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Quel est l’avenir du patrimoine amazigh?
Par: Lghazi Hsaine
Il est temps de le dire, me
semble-t-il, le 29 février 2000, le ministère de la culture a inauguré le 1er
musée du patrimoine culturel amazigh d’Agadir. Cette œuvre artistique a été
réalisée grâce au travail conjoint d’une équipe de muséographes français et
marocains passionnés par l’histoire et la culture amazighes. Dans le but de
préserver le patrimoine Amazigh au Maroc, une plaque nominative a été mise en
place sous le titre apparent aux visiteurs: «Musée du patrimoine amazigh».
Malheureusement Imazighen qui ont favorablement accueilli avec un grand intérêt
cette honorable initiative ont été récemment surpris en observant que la fameuse
plaque a immédiatement disparu et remplacée par: «Musée municipal». Adieu le
musée du patrimoine amazigh! S’agit-il d’une erreur ou d’une volonté délibérée?
Franchement pour illusionner le peuple amazigh, par un trait de ressemblance, on
a gravé la fameuse sentence de Mr Jean Genet à l’intérieur du musée: «l’agonie
de certains monuments est plus significative encore que leur heure de gloire.
Ils fulgurent avant de s’éteindre».
Si on voit aujourd’hui d’autres musées ouvrir leurs portes, et si pour l’art, la
langue n’est pas un obstacle, il emploi régulièrement une langue sentimentale
universelle pour s’exprimer à un public généralement sans frontières; pourquoi
faire de l’art populaire Amazigh une distinction? Quand on approuve que les
prétendus socialistes, nationalistes et islamistes essayent de nous asphyxier
économiquement, Ils font aussi de leur mieux pour exterminer notre patrimoine,
notre culture, notre art, et notre identité! Ceux qui acculent le mouvement
culturel amazigh à la crise, font causer du tort au visage du pays. Evidemment,
aucun rapport authentique n’a pu être observé entre ces groupes et: le
socialisme, le nationalisme et l’islamisme. Du fait qu’il s’agit de groupes
majoritaires de personnes qui préconisent l’éloignement de l’autre et défendent
leurs propres intérêts communs sur les plans politique, économique, social,
linguistique etc.
Or on ne peut pas exclure Imazighen du socialisme, du nationalisme et de
l’islamisme, car ces doctrines universelles n’appartiennent pas exclusivement
aux arabisés qui les interprètent et les appliquent conformément aux besoins de
leurs intérêts privés. Si on lit dans la presse nationale: «la démocratie
marocaine unique dans le monde arabe», elle est unique du fait qu’elle exclut
l’amazighité de toutes les institutions de l’état! Malheureusement, on en parle
clairement de la répression et de l’atteinte aux droits de l’homme! On dit: «En
sa peau mourra le renard», pour exprimer que l’homme vicieux ne se corrige pas.
Bref, dans le cadre du devoir humanitaire, de la solidarité nationale et de la
transition démocratique que connaît récemment notre pays, les responsables
(technocrates et sympathisants des partis politiques) doivent:
-Respecter et défendre la culture générale acquise par le peuple marocain,
collaborer ensemble pour trouver un instrument politique adéquat et capable
d’apporter une solution efficace aux problèmes économiques, politiques, sociaux
et culturels; garantir les droits fondamentaux et prémunir la société marocaine
contre l’injustice et le désordre.
-Renoncer à la politique de marginalisation discriminatoire et destructive et
opter pour une politique démocratique qui observe équitablement l’intérêt
supérieur du pays.
-Se rendre compte que la mauvaise gestion des affaires des citoyens par la
politique: «socialisme, nationalisme et islamisme » ne fait qu’alourdir le pays
de dettes extérieures et enrichir une minorité pour que plus de la moitié des
marocains reste au dessous du seuil de la pauvreté au début de ce 3eme
millénaire! Loin du discours politique, chercher une méthode efficace pour un
développement global et durable, s’inscrit parmi les priorités les plus
urgentes.
-Dans le cadre de la modernisation démocratique, il faut instaurer
obligatoirement l’égalité entre tous les marocains, toutes les langues et toutes
les cultures et prendre fermement une décision politique visant à généraliser la
scolarisation de la langue tamazight et prendre en considération la répartition
des universités au Maroc. Les régions Amazighophones ne bénéficient guère
équitablement du droit à l’enseignement supérieur!
-Réinstaller immédiatement la plaque nominative qui représente le symbole très
fort de notre identité et notre existence: «Musée du patrimoine amazigh» à
Agadir et abdiquer immédiatement toutes les initiatives fastidieuses. «Rendre à
Cesare ce qui appartient à Cesare» dit-on.
-Mettre pleinement en œuvre les atouts patrimoniaux et culturels, dans le cadre
d’une vision stratégique pour le développement économique et social et
sensibiliser tous les marocains à découvrir le patrimoine et la culture
amazighs.
-Faire preuve de bonne volonté et passer en action fondée sur la rationalisation
et le rendement et accorder un intérêt particulier à notre amazighité
l’importante composante de l’identité de tous les marocains.
-Dans le cadre de la responsabilité de tous, lancer une campagne nationale de
sensibilisation qui vise à vulgariser l’importance de l’enseignement de la
langue tamazight en sa qualité de langue nationale et officielle.
-Savoir surtout qu’Imazighen sont ouverts sur les valeurs de la démocratie
réelle et de la modernité, ils sont hospitaliers et tolérants, ils décident
aujourd’hui à ne plus rester les oubliés de l’histoire, il faut aussitôt qu’ils
s’intègrent davantage au champ politique national, au développement économique
du pays et toutes les autres activités. Et ce, par l’éradication de toute forme
de source de problèmes: la marginalisation et la discrimination. Juridiquement,
dans le cadre de l’application de la démocratie ‘unique’ au Maroc, il faut qu’imazighen
accèdent aux postes de décision politiques et économiques.
En effet, le patrimoine, la culture et la civilisation millénaire amazighs ne
peuvent être condamnés d’un trait de plume à la mort lente. L’identité du Maroc
se définit objectivement par les données historiques et linguistiques, il
devient obligatoire d’abandonner les méthodes caduques qui visent à écarter tout
l’héritage amazigh (patrimoine, culture, langue, civilisation, identité,
histoire et finalement la société amazigh)! Il faut mener des recherches, dans
un esprit d’équipe et de solidarité, pour promouvoir, développer la langue et la
culture amazighes, confectionner un outil pédagogique adapté, œuvrer pour un
développement socio-économique équitable, donner à la langue tamazight le droit
dans nos moyens audio-visuels, l’intégrer dans les nouvelles technologies et
ratifier officiellement la reconnaissance constitutionnelle de l’amazighité du
Maroc sans retard.
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