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  (Janvier  2010)

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Fulgence de Ruspe: du mythographe virgilien au fidèle augustinien

Par: Hassan Banhakeia (Univesité de Nador)

 

«je prie pour que celui de qui j’ai reçu le peu que je sais m’enseigne beaucoup plus de choses encore que je ne sais pas» (fulgence de ruspe)

au vie siècle, l’afrique du nord tombe sous la domination des vandales germaniques. fulgence de ruspe est contemporain à ces changements dramatiques de la chrétienté latine, vivant dans sa peau cet «anomalous chapter in the history of north africa.» (1) la prise de carthage en 439 marque profondément l’histoire amazighe, et les maures mènent sous forme de sursaut africaniste (nationaliste), à partir de 484, des batailles contre l’empire, et une telle résistance dure jusqu’aux byzantins. la présence vandale va être fatale pour les chrétiens africains, fidèles à l’empire. si sous genséric, les catholiques vont être persécutés et exécutés, la persécution sous hunneric sera extrême vers 484. (2) fulgence est considéré le dernier auteur amazigh chrétien, vivant sous la domination romaine.

comment fulgence nous rapporte-t-il ces faits tragiques relatifs à l’histoire de tamazgha? ses écrits se réfèrent brièvement à ces moments historiques, mais tout en y développant une vision double, voire contradictoire, allant du mythographique à l’historique. adepte et commentateur de la pensée virgilienne, fulgence va embrasser, à la fin de sa vie, la voie augustinienne. il appartient à une riche famille aristocrate, alliée traditionnellement des romains. son grand-père est un sénateur de carthage, et à la suite de l’invasion vandale le roi genséric l’exproprie et l’expulse en italie. (3) ces remous politiques vont marquer non seulement le cours de sa vie, mais surtout ses propres convictions. sa vie mondaine va laisser la place à une vie monastique particulière dans l’histoire littéraire amazighe.

diverses questions sur l’identité intellectuelle de fulgence demeurent insolubles: comment s’est-il fait le parcours intellectuel particulier de l’écrivain africain? est-il ce mythographe qui se plaît à déconstruire les allégories textuelles des anciens? est-il justement ce théologien qui approfondit et répand la pensée augustinienne?

i.- les deux fulgence

dévoiler l’identité de fulgence est un exercice difficile. notons de prime abord que le nom de ruspe pose problème dans l’histoire chrétienne, l’auteur est parfois confondu avec d’autres chrétiens, portant le nom du toponyme ruspe, petite ville de byzacène. (4) dans la littérature africaine, il y a d’un côté fabius claudius gordianus fulgence, et de l’autre fabius planciades fulgence (connu sous le nom de «mythographe»).(5) «fulgence de ruspe et planciade fulgence sont donc deux personnages distincts, peut-être apparentés. on gardera pour le second la datation proposée plus haut: seconde moitié du ve siècle et premier tiers du vie.» (6) cette datation pose effectivement problème, et l’hypothèse d’un mythographe célèbre qui choisit, à notre avis, tout au long de son parcours intellectuel, de défendre enfin jésus de la menace hérétique arienne, nous paraît plausible.

certes, nombreux sont les historiens qui croient qu’il n’existe qu’un seul fulgence: a. molanus, r. helm, o. friebel, p. langlois… quelle est l’importance de fulgence le mythographe à être étudié sans qu’il ne soit identifié avec fulgence le pseudo-agustinien? il y a continuum dans cette pensée africaine, confrontée au dilemme identitaire propre, qui connaît des ‘remous’ allant du paganisme au christianisme. fulgence n’échappe point à une telle situation de conversion «collective»…

les écrits du premier fulgence sont utiles aux écrivains du moyen age pour prouver l’interprétation allégorique chrétienne des poètes antiques. quant à fulgence l’augustinien, il est à rattacher à la controverse avec les ariens africains, et précisément aux douloureux événements historiques: les imazighen tiraillés entre vandales et romains, par conséquent éternellement divisés pour faire la guerre d’un camp ou de l’autre. autrement dit, le lecteur des deux œuvres (de fulgence) peut imaginer la distinction: il découvre un auteur «fantaisiste» hanté par les mythes qui va se convertir en un auteur rigoriste, suivant les enseignements d’augustin. ainsi, cette même guerre a lieu dans les pensées de l’écrivain…

ce sont bien les éditeurs qui vont être à l’origine de cette existence des deux fulgence. nous lisons: «dès la fin du xvi siècle, les éditeurs et historiens ecclésiastiques jugent les œuvres profanes de fulgence indignes d’un évêque et refusent de les publier avec ses traités de théologie, bref dissocient résolument les deux fulgence (…), l’expositio virginlianae continentiae tombe dans un certain oubli qui épargna les mitologiae, n’étant plus mentionnée que par quelques érudits.» (7) la postérité d’une telle œuvre hétérogène va non plus faire connaître la pensée complexe de l’écrivain africain, mais plutôt la rendre moins accessible vu les oppositions qu’elle renferme. l’on dit alors qu’il est le premier chrétien à «lire» profondément virgile ; aussi intéressant est-il de rappeler qu’il confectionne une approche du texte littéraire.

auteur méconnu, portant tantôt le prénom de fabius planciades duquel les seules informations qui nous sont parvenues sont de ses textes (mitologiae, expositio virginlianae continentiae, expositio sermonum antiquorum et de aetatibus mundi et hominis), (8) tantôt un auteur de plusieurs textes anti-ariens. une excellente introduction d’etienne wolff à virgile dévoilé de fulgence pose le problème de confusion entre fulgence de ruspe (connu par le mythographe) avec un autre auteur africain portant le même nom, exégète du texte biblique. ce qui rend la distinction difficile à défendre, du fait que les deux écrivains africains sont de confession catholique, usant d’un vocabulaire propre des auteurs chrétiens amazighs…

précisément, les deux dits fulgence sont de naissance africains. ils reçoivent une éducation locale païenne, «in a region which was at that time still rich in the classical tradition. fulgentius, in his short works, displays a series of uniform interests, totally centred on the philosophical-allegorical interpretation of the classics». (9) ils lisent les écrivains africains, (10) en plus d’aristophane, homère, virgile, cicéron et d’autres écrivains classiques. sur le plan critique, le premier met au point une approche du texte virgilien. sur le plan théologique, le second va continuer la vulgarisation de l’héritage augustinien: il apparaît comme le disciple le plus fidèle.(11) c’est pourquoi on le nomme «augustinus abreviatus»: «sa doctrine sur la grâce est celle de s.-augustin, et qu’autant qu’il le peut, il se rapproche de son style.» (12) cette imitation est alors totale. les adversaires de fulgence sont notamment les ariens qui nient la divinité du sauveur, s’inspirant amplement de la confrontation de l’auteur des confessions avec les hérétiques et les schismatiques. ainsi ils peuvent former deux étapes différentes d’un même écrivain.

de fulgence l’écrivain bossuet aura une idée positive, tout en soulignant sa place contestée: «mais pourquoi dire de saint fulgence, l’un des plus solides et des plus graves théologiens que nous ayons, «qu’il aimait les questions épineuses et scolastiques?» comme s’il s’y était jeté sans nécessité ; à quoi il ajoute ce petit trait de ridicule pour saint fulgence, «qu’il donnait quelquefois dans le mystique.» il ne veut pas que rien ne lui échappe, ni qu’aucun père sorte de ses mains sans égratignures.» (13) l’héritage de fulgence, en s’inscrivant profusément dans la tradition catholique, va être récupéré par des auteurs classiques occidentaux.

qui est-il au fait cet africain qui, à l’encontre de ses compatriotes donatistes et ariens, s’accroche à défendre la grandeur et l’universalité du christianisme?

ii.- fulgence le paien

né à thelepte (byzacène) en 462, fulgence est mort en 533. (14) il perd durant sa jeunesse son père. il revient alors à la mère, marianne, le rôle de l’élever avec son jeune frère, leur enseignant le grec et le latin. ayant de bons précepteurs, fulgence va alors exceller dans la langue hellénique. il parle et écrit, d’après ses textes, le libyen (tamazight), le grec, le latin et le pamphylien. qu’en est-il de ses textes amazighs?

une fois majeur, il dirige les affaires de la famille où il remporte des succès, acquérant ainsi un grand respect. ensuite, il obtient le poste d’employé civil du gouvernement de rome, comme procurateur de byzance. sa jeunesse est agitée. «incongruous though it may sound, the youth was able to lead a carefree life of festive banquets, theater parties, and hunts with other rich young blades, some of whom were vandals.» (15) la comparaison avec la jeunesse de l’auteur des confessions s’avère intéressante...

dans ses premiers textes, l’auteur africain insère des marques autobiographiques. ainsi, «après avoir indiqué dans l’expositio virgilianae continentiae qu’il n’était pas romain (86, 10-11), fulgence déclare dans le de aetatibus mundi et hominis qu’il parle libyen (131, 5-14), et plusieurs passages de son texte sont de tonalité anti-romaine (167-170 ; peut-être fulgence adopte-t-il simplement ici le point de vue des chrétiens à l’égard du développement de la puissance romaine, ou flatte-t-il indirectement le pouvoir vandale).»(16) cette hésitation «politique», qui est manifeste dans ses écrits de païen, dit beaucoup de cette querelle «intérieure» vécu par l’africain: ou bien s’allier au vandale pour éradiquer la présence romaine, ou bien s’attacher à la tradition romaine face à une culture «barbare» qui commence à envahir l’afrique.

dans mitologiae, l’auteur se réfère aux incursions des maures (5, 7-13 et 6, 1-3). autant il est vu comme un grammairien, autant un «amateur cultivé».(17) d’après ses textes mitologiae (3, 10-13) et l’expositio virgilianae continentiae (91, 21-92, 6), l’auteur se réfère à ses propres textes poétiques. il écrit des poèmes satiriques et des épigrammes. il est l’auteur d’un texte de physiologie intitulé fisiologus (physiologus) où il discute la philosophie naturelle. l’auteur confesse son christianisme dans ses textes. d’ailleurs, il «dédie ses interprétations allégoriques respectivement à un prêtre de carthage (les mitologiae) et à un diacre (l’expositio virgilianae continentiae)».(18) ces dédicaces montrent, par anticipation, sa préparation spirituelle latente à embrasser la voie de jésus.

durant cette période païenne, fulgence non seulement s’inspire de l’enéide, mais pense qu’il est l’héritier légitime de la pensée virgilienne du fait que «le spectre de virgile lui apparaît et lui révèle qu’il a voulu faire de l’enéide un miroir de la vie humaine»,(19) entreprise que l’auteur amazigh tentera de faire par sa propre œuvre.

iii.- fulgence le pseudo-agustinien

la vie de fulgence, l’exégète de la bible, est «écrite par un auteur contemporain, et attribuée à son diacre ferrand, son disciple. quoiqu’elle se trouve dans plusieurs manuscrits parmi les œuvres de ferrand, il est aujourd’hui reconnu qu’elle n’est point de lui.»(20) cette confusion, accompagnée d’imprécisions, peut expliquer le quiproquo qui a été à la naissance des deux dits fulgence…

conscient des maux de la vie matérielle de par son travail de «receveur des deniers publics», (21) découvrant la misère du peuple, il s’arme d’un esprit mystique, et il s’initie aux études religieuses. en effet, d’après les anecdotes, la lecture «d’une page du grand augustin le détourne davantage des hérétiques.» (22) l’impact du sermon augustinien sur la vanité du monde est décisif. cela est à comparer à la conversion du même augustin à la lecture des epîtres de saint paul: «prends, lis» (tolle, lege)…

sur-le-champ fulgence décide de s’engager comme prêtre. a l’âge de vingt-deux ans, il choisit cette vie de moine. mais, son maître faust lui reproche son état fragile: il ne peut résister à la vie austère du monastère. le jeune homme s’entête à poursuivre sa voie, à s’engager sur la voie du christ. a l’insistance du jeune baptisé, l’évêque faust, bien qu’il voie toujours d’un mauvais œil la mauvaise santé de l’amazigh, l’accepte parmi ses serviteurs.

la décision de fulgence rend malade sa mère marianne. cette dernière accuse l’eglise de lui prendre son fils, une telle institution devait protéger les veuves. elle a, par là, une position différente à celle de sainte monique, la mère d’augustin qui accompagne son fils dans la recherche de la foi, à travers les contrées d’afrique et d’europe.

vu l’état de guerre déclenchée entre les romains et les barbares, fulgence quitte le monastère de byzance pour un autre temple. en 499, lors de la persécution arienne, il s’enfuit pour sicca veneria. ses enseignements vont être interdits: il est chalcédonien, et voit précisément jésus dans sa double nature. les ariens, très présents dans la région, vont l’arrêter et le torturer.(23)

a sa libération, fulgence envisage de partir à alexandrie. comme l’egypte est devenue totalement arienne, il change par conséquent de position. il choisit de partir à rome où il quête de la force spirituelle auprès des tombes d’apôtres. puis, il rentre à byzance pour y bâtir un monastère. il y opte pour la claustration, et décline l’offre de siéger dans les évêchés: il a tout simplement peur du roi arien thrasamund (496-523).

fulgence devient enfin évêque de ruspe (henchir-sbia, tunisie). il gagne de la notoriété pour ses vertus et sermons célèbres. «saint fulgence conserva dans l’épiscopat les pratiques de la vie monastique. il ne porta jamais d’habits précieux, et continua ses jeûnes accoutumés. hiver et été, il n’était vêtu que d’une tunique fort pauvre».(24) ensuite, il va être exilé en sardaigne avec une soixantaine d’évêques pour ne pas appuyer les positions ariennes. à cagliari, il change sa propre maison en monastère. il se met à écrire des œuvres religieuses au service des chrétiens africains

en 515, il retourne en afrique. a cette occasion, il compose réponse aux dix objections où il discute l’état du christianisme en afrique, notamment les positions ariennes et chalcédoniennes. le roi thrasamund apprécie la profondeur et la qualité des écrits de l’évêque africain, sans être toutefois convaincu. il lui permet de s’installer à carthage. mais les protestations du clergé arien l’obligent encore à s’exiler en sardaigne en 520.

en 523, à l’intronisation de hilderic, fils de thrasamund, fulgence est toléré à regagner ruspe. il a tantôt la tâche de convertir le peuple à la position chalcédonienne, tantôt celle de purger les chrétiens d’abus et d’hérésies qui se sont accumulés lors de son absence.  

force est de souligner l’obédience totale de fulgence et son sacrifice pour les enseignements de jésus. bien qu’il soit reconnu comme un grand théologien,(25) il se montre humble. l’on raconte qu’à la fin de 524, lors d’un concile à junque (byzacène), «où saint fulgence assista comme évêque de ruspe. un évêque, nommé quod-vult-deus, lui disputa la préséance ; mais tout le concile jugea en sa faveur. saint fulgence ne dit mot pour le moment, pour ne point préjudicier à l’autorité du concile. mais dans le concile qui se tint ensuite à suffète, voyant l’autre évêque affligé de ce jugement, et craignant d’altérer la charité, il supplia publiquement les évêques de placer quod-vult-deus avant lui: ce que les évêques lui accordèrent, en admirant son humilité.»(26) ne pouvait-on rattacher une telle humilité à son origine? ce trait de caractère expliquerait amplement ses thèses théologiques.

certes, l’archevêque boniface de carthage se plaît à entendre les prêches de fulgence: il voit en lui un grand prêcheur durant ces temps où le christianisme africain connaît une deuxième crise provoquée par l’arianisme, après celle du donatisme. l’archevêque entend unir les chrétiens de toute l’afrique, surtout en ces temps de crise interne et de guerre avec les hérétiques et les schismatiques.(27)

a la fin de sa vie, fulgence se retire dans un monastère sur l’île de circinia.

iv.- fulgence le mythographe

maîtrisant la grammaire du grec avant la latine, fulgence latinise les mots grecs en signe d’érudition. par cela, il développe une position particulière: il se montre pédant dans une afrique où le grec était une preuve de culture. il apprend non seulement par cœur l’odyssée et l’iliade, mais parle également dans un grec parfait.(28) seulement, l’œuvre de fulgence, écrite en latin, apparaît le produit d’une érudition, et d’un souci constant des changements historiques et politiques de l’époque. représentant la continuité entre le christianisme et la tradition classique, cette œuvre réussit la réconciliation formelle et idéologique entre ces deux tendances opposées, dans un esprit d’entreprise universelle.

on peut croire, non sans vraisemblance, que le premier fulgence est un païen convaincu. bien qu’il dédie les mitologiae à catus, un prêtre de carthage, il traite des questions païennes. son destinataire est, en effet, la muse calliope. les livres i, ii et iii, qui se basent sur la mythologie olympienne, prétendent expliquer les mythes.(29) l’auteur apparaît stoïcien, néoplatonicien dans ses analyses ; cet éclectisme remet en question les interprétations de la symbolique antique. pourtant, les traces du christianisme sont explicites dans ses interprétations allégoriques. c’est là, probablement, que se trouvent les germes de cette pensée qui va l’emmener à la conversion…

son nom de mythographe vient de ses études des mythes gréco-romains. il y applique soit l’interprétation globale, soit une méthode étymologico-démonstrative. ses interprétations allégoriques sont de «cette forme d’exégèse, bien que fréquente au moyen age, n’a guère touché le mythe de prométhée, et il n’y a, au ve siècle, que fulgence pour donner à cette théorie, une certaine importance.» (30)  il se réfère au mythe d’athéna qui conduit prométhée dans l’olympe pour un don utile, mais prométhée va dérober la flamme, et cela va l’amener à être condamné sur le caucase…

en fait, ses récits «mythiques», en plus de longs, sont intéressants à étudier dans leur reproduction littéraire: fulgence en fait également un usage de créateur. rappelons quand même que les auteurs chrétiens s’opposent à la mythologie, mais sans pouvoir la bannir totalement de leurs écrits: le texte biblique se réfère au mythique… ainsi fulgence fait-il exception, et un dédoublement de cet intellectuel s’avère probable. si le premier fulgence devait confesser ses péchés dans une confession, ce serait un tel intérêt «académique» pour la mythologie.

dans l’exemple du mythe de psyché développé et récrit par apulée dans l’ane d’or, fulgence considère les parents de psyché (roi et reine) les représentants de dieu et de la matière. «psyche and her adventures symbolize the soul, while the other two sisters stand for the flesh and free will. that psyche is the most beautiful of the daughters means that the soul is superior to the flesh and free will. he interprets aphrodite as lust, which envies the soul and sends desire (eros or the roman cupid) to ruin her. eros himself is both good and evil desire and in this case falls in love with the soul rather than trying to seduce it.»(31) cette interprétation a une profondeur plus ou moins chrétienne, elle se base sur les péchés et les vertus, le physique et le métaphysique, la divinité...

l’auteur africain va un peu plus loin: «when eros tells psyche not to look at him, fulgentius understands this to mean that psyche should not yield to the attractions of desire by giving in to the advice of her sisters, that is, to the flesh and the will in order to gratify her curiosity. according to fulgentius, the light shed on eros discloses the desire in the soul and the lamp oil that injures eros indicates how desires burn in the soul and leave behind a stain of sin.» (32) une telle explication n’est avancée que pour inviter le lecteur à approfondir la réflexion autour de la chrétienté – se trouvant partout, même dans la littérature païenne.

dans l’expositio virgilianae continentiae, l’auteur non seulement cite virgile, mais le rencontre dans pour qu’il lui explicite l’œuvre de l’enéide. par «continentiae» il entend le contenu ; et par «expositio» l’explication détaillée. le texte s’ouvre sur un prologue qui se construit sur la dédicace au destinataire (83,1), la justification et la définition du projet (83, 1-85, 4), l’invocation versifiée aux muses (85, 5-11), l’apparition du poète (85, 11-16), la délimitation du sujet du dialogue (85,17-86,19). de même, l’interprétation «de chacun des livres de l’enéide est précédée d’une sorte d’explication générale de l’œuvre». (33) en esthète fin, fulgence commente les vers dans leur double fonctionnement, s’attardant sur la déconstruction des allégories dans leur forme et leur contenu.

l’expositio virgilianae continentaie n’est pas une explication linéaire des vers de l’enéide, mais il «exclut les remarques grammaticales et propose de l’épopée une interprétation allégorique globale.»(34) l’auteur organise l’explication sous forme d’un système clos construit d’allégories infinies. (35) il y avance également qu’enée incarne l’humanité. (36) cette explication se base sur les concepts de la nature, la science, le bonheur, l’existence, l’éthique, l’intelligence, le corps… cette démarche allégorico-philosophique, visant l’analyse d’un texte poétique, a une grande influence sur les études au moyen age.

notons que durant cette étape païenne, fulgence s’intéresse davantage au lexique. il tente d’expliquer dans l’expositio sermonum antiquorum soixante deux mots latins peu usités, en se basant sur des auteurs comme apulée, plaute, pétrone, martiaus capella, démosthène… la fonction de ce lexique est indéfinie. comment expliquer alors un tel intérêt pour la langue latine chez cet auteur étranger qui excelle dans l’usage de mots rares et d’hapax? les chercheurs y voient un intérêt «fantaisiste» du fait que l’explication proposée tient plus de l’imaginaire que de la réalité de la langue. (37) l’auteur africain, bien que maître en grammaire, délaisse le linguistique pour s’aventurer dans l’au-delà, autrement dit l’implicite et le symbolique, de la langue de virgile.

quant à de aetatibus mundi et hominis, il se compose de quatorze chapitres qui commentent l’histoire de l’humanité, depuis la nuit des temps jusqu’au iv siècle. la bible, la vie de jésus, alexandre le grand et les républiques de rome sont les différents sujets traités. l’auteur y apparaît anti-romain, ce qui va renforcer son appartenance africaine. le jeu sur le «lipogrammatique» est employé dans ce texte: dans chacun des chapitres, l’auteur fait disparaître une lettre de l’alphabet.(38) de tels procédés rhétoriques sont uniques dans la littérature antique.

ce qu’on a, hélas, perdu de l’œuvre du premier fulgence, c’est un ensemble de notes sur l’œuvre de martianus capella, et des poèmes écrits par l’auteur lors de sa jeunesse.

v.- fulgence le theologien

ce fulgence apparaît comme un auteur aîné, développant une pensée à la fois hétérogène vu sa grande culture gréco-latine, et un art d’expliciter les textes augustiniens. il imite, pour le comble, l’écriture de saint augustin, notamment ses vers.(39) cette deuxième étape de la vie de l’intellectuel africain est nettement précisée, déterminé par les manuels d’histoire.

les écrits théologiques de fulgence «are more variegated than those of many of his contemporaries. they fall into three categories: a series of trinitarian polemics addressed to the vandal king trasimund and other prominent arian leaders; a series of works defending augustine’s doctrine of predestination, grace, and free will against the pelagians; and a series of short treatises on episcopal administration and individual moral problems, and his letters. throughout his oeuvre fulgentius sees the vindication of augustinian orthodoxy as his mission. his references of stoicism, none of which are express, are largely unrelated to this goal, and they rarely replicate either the emphasis or the profundity of his esteemed model. » (40) de cette œuvre l’on garde des traités, des lettres et huit sermons. d’après la biographie de ferrand, les écrits de l’auteur africain sont abondants. (41) ils s’engagent en général contre l’arianisme et le pélagianisme.

qu’est-il de sa pensée propre dans cette dialectique constante entre paganisme et christianisme? fulgence est lecteur d’augustin, il ne fait que recommander fortement les œuvres de l’évêque d’hippone aux chrétiens. en les exposant, après simplification et vulgarisation, il emprunte d’autres outils à d’autres philosophes. précisément, «fulgentius subordinates asceticism to the positive spiritual values which the nun should embody and the sincerity and conviction that should irradiate her outward expression of them, a note that harmonizes the stoics’ moral emphasis on inner intentionality with a sensitive appreciation of the christian monastic calling.» (42) sa vision demeure fondamentalement augustinienne.(43)

la foi chrétienne, en tant que don divin, satisfait l’âme du croyant. de même, son livre de fide, une description sur la foi, adressée à quelqu’un nommé pierre qui part en pèlerinage dans l’orient schismatique.

conrètemetn, écrite lors de son séjour en sardaigne, la trilogie ad monimum est une défense des thèses augustiniennes. elle s’adresse à un ami pour discuter les écrits de saint augustin, notamment les pensées du mal et du bien, de la prédestination divine, de l’oblation du sacrifice de jésus à son père… il y répond également à quelques objections des ariens.

a l’instar d’augustin, les textes de fulgence sont des missives adressées aux mécréants. contra arianos liber unus, il est la réponse de l’auteur amazigh aux dix objections du roi thrasimund. son autre texte ad thrasamundum regem wandalorum libri tres est à lire comme une réfutation des positions ariennes. comment va-t-il défendre les thèses catholiques? il écrit: «elle n’est pas déraisonnable la foi de l’eglise catholique quand elle croit et proclame que le fils est coéternel au père, sachant que nouveau serait tout dieu en qui serait trouvé quelque commencement que ce soit.» (44) sur la complexe question de la trinité, nous avons «si celui-là peut vivifier, qui n’est pas dieu, si celui-là peut sanctifier, qui n’est pas dieu, si celui-là peut habiter dans les fidèles, qui n’est pas dieu, alors on ne peut nier que le saint-esprit soit dieu ; si une créature peut accomplir ces choses qui sont attribuées au saint-esprit, que le saint-esprit soit considéré comme une créature.»  ad thrasamundum regem wandalorum) (45) dans cette œuvre, il apporte généralement des éclairages aux ariens à propos de la médiation du fils, sa divinité, le mystère de sa passion…

vis-à-vis des auteurs schismatiques africains, fulgence a une position antagoniste. il critique tertullien qui avance que dieu et l’âme humaine sont de nature physique. fulgence est vu quand même par ses détracteurs comme un homme de science et de génie. (46)

en conclusion…

force est de noter que fulgence forge une approche littéraire non seulement de l’enéide, mais également de la bible. ces deux commentaires, bien qu’ils soient distincts, disent la vision de l’africain de l’héritage païen et du chrétien – qu’il met dans un même creuset.

fulgence pose aussi le problème de la reconnaissance des textes par le même auteur. par la conversion, les auteurs chrétiens ne reconnaissent plus leurs œuvres «de fantaisie païenne», et l’identification s’avère alors problématique. l’auteur exerce de l’autodestruction intellectuelle par le fait de ne pas s’identifier en tant qu’auteur d’un texte par souci idéologique. cette idée doit être posée, voire multipliée, dans le cas de plusieurs auteurs amazighs, mais nous allons nous satisfaire d’une seule: que reste-t-il des œuvres «obscures» d’augustin païen?

enfin, la quête de la vérité chez fulgence commence par le mythique pour finir dans l’univers mystique, en passant par la fiction poétique et l’interprétation-exégèse du texte «littéraire». il n’y a point de texte inaccessible, mais une interprétation globale s’en dégage.

notes:

(1) andrew h. merrills, “vandals, romans and berbers: understanding late antique north africa”, in andrew h. merrills (éditeur), vandals, romans and berbers: new perspectives on late antique north africa, 2004, ashgate publishing limited, p.3.

(2) vincent serralda & andré huard, le berbère, lumière de l’occident, nouvelles editions latines, 1984.

«comment ne pas citer ici les 4966 clercs déportés chez les maures, pour voir défendu la foi catholique, et chassés à coups de pierres et de javelines, ou traînés comme des cadavres par les maures qui les conduisent. parmi eux des évêques, des prêtres, des diacres, mais aussi des fidèles. 

nulle part la chrétienté occidentale n’eut plus à souffrir des barbares que dans le nord de l’afrique, sous la domination vandale.» (p.133)

(3) fulgentius of ruspe, selected works, traduit par robert b. eno, col “fathers of the church”, volume 95, the catholic university of america, 1997.

«fulgentius’s family had been victimized by the vandals earlier, and, in his own life, he too would suffer persecution and exile. he died only a short time before the byzantine “liberation”.» (p.xv)

(4) cf. etienne wolff, «introduction» in fulgence, virgile dévoilé, édition bilingue latin-français «mythographes», presses universitaires du septentrion, villeneuve d’ascq, 2009, p.11

dans les manuels d’histoire littéraire, il y a confusion entre l’évêque fulgence de ruspe et un autre dit “fabius planciades fulgentius» (planciade fulgence ou fulgence le mythographe) qui se reconnaît curieusement, lui-même, libyque, parlant la langue amazighe dans son de aetatibus mundi et hominis (131, 5-14), et apparaît curieusement un auteur également chrétien…

(5) les dates, le lieu et la foi sont pour confondre l’identité de l’auteur, par contre la nature de l’œuvre de fulgence a ses propres particularités. si les premiers écrits de fulgence (nommé là le mythographe) sont une découverte poétique de l’univers païen, ceux fulgence de ruspe (le théologien) sont une controverse continue contre les ariens.

peut-être faut-il noter le trait double de cette œuvre: après une conversion, l’auteur change de ton, de style, d’idées…

(6) etienne wolff, «introduction» in fulgence, virgile dévoilé, édition bilingue latin-français «mythographes», presses universitaires du septentrion, villeneuve d’ascq, 2009, p.14.

(7) ibid., p.30.

(8) ibid.

«l’identité du théologien et du mythographe est admise dès le ix siècle: par paschase radbert, abbé de corbie, peut-être, mais en tout cas par prudence de troyes.» (p.11)

(9) claudio moreschini, “towards a history of the exegesis of apuleius: the case of the “tale of cupid and psyche”, traduit par coco stevenson, in heinz hofmann, (edit) latin fiction: the latin novel in context, routledge, 2004, p.218.

(10) son point de vue vis-à-vis des écrivains africains païens nous intéresse.

«according to fulgentius, apuleius narrated a huge jumbled mass of lies (helm 1898: 68, 21-22); and for fulgentius, the blame for these lies rested with the creator of the novel, a certain aristophan of athens. this critical attitude towards apuleius seems to be an isolated example in fulgentius, who does not show such an attitude towards other writers.”» (claudio moreschini, “towards a history of the exegesis of apuleius: the case of the “tale of cupid and psyche”, traduit par coco stevenson, in heinz hofmann, (edit) latin fiction: the latin novel in context, routledge, 2004, p.218)

(11) edward j. kilmartin, the eucharist in the west, pueblo book, liturgical press, minnesota, 1998.

«the teaching of fulgentius on the subject of the ecclesial effect of baptism also has something to say about his theology of the sacraments of the body and blood. fulgentius is able to equate the effect of baptism with the effect symbolized by the participation of the sacraments of the body and blood because he follows the teaching of augustine on this subject, namely, that the eucharistic sacraments signal the effect of unity of the church which accrues to the worthy participants of holy communion.» (p.59)

(12) joseph fr. michaud et louis gabriel michaud, biographie universelle, ancienne et moderne, tome 16 (fr-ga), imprimeur-libraire l.g. michaud, paris, 1816, p.164.

(13) bossuet, “mémoire sur la bibliothèque ecclésiastique de m. dupin», in œuvres complètes, volume 20, libraire-éditeur louis vivès, paris, 1864, p.530

(14) le 1e janvier, jour de sa mort, est défini dans le calendrier chrétien comme un jour sacré. avec l’arrivée de l’islam en afrique du nord, ses reliques sont transportées à bourges aux environs de 714, mais la révolution de 1789 va les détruire.

(15) justine davis randers-pehrson, barbarians and romans: the birth struggle of europe, a.d. 400-700, 1983, p.159

(16) etienne wolff, «introduction» in fulgence, virgile dévoilé, édition bilingue latin-français «mythographes», presses universitaires du septentrion, villeneuve d’ascq, 2009, pp.8-9.

(17) g. hays, “tales out of school: grammatical culture in fulgentius the mythographer”, in latin grammar and rhetoric. from classical theory to medieval practice, c.d. lanham, london-new york, continuum, 2002 p.22 et pp. 40-41.

(18) etienne wolff, «introduction» in fulgence, virgile dévoilé, édition bilingue latin-français «mythographes», presses universitaires du septentrion, villeneuve d’ascq, 2009, p.10

(19) ibid., p.17

(20) joseph fr. michaud et louis gabriel michaud, biographie universelle, ancienne et moderne, tome 16 (fr-ga), imprimeur-libraire l.g. michaud, paris, 1816, p.163.

(21) ibid., p.164.

(22) vincent serralda & andré huard, le berbère, lumière de l’occident, nouvelles editions latines, 1984, p.127

(23) alban butler, lives of the saints, bibliobazaar, 2008.

«by his books and letters, which are still extant, he confounded both pelagian and arian heresiarchs, and confirmed the catholics in africa and gaul. an arian priest betrayed fulgentius to the numidians, and ordered him to be scourged. this was done. his hair and beard were plucked out, and he was left naked, his body one bleeding sore. even the arian bishop was ashamed of this brutality, and offered to punish the priest if the saint would prosecute him. but fulgentius replied, “a christian must not seek revenge in this world. god knows how to right his servant’s wrongs. if i were to bring the punishment of man on that priest, i should lose my own reward with god. and it would be a scandal to many little ones that a catholic and a monk, however unworthy he be, should seek redress from an arian bishop.» (p.32)

(24) l’abbé rené françois rohrbacher & auguste-henri dufour, histoire universelle de l’église catholique, volume 9, libraires-éditeurs gaume frères, paris, 1857, p.464.

(25) ibid.

««quoique saint fulgence fût, par l’ordination, le dernier de tous les évêques exilés, qui se trouvaient là plus de soixante, ils le reconnaissaient pour le premier, à cause de sa science et de sa vertu.» (p.465)

(26) ibid., p.17

(27) ibid.

«boniface, évêque de carthage, y convoqua un concile général de toutes les provinces d’afrique. il en marque le sujet dans sa lettre à missor, primat de numidie, en disant: que la paix qui venait d’être rendue à l’église d’afrique, après une si longue et si rude persécution, était troublée au-dedans par quelques évêques qui ne voulaient point déférer à leurs supérieurs. il le prie donc d’envoyer de sa province trois de ses collègues, pour lui aider à conserver les privilèges de l’église de carthage. il ne lui demande pas d’y venir lui-même, à cause de son grand âge. il l’avertit, suivant l’ancienne coutume, que la pâque doit être le 30e de mars, comme elle fut en effet l’an 525. il lui envoie aussi la liste des évêques morts et de leurs successeurs.

les députés des provinces étant arrivés, il se trouva en tout soixante évêques, qui s’assemblèrent à carthage (…) les évêques témoignèrent leur joie de voir le siège de carthage si dignement rempli (…) ensuite boniface fit lire ses lettres aux évêques de la province proconsulaire, de celles de tripoli et de numidie. les députés ces trois provinces étaient présents. il n’y en avait qu’un de la mauritanie césarienne ; mais la guerre des maures avec les vandales avaient empêché les autres de venir.» (p.17) 

(28) il y a un autre point de vue différent qui avance que sa connaissance du grec est limitée.

cf. etienne wolff, «introduction» in fulgence, virgile dévoilé, édition bilingue latin-français «mythographes», presses universitaires du septentrion, villeneuve d’ascq, 2009, p.16-17.

(29) ibid.

«les trois livres des mitologiae résument et interprètent cinquante fables de la mythologie secundum philsophian. on sait que les anciens avaient essentiellement trois systèmes d’explication des mythes, qu’on schématiser de la sorte. ou bien les mythes sont la déformation de faits historiques, et les divinités de simples hommes élevés au rang d’immortels ; c’est la doctrine d’evhémère, qui a la faveur des épicuriens. ou bien les mythes expriment la combinaison des puissances élémentaires qui constituent l’univers, et les dieux sont alors des symboles physiques ; c’est la théorie des stoïciens. ou bien les mythes sont le revêtement fabuleux d’idées morales, et les dieux dans ce cas sont des allégories ; ainsi pensent les pythagoriciens et les néo-platoniciens.» (pp.14-15)

(30) raymond trousson, le thème de prométhée dans la littérature européenne, 3e édition, droz, genève, 2001, pp.105.

(31) james gollnick, love and the soul: psychological interpretations of the eros and psyche myth, editions sr, canadian corporation for studies in religion, 1992, p.15.

(32) ibid., p.15.

(33) etienne wolff, «introduction» in fulgence, virgile dévoilé, édition bilingue latin-français «mythographes», presses universitaires du septentrion, villeneuve d’ascq, 2009, p.18.

(34) ibid., p.21

(35) pierre fontanier, les figures du discours, champs, flammarion, paris, 1977.

par allégorie, l’on entend «une proposition à double sens, à sens littéral et à sens spirituel tout ensemble, par laquelle on présente une pensée sous l’image d’une autre pensée, propre à la rendre plus sensible et plus frappante que si elle était présentée directement et sans aucune espèce de voile» (p.114)

(36) etienne wolff, «introduction» in fulgence, virgile dévoilé, édition bilingue latin-français «mythographes», presses universitaires du septentrion, villeneuve d’ascq, 2009.

«les aventures d’enée narrées dans l’enéide sont un symbole de la vie humaine, des dangers de la naissance à l’âge mûr, en passant par la libération de la contrainte paternelle.» (p.22)

(37) ibid.

«l’affirmation répétée que dans cette entreprise de glossateur fulgence inventerait des références se fonde exclusivement sur des impressions et n’est jusqu’à présent corroborée par aucune preuve.» (p.15)

(38) ibid.

«le de aetatibus mundi et hominis, esquisse d’histoire universelle qui met en parallèle les âges successifs du monde et les étapes de la vie humaine (131, 16-24), repose sur une prouesse grammaticale: le livre est divisé en autant de chapitres qu’il y a de lettres dans l’alphabet romain et libyen, c’est-à-dire vingt-trois, et chaque chapitre évite d’utiliser la lettre qui le désigne» (p.15)

(39) cf. dag ludvig norberg, an introduction to the study of the medieval latin versification, the catholic university of america press, 2004, pp.131-132.

(40) marcia l. colish, the stoic tradition from antiquity to the early middle ages, volume 2: stoicism in christian latin thought through the sixth century, 2e edition, e.j. brill, 1990, p.246

(41) joseph fr. michaud et louis gabriel michaud, biographie universelle, ancienne et moderne, tome 16 (fr-ga), imprimeur-libraire l.g. michaud, paris, 1816.

«ad donatum contra arianos liber unus. donat, jeune seigneur, attaché à la vraie doctrine, était embarrassé d’une difficulté qui lui avait été faite par les ariens ; fulgence lui en donne la solution. v. libri de fide ad petre diaconum. cet ouvrage était attribué à st. augustin, et avait été mis au nombre de ses œuvres ; jean molanus l’a fait restituer à st. fulgence. vi. des lettres à diverses personnes sur différents sujets. vii. des sermons et des homélies. viii. liber de trinitate ad felicem notarium, publié par sirmond, en 1612. ix. contra sermonem fastidiosi ad victorem liber: ce fastidiosus était un arien, dont les mœurs n’étaient pas moins corrompues que la doctrine. x. ad ferrandum diaconum epistola de baptismo ethyopis moribundi. ferrand, disciple de st. fulgence, lui exposait ses doutes sur le baptême d’un ethiopien qui avait désiré de le recevoir, mais qui ne le reçut qu’après avoir perdu l’usage de ses sens ; fulgence en reconnaît la validité. xi. epistola ad reginum comitem: ce comte avait demandé à fulgence si le corps de jésus-christ était corruptible, et l’avait prié de lui donner un règlement de vie, propre à un homme engagé dans la profession des armes. fulgence ayant été surpris par la mort avant que cette réponse fût envoyée, ferrand suppléa à ce qui y manquait. xii. de incarnatione et gratia d.n.j.c. ad petrum diaconum et alios qui in causa fidei romam missi sunt ; ce traité est une réponse à des députés des moines de scythie, qui consultèrent les évêques d’afrique relégués en sardaigne, sur des questions relatives à l’incarnation et à la grâce. xiii. libri duo ad eutjymium de remissione peccatorum. fulgence y prouve qu’il n’y a point de rémission des péchés hors de l’eglise et sans une pénitence sincère. xiv. libri tres de predestinatione et gratia dei. dupin ne croit pas que ce traité soit de s.-fulgence. il n’y trouve ni son style ni sa doctrine. il faut aussi retrancher des œuvres de s.-fulgence» (pp.163-164)

(42) marcia l. colish, the stoic tradition from antiquity to the early middle ages, volume 2: stoicism in christian latin thought through the sixth century, 2e edition, e.j. brill, 1990, p.248

(43) a propos de la divinité, fulgence écrit: «le maître spirituel de qui nous avons reçu la doctrine céleste, non seulement découvre à ceux qui cherchent la vérité les secrets de ses paroles, mais il leur inspire la grâce de chercher la vérité. nous ne pouvons pas seulement par nous-mêmes avoir faim du pain qui descend du ciel, à moins que cet appétit ne soit donné à ceux qui ne s’en souciaient nullement auparavant par celui qui daigne aussi se donner lui-même pour rassasier ceux qui ont faim ; c’est lui qui nous donne cette soif qui nous fait courir à la source jaillissante, et qui se donne lui-même à nous pour nous désaltérer.» (traité à morin sur la prédestination) cité dans j. milner, histoire de l’église chrétienne jusqu’au milieu du xvi siècle, tome 3, libraire j.-j. risler, paris, 1849, p.5.

(44) cf. marie-thérèse nadeau, foi de l’eglise: évolution et sens d’une formule, éditeur beauchesne, paris, 1988, p.83

(45) cité dans j. milner, histoire de l’église chrétienne jusqu’au milieu du xvi siècle, tome 3, libraire j.-j. risler, paris, 1849, p.6.

(46) vincent serralda & andré huard, le berbère, lumière de l’occident, nouvelles editions latines, 1984.

«il ramène les chefs ariens à la lecture de l’evangile: la pensée de dieu est si rigoureusement juste, qu’elle représente et contient tout l’infini de la divinité, au point d’être dieu lui- même. (…) et fulgence va soulever la fureur des ennemis de la chrétienté quand il conclut que ce jésus, assumé par la pensée substantielle de dieu, est pénétré de divinité jusque dans les moindres fibres de son corps: jésus est dieu en la substance humaine.» (p.129)

 

 

 

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