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La toponymie de Nador et la colline POBLAO
Par: Mohamed EL BOUCHHATI
Du point de vue urbanistique
et stratégique, un centre urbain doit son importance à sa proximité de l’eau et
d’un axe routier terrestre, maritime, ou fluvial.
N’étant pas un spécialiste en la matière, je pense plutôt au côté charmeur des
villes. En effet, une ville située près d’un grand fleuve, au bord de la mer ou
près de la montagne a l’ingrédient essentiel pour être belle. La ville de Nador
au Nord du Maroc sur la Méditerranée a deux de ces éléments: La montagne
Gourougou (et sa forêt) et la lagune Mar Chica (petite mer en espagnol); une
sorte de mer intérieure. Mais hélas, la confection des ingrédients ne donne pas
automatiquement une bonne cuisine.
Le toponyme Nador existe aussi dans les provinces de Taza (Tizi n Nador), Al
Hoceima (D’har n Nador), Kenitra (Nador) et probablement ailleurs au Maroc.
C’est en général une colline ou un promontoire qui domine un col, une dépression
ou la mer. En Berbère, il veut dire le lieu d’où l’on regarde ou plus
précisément on observe ou on guette. D’har n Nador à l’Ouest d’Al Hoceima par
exemple, domine le site du port antique de Boussekkour. Pour le plus connu des
Nadors c’est- à- dire la ville, le nom est probablement en rapport avec sa
fonction qui était de servir de mirador pour guetter l’ennemi qui pouvait venir
de la mer ou peut-être simplement de Mlilia.
L’histoire de la région ne précise pas la période de la parution exacte de ce
toponyme ni le site qui le portait avant la construction de la ville par les
espagnols. Cependant, il faut reconnaître que les sites appelés «Nador» au Maroc
ne sont pas de basse altitude comme cette ville. Ce qui veut tout simplement
dire ou laisse croire que les espagnoles ont probablement donné le nom d’un
relief plus haut et proche du site où ils ont créé la ville. Dans ce cas, si ce
n’est les hauteurs du Nord- ouest de la ville, ce ne peut être que cette colline
qui devance les montagnes vers la mer et qui s’appelle «Poblao»; Une déformation
du terme «poblado» (village en espagnol) prononcé à l’andalouse. Il se trouve
aussi en fait que l’embryon de Villa Nador- le nom initial de la ville lors de
sa création en 1909-1911- n’était pas loin de Poblao si ce n’est à son pied. Les
premiers quartiers étaient bien entre Mar Chica à l’Est, le Saint patron Sidi
Ali au Nord et Poblao au Nord- ouest.
En s’arrêtant au vieux petit port de Nador au bout du boulevard Zrektouni, on
remarquera facilement des maisons visibles du plus vieux quartier populaire de
la ville sur le versant Est du mont Poblao qui domine la mer (le quartier porte
le nom de la colline). Sur ce versant, les nouvelles constructions n’avancent
pas vers le sommet de la colline mais on voit bien celles du versant Nord qui
s’en approchent. Celles des autres orientations aussi d’ailleurs même si on ne
les voit pas de cet endroit. En fait, c’est le quartier Kaboul qui a poussé à
une vitesse vertigineuse dans les années quatre- vingt dix et qui risque de
dévorer- par le béton- le seul site d’où l’on peut voire toute la ville de Nador
sans s’en éloigner.
Poblao est donc un site d’intérêt paysagiste qu’on pourrait reboiser (surtout le
flanc qui donne sur la mer), rendre accessible par une route et même doter d’un
parking et d’autres équipements comme la table d’orientation par exemple. En
plus c’est peut-être là le site qui s’appelait Nador avant de donner son nom à
la ville et de s’appeler Poblao. Il pourrait donc avoir un intérêt toponymique
et donc également historique. Alors s’il vous plait! Ne construisez pas Poblao...
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