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Contre
tous les racismes et tous les racismes Par:
Handaine Mohamed, Professeur chercheur (Agadir) L’hebdomadaire
marocain “la vérité” du 26 Avril, n°68/ 2002, a lancé un appel pour
signer une pétition «pour une loi contre le racisme». Cette pétition est déjà
signée par des responsables de haut niveau, en premier lieu le ministre des
droits de l’homme. La formulation de cette pétition est étonnante, et qui
met en doute la crédibilité et la raison des personnalités qui l’ont signée.
Pour contribuer à lutter contre le racisme dans toutes ses formes et quelles
que soient ses origines, j’ai quelques remarques préliminaires sur cette
initiative: Certes le racisme est
un délit, qui reflète une action psychologique chez l’individu ou chez un
groupe. Cette action peut se transformer en idéologie, telle que le
nationalisme allemand (nazional) qui a donné le nom «NAZI» en occident; et le
nationalisme arabe qui a donné le panarabisme en Orient. Dans toutes les
situations, cette idéologie est fondée sur la mentalité absolue et
l’unitarisme, qui se manifeste avec un discours sur la race pure, le sang pur
(dernièrement on entend dans les médias parler de sang arabe), la langue pure,
le parti unique. Et tout ce qui dérange cette pureté doit être exclu, voire
éradiqué. Pendant les années 70, lors de l’apogée du nationalisme arabe,
les panarabistes appelaient à «jeter les juifs dans la mer». Monsieur Abdallah
Elamrani a parfaitement raison d’écrire «que le crime contre l’humanité
de la droite israélienne s’inscrive dans la lignée des grands fossoyeurs de
l’humanité; hier Hitler et Staline, aujourd’hui Milosevic et Scharon. Le
souvenir de leur utopie sanguinaire continuera pendant longtemps d’assièger
les consciences». Mais malheureusement
sa mentalité de l’idée absolue, sa pensée qui manque de la relativité ne
lui ont pas permet de citer un dirigeant arabe baatiste avec ses crimes contre
les Kurdes à Halabja. La photo de la petite fille kurde qui a été assassinée
dans les bras de son père par l’arme chimique a parcouru le monde entier.
Quelle différence y a t-il entre l’innocence de la fille kurde et celle de
l‘enfant palestinien Adoura?. Le crime est le même
quel que soit le lieu, le temps ou la main qui en est responsable. Pour notre crédibilité,
nous devrons être tous contre le crime, tous les crimes, contre tous les
racismes et tous les racismes. Au Maroc, il est
inadmissible de parler aujourd’hui du racisme de cette façon irresponsable,
en disant que «les Arabes pour certaines extrémistes amazighs, sont l’objet
d'attaques indignes». Et surtout que cette formule est signée par des hauts
fonctionnaires de l’Etat, ce qui est horrible en plus. Dans toutes les sociétés,
on trouve toujours ces genres de comportements chez tous les composantes des
communautés. Et si on admet que ces actes racistes existent vraiment au Maroc,
ce que je doute, ils doivent exister également de l’autre coté selon les règles
de la sociologie. La formulation déséquilibrée de la pétition va mettre les
signataires qu’on respecte – malheureusement – dans une situation
lamentable. Un petit enfant peut leur dire que les amazighs aussi sont l’objet
de l’attaque raciale (les journaux ont publié l’année dernière qu’un
activiste amazigh a été agressé par un membre du bureau de l’Union des écrivains
du Maroc, kamari Bachir), on le vit dans les lieux publics, dans les terrains de
Foot, parfois même dans les TVs marocaines. Mais les responsables
qui pensent vraiment à l’intérêt de notre PAYS, si grand avec son histoire,
ses hommes ses femmes, ne peuvent pas réagir de cette façon, et lancer un
appel à la «Fetna». Nos responsables, aujourd’hui, n’ont pas le droit à
l’erreur. Les ministres et le Walli qui ont signé cette pétition ont exprimé
leurs positions envers les «extrémistes» arabes, et demandent de punir les «extrémistes»
amazighs. Vous ne pouvez pas imaginer l’effet de ce geste chez les citoyens
marocains amazighophones, même si parfois en signe de bonne foie. Ce comportement évoque
celui d’un président d’un Etat voisin qui a prononcé un discours à la
nation en remerciant la population arabe de sa capitale pour avoir gardé la
ville contre les «barbares berbères». Ce discours qui a été transmis à
Marry Ronbinson, l’a scandalisée lors d’une réunion l’été dernier avec
la responsable des droits de l’Homme, en disant que c’est une grave erreur,
car ce genre de discours pousse la population à la guerre civile. Or en utilisant leur
titre de ministre ou de Walli, ils représentent le gouvernement de SM, le
peuple marocain avec toutes ses composantes y compris ces «extrémistes».
C’est donc une position officielle envers les Imazighens. C’est scandaleux.
Ils nous faut donc une autre édition d’ «Alatif». En lisant cette pétition,
un citoyen a constaté qu’il a compris, maintenant, pourquoi le tamazighite
n’a pas été introduite dans l’enseignement comme prévu. Et que les droits
linguistiques et culturels amazighs n’ont pas bougé. Et que «l’assainissement»
des trottoirs de Casa a une autre saveur. Dans cette initiative rien n’est
laissé au hasard. Ces Imazighens qui «dérangent»
avec leur langue «chinouia», leur danse des «singes», leurs revendications
du «Dahir berbère», et ces épiciers «sales» avec leurs cafés qui gênent
les passants, ceux enfin qui «attaquent les arabes», vivent – ils dans leur
pays confortablement.? Ne subissent-ils pas des attaques raciales? Leur langue n’est
pas enseignée à l’école, leurs enfants n’ont pas le droit de pratiquer
leur langue maternelle dans les couloirs des établissements scolaires. Les étudiants
dans les universités n’apprennent pas le tamazighite comme toutes les autres
langues enseignées. Ces femmes berbères
qui ne parlent pas l’arabe, «msaquin» n’ont pas leur TV de tamazighte
comme les autres femmes du monde. Ces nouveaux-nés des
imazighens qui dérangent encore avec leur taux de natalité n’ont pas le
droit d’avoir leur prénom amazigh de leurs ancêtres. Quant aux
intellectuels amazighs qui dérangent encore avec leurs compétences, essayent
de cacher leur amazighité pour avoir un bon CV et une bonne conduite pour..... Au Maroc, notre PAYS
plusieurs fois millénaire, l’histoire ancienne n’a pas le droit de cité.
L’histoire du Maroc est réduite à 14 siècles seulement. L’histoire
ancienne est «Jahilia» amazigh. La première leçon d’histoire de nos
enfants est celle d’un pays d’orient. Maintenant avec cette
situation des droits culturels et linguistiques amazighs, personne ne peut nier
l’existence d’une discrimination culturelle. Qui subit quotidiennement des
attaques symboliques indignes? Il est possible que
cette situation de «Hougra» comme on dit ailleurs peut alimenter ce genre
d’actions. Mais la solution ne doit pas être une solution «sécuritaire».
Ce n’est pas avec une loi qu’on va régler un problème majeur comme le
problème de tamazighte, qui est au cœur de l’instauration d’un Etat de
droit. Notre pays n’a aucun intérêt de reproduire l’exemple de ses
voisins, bien au contraire il doit donner un exemple. Les Imazighens qui
revendiquent ces droits, qui sont les droits de tous les Marocains, y compris
les signataires de cette pétition, travaillent dans une situation délicate.
Ils ont essayé, durant un quart de siècle, d’éviter toutes sortes de
provocation en parlant du problème de Tamazighte. Ils ont essayé d’éviter
tous les pièges en basant sur la légitimité et l’histoire de notre pays qui
se base sur la tolérance entre les religions et les cultures et les langues. Nos responsables, au
lieu de nous faciliter la tâche qu‘est d’instaurer la stabilité
identitaire et la sécurité culturelle et linguistique de notre pays en
s’inspirant des expériences des peuples avancés tout en restant fidèle au génie
marocain, et en évitant toutes sortes d’extrémisme, ils nous proposent une
alternative provocante qui va provoquer des réactions en chaîne. Cette pétition
dans sa formulation actuelle est contradictoire. Il est temps de prêter
l’oreille aux revendications des Imazighens, au lieu de les culpabiliser. Je propose de
rectifier cette pétition pour remédier à la situation. Pour
une loi contre le racisme Constatant que Le monde ne cesse de
connaître des mouvements racistes. En tenant compte de
l’histoire de notre pays qui est une référence universelle de tolérance
entre les religions, les cultures et les langues. Etant convaincus que: Le projet de société
d’une démocratie acquise aux valeurs universelles, tel qu’il est spécifié
par la constitution est antinomique avec telles positions. Le racisme est
contraire à notre histoire basée sur une identité riche de multiples
affluents. Nous réclamons: Une loi punissant
de manière forte, toute incitation à la haine raciale, toute attaque visant
une discrimination sur la base du sexe, de l’ethnie, de langue, de religion ou
d’origine sociale. Nous réclamons une
loi contre le racisme. Handaine Mohamed, Professeur chercheur, Agadir le 2/05/2002 |
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