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1912 – 1930 ou les revirements de l’histoire amazighe
Par : Anarouz SAADANI - Khénifra
La première moitié du XX ème siècle est pour imazighns une période clé de leur histoire. C’est à cette époque que leur destin a été scellé par des puissances occidentales, notamment la France. Pour en arriver là, le territoire et le peuple amazigh ont fait, pendant le XIX ème siècle objet d’exploration minutieuse et d’étude approfondie par des éclaireurs coloniaux. De part l’immensité de son territoire, son importance démographique et ses qualités guerrières, le peuple amazigh était un bloc irréductible. Cependant, face à l’envergure de l’entreprise coloniale soutenue de façon indéfectible par ses protégés avec lesquels elle a signé un traité de protectorat en mars 1912, la résistance amazighe est mise à mal, sa terre est spoliée, ses structures sociales, économiques, politiques et culturelles ont été anéanties. Après avoir accompli sa mission génocidaire, la France devait préparer son départ tout en assurant la pérennité de sa domination et de ses intérêts. C’est sur les ruines de l’existence amazighe que va prendre place un nouveau système contraignant le Maroc à suivre la marche occidentale et le rythme du capitalisme avide et concupiscent. Pour masquer la barbarie et la monstruosité de la présence française sur le territoire amazigh et pour éviter d’être rattrapé par l’histoire, la France a promulgué le dahir de 1930 et a institué tamazight dans quelques établissements scolaires et en contrepartie, elle a instauré un Etat arabe et a procédé à une théâtralisation spectaculaire pour faire croire que les nouveaux dirigeants, signataires d’Aix-les-Bains et consorts étaient de fervents opposant à la France et des défenseurs authentiques du peuple. Aujourd’hui, dans deux ans seulement, un siècle sera déjà écoulé après l’intervention brutale de la France au Maroc qui traîne derrière elle un sillage de crimes de guerre et de détresse humaine. Cet événement nous interpelle et nous incite à mener une réflexion collective sur les significations profondes de cette date qui est la source du marasme existentiel dans lequel se morfondent imazighns aujourd’hui. Cette réflexion doit porter sur ce qui s’est passé, sur les responsabilités historiques de la France et sur les actions futures. Notre présent est l’aboutissement de ce processus qui remonte à 1912. On ne peut pas comprendre notre présent sans une compréhension profonde de 1912, 1930 et autres dates charnières de notre histoire.
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