actes
sont autorisés par la religion musulmane? Ces actes conduisent-ils au paradis et
la laïcité conduit à l’enfer? Si l’islam interdit de commettre ces faits
illicites, pourquoi les fidèles ne réagissent pas pour éradiquer d’urgence ces
malheurs? Ou encore s’agit-il de la politique arabo-musulmane?
-De quel droit un membre du conseil national du parti islamiste PJD a-il traité
abjectement d’un «âne » le militant amazigh qui n’a pas voulu consentir une
opinion erronée dans l’exposé: «la jeunesse et les défis du 21eme siècle»
organisé le 05.12.2004 par l’association (les horizons culturels) à Tiznite?!
Eventuellement, le conférencier impétueux, ayant un esprit récalcitrant, préjuge
que sa haine envers Imazighen le conduira au paradis même si Allah n’admet
aucune forme de ségrégation raciale: le péché caractérisé dans la loi coranique!
Ce fameux conférencier qui emploie l’islam à des fins électorales ignore ou
transgresse vraisemblablement ce que dit la religion islamique du
multilinguisme, il aura sûrement des comptes à rendre devant son créateur pour
avoir dénoncé que la langue tamazight est la création du colonialisme français
et pour avoir désigné Imazighen de responsables à christianiser le Maroc. Il
doit faire un tour d’horizon à travers les médias nationaux et les actualités
qui ne cessent de prononcer des diatribes contre ce parti politique dit
islamiste. L’éditorial du «Journal hebdomadaire» n°190 du 8 au 14 janvier 2005
(intitulé: intolérance) précise que: «le PJD a démontré qu’il est en mesure de
gérer les conflits internes», pour dire enfin: «Si le PJD ne se défait pas de
cette tendance intolérante, il représentera un réel danger pour ce pays», et,
ceux qui cherchent à contrôler les aspectes du pays et des habitants aboutiront
à la forme extrême de la dictature! Ils seront des extrémistes, ils passeront à
la violence et ils présenteront le danger imminent pour toute l’humanité!! Ce
magazine a publié un article sur ‘’les marocains chrétiens’’, il indique que la
conversion au christianisme n’est pas nouvelle dans notre pays, elle traduit
peut-être l’incapacité de l’islam officiel à s’adapter à son temps et à
rejoindre le train de la modernité. Le matin du Sahara du samedi 08.01.2005 a
publié un article sur ‘’le fait de quitter son travail pour faire la prière’’,
un sociologue explique: «la religion a toujours été un prétexte pour un certain
nombre de dérapages dans la fonction publique et ailleurs. Le fonctionnaire
profite de l’aubaine d’aller prier. Il laisse sa veste accrochée à son fauteuil
et disparaît pour ne revenir que le lendemain», dans ce même journal, Saîd
Nakkach, alem du conseil des ouléma dit: «Le fait de prier ne doit par retarder
le travail à faire. L’islam offre au musulman un intervalle de plusieurs heures
qui se situe entre deux prières pour accomplir son devoir».L ’hebdomadaire ‘’LA
VERITE’’ du 14 au 20 janvier 2005 a publié, en plus d’une pages, un article
intitulé «Faut-il avoir peur des Islamistes?» Le PJD est essentiellement visé
dans cet article. Dans la vision de perspective politique on se demande: le PJD
est-il en mesure de gouverner au cas où il remporterait les législatives de
2007? Est-il capable d’insuffler un esprit démocratique et modernisateur?
L‘intégrisme est-il soluble dans l’exercice du pouvoir? Dans le cas contraire
comment l’empêcher démocratiquement de prendre les rênes de la gouvernance du
pays? Une question se pose sur la fiscalité particulièrement importante au
moment où le premier ministre islamiste ne peut utiliser un argent issu des
pratiques interdites par l’islam. Il s’impose de s’interroger aussi sur quelle
justice et quel développement sera-t-il envisagé par ces éventuels dirigeants?
L’hebdomadaire arabo-phone ASSAHIFA n° 194 du 19 au 25 janvier 2005 a relaté la
position du PJD envers les événements du tsunami dévastateur qui a frappé les
pays du sud est asiatique. A la une de cet hebdomadaire on lit: «le tremblement
frappe le PJD». La liste est encore longue. Enfin tout islamiste qui s’arroge de
droit pour devenir un visionnaire (sinon un menteur), doit redresser sa mauvaise
posture dans la scène politique nationale et renoncer immédiatement à l’odieuse
agressivité envers l’amazighité du pays. L’aversion contre imazighen n’est pas
décidée ni acceptée par la religion musulmane.
Si le sociologue Mr LESTER WARD s’interroge: Est-il vrai que l’homme parviendra
finalement à dominer l’univers, à l’exception de lui-même? Le verset coranique
invite le prophète à faire preuve de modération: «Prêche les hommes, car tu n’es
qu’un apôtre, tu n’as pas le pouvoir sans bornes».
Bref, les pseudo savants bornés qui oublient que la déclaration universelle des
droits de l’homme et du citoyen anéantit le fondement de l’ancien régime: le
pouvoir absolu et le privilège, doivent consulter les œuvres du père de
l’histoire Hérodote (vers 485 à 425 avant J.C) pour mieux savoir les 2955 ans de
la glorieuse histoire amazighe.
Il faut le savoir aussi, Imazighen avaient sauvegardé un islam spirituel et
véridique beaucoup mieux que ceux qui instaurent un islam idéologique et
énergiquement contesté par la laïcité et encore par l’islam lui même! En parlant
de la laïcité dans la société amazighe, le sociologue Gellner dit: cela ne
signifie pas qu’imazighen sont moins musulmans que les autres. Ceux qui croient
et adorent le bon dieu unique, sans hypocrisie, doivent cesser d’aduler les uns
et être impitoyables envers les autres. Mais le verset du coran sacré le dit:
«La youghayirou allahou ma bi qaoumine hatta youghayirou ma bi anfousihimou».
Le développement de la technologie, de l’économie, de la justice sociale, le
multilinguisme et la diversité culturelle n’ont jamais été interdits ni par la
religion ni par le pouvoir politique. Le chômage et l’ignorance qui procréent la
pauvreté ne sont pas une fatalité et les grands manitous islamistes n’ont jamais
été autorisés par les préceptes de l’islam à prescrire au peuple d’attendre
l’envoi de la manne (nourriture miraculeuse) pour rassasier les affamés. La
laïcité n’est-elle pas conciliable avec la société dont le tissu
socio-économique est vulnérable dans ce monde où l’économique prévaut?
Conformément aux principes des droits fondamentaux de l’homme, le socle de la
démocratie, il va falloir trouver une issue adéquate pour se débarrasser des
énormes difficultés qui entravent la marche vers un avenir meilleur, notamment
il faudrait conclure honnêtement un arrangement qui mettra fin aux litiges non
fondés et aux intransigeances au lieu d’extérioriser la malveillance, la haine
et le mépris au nom du principe le plus sacré.
Si les pays africains se trouvent dans une situation difficile pour assurer le
bien-être des populations, le Maroc est aussi un pays africain. Dans le cadre de
la vision d’un programme approprié ayant un impact direct sur la population,
imazighen agissent pour accélérer la réalisation des programmes sociaux,
améliorer l’infrastructure, consolider la dynamique du développement de la
région.
Pour survivre dans un environnement de plus en plus concurrentiel, les
entreprises et les administrations doivent relever le défi et chaque citoyen
doit être responsable à son échelon et doit mettre à niveau ses attitudes et son
comportement dans l’esprit de contribuer à inculquer les valeurs morales et le
civisme. Mais cela ne pourra être mis en évidence que s’il est garanti par une
constitution plus démocratique pouvant sauvegarder l’identité amazighe du Maroc
et préserver son riche patrimoine culturel. L’Etat doit donc jouer le rôle le
plus important dans l’éducation de la citoyenneté et la formation de l’homme de
demain, il doit être le garant de la loi et donner le bon exemple.
|