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Point de vue: la société des masques Par: Ben Hemmou Hassan Est ce qu’une société des masques peut elle se libérer? peut elle progresser dans un contexte d’incertitude, un contexte où chaque élément du groupe présente des visages multiples et variés en fonction de l’intérêt de classe, de région, de clan, de famille, ou tout simplement d’individu? Cet état protéiforme révèle la fragilité de la personnalité chez bon nombre de nos compatriotes, même chez ceux qui prétendent militer dans les rangs du mouvement amazigh. Ce dédoublement de la personnalité est un état pathologique très grave qui risque vraiment d’ébranler les bases d’un mouvement jeune, très jeune et en état de construction, pourquoi?Car le discours qui est l’élément focal permettant de déceler la nature de tel ou tel mouvement est soumis à la censure non pas seulement auto mais exo. Ce, ne peut qu’agrandir l’ambiguïté du discours et faire de notre mouvement une véritable société de masques où chacun n’est qu’une petite marionnette soumise aux diktats des sarrasins seigneurs qui maintiennent tout un peuple mineur sous tutelle depuis la mise en place de l’État jacobin au Maroc post colonial. Cet état de fait est une réalité inéluctable que personne ne peut dénier; car à force que les jeunes militants amazighs du MCA/MEA* essayent d’exprimer un haut discours national et nationaliste très mûr, un discours politique et philosophique mettant l’accent sur le thème de libération politique, économique, socioculturel, identitaire, linguistique, et historique, les forces d’inertie, que représentent certaines associations culturelles amazighes ainsi que des personnes déguisées en militants de la cause amazighe, ne cessent de brouiller «abrid jar midden innurzen tayri n-temuret d midden ixesan, itenadan qqah ghas ticiret isen». Il semble difficile de concilier deux visions opposées: une qui aspire semer les grains du patriotisme, et une autre qui ne voit dans la cause amazighe qu’une occasion pour s’épanouir et jouir des faveurs du makhzen. Comment donc peut on rapprocher des militants politisés qui développent un discours politique national et nationaliste et les tenants d’une vision culturaliste simple et simpliste, une vision très rétrograde tenue par un certain panarabe dénommé Hassan Aourid, par les irkamistes, l’amrek, le mnp… Ce sont les tenants de cette vision fort misérable, ainsi que les autres forces panarabes réactionnaires qui bloquent la libération de notre peuple. Pourquoi? Car cette petite élite berbère makhzénisée qui développe un discours revendicatif très mou ne fait que renforcer les bases de reproduction du makhzen; celui-ci faisant de l’idéologie arabo-baatiste son pilier de base, agit en totale conformité avec les dogmes classiques de l’État omayyade du 7e et 8e siècle de l’ère chrétienne: une monarchie absolue, un pouvoir absolu, le patriarcat, la légitimation divine du pouvoir, l’intégrisme et le racisme arabe, la paupérisation du peuple, la répression, la tutelle, l’affermissement du caractère arabe du Maroc amazigh, l’exclusion, la marginalisation…Tous ces éléments révèlent que la nature du système politique marocain est inchangeable; la constitution ne fait que légitimer la monarchie absolue; c’est un texte qui n a aucune valeur dans le marché des symboles mobilisés dans le champ politique marocain; la constitution ne change rien en la réalité du système politique marocain car il s’agit d’un texte sans force probante, un texte rédigé par le roi et imposé au peuple marocain. En outre, tous les pseudo partis politiques (groupes de familles et de clans) issus d’un mouvement non national et traître, sont des partis faibles, incapables de changer le régime d’aucun pouce; ce sont des partis réformistes, des partis panarabes qui renforcent les bases d’une société de masques, et l’élite berbère makhzénisée ne fait que consolider les bases de cette société de masques où chacun développe un double visage d’homme hypocrite et insaisissable; ce cafouillage révèle cette faiblesse incongrue chez bon nombre de nos compatriotes. Vladimir Ilitch Oulianov Lénine s’est posé la question focale dans toute l’histoire de l’humanité: Que faire? Que faire avec et pour un mouvement qui semble être déchiqueté par les réseaux du makhzen (voir nos deux articles: non à la violation du sacro saint pacte de timmuzegha + awal ghef l’article militantisme amazigh …in tawiza n° 87 sayyur 2004), un mouvement où chacun exerce la censure sur l’autre empêchant la divulgation du discours national et nationaliste amazigh? Chers frères, l’ère de la revendication est révolue; le mouvement amazigh n’est plus (et ne doit plus être) un mouvement revendicatif qui tend la main au makhzen et aux partis du makhzen pour qu’ils lui octroient un peu de leurs faveurs. Alors cessons nous de revendiquer ou d’établir et formuler des listes de revendications constitutionnelles (la constitutionnalisation de la langue tamazighet) car ce ne changera rien en la situation de tamazighet dans un pays d’obédience panarabe, où le régime panarabe, qui fonctionne en dehors des dispositions de la constitution, fait de l’arabisation forcée l’arme féroce pour détruire notre identité amazighe et africaine… Chers frères, le mouvement amazigh est d’ores et déjà une force sociopolitique, une force idéologique et philosophique, une force de changement radical qui s’inscrit dans la continuité historique, et du mouvement de résistance national (armée de libération nationale), et dans la lignée de l’esprit de résistance qui structure l’action et la pensée de nos ancêtres amazighs depuis la nuit des temps. Le mouvement amazigh doit être un mouvement d’action et non plus de revendication, doit être une force de pression capable de remettre en cause les choses en sa faveur; c’est ainsi que les étudiants amazighs tentent de fédérer toutes les composantes de ce mouvement national (les laïques, les islamistes, les marxistes) dans le cadre d’un front national unifié FNU; un mouvement de libération et de changement, et non plus un mouvement revendicatif, car il a un projet de société, un projet sociopolitique, économique et culturel qu’il tend réaliser tôt ou tard; c’est ainsi que toute les forces vives du mouvement national amazigh marocain doivent fédérer et conjuguer leurs efforts pour la mise en place du front national unifié; tous les sites universitaires: Oujda, Fès, Mekhnès, Taza, Tanger, Tétouan, Kenitra, Rabat, Casablanca, Marrakech, Agadir, Imetgheren, Beni Mellal… sont invités à participer à la réalisation de ce tournant historique dans le processus d’évolution du MEA / MCA, afin de rompre avec la société de masques que développe un mouvement associatif à caractère revendicatif. Chers frères, le projet nationaliste amazigh doit porter non pas sur de simples revendications nulles, victimes d’une réaction nulle, émanant de nuls dans une société de décoration, d’hypocrisie et de malveillance – d’ailleurs, l’émergence du mouvement amazigh n’a-t- elle pas suscité des réactions nulles et pathologiques, irrationnelles et très hâtives de la part de ceux et celles qui développent encore cette schizophrénie maladive à l’égard du militant amazigh et du discours lui même- mais sur des objectifs à réaliser: 1-la consécration de l’identité amazighe et africaine du Maroc; 2-la mise en place d’une assemblée nationale constituante pour élaborer une constitution démocratique pour le Maroc de demain; 3- l’organisation administrative du pays sous forme d’un État fédéral composé de zones fédérées autonomes mettant fin à l’État jacobin centralisé; 4- la séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire; 5- consacrer la coutume amazighe comme source de Droit à côté de l’islam et du Droit international; 6- l’établissement d’un régime parlementaire à l’image du modèle espagnol et britannique où la monarchie n’a qu’un caractère symbolique et où le premier ministre est choisi directement par le congrès national (le parlement) pour une durée de trois ans; 7- la consécration de tamazighet comme langue officielle du Maroc; 8- rompre avec l’idéologie panarabe avec le retrait du Maroc de l’organisation raciste dite la ligue arabe; 9- la répartition des ressources politiques, économiques et socioculturelles entre toutes les régions du Maroc; 10- déposséder les grands féodaux de l’État de tous les biens spoliés au peuple; 11- équiper le pays en infrastructures nécessaire pour son développement socioéconomique: routes, autoroutes, chemin de fer, ports, aéroports… pour décloisonner les régions amazighes (le rif, le haut-moyen et anti atlas, l’oriental… ; 12- œuvrer pour la libération de tous les territoires marocains encore occupés par la puissance coloniale espagnole: Ceuta, Melila, les îles méditerranéennes… et adresser un message sévère au régime fasciste algérien de cesser de porter atteinte à l’intégrité territoriale du Maroc et en l’occurrence sa volonté de créer un État panarabe fantôme dans le Sahara marocain; 13- œuvrer pour la construction de la fédération de Tamazegha englobant le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, la Libye, la Mauritanie, le pays touareg et les îles Canaries; 14- renforcer les liens de coopération avec nos frères africains et nos voisins et cousins européens. Tels sont quelques éléments de la nouvelle pensée amazighe développée dans le cadre estudiantin marocain, et qui s’inscrit en totale rupture avec le discours revendicatif dépassé et archaïque, car stérile qu’il soit, ce discours ne peut que freiner le processus d’évolution historique du mouvement amazigh marocain; toutes les composantes du mouvement doivent soutenir le projet nationaliste estudiantin visant à réunifier imazighen dans un bloc portant le nom du FRONT NATIONAL UNIFIE: FNU, seule force capable de mener la lutte pour réaliser le projet nationaliste amazigh, projet qui intègre non seulement la cause amazighe dans toutes ses dimensions politiques, économiques et socioculturelles, mais toutes les causes du peuple marocain pour sa future libération totale, non seulement du joug de l’absolutisme, mais aussi du sous développement, de l’exploitation… alors cessons nous de revendiquer et agissons nous de façon énergétique pour changer cette réalité amère que consacrent ceux qui nous gouvernent et qui veulent que le Maroc soit comme ça: un pays sous développé dont les richesses sont dilapidées par une petite minorité de rongeurs au service, et de l’idéologie fasciste panarabe, et du capital étranger. *MEA :mouvement estudiantin amazigh ou MCA :mouvement culturel amazigh (juillet 2004 Ben Hemmou Hassan, militant du MEA /MCA)
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