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Le manifeste amazigh: Bilan et perspectives Par: Demnati Meryam, du Comité du Manifeste Amazigh La langue et la culture Amazighes traversent une situation critique de leur histoire. L'Amazigh n'est toujours pas reconnu langue officielle et nationale et l'Amazighité du Maroc complètement niée face à une pseudo-identité arabo-islamique. Le pouvoir s'enferme dans une attitude qui, officieusement, accepte la pluralité mais fait preuve d'aveuglement volontaire et d'un mépris total vis-à-vis de notre culture. Il n'a toujours pas perdu l'espoir de construire un état-nation arabe pour effacer les forces amazighes “menaçantes”. D'aucuns y voient même un danger réel et n'hésite pas à brandir le spectre "Nazi" ou séparatiste qui met en danger l'unité nationale autour de l'arabité indiscutable du Maroc. Les plus modérés de ces panarabistes chevronnés envisagent malgré eux une reconnaissance partielle de la question amazighe en nous proposant une "ouverture" humiliante dans l'enseignement et une "chambre de bonne" dans les médias ...on retarde au maximum l'échéance. Face à cette situation, dès les années soixante, les associations amazighes n'ont cessé de se multiplier, jusqu'à devenir un véritable mouvement amazigh de plus en plus fort et étendu sur tout le Maroc. Ce mouvement amazigh est constitué d'associations culturelles, artistiques, étudiantes, de développement qui ont acquis une grande audience malgré le peu de moyens dont elles disposent. Recherches scientifiques, journaux, revues, séminaires, conférences-débat foisonnent sur tout le territoire. La question amazighe n'est plus alors qu'une préoccupation linguistique intellectuelle, mais une question identitaire existentielle face à la machine assimilatrice de plus en plus sophistiquée des arabo-exterminateurs. تtre Amazigh aujourd'hui, ne se limite plus à la langue et à la culture, mais à une identité Amazighe fondée sur l'histoire d'une grande civilisation plusieurs fois millénaire. Il est devenu clair que les Amazighs ne renonceront jamais à leur Amazighité, même si les panarabistes comptent sur le temps pour "assimiler" la majeure partie de la population. L'évolution de la Question Amazighe étant intimement liée aux tourments de la vie politique marocaine, le “Manifeste relatif à la nécessité d'une reconnaissance officielle de l'Amazighité" élaboré par un collectif d'intellectuels Amazighs est né dans la lucidité, pour soutenir l'action menée par les associations amazighes, mais aussi pour tirer la sonnette d'alarme et attirer l'attention de l'opinion publique et du gouvernement sur la gravité du problème. La question de l'Amazighité du Maroc relève de grandes questions politiques auxquelles la société se doit de trouver une réponse équitable et urgente pour la construction d'une société équilibrée et moderne.... ...L'Amazighité, victime d'un véritable déni, a toujours été frustrée de tous ses droits légitimes. Le Manifeste Amazigh du 1er Mars, et après lui le Rassemblement des signataires à Bouznika, ont suscité polémique mais ont surtout permis un débat élargi dans la Presse marocaine et les médias. Un débat houleux, même si "les décideurs” se cantonnent dans leurs positions d'“hostilité contenue" à l'égard des revendications amazighes et continuent à faire mine de nous ignorer. Pourront-ils faire la politique de l'autruche éternellement ???? Le comité du Manifeste Amazigh, élu à Bouznika par les signataires du Manifeste, a veillé et veillera à ce que le débat soit de plus en plus élargi et s'est donné comme tâche de le faire avancer. La diffusion du Manifeste et sa vulgarisation ont continué, mais il s'agit principalement de réfléchir sur les perspectives d'avenir possibles. Une conférence de Presse a été donné à cet effet le mois de Septembre à la salle Bahnini. La presse panarabiste a essayé de boycotté cette activité en brillant par son absence ou en gardant le silence malgré sa présence. La question Amazighe leur fait-elle peur à ce point-là? Ou ont-ils reçu les consignes habituelles d'"ignorer royalement" nos revendications oh combien légitimes!!!!! Le comité du Manifeste Amazigh s'est acquitté de sa tâche et a répondu à toutes les questions notamment sur la création d'un parti politique Amazigh... Il n'a pas exclu cette possibilité et a laissé planer cette menace au-dessus des têtes partisanes venues prendre le pouls du mouvement amazigh. Le comité a rappelé la gravité de la situation qui met en danger la pérennité de la langue et de la culture amazighes; gravité qui peut engendrer un mécontentement radical des amazighs. Le comité du Manifeste Amazigh s'est alors engagé à faire une tournée nationale pour relancer le débat et permettre une réflexion commune sur les perspectives d'avenir: Agadir, Nador, Elhoceima, Meknès/Fès, Errachidia/Goulmima, Marrakech/Demnate, Casablanca le 25 Mars, Tanger en Avril ... Sur tout le territoire, le débat fut passionné et fructueux. Selon la synthèse du comité amazigh sur ces différentes rencontres, deux alternatives (grosso modo) s'opposent dans le mouvement amazigh: La première qui propose de faire pression sur le pouvoir tout en continuant à militer dans le cadre des associations culturelles amazighes. La deuxième qui se montre de plus en plus au grand jour, opte pour franchir le pas et passer dans le sens d'une politisation de la question amazighe: Association politique ou parti politique amazigh, sont les deux propositions qui ressortent de l'ensemble des débats. De quoi alimenter La Rencontre de Bouznika II qui aura lieu en Fin Juin 2001!!!!! Nous nous devons toutefois d'être vigilants au maximum et approfondir notre réflexion: l'excès d'enthousiasme et la précipitation portent toujours en eux des germes du désordre..... “ceux parmi nous à qui revient la charge de nous tracer la voie du futur devraient bannir de leur champs de réflexion: haine, rancoeur, petits calculs et autres chimères idéologiques ou intérêts personnels”. ( Le Manifeste Amazigh 1er Mars 2000) Le débat doit continuer dans un climat démocratique et sans ambiguïté. Jusqu'à présent aucun écho favorable n'a été enregistré quant à nos revendications, notre devoir de réfléchir profondément à la question et de trancher pour une voie juste et efficace qui mettrait fin à un "ethnocide programmé". Demnati Meryam, pour le Comité du Manifeste Amazigh, Marrakech Février 2001 |
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