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Hassan Banhakeia vient de publier un roman intitulé “Le Maure errant” Le Maure errant, titre qui parodie une expression universelle connue, comporte deux termes, deux signifiants essentiels. Le premier renvoie à un espace, celui du Maghreb; le second à l'Histoire, à une fatalité, au destin erratique des hommes de la région. Cette région, c'est “le pays de zinc”, c'est le village rifain de “B.S” situé dans les contreforts d'une contrée montagneuse âpre et poussiéreuse où les laissés-pour-compte affrontent seuls les aléas du temps et les caprices du ciel. Le drame commence lorsque le Maure errant Sembratiri, littéralement l'homme sans ombre, décide de traverser clandestinement “la mer Tyrannie” pour rejoindre l'autre rive, le pays mirifique de “la civilisation” dite “Excil”. Le lecteur suivra alors les longues et douloureuses pérégrinations de ce jeune désœuvré doublement exclu, doublement humilié et persécuté. A travers les péripéties de cet interminable voyage au bout de l'enfer, le récit nous introduit dans les ghettos amers de “S.B” où sont relégués les “clandestins” déracinés, cernés par la haine, le gel, le mépris et les persécutions consécutives. Le récit de Banhakeia est d'une facture particulière. Tant par son style limpide et son architecture romanesque moderne, que par sa composition poétique et imagée, ce roman nous agrippe et nous émeut. A travers un témoignage nouveau, il nous fait adhérer à la voix spécifique et solitaire de son auteur, une voix inattendue venue des recoins les plus oubliés du Rif, un murmure amer qui s'évertue à nous dessiller les yeux et le cœur sur les problèmes les plus aigus et les plus scandaleux de notre temps. A. TORBI |
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