Numéro  54, 

  (Octobre  2001)

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Quelle découverte avait fait un prix Nobel, lorsqu'il est Berbère ?

Par: Aïcha Aït-Hammou

Dans un petit texte, publié dans le journal Al-Bayane du 08/08/01, qui n'est pourtant pas dénué d'un certain sens de l'humour mordant, ce que l'on appelle habituellement le «sarcasme» chez les gens dépourvus d'autres moyens leur permettant d'exprimer leurs émotions belliqueuses, et écrit par un dénommé Hachem dont l'anonymat traduit bien un courage exceptionnel qui n'est même pas digne d'un “asnous”, comme il le dit lui-même.

En dehors de son 'humour', je n'ai retenu de son texte, qui aborde la question de l'apprentissage des langues dans le pays et qui critique en particulier un acteur de l'amazighité soutenant que l'apprentissage de la langue arabe classique, qui est une langue morte en passant, est un gaspillage économique, je n'ai retenu, disais-je, pour le résumer, qu'une seule idée: L'apprentissage de l'arabe classique permet à vos enfants de «décrocher le prix Nobel de physique ou de chimie.»

L'idée n'est pas bête du tout, surtout lorsqu'elle est exprimée par un prix Nobel berbère qui n'a retenu de ses origines que le nom de sa tribu: Aït Ouaridouchan et un petit lexique lui permettant tout juste de l'insulter, comme par exemple: Asnous, ifili, berbéritude, turpitude. Ce dernier mot n'est pas en fait berbère, il a du l'emprunter au grec (turpidus) pour nous peigner l'image qu'il se faisait de lui-même lorsqu'il n'était pas encore capable de s'acheter Idouchan (chaussures) dont il est question ci-dessus.

Finalement, une fois qu'il avait décroché «le prix Nobel de physique ou de chimie» en lisant la poésie de Mahmud Darwich et la prose de Taha Hussein, en arabe classique et dans les textes, il est tout à fait normal qu'il ait désormais de quoi s'acheter Idouchan, et qu'il n'a plus besoin d'appartenir à Aït Ouaridouchan.

Par conséquent, un Berbère métamorphosé, ayant oublié ses origines, et qui décroche «le prix Nobel de physique ou de chimie», en lisant Taha Hussein et Mahmud Darwich dans les textes, a découvert qu'il est 'chaussé' et qu'il n'a plus besoin d'appartenir à sa tribu, et c'est déjà, croyez-moi, un énorme progrès en physique et en chimie en attendant que ses petits enfants, chaussés cette fois dès leur naissance, nous fassent des découvertes plus spectaculaires en informatique et en électronique digitale, en lisant cette fois la grammaire de Sibawayh et la rhétorique d'Abu-Nuwwas, dans les textes bien évidemment.

Aïcha Aït-Hammou

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