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Différents procédés dans la création néologique (scientifique et technique) en langue amazighe - Critères pour le choix

(2ème partie)

Par: Carles Castellanos (Universitat autônoma de Barcelona - Catalogne)

 

§ 5. Adaptation morphologique

L'adaptation plus poussée est celle dont le terme amazigh créé à partir d'une autre langue se rapproche des règles grammaticales de la langue amazighe. C 'est aussi la forme qu’ont pris les emprunts les plus anciens, tels que: AFULLUS, TILINTIT etc.

Exemples:

AMUSEUM (musée)

AGAZ (gaz)

ALIKID (liquide)

mots formés par l'addition du préfixe nominal masculin “A-”

D'une façon générale, on pourrait ainsi adapter à la morphologie amazighe la plupart des noms des éléments chimiques: ABARIUM (Ba), ABERILLIUM (Be), ABISMUTUM (Bi), AKADMIUM (Cd), ALITIUM (Li), ALUMINIUM (AI), AMERKURIUM (Hg), ANTIMONIUM (Sb), ARRADIUM (Ra), ASILISIUM (Si), ATITANIUM (Ti). Et aussi des termes mathématiques tels que AGRAD (grade, degré), AGRAM (gramme), ALUGARITM (logarithme) etc. (v. ACHAB, p. 197).

Avertissements:

1) Les noms des éléments connus traditionnellement en Tamazgha gardent, évidemment, sa forme courante: UREGH (Au), UZZAL (Fe)

2) Afin de passer aux formes adaptées à la langue amazighe il faut suivre certaines règles de translittération qui sont exposées dans § 7. Malgré l'adaptation à la morphologie amazighe, on garderait, dans certains cas, des graphèmes qui sont anomaux à la graphie amazighe. Les voyelles “O” et “E” (quoiqu'elles soient lues comme [u] et [i] en amazighe); et la consonne (qui n'est pas générale dans les parlers amazighs). Ainsi on aurait, par exemple: ABORUM

(B), ABROMUM (Br), AFLUORUM (F). AKLORUM (Cl), AKROMUM (Cr), ASODIUM (Na), AMAGNESIUM (Mg), APLUTONIUM (Pu), APOTASIUM (K), ATORIUM (Th), AZIRKONIUM (Zn) [Remarquez la présence des goaphèmes <O>, <E> et <P>].

Avec les mêmes observations on pourrait avoir aussi: AMETAL (métal), ASOLID (solide), AMETALOID (métaloïde) ou WARMETAL (non-métal) etc.

3) On doit signaler quelques exceptions à la présence du préfixe “A-”, pour la plupart des mots qui, après sa translittération, sont commencés par une voyelle ELIUM (He), , IODUM (1), ITRIUM (Y), OSMIUM (Os), URANIUM (U). Dans d'autres cas, c'est la terminaison “-UM” qui manquerait pour des raisons d'étymologie ANEON (Ne), ANIKKEL (Ni), ATUNGSTEN ou AWOLFRAM (W), IDROJEN (11), NITROJEN (N),OKSIJEN (O) [v. NOTE 5].

§ 6. Transgraphiation

Dans ce cas, le procédé d'adaptation ne respecte pas la morphologie de la langue amazighe comme dans le cas précédent, mais à différence du cas suivant parce qu'il respecte la graphie amazighe et n 'emploie que les phonèmes et les graphèmes amazighs. Dans le procédé de transgraphiation aucune lettre (ou combinaison des lettres) ne faisant partie du système graphique amazigh, est possible.

Exemples:

T'UMUBIN / T'UMUBIL (automobile, voiture)

TILIFUN (téléphone)

BETRUL (pétrole)

SILINDR (cylindre)

ATUM (atome) (ACHAB, p, 203)

Emploi:

La transgraphiation peut être considérée comme un cas d'adaptation d'un emprunt dans un niveau supérieur à la simple translittération (exposée dans le paragraphe suivant). Parfois un terme sujet à transgraphiation n'est qu'un mot qui d'abord n'était que simplement translittéré et que l'emploi à finalement “dompté”. C'est un processus commun à beaucoup de langues [v. NOTE 6]. Achab (p. 197) donne un certain nombre d'exemples de néologismes obtenus par la transgraphiation, de mots d'origine greco-latine - pris du français - [SANTIMITR, KILUGRAM, DISIGRAM, IKTULITR (hectolitre) etc.] et d'origine arabe [ALJIBR (algèbre), AXWARZIM / AXERZIM (algorithme) etc.].

§ 7. Translittération

C'est la transcription de la forme originaire (pour la plupart greco-latine ou anglo-saxonne) par le simple changement de quelques signes graphiques. Dans le cas de la translittération les principaux signes graphiques adaptés sont des consonnes, puisque les voyelles peuvent rester, dans sa forme originaire quoiqu'il s'agisse de <O> ou de <E> (non neutre) qui n'existent pas dans la graphie proprement amazighe. La raison principale de ce maintien serait l'intérêt pour ne pas “défigurer” d'une façon excessive des mots n'étant pas encore d'un emploi écrit très courant dans la langue réceptrice. [v. NOTE 7]

Exemples:

PISTON [pistun / bistun], BULDOZER [bulduzar], KARBURATOR [karburatur], FAKTOR [faktur], TRAKTOR [traktur], MOTOR [mutur]

Et aussi:

KUBITUS, RADIUS, STERNUM [stirnum], BISEPS [bisabz], AKWARIUM [ak0aryum]

(Les prononciations entre crochets, à côté des différents exemples, sont des simples propositions à partir de l'observation des tendances phonétiques de la langue amazighe).

Règles de translittération

Les équivalences principales entre les graphèmes consonantiques, dans les cas de transliftération sont les suivants:

CH pron. [k]   > K:     KRONOMITR, KROMOSOM, AKROMUM, TEKNIK

TH [t]  > T:     ARITMETIK, TERMOMITR, ALUGARITM

PH [t]  > F:     FILOLOGI, FISIOLOGI, ISOMORFISM, AMFETAMIN [amfi-]

C [k]    > K: KARDIOLOGI, KUBITUS, TRAKTOR, KARBURATOR

C [s]    > S: BISEPS, INSEKTISID [insiktisid], BARISENTR [barisantr], ASID

X [ks/gz] - - -> KS/GZ:           AKSIOM, EGZOJEN [igzujan] (exogène)

Y [1]    > 1: ITRIUM (ytrium), FISIOLOGI (physio-), BARJSENTR (barycentre)

H [e]- - -> ÉLISION: ELIUM [ilium] (hélium). IPODERM [ipudarm / ibudarm] (hypoderme), OMOMORFISM (homomorfisme), IDROJEN [idrujan] (hydrogène)

QLJ [k]           > K: ALIKID, AKEDUKT

QU [kw]          > KW: AKWARIUM [ak0aryum]

NOTE. Dans les exemples précédents il y a aussi des transgraphiations et des adaptations morphologiques, mais dans tous les cas il existe un processus d'équivalence translittérale. Pour la transcription vocalique des mots terminés en “-MITR” nous avons suivi la règle des exemples KILUMITR. SANTIMITR donnés par Achab (p. 197).

D'autres exemples de tanslittération seraient aussi: POLLEDR [puliadr / buliadr], POLIGAMI [puligami / buligami], EPIDERM [ipidarm / ibidarm], EUFEMISM [iwfimizm], POLIKROMI [pulikrumi I bulikrumi], DERMATOLOGI [dirmatulugi], ALOJEN [alujan] (halogène) etc. [v. la NOTE 8 à propos d'autres propositions néologiques endogènes à la place des exemples cités ci-dessus; et le § 9 pour la fomation des féminins en “-LOGI”].

Ce procédé de translittération permet d'adapter la plupart des termes scientifiques et techniques, même les plus complexes, tels que ASID, ASETILSALISILIK, KLORAMFENIKOL, DI

FENIL-PROPIL-AMINetc.

§ 8. Synthèse des critères de distinction entre les différents procédés établis

Les critères de distinction principaux entre les différents procédés décrits, allant d'un degré maximum à un degré minimum d'adaptation à la langue amazighe, peuvent être ainsi résumés

-Degré 4, d'adaptation: La création par formation syntagmatique (§ 4), c'est à dire, à partir des éléments strictement amazighs devrait avoir une portée limitée. Elle devrait comprendre les noms des disciplines ou sciences principales, tels que TASNADDERT (Biologie), TASNAKALT (Géographie) etc. et aussi un nombre déterminé de mots “bien formés” à partir d'un répertoire réduit d'affixes définis avec précision, tels que ceux d'AWYAMAN (aqueduc), AMRADIS (décagone), ASINWAL (bilingue) etc. Il faut établir les racines basiques à employer et aussi limiter d'une façon claire le domaine de son application dans le terrain de la néologie scientifique et technique à cause des risques d'ambiguïté qu'elle possède et aussi à cause des difficultés de pénétration sociale dans les conditions sociolinguistiques actuelles.

-Degré 3, d'adaptation: La création par adaptation morphologique (§ 5) devrait être aussi limitée, à cause de la nécessité d'éviter la profusion des mots ainsi “défigurés” qui en puissent rendre peu facile l'identification. Elle peut être employée dans des domaines bien délimités, par exemple pour la dénomination des éléments chimiques et d'autres termes cultes qui connaissent dans les emplois internationaux des formes latines très répandues, comme

ALUMINIUM, ABISMUTUM, ASODIUM, AKRQMUM, AMUSEUM, ALUGARITM, ASOLID, ALIKID, AMETAL, AGAZ, AGRAD, AGRAM etc. [v. NOTE 9].

- Degré 2, d'adaptation: La création par transgraphiation (§ 6) (c'est à dire celle qui est adaptée à la graphie de la langue) doit se limiter aux termes d'emploi plus courant, puisque seul un emploi habituel peut permettre de retenir le degré de transformation qui peut se produire dans ces cas, vis à vis de la forme originaire, et d'abord plus connue du point de vue graphique:

T'UMUBIN / T'UMUBlL, TILIFUN, BETRUL, ATUM, BARSELUNA, FRANSA, BARIZ (Paris), BERTQIZ (Portugais), etc.

- Degré 1, d'adaptation: La création par tranlittération (§7) c'est le procédé le plus commode puisqu'il permet l'obtention facile (en appliquant tout simplement des règles de translittération) de termes univoques, et avec une équivalence exacte avec les termes internationaux. Mais on doit signaler que ce procédé entraîne toujours une certaine violence vis à vis de la structure de la langue réceptrice, et il ne devrait pas être, donc, employé dans les usages courants (à moins qu'on adapte tout à fait la prononciation du terme translittéré au système phonétique amazigh, ou qu'on arrive à une vraie transgraphiation du terme). La translittération est surtout recommandée pour les dénominations scientifiques plus complexes et universelles telles que KILORAMFENIKOL, DI-FENIL-PROPIL-AMIN etc. Elle peut être aussi employée dans d'autres termes scientifiques tels que AUTOMORFISM, POLIKROMI, KARDIOLOGI, ANALOGI, ANALISI, aussi bien que pour certains toponymes tels que EUROPA, KATALUNYA etc.

§ 9. Problèmes graphiques et morphologiques

Nous ne pouvons pas finir notre exposé sans montrer d'une façon claire les problèmes principaux que nous pose l'emprunt (que ce soit dans le procédé de traslittération, de transgraphiation ou de adaptation morphologique).

D'un côté on doit signaler que les règles de traslittération (§ 7) qui proposent des équivalences consonantiques, posent un doute à propos de la transcription adéquate du graphème originaire <S>. Une translittération étymologique demanderait un <S> et ainsi nous aurions AMUSEUM, ISOMORFISM, mots qu'on devrait alors prononcer avec des “s” sourdes etc. Mais une translittération phonétique demanderait <Z>, et nous aurions alors AMUZEUM, IZOMORFIZM, mots qui comporteraient une réalisation sonore de la sifflante,

Il faudrait arriver a des décisions concluantes dans un sens ou l'autre, d'après les tendances de la langue. Dans ce cas de l'écriture du <S> on doit arriver à une solution cohérente et qui exige une correspondance univoque entre le graphème choisi et la prononciation à réaliser, parce qu'il ne paraît pas convenable une autre divergence entre la prononciation et l'écriture, tel que nous les avons prévues pour le vocalisme (prononciation des <E> comme [j] ou [a], et des <O> comme [u]) et pour le <P> prononcé [p] ou [b]), dans les cas de translittération de ces signes.

En ce qui concerne la flexion morphologique on devrait éprouver la formation des pluriels et des féminins des noms empruntés. Dans ce sens on peut supposer un pluriel régulier pour les noms qui commencent par un “A-” et faire AMUSEUM, pi. > IMUSEUMEN; AMETAL, pi. > IMETALEN; ASOLID, pl. > ISOLIDEN; ALUGARITM, pl. > ILUGARITMEN, ANEON, pi.

> INEONEN, c'est à dire, en suivant les schème régulier “I    EN”. On devrait étudier aussi la possibilité de quelques exceptions ou irrégularités pour des mots comme ATUM, pI > 1TUMAWEN, c'est à dire, selon le schème “I  AWEN”.

Quant à la formation du féminin, la traslittération présente le problème du choix d'une flexion morphologique qui soit cohérente avec l'ensemble des critères d'aménagement linguistique. Les noms qui sont féminins en latin, tels que POLYCHROMIA, ANALOGIA, CARDIOLOG1A, LITHOGRAPHiA, pourraient être appropriés avec la terminaison “-IA”, mais cette terminaison entrenerait presque forcément un pluriel de type arabe en “-AT”, ce qui augmenterait la pression de cette langue sur la langue amazighe. Nous proposons une terminaison a l'anglaise” en “-I” qui s'accorde, en plus, avec la prononciation courante et spontanée de l'emprunt.

Nous aurions, donc, POLIKROMI , ANALOGI, KARDIOLOGI, LITOGRAFI, quoique cela comporte la prononciation de <g> comme [g], non habituelle dans les terminaisons -LOGI” des mots formés spontanément. Mais, en revanche, si nous suivions cette option, nous aurions une plus grande régularité dans les dérivés comme ANALOG (analogue - au masculin), TANALOGT (analogue - au féminin); AKARDIOLOG (cardiologue - au masculin), TAKARDIOLOGT (cardiologue - au féminin); et aussi APOLIKROM (polichrome - au masculin), TAPOLIKROMT (polichrome - au féminin); ALITOGRAF (lithographe, lithographique - au masculin), TALITOGRAFT (lithographe, lithographique - au féminin).

Une dernière observation sur la morphologie concerne les noms [en général des transgraphiations du néolatin (pour la plupart du français) ou de l'arabe] précédés de l'article “l”, tels que LKAMYUN (camion), LBALA (pelle), LEMDINT (ville). Dans ce cas on devrait tout d'abord observer si dans l'ensemble des parlers amazighs, des cas d'adaptation morphologique, existent (tels que “tamdint” en kabyle et en rifain) et leur donner la priorité. D'une façon générale, il parait raisonnable de ne garder ces emprunts que dans les cas qui possèdent une forte implantation sociale.

§ 10. Dernières considérations

Il faut avertir que ces différents procédés ne doivent pas être conçus comme des domaines cloisonnés entre eux, mais comme pouvant évoluer au fur et à mesure des changements subis par les différentes données sociolinguistiques.

Le passage de la translittération à la transgraphiation relève seulement du degré d'utilisation d'un terme concret. C'est un phénomène connu, par exemple, le rattachement qui existe entre un emploi plus grand d'un nom quelconque et son évolution sur l'échelle d'adaptation (éventuellement du degré “1” au degré “3”). Voyez à ce sujet, dans la NOTE 6, des exemples concernant le catalan.

En ce qui concerne la stabilité sociale des procédés du paragraphe 4 (formation syntagmatique) dans l'usage courant, il est évident qu'on doit supposer un certain temps de coexistence de formes endogènes telles que AWYAMAN, AMRADIS etc. à côté d'emprunts translittérés ou transgraphiés tels que AKEDUKT, DEKAGON etc. Cette coexistence peut se prolonger pendant une certaine période et sera sans doute l'usage social ce qui va déterminer la persistance de l'une ou de l'autre proposition.

Nous pensons finalement que la disposition, dans une échelle claire d'adaptation, des différents procédés d'appropriation des termes à la langue amazighe, permet d'évaluer d'une façon comparative et dynamique l'ensemble du domaine scientifique et technique étudié. L'établissement d'un éventail de possibilités d'appropriation de ce type de termes, devrait permettre aux locuteurs de la langue amazighe de s'exprimer d'une façon commode à propos de toute affaire possible dans le domaine pris en considération dans notre étude, sans être obligés à changer de langue.

Voici un objectif qui mérite, sans doute, tous les efforts qu'on y puisse employer.

NOTES

(1)Sagarna rappelle dans la page 17 de sa thèse (v. Bibliographie) la contradiction fondamentale qui existe entre le nombre limité des racines (lexèmes) du bagage primaire des langues (qui est de l'ordre de milliers), vis à vis des notions nécessaires pour les différentes branches de la science et de la technologie modernes (qui se place dans l'ordre des millions). L'exemple de l'innovation lexicale dans deux langues qui se trouvent dans un processus de modernisation lexicale comme le hindi et l'indonésien, est spectaculaire: le nombre des néologismes créés par ces langues entre 1950 et 1965 avait été de l'ordre de 300.000.

(2)On peut signaler ici une distinction possible plus poussée entre ces deux exemples puisque dans un cas (t'umubin) il s'agit d'une adaptation pleine au système graphique amazigh, tandis que dans l'autre cas (autobus, piston) on a affaire à un procédé où il n'y a pas d'adaptation au système graphique amazigh, puisque on s'est servi d'un signe <o> inexistant dans le répertoire graphique de cette langue.

(3)D'autres langues qui ont une structure morphosyntaxique non indo-européenne font aussi un emploi limité du procédé de formation syntagmatique endogène: La langue basque par exemple emploie ARKEOLOGIA, ARITMETIKA, I3IOLOGIA. DERMATOLOGIA. GEOGRAFIA, ASTRONOM[A, ORNITOLOGIA, FISIKA, TOPOLOGIA, TOPOGRAFIA. FISIOLOGIA. GEOLOGIA et aussi DEKAGONO, MULTIFORME, MESOPOTAMIA ... Dans quelques cas cette langue suit une certaine adaptation, comme dans ERRADIOLOG1A, INTSEKTIKARI (insecticide). Dans d'autres cas, encore, on a une dualité de formes: LINGUISTIKA et HITZKUNTZALARITZA; AKUEDUKTO et UBIDE (litt. chemin pour l'eau); ANONIMO et IZENGABE (sans nom) .... Seuls un certain nombre de termes endogènes (composés par des affixes très communs) sont employés en basque, tels que ERDIBOKAL (erdi moitié, sémi-; bokal = voyelle), ELEBAKAR (“monolingue” ele parler; bakar = seul, unique), ELEBIDUN Q'bilingOe” : cie parler; hi = deux; dun qui). 1-IARAGIJALE (“camivore”

haragi chair; j aie = mangeur).

On peut observer un degré plus grand d'ambiguïté des termes endogéniques, puisque le terme “ubide” pourrait être compris, dans certains contextes, comme “voie d'eau”, “conduction d'eau” etc. Le terme “elebakar” pourrait être aussi compris, dans certains contextes, comme “un qui parle seul” etc. C'est aussi le cas de l'exemple amazigh “ANGHIZI” qui signifie litt. “tue-mouche” et a ainsi un sens plus restreint que le terme scientifique “Insecticide”.

La langue finnoise pousse plus loin que le basque le procédé de formation syntagmatique (principalement endogène) et emploie pour “dermatologie” IIIOTAUTIOPPI (peau + maladie + étude), pour “géographie” MAANTIEDE (de la terre, science), pour “aqueduc”, VESIJOHTO (de l'eau, canai), pour “autobus” L1NJA-AUTO (auto de ligne), pour camion KUORMA-AUTO (cargaison + auto) etc.. mais n'hésite pas à employer des emprunts, plus ou moins adaptés aux propres lois phonétiques  pour d'autres termes scientifiques tels que : ARKEOLOGIA, ARITMETIIKA. etc.

(4)Il y a encore d'autres procédés de création néologique à partir des éléments amazighs, comme l'expansioin sémantique. Nous ne les avons pas pris en considération parce que son emploi est encore plus restreint dans le domaine scientifique et technique, à cause des risques d'ambiguïte déjà exposés (v. observations de Taïfi dans § 1).

(5)La source [AA] (consacrée au procédé de formation syntagmatique endogène) montre, au lieu d'IDROJEN, la forme “ARWAMAN” (qui fait sourdre de l'eau). On pourrait remarquer qu'il paraît peu probable la généralisation de ce même procédé de formation syntagmatique, pour les termes parallèles : OKSIJE7N ,NITROJEN etc,

(6)Nous avons, par exemple, en catalan un nombre important d'anglicismes qui ont, tout d'abord, été des emprunts pris tels quels dans sa forme anglaise (water, sport, footing...) et qui, une fois devenus d'un emploi courant, ont été transformés, par un processus de transgraphiation (VÀTER, ESPORT, FUTING ...). D'un autre point de vue, on peut rappeler que le procédé de transgraphiation est assez important en finnois. À ce propos, on peut signaler que cette langue exige des terminaisons vocaliques et ainsi on a: PETROOLI (pétrole), KAASU (gaz), MUSEO (musée), ATOML (atome), KROMI (chrome), TRAKTORI (tracteur), MOOTTORI (moteur) et aussi PORTUGALI (Portugal). Cette langue évite aussi le <E> qui est élidé et on dit ainsi en finnois RANSKA pour dénommer la France.

(7)Dans les procédés de translittération on peut observer néanmoins des cas importants de changement vocalique. Le mot AUTOBUS a subi, par exemple, dans l'hébreu moderne, un processus clair d'adaptation vocalique, puisqu'il est écrit tout simplement “OTOBUS”. Ont doit signaler, quand même, que la raison principale de s'être borné à la simple transcription de la prononciation courante, c'est l'emploi d'un alphabet différent du latin. C'est aussi le cas des transcriptions au signaire katakana japonais, qui sont faites en partant de la prononciation.

(8)La source [AA] (v. SOURCES à la fln,) propose pour KRONOMITR, la forme AMKETMIR (amket=mètre; imir=temps); pour ARITMETIK, TASNAMDAMT (amd'am=nombre); pour TERMOMITR, TARGHIKIT (ergh=chaleur; aket, ikit=mètre); pour ISOMORFISM, TAGDALGLIA (gdu=égal; talgha=morphisme); pour BARISENTR, AZ'IMMAS îaz'ay=lourd; ammas=centre]; pour FISIOLOGI, TASENFEKKA [tafekka=corps]; pour IPODERM, ADUGLIM [adusous; aglim~eau]; pour OMOMORFISM, TALULGHA [alu=semblable; talgha'=forme]; pour POLIEDR, AGETTAMA [tamabase; aget= nombreux]; pour POLIGAMI, AGEDDUBEN (dudew=mariage; aget= nombreux]; pour EPIDERM, AFAGLIM [af=au-dessus; aglim=peauj; pour EIJFEMISM, AZ'ILWAL [az' il”bien; awal'=mot], POLIKROMI, AGTINI / AGTIGHMI [mi, ighmicouleur; agetnomhreux], pour DERMATOLOGI. TASNAGLIMT.

Il parait difficile l'introduction, dans l'emploi journalier, de toutes ces formations endogènes. Il faudrait une sélection des plus importantes ou en considérer un domaine limité, tel que nous l'avons signalé dans § 4 et § 8.

Pour INSEKTISIID v. ANGHIZI dans la NOTE 3.

(9)En ce qui concerne les procédés suivis dans d'autres expériences linguistiques, nous pouvons rappeler qu'en langue finnoise nous avons, à propos de ces exemples. des procédés divers:

Des transgraphiations pour ALUMIINI (aluminium). BISMUTTI (bismuth) , KROMI (chrome), MUSEO (musée), LOGARITMI (logarithme), METALLI .(métal}. KAASU (gaz), GRAMMA (gramme).

Les cas de “antimoine”, en finnois ANTLMONI et de “sodium”, en finnois NATRIUM, montrent des translittérations. le dernier cas  à partir de la forme latine dont on a extrait le symbole (Na).

Et nous avons en finnnois des créations endogènes pour les cas de NESTE (liquide), de KIINTEA AINE (“substance solide”, étant “KIINTE” un adjectif= “solide”) et aussi du mot ASTE (degré).

En basque la plupart des exemples correspondants nous montrent des traslittérations (créées d'une façon générale, a partir des formes du bas latin et de l'espagnol terminées en “-O”): ALUM1NIO, BISMUTO, SODIO, KROMO, MUSEO. LOGARITMO, GAS, GRAMO.

Pour le terme “métal” on a en basque un timide procédé de transgraphiation dans la forme double METAL /

METALE.

Et en ce qui concerne les deux termes restants “solide” et “liquide”, cette langue a, pour le nom, des formes endogènes: SENDAR et le bimorphisme ISURKI I ISURKAI, respectivement; mais, en tant qu'adjectifs et noms en même temps, on emploie des transgraphiations (avec la terminaison en “-U”) : SOLIDU et LIQUIDU.

Pareillement, on emploie aussi une transgraphiation pour le terme GRADU. (La terminaison basque en provenant du latin représente un procédé d'adaptation plus ancien et traditionnel de la langue, qu'on peut relever dans des mots comme GOBERNU, MUNDU, TEILATU (toiture) etc.).

 

BIBLIOGRAPHIE

ACHAB, Ramdane (1996) La néologie lexical berbère (1945-1995) Éd. Peeters. Paris-Louvain

CI-IAKER, Salem (1995a) Linguistique Berbère - Études de syntaxe et de diachronie - Éd. Peeters, Paris-Louvain

SAGARNA, Andoni (1988) Algunos aspectos de la modernizaciôn del léxico en varias lenguas, Tesi Doctoral - Facultat de Lletres - Universitat Autônoma de Barcelona

TAYFI, Miloud (1997) «Le lexique berbère: entre l'emprunt massif et la néologie sauvage» in International Journal ofSocilogy ofLanguage Mouton De Gruyter, Berlin New York

nûm. 123 (Berber Sociolinguistics) (pp. 61-80).

TILMATIINE, Mohamed (1992) “À propos de néologie en berbère moderne” in AAP n030 Institut ftir Afrikanistik Universit~it zu K~iln, Kôln (pp. 155-166).

 

SOURCES DES TERMES

Langue amazighe:

[AA]. Affixes d'A mawal (utilisés dans le processus d'élaboration d'Amawal n Tmazight Tatret). Liste de 142 affixes endogènes pour la langue amazighe.

Langue finnoise:

Rima Kosunen. Étudiante de Traduction a 1'Univerité de Turku (Finlande) et doctorante au Département de Traduction et & Interprétation à L'Universitat Autônoma de Barcelona (Catalogne).

Langue basque:

Hiztegia bi mua. (“Dictionnaire deux mille”). KINTANA, Xabier et ai. Dictionnaire Eukara Espaniera/Espaîiol- Vasco. Elkar, Donostia, 2000 (Euskadi).

 

ABRÉVIATIONS

litt: littéral, littéralement

Pron:  prononciation

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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